lundi 1 février 2010

Cosette et le Lexomil

Comme j'étais bien décidée à avancer aujourd'hui, j'ai passé ma journée... pendue au téléphone. Un mal nécessaire, chez moi, mais qui déclenche pas mal de perplexité. Chez moi, toujours, mais aussi chez mes interlocuteurs, qui commencent à se demander si je ne pète pas doucement un câble.

Ça part d'un banal "ça va?" Le genre de question à laquelle je ne parviens pas à répondre. Si j'étais honnête, je dirais "oui, une fois le tube de Lexomil avalé, je me détends."

A la place, je me contente d'un "on fait aller". Lorsque je m'entends dire ça, je suis prise de honte, tant je fais moi-même mon malheur. Allez, Cosette, va te rhabiller, la plus grande victime du monde, c'est moi.

Parfois, même, je me fends d'un enthousiaste "Super, et toi?" comme si j'étais la reine de la pampa. Ça sonne tellement faux que ça déclenche un silence général.

Pour de vrai, alors? Comme d'habitude, je vis des hauts, des bas... Mettons ça sur le compte des doutes qui me gagnent chaque jour un peu plus. Ou des hormones, tiens, pourquoi pas.

Je peux le concéder aujourd'hui, j'ai craint un moment de sombrer dans un drôle d'état, celui qui nous prive d'énergie et d'envies. La dépression, que ça s'appelle, ce truc-là.

En fait, je peux maintenant évoquer le terme de déprime, tout bêtement. Une histoire de deuil, gardant en tête qu'il n'y a pas eu mort d'homme et que les choses ne sont pas immuables. Oh, je sais, ce n'est pas un scoop, vous aviez bien deviné ma léthargie, ces derniers temps, sans que j'aie à mettre de nom là-dessus. J'avais beau relativiser, j'appréhendais de vivre ce moment où je n'aurais plus goût à rien.

Finalement, les soirées à ne plus potasser se sont transformées en moments pour moi. Pour lire autre chose que des bilans comptables, pour sortir, aller au ciné, voir des amis, vivre. Et l'autre soir, en dansant dans la rue (ben quoi?) sur le Womanizer de Lily Allen, j'ai senti que le vent tournait, que je reprenais goût aux p'tits bonheurs quotidiens.

Paradoxalement, c'est ce regain de vitalité qui m'interroge et me culpabilise. Mes proches m'ont laissé du temps pour tourner la page et commencent à me remettre les pieds sur terre. A me bousculer un peu. Sur le fait de perdre le fil, de me laisser un peu trop vivre. Hier soir, une amie m'a fait remarquer que novembre - date de ma fin d'allocations chômage - c'est demain. Je vous dis pas, j'ai beau le savoir, j'ai senti une bouffée d'angoisse et l'envie d'aller taper dans le Lexomil.

Pas d'inquiétude, je ne suis pas intoxiquée, je ne prends pas de cachets pour apaiser mes maux (remarque, je devrais peut-être?!) mais je ne peux nier le vide et l'effroi que je ressens, deux fois par jour: le matin en me levant, le soir en me couchant. Comme un éclair de lucidité. Entre les deux, j'ai pris le parti de résoudre la situation, à mon rythme.

Donc, lentement.

J'ai causé, vous disais-je donc aujourd'hui, et je me suis contrainte à finir des coûts de revient, pour aller démarcher deux restaurants en quête de livraisons de gâteaux. Entre les deux, j'ai cuisiné deux, trois petites choses, histoire de présenter un échantillon de mon travail. Et j'ai beau penser que jongler entre la cuisine et l'écriture m'installe dans une position instable, je n'arrive pas à trancher, ressentant autant de plaisir à m'adonner à l'une ou l'autre activité.

Faire les deux? Ce sera, de toute façon, toujours plus productif que de rester là, les bras ballants, à réfléchir de façon stérile à l'avenir.

Le coup de la chômeuse volontaire, je dois l'admettre, ça commence à devenir un rien obsolète.

5 commentaires:

  1. Faire les deux, ce sera plus poductif, en effet. Et c'est faisable, si tu penses au nombre de bonnes femmes qui multiplient les casquettes au quotidien, et qui ma foi, survivent.
    Essaie ! tu verras bien ?
    De toute façon faut bien que tu fasses quelque chose non ?

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  2. Il y a quand même qques certitudes dans tes reflexions quant-à ton avenir: rester les fesses entre deux chaises n'est pas très confortable, il te faudra bientôt choisir.... Et aussi que M.Lexomyl et son cousin Prozac (c'est l'effet dr house) n'ont jamais rien résolu...
    Même si tu n'en as pas l'impression, tu continues d'avancer dans tes projets.
    Et même si Novembre sera bien vite là, ça te laisse encore bien du temps pour décider quelle chaise tu choisiras...
    Courage ma belle!

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  3. Fais les deux, fais les à fond, tu es assez forte pour les mener de front et pour y exceller. Oui, je sais que tu y arriveras, la Mouette.

    Bises.
    L'oiseau

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  4. Indeed... Le lexo (je connais) ne change pas grand-chose à la situation. Tu te rappelles le coup de la chenille qui devient papillon..? Tu me suis ?

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  5. Aime-toi, le ciel t'aimera... Je n'en suis pas là et ce serait une bonne étape de franchie que de suivre cet adage mais en tous cas, merci de tout coeur à vous pour vos encouragements... C'est bon de constater qu'à défaut de croire en moi-même, d'autres âmes le font à ma place. C'est un bon début, non?!

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