"Cela va vous manquer, l'écriture."
" - ???"
La voix est assurée, ferme. Teintée d'une légère ironie, me semble-t-il.
"- Vous avez eu une vie mouvementée, ça vous changerait sacrément de rythme d'avoir ce restaurant."
"- ????"
Je dois rêver.
"- Oui, vous aviez l'habitude de bouger, vous avez vécu certaines expériences particulières... "
"- ???????????"
Non, c'est pas possible. Décidément, je regarde trop Dexter. La voix continue.
"-Vous savez, on se documente."
" ..."
Quoi, c'est le FBI? La CIA? Le KGB?
" - Oui, j'ai lu quelques-uns de vos articles."
Un ange passe.
Un autre. Faut que j'encaisse.
Note à moi-même: songer à changer de nom. Être moins débile. Et ne jamais sous-estimer l'adversaire.
Se souvenir que ça devient compliqué d'écrire discrètement sur le web, sans incidence dans la vraie vie.
Préciser que quitte à être pistée, j'aimerais autant que ça serve à quelque chose.
Se demander si l'auteur d'un commentaire un rien agressif posté le 16 décembre - et découvert seulement hier -ne connaissait pas (très bien) le dossier, à tout hasard.
Vous expliquer.
Hier, je suis retournée au combat, un peu. L'esprit bien ramolli, pardon, reposé, les nerfs au calme, le sourire niais aux lèvres, j'ai appelé la fronceuse de sourcils. Oui, je sais, je radote, mais lorsque j'aime bien un personnage, que voulez-vous, c'est plus fort que moi, je m'attache et je n'arrive plus à le sortir de l'histoire.
Et d'autant moins que ma p'tite vie n'est pas un roman, que je ne suis pas scénariste et que je ne peux pas sortir la fronceuse comme Marc Cherry a dégagé Edie Britt parce que la garce blonde de Desperate Housewives lui sortait par les yeux (ce qui n'est pas, ou plus - soyons honnête - le cas).
Non, la fronceuse et moi, c'est une longue histoire, faite de piques et de rabibochages, d'acquiescements et de colères rentrées, de rancoeurs et de reconnaissance. Bizarre, je sais. Il n'empêche que j'ai multiplié ses apparitions ici.
Pourquoi remettre le couvert, alors? Parce que c'est une belle histoire d'amitié qui est née entre nous? Parce que je n'ai rien d'autre à faire? Parce qu'elle-même n'a qu'un dossier sur le feu? Même pas.
Souvenez-vous, la commission devant laquelle j'étais passée m'avait proposé un groupe de travail, lequel ne pourrait être constitué qu'en janvier.
A cause d'une histoire de Fêtes, de gros barbu rouge, de cotillons et ce genre de coutumes, vous voyez.
La dinde était digérée, les dernières coupes de champagne oubliées et la rentrée m'enjoignait à me réactiver. Un jour, deux jours, trois jours, il était temps que je rappelle que je n'étais pas morte, même si, dans mon esprit certes un peu tordu, mon projet l'était. Provisoirement. Ou complètement, selon l'humeur, la météo, le goût du jour... Allais-je devoir faire semblant? Raconter des bobards sur ma motivation soi-disant intacte?
Je n'ai pas eu à me triturer l'esprit très longtemps. Elle lisait en moi. Et pour cause: elle m'a lue.
Littéralement, je veux dire.
Ah, ah, ah. Très, très drôle. Une chance que nous ayons conversé au téléphone. Tout de suite, le rouge cramoisi est plus discret.
Maintenant que j'étais à découvert, autant jouer la transparence. Je lui ai raconté la désillusion, le sentiment d'injustice, et puis le recul, la réflexion, la sensation que l'avenir, s'il n'était pas dessiné, n'était pas forcément si négatif. Et puis on a abordé tout un tas de choses. L'état de cette fameuse conjoncture qui bloque les projets et rend les utopistes plus utopiques et les rabats-joie plus rabats-joie encore. Les risques des entrepreneurs. Les faillites à venir. Et les alternatives à tout ce marasme.
Au hasard, l'écriture.
