J'suis à la bourre.
J'entre dans la pièce, table en U, une vingtaine de personnes autour. Et deux visages familiers. Agnès et Denis, du projet bio. Drôle de coïncidence.
Afin de présenter la SCOP, l'intervenant explique que de tels regroupements d'entrepreneurs salariés existent dans chaque département de la région, "excepté la Vendée, mais bon, c'est un état dans l'état, alors..."
Ensuite, son speech me conforte dans l'idée que c'est probablement la solution idoine dans mon cas. Il faut avoir peaufiné son projet et en être au stade où l'on veut tester son activité, tout en conservant quelques acquis. En gros, au lieu de se jeter dans le vide, on use de quelques parapets. Parfait pour un chat échaudé...
Vient ensuite le tour de table. Il y a donc mes deux connaissances, qui ont visiblement revu leurs envies, en panne de local et de moyens (tiens, tiens).
Une couturière en tissu d'ameublement qui bafouille un peu. Et qui vient de... Vendée. L'intervenant rougit et tente de se justifier. Il rame et bafouille à son tour.
"Enfin, vous voyez, quoi, c'est un peu spécial, là-bas... En tout cas, c'est sympa, la mer, hein."
Un ange passe. Il se tourne vers les suivantes. Deux créatrices de bijoux, sorte de jumelles gothiques, qui portent leurs créations. L'intervenant, visiblement fort perplexe et peu adepte du tact, pointe du doigt le gros collier qui orne le cou d'une des demoiselles :
"Euh, alors, c'est ça que vous voulez vendre?"
Les deux filles s'enfoncent un peu plus dans leur siège. Et laissent la parole à leur voisine. Toute de rouge vêtue, la couturière - de vêtements, cette fois - m'oblige à tendre l'oreille. J'ai du mal à décrypter son langage, mais je crois comprendre qu'elle a "une passion pour l'amour."
Tiens donc.
Personne ne bronche, même les têtes sérieuses. Du genre consultants, en informatique, bilan de compétences et autres développement personnel.
Les autres embrayent. Il y a le transformateur de véhicules à la voix de fausset, qui évoque avec passion sa customisation de camionnettes en fourgons à pizza. Ce qui laisse de marbre son voisin, un clown burlesque - que j'ose supposer plus drôle sur scène que dans cette pièce.
Un chauffeur-livreur avé la gourmette qui va bien. Le sourire niais et la bonne tête de vainqueur. Une vraie caricature.
Une salariée qui veut cumuler son boulot et une nouvelle activité, déclenchant le sourire de l'intervenant.
- "Travailler plus pour gagner plus, hein, c'est ça?!"
- "Non, travailler autrement."
Et paf dans les dents. Faut dire que le monsieur semble un peu fait dans le même moule que l'homme-qui-aimait-les-croques-perdus. Du genre cow-boy un rien hautain, qui écoute vaguement, sans cacher sa perplexité pour ces pseudos-créateurs qui viennent le saouler avec le statut d'auto-entrepreneur.
A sa décharge, certains n'ont visiblement pas la lumière dans toutes les cases, là-haut. L'un d'entre eux a visiblement envie de nous faire partager ses états d'âme. "C'est chaud", qu'il répète. A la fin, en se grattant la tête, visiblement soucieux (ou alors cherche-t-il à éveiller l'intelligence qui sommeille depuis trop longtemps en lui?), il pose la question qui tue:
"Mais alors, entre le statut d'auto-entrepreneur et votre truc, là, c'est quoi le mieux?"
J'avoue, j'ai un peu honte pour lui. L'intervenant ne se démonte pas, lui qui, a priori, doit prôner le bienfait de la SCOP. Lorsque tout le monde est sorti, il semble soulagé. "Je n'ai pas été agressif, aujourd'hui." Visiblement, y'a parfois du plus lourd, encore.
Doit pas s'ennuyer, le monsieur. Surtout s'il est comme moi, à chercher la p'tite bête. C'est vrai, je le sais, il ne faut pas se fier aux apparences et là, je suis mauvaise langue, quand même. Le beauf à la gourmette, il est peut-être pas beauf, en fait. Le custom-boy, pareil. Et le bêta, ça se trouve, c'est une lumière.
Non, ça, c'est trop improbable.
Demain, si vous le voulez bien, je vous raconterai les joies du hasard.
vendredi 26 février 2010
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Tu ne dis pas ce que toi, tu en penses. Bon plan ou pas ? Certainement drôle, en tout cas.
RépondreSupprimerBises.
Thierry
Si, si, je l'ai dit, je trouve que c'est la solution idoine dans mon cas...
RépondreSupprimerBin mon vieux, on en voit de drôles, quand on essaie de faire quelque chose dans ce pays ! Vivre est une aventure quotidienne....
RépondreSupprimerOui, c'est vrai, la Mouette, tu l'as dit. Pardonne-moi, mais à 6h27 du matin, je ne devais pas avoir les yeux bien en face des trous. Alors fonce !
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