vendredi 12 février 2010

Cette carcasse qui me décarcasse

J'ai reçu aujourd'hui une lettre de la Direction Sanitaire et Vétérinaire. A l'intérieur, un formulaire de déclaration OBLIGATOIRE d'activité, sachant que le monsieur m'a indiqué que la démarche, bien que conseillée, était facultative. Soit. La copie du guide des bonnes pratiques hygiéniques, en pâtisserie (enfin, la couv' seulement, pour lire ce chef d'oeuvre de littérature, il m'en coûtera la modique somme de... de... ah, c'est ça, 37 F -j'avais lu 37 euros, je me disais aussi). Oui, c'est pas du neuf-neuf.

Et, enfin, un merveilleux document concernant les décrets, arrêtés et circulaires du ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche. Où l'on y cause carcasse, gibier et décongélation du bovin mais pour ce qui est de cuisiner chez soi, en respectant simplement le BA-Ba de l'hygiène, bêtement, non, rien.

C'eût été trop facile.

Bon, alors, je peux ou je peux pas, cuisiner de malheureux gâteaux sans porc ni dorade dedans?

Eh bien, croyez-le ou non, c'est un vrai flou artistique, cette histoire. Hier, j'ai contacté un laboratoire pour en savoir plus sur les modalités d'un audit. L'assistante, charmante au demeurant, a été claire: "en fait, la réglementation dépend de la personne que vous avez au téléphone (???), du département aussi: ce qui va être toléré à un endroit sera interdit à un autre."

Bon, je continue de creuser la piste et j'ai écrit à deux auditrices. Je rigolerais qu'elles me donnent deux avis différents, tiens.

En attendant, il me fallait explorer d'autres voies, moins officielles. J'ai donc appelé une personne qui avait lancé, voilà quelques mois, un service de plats cuisinés à domicile. Je la croise souvent, elle est faite de chair et de sang, visiblement, et n'a pas le bras plus long que le mien, a priori. Comment fait-elle donc?

L'extraterrestre n'en est pas une. En fait, elle a... cessé son activité. Trop compliqué. Ayant tout fait à l'envers - c'est elle qui l'a concédé - elle a commencé par s'inscrire en tant qu'auto-entrepreneur, a lancé ses plaquettes et hop, a pris ses premières commandes. Premier stop : la chambre de commerce, qui lui a indiqué le chemin de la DSV. Laquelle institution lui a alors interdit de cuisiner directement pour les particuliers. Le marché, oui, mais pas de main à main, comme ça, sans intervenant qui vient se servir au passage.

Oh, comment qu'il fait, sinon, l'état, pour se rétribuer ? Les impôts? Ah oui, les impôts. Mais visiblement, ce n'est pas assez, on a besoin, dans ce pays, d'intermédiaires. La cuisinière a donc stoppé sa petite entreprise, un peu dégoûtée, craignant en outre une reconduite à la frontière (ça aussi, ce sont des choses qui arrivent si, par malheur, vous n'êtes pas "Français" d'origine).

Gentiment, elle m'a souhaité "Bonne chance."

Là, je suis perplexe. J'ai d'un côté toute cette lourdeur administrative, cet exemple concret et de l'autre, des personnes qui m'encouragent simplement à foncer. Chez ces derniers, je sens bien une forme, peut-être pas d'agacement, mais un rien d'impatience, l'idée que j'hésite trop et que cette lenteur cache autre chose, comme si je cherchais un prétexte pour ne pas y aller, une excuse à la noix pour repousser, encore et encore.

Sincèrement, je ne sais pas. Moi, ça me plaît bien de livrer mes fournées et de répondre à une demande. Je crois que je suis juste un rien échaudée par les sachants en général, et les inspecteurs en particulier. Et que j'ai besoin de cadrer les choses. Une question de contrôle, j'imagine.

La solution est proche, j'en ai la conviction. D'autant plus qu'il me reste une carte, que je n'ai pas encore jouée, que je considère comme un joker. Pour l'instant, je continue de ramer, euh, pardon, creuser, creuser... les pistes.

4 commentaires:

  1. ce dédale administratif est purement hallucinant à défaut d'être vraiment surprenant

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  2. Kafka pas mort, mais j'ignorais qu'il fût Français.
    On t'encourage parce qu'on sait qu'à force d'élaguer les ronces, tu vas bien trouver un chemin ! :))
    Pas assez vite ? meuuuh si.....on ne fait rien de bon dans la hâte, de toute façon....

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  3. "l'idée que j'hésite trop et que cette lenteur cache autre chose, comme si je cherchais un prétexte pour ne pas y aller, une excuse à la noix pour repousser, encore et encore." ???Après tout ce que tu as mis comme énergie et comme espoir dans ton projet ? Ces gens-là n'ont pas du lire ton blog. Continues à creuser, tu y arriveras.
    Euh, juste une idée en l'air, comme ça : et si tu t'associais avec cette personne qui voulait faire de la cuisine à domicile pour prendre à deux un petit local professionnel, juste une cuisine à partager, qui serait visible par la DSV ? Qui serait dans les normes ? Elle la cuisine, toi la pâtisserie, loyer et charges divisées par deux ? Sauf bien sûr si, à cause de sa situation...

    Bises et amuses toi bien à Paname.
    Thierry

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