Avec tous ces ponts, j'ai l'impression d'être dimanche et pourtant, le week-end ne fait que commencer. Hier, pourtant, je faisais la fine bouche en assurant que les jours fériés, quand on est au chômage, c'est moyennement drôle, rapport que pour une fois, les gens "normaux" sont comme nous, à glandouiller. Qu'ils voient cela comme une chance, un répit dans leur semaine folle là où pour nous, âmes inactives, c'est juste un jour où le super U ferme plus tôt et qu'il faut donc planifier les courses...
Bah oui, parce que la journée d'un chômeur, ce n'est pas forcément ce que vous croyez. Faut pas croire, on fait la même chose que vous, mais en plus lent. Enfin, en prenant son temps. J'oserais même avancer que l'on fait plus de choses que vous, parce qu'il faut bien s'occuper. C'est bien de déprimer, mais sincèrement, c'est vite lassant.
J'ai des journées tellement pleines que j'ai pris du retard dans la lecture de mon ELLE. L'autre soir, j'ai donc voulu m'instruire en sciences féminines et savoir comment je pouvais éviter l'effet "j'ai un cocard" en me faisant un smoky. Là, je suis tombée sur l'une de mes rubriques préférées : "une journée avec". C'est là que j'ai réalisé mon -léger- décalage avec les vip.
Bon, le principe, bien connu, consiste à raconter la journée "classique" d'un people. Cette semaine, c'était Albane Cleret, que je ne connaissais pas, j'avoue (pitié! Je promets de me mettre à la lecture de Voici au plus vite!). Bon, pour vous situer, elle a 36 ans mais en fait dix de moins, les cheveux bruns en cascade, le sourire ultra-brite et la peau mate, l'air faussement nonchalant, les mains dans les poches, dans une tenue faussement simple (8.000 euros, une paille). Albane, donc, est une figure incontournable du Festival de Cannes. Bon, déjà, ça classe. Dans la prestigieuse capitale française du cinéma, elle gère un resto et une boîte, rien que ça.
Albane, elle côtoie Madonna comme moi je croise la gardienne de mon immeuble. Brad Pitt est limite à lui faire les yeux doux là où le tout-pas beau du 4e me lorgne bizarrement dans l'ascenseur. Elle descend à la cave pour y dégoter un grand-cru pour Matt Dillon quand moi, je pousse jusqu'au local poubelles où je ne peux même pas jeter mes bouteilles. Alors, je me suis dit que j'allais comparer nos vies. Le constat sera édifiant, je l'imagine déjà.
Alors, d'abord, elle raconte qu'elle amène "son petit univers" quand elle part à l'hôtel. Des fleurs blanches, notamment. Perso, je sais pas comment elle fait, parce que les fleurs, ça a tendance à faner pendant le voyage. Bon, elle est vip, hein, alors, j'imagine que ses fleurs à elle, elles tiennent bien. De toute façon, je ne vais plus à l'hôtel depuis que je ne travaille plus. Je reste chez moi et les Ibis ne me manquent pas trop, à vrai dire.
Elle dit aussi, Albane, que ses journées sont "archicalibrées": ben alors là, c'est presque comme moi: je sais que tous les matins, quand le réveil sonne (beaucoup trop) tôt, invariablement, je l'éteins et je me rendors, pour me réveiller, un quart d'heure avant l'arrivée à l'école, ce qui me donne l'occasion de blâmer mon fils qui est décidément beaucoup trop lent.
En même temps, elle n'a pas beaucoup de mérite, Albane: elle se lève à 11h! Ah, ah, je vous jure, ça se la joue actif et ça fait la grasse mat'. Comment ça, elle se couche à 5h à cause du boulot? Oui, bon, drôle d'excuse.
