samedi 15 août 2009

Une vie sur la toile

Vendredi matin, j'ai lu un article sur le site des inrocks, relayé par un copain, sur Facebook. Le journaliste s'était amusé à tester une journée sans internet. Avec la conclusion, évidente: mais comment faisait-on avant?

Je vais vous dire, moi: avant, je me couchais plus tôt. Je ne passais pas ma journée derrière mon écran - du moins lorsque j'étais chez moi.

Pour tout vous dire, j'ai toujours été une quiche en informatique et je ne voyais l'ordi que comme un outil de travail, basta. Lorsque nous étions à l'école de journalisme, à Bordeaux, nous réalisions des journaux télé, avec de merveilleux plateaux en direct de Somalie ou de Sarajevo (en fait, nous étions sur le campus, c'te blague). Et pour préparer ces moments télévisés mémorables, nous allions dans une salle bruyante, où les téléscripteurs de l'AFP crachaient toute la journée des tonnes de brèves. Nous arrachions les feuilles à la main (le journaliste en parle d'ailleurs dans son article). C'était notre unique source d'infos. Nous étions en 1992 et on parlait alors des "autoroutes de l'information" à venir.

Lorsque j'ai commencé à bosser pour le magazine de basket, nous attendions avec hâte l'arrivée au... courrier de Basketball Weekly, Sports Illustrated et tous les périodiques américains consacrés à la balle orange. Nous avions les infos en décalé, forcément et nos news n'étaient forcément pas très fraîches. Pourtant, les lecteurs s'en contentaient alors, n'ayant que cela à se mettre sous la dent.

Je me souviens la première fois où nous avons eu Compuserve, au boulot. Nous ne le recevions que sur un seul poste et nous attendions notre tour, émerveillés par ces news au kilomètre qui inondaient l'écran, comme par magie. Alors, évidemment, Internet, on l'a tous vu comme un sésame incroyable. Désormais, avant d'aller voir un joueur, un petit clic sur Google et la voie était tracée.

C'est un fantastique gain de temps mais cela a dans le même temps appauvri le niveau journalistique: 1/ cela rend les pseudos-Tintins plus fainéants - certains ne prenant plus la peine d'aller à la source vérifier l'info; 2/ comme le papier des Inrocks l'évoque, la pratique de l'interview par mail interposé se développe et c'est, à mes yeux, une véritable hérésie, tant le contact est primordial ; 3/ aujourd'hui, la toile regorge de sites plus ou moins crédibles, avec des jeunes rédacteurs payés au lance-pierre qui doivent alimenter des colonnes au plus vite, histoire de rester le plus réactif possible.

En somme, Internet nous a apporté une somme d'infos absolument dantesque mais tue, peu à peu, le supplément d'âme qu'un travail "à l'ancienne" peut apporter à n'importe quel sujet, lorsque l'intervieweur apporte son ressenti et prend le temps d'écouter son interlocuteur.

Au delà de cet aspect journalistique, il y a tout le côté pratique. Le matin, on ouvre sa boîte pour consulter les mails, on surfe d'un site à l'autre de façon naturelle, quitte à vivre une vie par procuration. On s'évite de sortir, étrange, non? Plus besoin de se déplacer, même pour s'actualiser en tant que demandeur d'emploi, hop, une petite connexion et c'est réglé. C'est fascinant mais je réalise le temps passé en solitaire à aller piocher des infos (ou à faire un peu de shopping, j'avoue), à zyeuter les statuts rigolos de mes amis Facebookiens, à rejoindre des groupes idiots. Ou même à regarder, vite fait, les commentaires éventuels laissés ici. Oui, bien malgré moi, je suis véritablement accro. On est nombreux dans ce cas, pas vrai?

Pourtant, j'ai décidé de laisser mon ordi à la maison et de m'envoler l'esprit libre (et libéré?) en République Dominicaine. C'est une sorte de challenge que de vivre plus d'une semaine sans Internet mais je sais que les plages auront raison de ma geek-attitude. Bah, au pire, j'irai me connecter depuis un cybercafé...

PS: Je peux partir d'autant plus sereinement que l'équipe de France a assuré face à l'Italie. Je ne chercherai donc pas à tout prix un streaming de Finlande / France lundi prochain, depuis Boca Chica...

3 commentaires:

  1. Espèce de geekette, va. Mais tu as raison, c'était différent avant. Je bouquinais plus, même si je continue à dévorer des livres. Mais quand je dois m'absenter 24h, limite je suis en manque. Ceci dit, ça m'a permis de faire ta connaissance... virtuelle. Et ça, c'est bien.

    Bises
    L'oiseau

    RépondreSupprimer
  2. Exact, Internet a modifié pas mal le rapport à l'autre, aux aures - mais pas pour des gens comme moi, farouches sauvages invétérés perdus dans la pampa, qui ont traîné sur la toile ce qu'ils sont "dans le réel" et que l'isolement géographique conduisaient à une quasi absence de liens sociaux ; parce que je sais, pour ma part, que les mots que je lis ne s'écrivent pas tous seuls et que forcément quelqu'un "en vrai" les écrit quelque part.
    Chance : depuis que j'ai cette machine-à-papotage, je croise un peu plus d'une personne par jour, et comme "en vrai" c'est pas évident pour moi, je trouve que ce n'est pas mal...en outre, comme "en vrai" j'ai beaucoup de mal à rencontrer des gens ou à "communiquer avec", ça m'évite de virer tout à fait misanthrope dans sa Thébaïde. Un plus...

    RépondreSupprimer
  3. Dites, c'est intéressant, vos propos... Ca vous dirait d'écrire ici pendant mon absence? Ah, je devrais plutôt conseiller à tous les lecteurs d'aller directement sur vos pages, voilà qui serait plus judicieux.

    Merci pour ces témoignages. Je ne suis pas spécialement réservée dans la vie de tous les jours mais je comprends ce sentiment de pouvoir plus facilement communiquer et briser la glace, via le oueb... Et puis, c'est bien sympa, finalement, d'avoir des amis virtuels, mais qui ont de vraies valeurs!!

    RépondreSupprimer