lundi 8 mars 2010

Fille perdue, cheveux secs, dans la Lune

Je n'avais jamais vu de tels escaliers auparavant. Ou plutôt, autant de marches. Au loin, je croyais deviner des temples Incas, ou du moins l'idée que je m'en faisais. Avec tout ce brouillard, ce n'était pas évident de distinguer avec certitude les éléments.

A propos de certitude, j'en avais une: j'allais les sentir passer, ces marches. J'aurais pas dû reprendre de crêpes au chocolat... Les autres semblaient vaillants alors, bon, j'ai cédé et nous sommes partis. Soudain, une apparition fantastique. "Là, c'est la Lune!" J'étais soufflée. "Et là, regarde, c'est Jupiter", m'a assuré une copine de randonnée. La planète m'a éblouie, je suis restée là, fascinée et pourtant, je n'étais pas au bout de mes surprises. Sous nos pieds, on apercevait Mars. Et à notre gauche... la Terre.

C'était hyper bien fait, y'avait même le nom des pays qui s'affichait. Genre, comme sur un Atlas. Déjà, ça, ça m'a semblé un rien louche. Et dès que les connexions se sont enfin faites, là-haut, j'ai réagi. Comment aurais-je pu la voir, notre planète, de si loin? N'aurais-je pas dû être... dessus?

J'ai regardé autour de moi. Je flottais, dans l'obscurité, au milieu des étoiles.

Je vous rassure, je n'ai rien fumé, ni piqué les amphets de mon voisin (d'ailleurs, je n'ai pas de voisin, j'ai une voisine. Et puis des gens que je n'ai jamais croisés, c'est drôlement bizarre, la vie moderne, quand même. On habite les uns à côté des autres, mais comme sur Facebook, on peut se croiser dans la vraie vie sans se dire bonjour. Bref.).

Malgré la promiscuité avec les Soeurs de la Miséricorde - mes voisines du dessus - je n'ai pas plus été touchée par la grâce. Non, non, c'est juste que j'ai fait ce rêve de marches longues comme un jour sans fin, ce week-end, avant d'avoir de nouveau la tête dans les étoiles le lendemain, dans un songe un rien similaire.

Alors, je peux vous l'assurer, malgré ce qu'elle subit, la Terre reste une planète sublime. Bon, ok, c'est mon imagination qui me guide et mon esprit qui me donne à voir de jolies choses. Au delà de cela, si j'ai parfois quelques difficultés à interpréter mes rêves (pourquoi Dark Vador m'a-t-il poursuivie, pourquoi a-t-on coupé le tronc de la Reine d'Angleterre, je vous en passe et des meilleures), là, ça me semble assez clair.

Les marches ? Pour le long chemin vers la gloire. Entendez par "la gloire" un boulot - je préfère la jouer modeste (même mannequin chez Olida, je pense pas que j'aurais pu, alors les paillettes, non, vraiment, ce n'est pas pour moi).

Les planètes et la tête dans les étoiles ? Pour mes rêves (délires?) et envies que je ne me résous pas à effacer, malgré tout (entendez malgré la crise, malgré les claques, malgré mon statut de fille-perdue-cheveux-secs... La liste n'est pas exhaustive). Oui, cette métaphore nocturne et lunaire me laisse penser que je n'ai pas les pieds sur terre. Que je devrais peut-être chercher un "vrai" boulot au lieu d'aller m'en inventer un.

Je connais ces hauts et ces bas, parce qu'ils sont dans ma nature, d'abord, mais aussi parce qu'ils sont propres à toute création, où l'euphorie précède le doute, et réciproquement.

Après la semaine passée, pleine et exaltante, j'ai un rien déchanté en ratant tout bonnement une fournée de cannelés (j'en avais une centaine à livrer...). Une histoire de nouveau moule que je dois apprivoiser, un peu comme la poêle pour la première crêpe ou un vieil ami, retrouvé par hasard, que l'on n'a plus croisé depuis la maternelle. Ou... Vous voyez le tableau.

Donc, voilà, mes petites choses sont noirâtres, ou biscornues, ou aplaties, ça va pas, je ne devrais pas m'en rendre malade. Mais c'est plus fort que moi, je me mets à douter, je pense à la cliente, ça va pas lui plaire, vite, je refais de la pâte, mais du coup, je ne pourrai pas lui livrer à l'heure, oh, mais pourquoi j'ai accepté sa commande, d'façon, j'suis nulle, et pis c'est même pas rentable mon truc, et pis comment ça peut l'être alors que je suis pas foutue de maîtriser ma cuisson, et pis avec un seul four...

Et pis, et pis, et pis...

La loose. Donc, là, j'ai sorti la tête du seau, négocié avec le moule (faut lui parler doucement. A savoir, baisser la température. Il avait trop chaud, le coco, c'est pour ça, il suintait un peu) et c'est reparti. N'empêche que ce petit grain de sel m'a perturbée, que je me demande comment elle va accueillir ces nouvelles douceurs, les madeleines ne seraient-elles pas, elles aussi, un peu trop cuites? La loose, je vous dis. D'autant que dix mille questions me viennent à l'esprit et que je m'interroge sérieusement sur la viabilité de tout ça, comparé au temps et à l'énergie que j'y consacre.

Oh, bien sûr, ça ne sert à rien de se triturer à ce point, on verra bien. Mais j'en suis à un stade où tout doit rouler, sinon, le doute est de nouveau prégnant. J'ai besoin de certitudes, mais, comme sur ce chemin parsemé de marches, c'est le brouillard.

Finalement, ça m'allait bien, d'être la tête dans les étoiles...

2 commentaires:

  1. Tu sais, du temps où je faisais des fromages, il m'est arrivé des tas de fois de jeter mon "caillé" sur le fumier, parce qu''il avait gonflé, et je gueulais à pleins poumons ces jours-là que j'étais bonne à rien, que j'allais arrêté et gnagna gna....jusqu'à la bassine de caillé du lendemain, qui avait réussi ; le mal au coeur, je l'avais à me dire, en versant mon caillé raté sur le fumier, que j'étais en train de jeter 300€, ça faisait hyper mal, oh que je connais bien cet état d'esprit !
    Mais le lendemain c'est reparti comme en 14 et tout roule, bien huilé, sans accroc...
    Faut bien que tu te mettes ça en tête : rater, ça fait partie de la réussite. Etonnant, non ?
    Jolis rêves, sinon, mais va pas chercher midi à quatorze heures dans les interprétations, hé, si on comprenait notre inconscient, on serait jamais névrosé...:))

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  2. J'aime bien essayer d'interpréter les rêves, cela dit, surtout que les miens sont assez tordus...
    Sinon, tu as raison, même si ce n'est jamais facile d'encaisser l'échec, si minime soit-il (enfin, dans ton cas, waouh, la perte était lourde, faut avoir les épaules solides!) D'ailleurs, ce matin, la cliente a bien aimé la cuisson des petites bêtes, alors que je l'imaginais déjà hurler que c'était trop cuit ;) Confiance en soi, confiance en soi...

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