lundi 23 novembre 2009

Un supplément d'âme

22 h sur le parvis de la gare mancelle. Il fait froid, je dois attendre le tram près de 20 minutes et j'ai les pieds en compote. Et pourtant, j'ai envie de sautiller, et pas seulement parce que le "Break up", de Pete Yorn et Scarlett Johansson, égaie mes oreilles.

Deux heures plus tôt, j'ai ressenti un petit coup de blues au moment de fermer la porte du Café Clochette, et pas seulement parce que je quittais les trois adorables chats qui vivent là. En quelques jours seulement, je me suis habituée à ce nouveau quotidien, loin de toutes mes addictions habituelles - internet, shopping et disgressions en tout genre (ou presque).

A vrai dire, je n'avais pas une minute à moi et ça m'allait bien.

Alors quitter ce lieu si chaleureux et revenir à ma vie, bah oui, ça m'a fait bizarre.

Depuis mon arrivée à Rennes mardi matin, la semaine s'est apparentée à un tourbillon. J'ai vécu de façon concrète ce qui fait le quotidien (et le sel!) de la cafelière, de l'élaboration des menus à la popotte. C'était à la fois rigoureux et excitant, nous avons respecté le programme à la lettre, tout en laissant paradoxalement pas mal de place à l'improvisation.

J'ai une chance incroyable, la cafelière m'a laissé, dès le début, mitonner quelques plats, l'inconsciente! Et nous avons donc proposé cela à la carte. Au fond de moi, je m'en réjouissais, mais j'avais logiquement une appréhension. Et si ça ne plaisait pas? Et si j'empoisonnais quelqu'un ? Et si je faisais fuir ses clients? Ce test que j'avais tant attendu (et redouté), je pouvais le passer, enfin, grandeur nature. Un véritable cadeau.

Au menu, minestrone et makloubet. Fondant au chocolat et tarte citron meringuée. Personne n'est tombé, raide mort, sur le sol.

Ouf.

Au début, je scrutais discrètement les visages, cherchant les moues éventuelles. Je craignais le retour des assiettes, les plaintes de clients. J'oubliais un peu vite qu'ici, ces derniers sont d'une gentillesse à toute épreuve. Au delà du repas, ils viennent chercher un coin apaisant, un lieu de détente où ils peuvent profiter de leur assiette pendant que leur(s) enfant(s) s'amuse(nt) dans l'espace qui leur est réservé.

On appelle cela un concept et voyez-vous, celui-ci est fort réussi.

Car, vous l'ai-je dit ? Le Café Clochette se situe dans la maison de sa chef, ce qui confère au lieu une atmosphère unique. Je l'avais déjà constaté lors de ma première venue, et cette semaine me l'a confirmé. Ici, pas de chichi, on s'installe et on déjeune comme chez soi. Pas de déco outrancière, pas d'assiettes carrées trendy ou de verrines à tire-larigot. C'est la simplicité qui prime.

Mais attention, c'est quand même un délice pour les papilles. Et d'ailleurs, le matériel utilisé me laisse rêveuse. Du grand plan de travail en inox comme il faut, des rangements partout, une épicerie dantesque, des cachettes secrètes parfumant l'espace dès qu'on les ouvre, des épices, des herbes, des ingrédients magiques... la cuisine de la cafelière est un outil génial.

Et, surtout, il y a ce supplément d'âme.

A suivre...

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