mercredi 10 février 2010

La gueule du loup

J'ai un principe, dans la vie: quand il y a moyen de se jeter dans la gueule du loup, je fonce.

Sans réfléchir. C'est un peu ça mon problème.

Donc hier, toute rassurée par les propos avenants de mon charmant interlocuteur de la DSV (il n'est pas physiquement intelligent, mais il faut savoir montrer l'estime et la gratitude que l'on ressent pour les gens qui nous disent ce que l'on a envie d'entendre - c'est épuisant une phrase pareille, tiens, foutue parenthèse), j'appelle le monsieur des Fraudes.

Déjà, Fraudes. J'aurais dû me méfier. Mais non, paf! Direct dedans, que j'y suis allée. Bonjour-monsieur-c'est-pour-vous-déclarer-que-je-veux-cuisiner-dans-mon-chez-moi-même-pas-tout-en-inox (c'est épuisant aussi, ce genre de phrases à tirets, comme quoi ça n'a rien à voir avec les parenthèses), c'est possibleeeeeeeee??

Que pensez-vous qu'il a répondu ?

Ben oui, forcément, à la base, c'était plutôt négatif. D'autant que, vous comprenez madame, si un p'tit gars, il meurt dans un restau à cause de vous, on va remonter à la source. Et qu'il est hors de question d'aller dans un domicile privé.

Encore un snob, qui n'aime pas les HLM, tiens.

Bon, je lui ai expliqué, il m'a précisé qu'il me faudrait indiquer le nom EXACT du gâteau en question, sa composition EXACTE, la dénomination EXACTE de ma société, la DLC EXACTE et moi, j'étais EXACTEMENT pétrifiée devant tant d'exigences d'exactitudes. Il faut dire que j'aime beaucoup l'improvisation et les incertitudes quotidiennes de la vie (mon cannelé brûlera-t-il si je le mets de ce côté-là, mon prince charmant est-il réellement tombé dans un ravin, un ravin, n'est-ce pas encore une excuse bidon pour pas se pointer, et au fait, le prince charmant, ce serait pas encore une invention à la noix pour nous vendre de la sape au kilomètre. Et de la noix, puis-je en mettre à la place des noisettes prévues dans la recette? Mais je m'égare).

Bon, à la limite, cette histoire d'étiquette, pourquoi pas, j'ai exprimé mon désir d'écriture, eh bien voilà un bon début (ah ah ah). Non, le plus contraignant, c'est de solliciter un laboratoire pour que des gens en blouse viennent vérifier que ma cuisine est aux normes, que personne ne mourra empoisonné à cause de mes préparations HAUTEMENT toxiques, parce que, y'a pas à dire, rien ne vaut un bon produit industriel sous cellophane: là, au moins, on a la garantie que le consommateur aura la vie sauve (enfin, normalement). Quant au goût, bah, faut savoir, vous voulez pas non plus tout avoir, hein?

Je schématise et je suis la première à reconnaître la saveur de certains mets cuisinés (monsieur Picard a modestement ses entrées dans mon congélo, j'avoue) mais tout de même, je ne peux m'empêcher de penser qu'on ne fait pas grand-chose pour favoriser l'initiative personnelle. A force de tout aseptiser, on arrive à trouver extraordinaire un restaurant où tout est fait maison, comme si cela ne devrait pas être la "norme"... Mais, surtout, on laisse des tonnes de gens, plein d'envies, sur le carreau, à défaut de pouvoir lancer leur projet.

Parce qu'il y aura toujours des freins, des "oui mais" et ce genre de discours rabat-joie.

Bref, j'en étais à ces funestes pensées lorsque le monsieur change de ton, devenant presque jovial. Et lui qui me demandait quelques minutes plus tôt comment j'envisageais de transporter mes pâtisseries de mon "laboratoire" (ah ah ah, encore) jusqu'à chez mes clients, me demande tout de go si je ne songe pas à la vente... par correspondance. "Parce que, vous savez, bien emballés, certains produits peuvent tout à fait être envoyés ainsi." J'ai le flash d'un pot de rillettes envoyé -en express- en Italie pour une somme honteuse et l'état de la cochonnaille à son arrivée dans la Botte. Bonne pour la poubelle. Alors, donc, je suis un peu hésitante.

Lui, le monsieur, il insiste, pense que ce pourrait être un très bon marché, blablabla et sur ce, me demande mes coordonnées, "pour suivre votre dossier."

La gueule du loup, vous disais-je.

2 commentaires:

  1. Mais pas tant que ça ! j'ai connu des bergers qui - tiens toi bien- vendaient direct leurs produits "on line" ! (emballés comment ?) et j'en suis pas revenue ! de même, un jour où je cherchais des infos sur la Corse, suis tombée sur une société qui propose en ligne ses "paniers gourmands" de cochonnaille de par-là ! Qui cherche trouve, faudrait effectuer des recherches, contacter les gens qui bossent déjà comme ça et voir comment ils font !
    sinon, les analyses nécessaires, re-DSV, ils ont des labos et des protocoles, moyennant bien sûr paiement du service, et ce sont eux les mieux habilités à effectuer les contrôles (grrrr.....) exigés en restauration par cette fichue Communauté Européenne qui voit un terroriste dangeureusement fou dans chaque producteur de matières premières et dans chaque transformateur en produits finis !
    A vos marques....prêt.....cherchez !
    bises la Mouette, perds pas le nord ni la pugnacité ! Le loup veut mordre ? passe lui la muselière !

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  2. Je suis complètement d'accord avec Anne, Il y a forcément des solutions alors ne lâche pas la patate.
    Pour ce qui est du prince charmant ou de la princesse au bois dormant, n'attends pas, c'est un conte à dormir debout.

    Bises.
    Thierry

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