Albane, sinon, elle est mince mais c'est pareil, elle n'a pas de mérite: son estomac a la taille d'une noix. Un thé le matin et hop, la voilà repue. Ah oui, quand même, avant de quitter sa chambre, elle "avale des tartines grillées de pain complet" car elle sait qu'elle n'aura "pas le temps de déjeuner". A 18 heures, "premier coup de barre de la journée: trois carrés de chocolat et ça repart". Après, j'ai eu beau chercher, je n'ai pas trouvé la trace d'un repas quelconque... Il y a une explication: "si je mange trop, je dors", qu'elle dit, Albane. Je pense qu'en suivant pareil rituel, je pourrais envisager à mon tour de perdre quelques kilos, mais je ne garantis ni mon état physique ni, surtout mon état mental. Je suis bête, aussi, je prends trois repas par jour, c'est d'un ringard!
Du coup, elle rentre sans peine dans l'une des douze tenues qu'elle a prévues pour le festival là où j'ai déjà sorti douze tops, lamentablement avachis par terre, pestant contre moi-même pour avoir repris trois fois un carré de chocolat, hier, parce que la vie, elle est décidément vraiment trop injuste.
Et pendant que je perds mon temps, chez moi, à manger/m'abrutir sur mon ordi/devenir cool sur Facebook, ou dire du mal de tout le monde, tranquillement installée sur une terrasse (mais accompagnée, je ne parle pas encore toute seule quand je sors), Albane, elle, elle s'active: et vas-y que je cherche qui couche avec qui, à Cannes, qui veut sortir avec qui, quel est le meilleur plan pour se faire maquiller et qui monte les marches. Ma journée est de mon côté bien avancée et je me dépêche de rentrer avec mes trois sacs Zara-H&M-Comptoir, résultat d'une envie irrépressible de shopping (car la vie est décidément vraiment trop injuste, vous connaissez le refrain) quand je réalise que les marches, je vais devoir les monter, parce que l'ascenseur est - encore- en panne. L'avantage, c'est que l'idiot du 4e ne me reluquera pas mais les escaliers, dans mon immeuble, ils sont aussi reluisants que les toilettes d'une boîte cannoise après le passage de Mickey Rourke (je dis ça, j'ai rien contre lui, c'est juste des préjugés).
Bref, je me dépêche pour ne pas rater la sortie de classe de mon loustic pendant que madame Albane, elle, file chez le coiffeur (elle n'a donc une fois encore aucun mérite avec sa crinière de rêve) et comme c'est une super maman, elle appelle sa fille à 19h30, ce qui lui permet d'oublier cinq minutes tout le stress généré par le port de talons de 10 cm et plus globalement par ce foutu job qui l'oblige à sourire non stop et se cogner les caprices de stars.
A la même heure, j'essaie d'expliquer à mon fils qu'il est un parfait cobaye pour le resto et que, non, je ne peux pas lui servir du jambon-pâtes tous les soirs, et que pour la glace, il peut toujours rêver: cinq fruits et légumes par jour, c'est du bourrage de crâne, certes, mais pas que. Les talons et le sourire, je les ai rangés depuis un moment (enfin, mon fils a droit à quelques risettes quand même, je ne suis pas une marâtre) et si j'ai le bonheur d'être en tenue de soirée (entendez pyjama top glamour) à 20h30, je sais que ma soirée sera excellente.
Albane, vers 23h, elle accueille Sharon Stone, Sean Penn, Pénélope Cruz, Quentin Tarantino... Moi aussi, je peux, je les ai dans mon étagère, bien rangés, vous savez, tous ces DVD que l'on aimerait tellement voir et revoir. Parfois, je pousse jusqu'à 1h, 2h du mat, véritable toxico de séries addictives. Albane, de son côté, ne voit pas les heures passer, soucieuse que les people se sentent bien dans sa boîte, "comme à la maison". Elle ne ménage pas son énergie, jusqu'à 5 heures du mat. Je l'imagine, excitée comme une puce, virevoltant, aux aguets. Prête à accourir auprès de ces vip, capables de lâcher l'équivalent d'une année d'indemnités ASSEDIC juste pour s'envoyer une entrecôte-frites à l'aube.
