Lorsque, jeune journaliste, je suis arrivée à la rédaction de mon magazine, j'ai été rapidement briefée: "dans le basket féminin, toutes les filles sont lesbiennes".
Un a priori? Pensez donc.
Moi, je tombais des nues. On m'a expliqué que la proximité des vestiaires, la vie de groupe, tout ça, ça incitait ces jeunes demoiselles à tomber dans les bras les unes des autres.
C'est marrant, j'ai joué au basket pendant des années, ça ne m'avait jamais traversé l'esprit. Ah oui, mon niveau n'était pas non plus formidable et j'ai donc échappé à cette vie orgiaque - parce que, dès que l'on parle d'homosexualité, c'est forcément ainsi, paraît-il. Hum.
Je ne voyais pas non plus quel intérêt on devait porter à une donnée personnelle (ça fait bien partie de la vie privée, hein? Rassurez-moi) et j'ai donc passé les premières années à couvrir du basket féminin sans m'interroger davantage sur ce fait.
Et puis, un jour, j'ai eu l'occasion - et le bonheur, parce que le sujet était passionnant - de parler de la femme et du sport. Quelles incidences la pratique du basket avaient sur leur vie, comment vivaient-elles leur corps (paru en deux volets, sous les intitulés "Du muscle et du style" et "Le corps à rude épreuve", que ceux qui sont intéressés par une copie m'écrivent sur ma boîte perso!) et ce genre d'interrogations. Et là, je me suis demandé si je devais, ou pas, aborder, la question de l'homosexualité.
Je le devais. Cela fait partie de l'identité de certaines de ces femmes et le nier aurait été hypocrite. Je me souviens de la réaction d'un collègue, qui frétillait d'excitation à l'idée de lire des révélations sur ces basketteuses qu'il côtoyait. J'ai soupiré et en même temps, j'ai compris sa réaction tant les rumeurs circulaient sur le compte de telle ou telle joueuse. Fasciné et curieux, il avait besoin de savoir.
Avant d'évoquer le sujet avec des basketteuses - homos et hétéros, d'ailleurs - j'ai rencontré une psychiatre, Claire Carrier, spécialiste en médecine et biologie du sport, qui a travaillé à l'INSEP -le laboratoire national des meilleurs sportifs français. Son discours et ses théories m'ont offert un nouveau point de vue sur la question et ont éloigné cette peur que j'avais de marcher sur des oeufs. Car, aujourd'hui encore, l'homosexualité dans le sport reste taboue.
Enfin, "dans le sport" seulement? J'aimerais croire que oui, mais les stades et leurs spectateurs ne sont qu'un reflet de notre société intolérante...
A suivre...
mercredi 6 janvier 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Hé bin !.....ça me laisse sans voix, les réactions de tes collègues masculins....
RépondreSupprimerComme Anne, je suis sidéré par l'intelligence de tes collègues ! J'attends la suite avec impatience.
RépondreSupprimerBises.
L'oiseau
Attention, c'est comme tout, il ne faut pas tous les mettre dans le même panier... Y'en avait aussi des intelligents!
RépondreSupprimer