C'est elle qui avait abordé le sujet, c'est elle qui a souhaité l'approfondir. Comme si elle m'encourageait vers cette voie. Comme si elle n'avait pas de rancune, malgré le portrait peu flatteur que j'avais dressé d'elle. Évidemment, elle m'a glissé deux-trois petites allusions sur mon attitude à son encontre, mais je dois lui reconnaître beaucoup de mansuétude. Au fond, je crois que cela l'a fait rire.
Je me demande même si elle ne serait pas un peu fière d'avoir son rôle-titre.
vendredi 8 janvier 2010
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C'est bon de savoir que tu as repris les armes et que tu ne laisses pas tomber. Et la fronceuse de sourcils n'a pas été si malmenée que ça, tout compte fait. Ceci dit, oui, peut être que tu devrais changer d'adresse pour y laisser tes états d'âme et garder un blog professionel pour y parler de ton dossier. C'est dommage mais c'est sans doute la solution.
RépondreSupprimerBises.
L'oiseau
Pas d'accord avec l'Oiseau, cette fois. Ton blog, il est chouette justement parce qu'il est vrai ; et après tout, tu ne donnes pas de noms, hein ? On a des fois des relations étranges avec les gens, ni amicales ni hostiles, et cette personne, dans la vraie vie, n'est sans doute pas telle qu'elle est dans son rôle professionnel où elle est tenue à un certain rigorisme ; il n'empêche qu'en l'occurrence elle pourrait bien être de bon conseil.
RépondreSupprimerNon, surtout, continue ce blog comme si tu ne parlais qu'à toi même, c'est cela qui en fait la valeur, qui le rend si intérressant, cette voix claire et franche,quelqu'un qui se dit - et puis je suis bien tranquille, je sais que tu sais écrire et que le vraiment perso, tu te le garde au chaud ! je t'ai vue mécontente parfois, parfois piquante, mais jamais vraiment hostile ni méchante, en tout cas jamais cruelle, et pour moi c'est de la plus haute importance.
Continues, la Mouette ! et médite un peu les paroles de la dame....elle n'a rien pu pour ton dossier, ça veut pas dire qu'elle te soit hostile, non plus...
Oh, et j'oubliais : ce com du 16 décembre n'est pas sans logique, mais je crois qu'on aurait pu réussir quand même à dégager des sous, en rameutant les gens intérressés par les idées "alternatives" - on l'a vu dans d'autres domaines, des choses ont eu lieu, si. Mais à l'époque c'est vrai les mentalités n'étaient pas les mêmes...quoique.
RépondreSupprimerc'est le com d'une personne qui vit dans les ornières d'un chemin bien tracé et "officiel", classique - frappé au coin du bon sens, mais pas toujours au fait des alternatives possibles....
Effectivement, je n'ai nulle envie de créer deux blogs, je suis qui je suis et je ne veux pas séparer les deux univers, pro (enfin, si l'on veut, vu mon statut actuel...) et perso. D'autant que, comme Anne l'a justement remarqué, je ne cite personne et garde les éléments les plus intimes pour moi-même. En tt cas, merci pour ces mots, Anne, ça me touche beaucoup...
RépondreSupprimerConcernant le financement alternatif, j'ai évoqué la question hier avec la fronceuse de sourcils et je lui ai dit qu'il était important à mes yeux qu'une banque suive, et d'autant plus en cette période morose. Oui, sans doute avais-je besoin de rester un peu dans la voie "officielle", parce que mine de rien, l'endettement était conséquent et pas sans risques. Sans prêt bancaire dédié au restaurant, il ne me semblait pas raisonnable d'y aller. That's life!
Ceux qui réussissent un jour, c'est ceux qui savent ne pas perdre le sens des réalités ; tu as bien fait et quelque chose finira bien par émerger. Projet enterré ou seulement différé, de toute façon c'était une aventure, et c'était de la vie ! donc, c'est gagnant, à l'arrivée....:)
RépondreSupprimerje m'ennuyais un peu, pas envie de sortir de ce temps là, trop froid pour moi, alors pourquoi pas les nouvelles du jour !!!
RépondreSupprimerEh bien, cher anonyme, y'a qu'à demander, je viens d'actualiser! Bonne lecture...
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