Troisième jour en cuisine et une scène tout droit sortie de Scary Movie? Oui, c'était moi, à 9h32 environ, tentant de cacher ma maladresse, en vain. Le sang coulait: démasquée.
Le responsable, c'est ce grand couteau, tellement bien affûté qu'il a eu raison de mon pouce. Enfin, je dramatise, tout va bien, mais bon, je me serais bien passé de ce mini-break à l'infirmerie. Du coup, pas malheureuse, j'ai été dispensée de trancher les sept kilos de courgettes qui m'attendaient. La petite salade au melon et à la coriandre, c'était moins dangereux.
Le chef doit penser que je suis une vraie quiche, mais voilà, je n'ai pas l'habitude d'être observée ainsi et comme je vais à peu près dix mille fois moins vite que lui à tailler des tomates, oignons, échalotes en dés. J'avoue, j'ai l'impression d'avoir 10 ans et de découvrir les fourneaux.
Son comparse le cuistot, un être physiquement intelligent que j'ai découvert la veille, n'en pense pas moins. Aujourd'hui, sourire en coin, il me l'a joué : "eh, t'as vu, hein, c'est dur comme métier, et puis faut être fort dans ta tête quand les clients te diront que c'est pas bon, parce que ce ne sont pas tes amis, eux." Bon, dit comme ça, le garçon passe pour un être un rien hostile mais en fait, non.
Et je ne dis pas ça parce qu'il a par ailleurs d'autres atouts - même si la gourmette gâche un peu le personnage.
Il juge ma démarche d'un oeil sceptique, parce que, ouvrir un restaurant pour un non-initié, ce n'est rien d'autre qu'une hérésie au regard des "vrais" cuistots. Les pros, avec leurs jolies chaussures de sécurité et leur pantalon rayé. A force, je connais le discours par coeur. Eh, les gars, je ne cherche pas à marcher sur les traces de Bocuse! J'envisage un lieu de vie, au delà d'une cantine, vous voyez le genre?
Non?
Non. Eh bien tant pis. Peu importe. Rien que pour cette expérience en cuisine, ça valait le coup. Entre l'apprentie un peu particulière (je crois que je n'avais jamais vu de ma vie une fille avec des poils de caniche sous les bras), le chef à la limite du borderline, le cuistot arrogant et le serveur nonchalant qui a gratté une journée de travail pour s'être battu (!) la veille, je suis vernie! Je vais donc tenter d'éviter une amputation de la main afin d'arriver au bout de cette aventure, en espérant secrètement entendre le rire du chef, un jour.
Oui, je sais, je suis une éternelle utopiste. N'empêche que je l'ai vu esquisser un sourire, aujourd'hui.
Enfin, il me semble.
mercredi 9 septembre 2009
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"physiquement intelligent": j'aime bcp le concept!
RépondreSupprimerBises et courage, Steph.
Oh, c'est copyright Otarillette, elle ne m'en voudra pas...
RépondreSupprimerpas de soucis!!!!
RépondreSupprimerBen ça, les coupures, c'est le lot quotidien de tous les apprentis, ne t'inquiètes pas. Ton chef en a vu bien d'autres se couper avant toi. C'est le métier qui rentre.
RépondreSupprimerBises, la Mouette
L'oiseau
Alors, d'une, la dextérité vient avec l'habitude.
RépondreSupprimerDeux : la mobilité d'activités dans une vie est encore mal perçue de la plupart des gens, qui pensent encore "comme avant la crise du pétrole", qu'on n'a droit qu'à un seul métier dans une vie, un seul partenaire aussi, un seul tout ce que tu veux, les immobiles ! pfff....
Trois : les poils de caniche sous les bras, y avait ma mère quand j'étais petite, et y a ma nièce maintenant que je suis grande ! c'est une certaine tendance des nanas pro-nature...je te rappelle aussi que c'est biologique, ça signe notre appartenance au rang des "femelles fécondables", donc pubères...la peau lisse est l'apanage des intouchables sexuellement...ceci dit, moi aussi je "fais" les jambes et les aisselles, hein, mais pas le "kiki" (sic), parce que CET ENDROIT à mon sens doit avoir une pilosité (contrôlée si tu veux) ADULTE ! y a une confusion malsaine, je trouve, entre les FEMMES qu'on veut lisses comme des ENFANTS - mais dis voir, qui a honte d'être adulte ? Et pourquoi on voit tant de pédophiles ? Un adulte a des poils là, ici, et là. Point. On en vire si on veut, mais gardons au moins l'essentiel ! ceux, "là", qui disent bien que nous sommes des FEMMES !
Si ça peut le faire sourire, tu peux lui raconter ma présomption... en plus, moi je m'évanouis quand je vois du sang, c'est te dire si je n'étais pas taillée pour le métier...
RépondreSupprimer@ Otarillette: pas de royalties, parce que ce blog, c'est garanti sans pub, donc sans rentrée, mais bien essayé ma belle!
RépondreSupprimer@ Anne: je te rejoins sur l'étroitesse d'esprit de certains quant aux mutations professionnelles. Sinon, le poil et moi, ça fait deux, j'aime pas.
@ Pascale : bon, j'ai intérêt à prévoir les pansements si jamais je squatte ta cuisine un jour, histoire de cacher toutes ces blessures!