Quand elle se couche, elle pense la même chose que moi: "yes, une de plus". Enfin, moi, je ne dis pas "yes", seulement "une de plus". Une journée de plus passée sans bosser dans la vraie vie, une journée de plus en total décalage avec la vie active, une journée de plus entre liberté, réflexion, euphorie et spleen. Mais elle, tellement qu'elle est heureuse, elle ajoute "yes".
Je regarde la rubrique et je m'interroge. Oui, je sais que Photoshop est passé par là mais quand même, je voudrais bien qu'elle m'explique, Albane, comment elle peut avoir ce teint de rose avec une vie de débauche pareille quand moi, avec ma vie tellement rangée, j'ai des cernes de noctambule? Je dois en faire trop, j'imagine... Foutue vie de chômeuse.
vendredi 22 mai 2009
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Maintenant, ce qu'il faut faire c'est comparer vos vies à l'âge de 55 ans. Imagines donc Albanne, elle se sera déjà fait lifter 3 fois et aura la peau tellement tendue qu'un sourire de trop pourrait tout faire lâcher. Ensuite, avec le port de 10 cm de talons toute sa vie, elle aura des problèmes de colonne vertébrale. Et puis à force de passer des nuits folles, elle aura divorcé 10 fois et sa fille ne lui parlera plus à force d'avoir été délaissée quand elle était enfant.
RépondreSupprimerFranchement, tu crois qu'elle est tellement plus heureuse que toi ? Je serais toi, je ne l'envierais pas.
L'oiseau
Oh mais je ne l'envie pas, je constate! Globalement, j'aime bien ma vie terre-à-terre, un comble pour une mouette, non?
RépondreSupprimerLa vie n'est pas un roman de gare sors faire prendre l'air ton ordinateur jette le cela t'éviteras d'avoir des pensées envieuses et funestes et de mal répondre chez facebook.
RépondreSupprimerEn cherchant sur google des articles sur les mouettes pour mon étude, je ne savais pas qu'il y en avait des mouettes qui cuisinent mais rieuses oui. bon courage
Fanny
Bonjour Fanny, j'avoue ne pas tout comprendre (pensées envieuses et funestes? Mal répondre sur FB?) mais peu importe, je suis libre d'écrire des posts qui s'apparentent à un(mauvais, en plus!) roman de gare et tu es libre de ne pas les lire, bien sûr. Ce que j'écris est souvent à prendre au 15e degré...
RépondreSupprimerTout comme mon commentaire chère Mouette, à prendre au second degré.
RépondreSupprimerAu premier degré, je poursuis mes recherches pour mon étude scientifique et animalière et désolé si mon commentaire t'ai blessé. Fanny
Pas de souci, Fanny, je ne suis pas blessée. Toute critique, bonne ou mauvaise, est intéressante, encore faut-il que je la comprenne avec mon cerveau de kinder (brune dehors, blonde à l'intérieur)! Cela m'apprendra à reprendre mon surnom datant de mes belles années d'étudiante bordelaise... Bon courage en tout cas pour tes recherches et sans rancune!
RépondreSupprimerJe rejoins l'oiseau...
RépondreSupprimerElle n'est pas enviable, la vie d'Albane!
C'est nul, mais moi, j'aime bien ma vie "plan-plan"... Ca me rassure, et j'en deviendrais presque sereine.
Après avoir courru après la vie "parfaite", un statut de wonderwoman superactive, une vie hyper-remplie, un jour, j'ai dû faire face à mes démons, et la chute a été terrible.
Aujourd'hui, les démons m'accompagnent, je ne les fuis plus, j'essaye juste de les tuer (ce qui est très dur)
Bref, j'ai passé une vie à envier les Albane, à faire comme elles, et j'ai craqué ;-)
C'est nettement plus enviable, à mon avis, une femme comme toi, qui a un but, un projet, et qui le construit un peu plus chaque jour.
Plus enviable, et bien plus honorable!
Bises
LMO
Moi, j'ai quand même envie de dire, quelle pxxwwhwwhxiasse cette Albane!
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