1h37 du matin, annonce le réveil. Je viens de me coucher, après avoir reculé l'heure d'affronter mes angoisses nocturnes - et rattrapé le retard après mon break. Allez, une page et je m'endors, hein? Une page. Deux. Trois.
Impossible de dormir.
Je sais que ce jeudi et ce vendredi vont être déterminants. Je rencontre les quatre banques que j'ai déjà sollicitées, cette fois pour monter, de façon définitive, le dossier. D'où l'insomnie.
D'où les spasmes.
Je me replonge, résignée, dans le recueil de nouvelles que j'ai entamé. "Je suis très à cheval sur les principes", raconte David Sedaris. Ben moi aussi. Et l'un de mes principes de base, c'est de dormir. Ça va pas du tout.
Pourquoi je flippe? Je les connais, ces quatre femmes. Elles ont toutes réagi de façon enthousiaste à mon projet. Il y en a deux qui me semblent néanmoins plus difficiles à convaincre. Celle que je vois le matin. Dans quelques heures, donc. Et l'autre, l'après-midi.
2h08 - Je suis déçue, je ne le trouve pas super drôle, ce Sedaris, lui qui est pourtant un humoriste new-yorkais reconnu, paraît-il. Mouais, on n'a pas le même humour. A moins que mes réflexions intérieures permanentes ne me perturbent quelque peu. Mince, j'ai oublié d'imprimer un document. Et pour la garantie, au fait? Et qu'est-ce qu'ils font tous, dans ma tête, ces neurones, là, peuvent pas dormir, comme tout le monde?
2h45- Un ami m'a supplié de "débrancher" la semaine passée, alors que j'étais trop énervée pour supporter la mollesse de Mlle Chambon. Je veux bien, moi, mais c'est où, la prise?
5h43 - J'ai réussi! J'ai réussi! J'ai dormi!!! Alleluia.
7h42 - Là, faut vraiment que je me lève.
C'est donc dans des conditions optimales - cerveau embrumé, cernes rehaussant magnifiquement mon teint pâlot - que je suis arrivée dans le bureau de la première dame-de-la-banque. C'est la plus jeune de toutes, pas la moins sévère.
La partie va être serrée.
Elle a lu le dossier que je lui avais remis. Et l'a décortiqué. Ça commence mal, elle me demande de tout résumer, "parce que là, je n'y comprends plus rien, c'est le fouillis dans ma tête." Elle tique sur le montant demandé. C'est trop, par rapport aux besoins réels et immédiats. Niveau emprunts, je vais douiller. Puis rentre les chiffres des charges, personnelles ET professionnelles. Me montre le logiciel de calcul qui indique, à la case verdict, "à rejeter".
En rouge.
Parce que le logiciel, là, il estime que quand tu as un enfant à charge, tu ne peux pas vivre avec moins de 1200 euros par mois. En dessous, interdit d'entreprendre, t'as pas les moyens. Se serrer la ceinture pour réaliser son rêve? Le logiciel, il dit niet.
Bon, la première-dame-de-la-banque, elle est quand même humaine. Elle me dit qu'elle ne peut pas présenter mon dossier "au-dessus", "parce que ça vous grillerait et que je ne peux ignorer votre motivation depuis le début." Alors, elle va demander l'avis de son directeur et elle me rappellera. Me précise de voir ce qu'en pensent les autres banques.
Je sens qu'elle aimerait bien, mais que la voix du logiciel résonne dans son esprit et que c'est compliqué de jongler entre coeur et raison. "Vous n'avez déjà pas d'expérience dans le domaine, alors le dossier doit être béton, sinon il va être rejeté. Je ne doute pas de vos compétences, je sais que vous pouvez le faire. Mais pas eux."
Je sors, un peu mitigée, forcément. Elle ne m'a pas dit non, c'est déjà ça. Puis, je récupère un téléphone (le mien avait rendu l'âme ce week-end) et j'écoute mes messages. Deux proviennent de la fronceuse de sourcils. Elle dit vouloir m'inscrire au comité pour obtenir les prêts d'honneur.
Alleluia.
Je la rappelle, son ton a radicalement changé par rapport à nos précédentes conversations. Tout va bien, elle ne parle plus avec des "si" mais avec des "quand". Je passe en décembre devant ce comité. D'un coup, la route s'ouvre. Je ne suis plus fatiguée.
En pleine euphorie, j'arrive dans le bureau de la deuxième dame-de-la-banque. Depuis le début, elle n'a pas caché sa perplexité quant à la rentabilité financière de mon entreprise.
La partie va être serrée.
Elle n'a pas lu le dossier que je lui avais remis. Ça commence bizarrement, elle le consulte devant moi. Montre son enthousiasme, ne tique pas sur le montant demandé. C'est normal, par rapport aux besoins réels et immédiats. Puis rentre les chiffres des charges personnelles. Je vois des cases sur son ordi.
Mais pas de rouge.
Elle trouve que je vais gagner peu. Mais comprend que mon envie de réaliser mon rêve me pousse à me serrer la ceinture. Elle prend tous les documents, sourit et m'annonce: "voilà, réponse dans trois semaines. Personnellement, votre projet me botte, depuis le début, et puis vous n'avez pas de concurrence proche, et puis avec les employés du coin, vous aurez votre clientèle, et puis..." Euh, madame, vous ne voudriez pas m'accompagner au comité?
Rien à dire, la deuxième-dame-de-la-banque, elle est quand même très humaine. Nous prenons même le temps de discuter d'un voyage en Inde d'où elle revient. Je lui proposerais bien d'en discuter devant une tasse de thé, mais il me semble que je pourrais le faire dans quelques semaines, d'un coup...
To be continued...
jeudi 5 novembre 2009
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Bonne chance pour la suite! Ca va le faire!
RépondreSupprimerOuais ouais ouais !!! Tu tiens le bon bout !
RépondreSupprimerDors paisiblement, la Mouette, ça va marcher.
RépondreSupprimerBises
L'oiseau
Eh, bien...
RépondreSupprimerJe ne vois rien d'autre à ajouter sauf
MERDE!!!
et qu'elle fasse son office...
Tu va y arriver!
PP
On dirait une série américaine (et tu sais que je suis fan) ces épisodes à rebondissement... Si ça marche pas on s'associe pour écrire des scénars, dis ? !
RépondreSupprimerAllez, aie la foi... A un moment ou à un autre, c'est sûr, ça va marcher...
On se rappelle ? je suis en vacances la semaine prochaine mais tu sais comment me joindre. Bises
Oh la la, mais c'est qu'il y a du soutien, derrière! De l'optimisme, ouh la la, mais enfin, vous savez pas que c'est la crise?
RépondreSupprimer...
@ Pascale: Chiche! On ferait un mix de six feet under, des Desperate, de Dexter (je pourrai même jouer le rôle-titre, en m'occupant de la chair de quelques personnes, ah ah ah), ce serait un succès phénoménal, nous serions accueillies sur un tapis rouge à Hollywood et, d'ailleurs, nous aurions notre empreinte sur le Hollywood Boulevard... Quelle idée avons-nous eu de vouloir faire la popotte, hein? C'est sûr, sur un malentendu, ça va marcher! Je t'ai envoyé un truc aujourd'hui. Bonnes vacances!
Bizz à tous!