vendredi 29 janvier 2010

Résidus d'une vie

Hier, par la force des choses, l'entretien "à blanc" m'avait replongée dans mon passé. Un rien mélancolique de nature, j'ai eu envie de balayer tous ces souvenirs qui rejaillissaient, pour me concentrer sur l'avenir, et uniquement là-dessus. Inutile de nourrir une quelconque nostalgie, c'eût été stérile.

Sauf qu'aujourd'hui, j'ai senti la nécessité de faire le vide, de trier, ranger, jeter et, pour tout dire, mon appart est un capharnaüm sans nom à l'heure où j'écris ces lignes. J'en suis à devoir enjamber des tas, à droite à gauche car, cette fois, j'ai bien l'intention de faire place nette.

Y'a du boulot, je vous explique pas.

Évidemment, lorsque l'on range, il y a toujours quelques détails qui ralentissent vos bonnes intentions. Oh, je ne parle pas d'une invitation de dernière minute pour aller dîner - et ça, ça ne se refuse pas, hum - qui a pour le moins ralenti mes ardeurs.

Non, ce sont toutes ces marques du temps. Cette carte postale que j'avais oubliée, évoquant un été lumineux, et celle-ci, réveillant une once de spleen. Ces cours d'italien, que j'avais ramenés à la maison, dans l'espoir de m'y remettre un jour. Ce pendentif, dégoté à Londres, me rappelant l'insouciante réalité de mes 18 ans. Ces critiques de bouquins que je n'ai jamais eu le temps de lire. Le flacon de ce parfum que je ne porte plus depuis longtemps, mais que je n'avais jamais pu me résoudre à jeter.

Et puis, bien sûr, ces photos, belles, moches, réussies ou floues, de ces visages encore lisses, de ces sourires naïfs. Celles de ses parents, alors dans leur quarantaine. Celle de ma soeur, alors partie vivre sa vie à Londres. Et puis des clichés où j'apparais, ado souriante, un rien délurée aussi. Je regarde tout ça avec beaucoup plus d'indulgence qu'à l'époque, avec curiosité aussi, tant cette image de candeur contraste avec ma réalité, aujourd'hui.

Cette ado, c'est moi mais je la vois comme une étrangère. Je sais que, derrière le sourire, se cachaient déjà quelques tourments, qu'un mal me rongeait. Pourtant, les apparences n'en laissaient rien paraître. Même sensation au moment de feuilleter les derniers albums, ceux de mon loulou depuis sa naissance. Si loin, si proche... C'est bizarre, j'ai le sentiment d'avoir vécu cela dans une autre vie, où tout me semblait plus doux.

Une vie où je pouvais m'appuyer sur d'autres épaules que les miennes, parfois. Mais où je n'étais pas vraiment moi-même, acceptant des compromis pour le confort que cela engendrait.

...

Je me suis relevée. J'avais des fourmis dans les jambes d'être restée ainsi accroupie, seule dans le salon, et j'ai jeté un oeil à ma montre. Je n'avais pas vu le temps passer. Littéralement.

J'imagine que, dans vingt ans, je me relèverai de la même façon, un peu assommée, riant doucement de la noirceur qui m'avait envahie alors. Je saurai peut-être que cette vague sombre n'était que passagère, que la vie n'était finalement pas si compliquée et que j'avais tendance à trop m'écouter. A trop idéaliser ma vie d'avant, lorsque j'étais pleine d'espoir et de rêves. J'aurai grandi, forcément et mon loulou, en regardant les photos à son tour, trouvera que mon visage était finalement encore un peu lisse.

En attendant, il faut vivre au quotidien ses doutes et assumer le changement que le temps nous impose.

Oui, je sais, il est temps de balancer pas mal de vieux résidus...

2 commentaires:

  1. Ma parole, c'est presque à une psychanalyse que tu te livres là ! Nous passons tous par ce genre de moments, je crois, et personnellement, e n'arrive que difficilement à me débarrasser du passé. Il a beaucoup fait pour me retenir. Mais j'y travaille. Fort.

    Bises.
    L'oiseau

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  2. je me souviens d'une petite chanson de mon enfance, dont je n'ai sauvé que le refrain :
    " c'est la vie,
    qui nous mène mène mène,
    c'est la vie,
    qui nous mène en rond "
    Et c'est vrai......
    Tu fais preuve de beaucoup de lucidité.

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