Imaginez, un grand trou noir.
Imaginez, une petite fille, un rien naïve, bercée par ses illusions.
Imaginez la rencontre entre ce grand trou noir et cette petite fille.
"Viens, viens te réfugier dans mon cocon", dit le grand trou noir. "Il y a peu à faire ici, mais te voilà protégée de toute agression extérieure."
La petite fille est tentée de plonger tête la première dedans. L'offre lui semble alléchante et répond à ses besoins primaires. Retourner au chaud, là où ça ne fait pas mal. Oublier. Laisser passer l'orage.
Rester inerte.
"Oui, mais comment vais-je sortir de là, ensuite?" demande-t-elle dans un éclair de lucidité.
Je n'aurais pas la prétention d'écrire un conte à trois centimes, mais je réalise à quel point les automatismes archaïques reviennent au galop, en situation délicate. Je faisais la maligne, hier, en commentant ce mail qui m'a fait si mal. N'empêche que je n'en menais pas large. Qu'il m'a ramenée à ma profonde solitude, à cette détresse à la fois ancienne et nouvelle. Au sentiment que je suis seule au milieu de l'océan, à me débattre pour me rattraper à un bout de bois, une barque, n'importe quoi pour éviter la noyade.
J'ai lu le mail. Une fois. Bah, je m'en doutais. Une deuxième fois. Ah bah quand même, pff... Une troisième fois. Mais pourquoi j'ai foiré le truc. Une quatrième fois... Jusqu'à la nausée.
Ça m'a coupé net l'appétit. J'ai senti les larmes monter, soudain. L'angoisse m'étreindre. Comme tétanisée, je tournais en rond dans mon appartement, cherchant la sortie de secours. Relativiser était une issue ; inutile de s'apitoyer sur son sort, c'est pas ça qui va me faire avancer, blablabla.
N'empêche que je l'ai vue, en moi, soudain, cette petite fille apeurée devant le trou. J'y vais, j'y vais pas? Je continue de m'enfoncer ou je lutte contre le gris qui envahit mon cerveau? Je continue ma régression jusqu'au stade foetal ou je me mets un grand coup de pied au derrière?
Ni une, ni deux, je suis allée au ciné. Deux séances plus tard (faut bien ça, je vous assure), je suis rentrée le coeur un peu moins lourd, finir de me vider la tête devant Desperate Housewives.
C'est ça qui m'a permis d'enjamber le trou noir. Et d'envisager que la route puisse, simplement, être longue avant que je débarque à bon port.
Au fond de moi, la petite fille est toujours là. J'aimerais l'éloigner, la chasser parfois, mais c'est elle aussi qui continue de me faire croire aux contes de fée. Vous savez, quand tout s'arrange et que la fin est belle (en outre, je ne prendrai pas l'option "se marièrent et eurent beaucoup d'enfants", ce qui facilite la tâche et évite quelques débordements domestiques superflus en ces temps de crise).
Naïve, je vous dis.
dimanche 28 mars 2010
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Oh...je suis navrée de lire cela ; non, évite le trou, rien n'en sortirait de bon. T'as envie de chialer un bon coup ? vas-y, te gène pas, on finit toujours par se moucher. Et par relever la tête. Oui, c'est long. Oui, c'est Chiant, oui, ça fait flipper.
RépondreSupprimerEt au risque de jouer les Cruellas, comme s'il fallait en rajouter, c'est le fruit de ton choix ( enfin, ouais...bon.). Ce qui ne veut pas dire que c'est désespéré, ni que tout horizon est fermé ou bouché, ni que tu ne ssauras pas rebondir, hé ?
Parce que là où ça finit par donner, c'est quand justement on ne jette pas l'éponge.
Dans un dommaine ou dans un autre, agite le lait, ça finira par faire du beurre ! et ça t'évitera la noyade. Mais c'est de longue haleine, c'est clair.
Allez la ch'tiote Mouette, mouche ton bec, essuie ta larmouillette, tiens, t'as un bout de varech, là....lisse tes plumes et retournes-y ! tu vas bien arriver à démarrer vent arrière.....:)
Gros bisous.
"Pascal avait son gouffre, avec lui se mouvant.
RépondreSupprimer- Hélas ! tout est abîme, - action, désir, rêve"
C. Baudelaire
Pour éviter le gouffre, heureusement il y a des îles accueillantes et amicales pour reposer les mouettes avant le printemps...
Que pourrais-je dire qu'Anne n'ait déjà exprimé mieux que moi ? Ne te décourages pas, il en sortira forcément quelque chose,d d'un côté ou de l'autre.
RépondreSupprimerBises.
L'oiseau