vendredi 15 janvier 2010

Ce drôle de fil

Bizarre, l'humeur. Ce matin, la mienne était bonne, très, même, alors que, fondamentalement, rien n'avait changé depuis hier. Je n'avais pas plus de boulot ou de mec et aucun miracle n'était survenu.

Mais je sais pas, ça allait.

Forcément, on vit les choses autrement, avec cet optimisme béat. Après coup, j'ai compris ce qui m'animait : j'avais un rendez-vous l'après-midi. Un but, enfin, c'est tout ce dont j'avais besoin. Comme au bon vieux temps, lorsque je m'agitais de tous les côtés pour rayer mes tâches d'une liste interminable et avancer dans mon projet.

Je devais en effet rencontrer en tête à tête l'un des membres de la commission, pour discuter de la suite à donner à mes aventures d'apprentie-restauratrice.

Le monsieur était à l'heure et il a mis les choses au clair: nos propos allaient rester entre lui et moi. "J'ai lu votre blog", m'a-t-il expliqué dans un sourire entendu.

Bien. Il sait donc pour la fronceuse de sourcils. Ce que je pense d'elle et ce que j'en ai dit. Hum.

Je respecterai sa volonté et ne vais pas m'étendre sur les raisons qui ont poussé la commission à rejeter mon projet. De toute façon, je les connaissais déjà, et j'en ai touché quelques mots ici. Je note seulement son attention, ses allusions au blog - qu'il avait visiblement pris le temps de lire - ses mots encourageants à mon égard et la proposition de relancer le projet, mais dans le cadre d'une association, cette fois. En loi 1901, je veux dire.

J'avais vaguement exploré l'idée voilà quelques mois, avant de la rejeter. Lui m'assure qu'il est tout à fait possible de lancer l'activité ainsi. Moins risqué. Je l'écoutais, il me posait de nouvelles questions sur ma conception du restau et une drôle de sensation m'a envahie: j'étais replongée, d'un coup, dans mon rôle de chef d'entreprise en devenir. Tout ce que j'avais balayé d'une main ressurgissait. J'étais en train de défendre mon concept, mes idées et je me suis sentie en équilibre sur ce drôle de fil. Un pied devant, vers l'écriture, l'autre pied solidement ancré dans mon projet, quoi que je fasse, malgré cette volonté que j'ai eu de tourner la page.

Nous nous sommes quittés et j'étais toujours de bonne humeur, quoiqu'un rien perturbée. Je devais sourire car, en rentrant, un homme m'a arrêtée : "vous êtes pleine de charme." Interloquée, j'ai cherché la caméra cachée. Pas trouvé. Un pari, peut-être? Je n'ai vu personne aux alentours.

Bah. Lui aussi, visiblement, avait envie de rigoler.

4 commentaires:

  1. Nan, ch'crois pas ; on rayonne quand on vit vraiment, et y a pas photo, c'est à ce moment là que notre charme agit.
    En assoc' loi 1901 ? la bonne idée ! jouable....vas-y !

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  2. En tauromachie, on appelle cela "transmettre". C'est clair que quand on est heureux, ça se sent, ça se voit. Et ça irradie également jusqu'aux autres.

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  3. Ben pourquoi ce serait pas vrai ? quand on se sent à l'aise dans sa peau, ça se voit et c'est contagieux ! peut-être bien que tu retrouves l'endroit où tu es à l'aise, voilà tout !

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  4. Je doute toujours de ce genre de propos... Cherchez pas, j'aime bien m'auto-flageller. Après, je suis d'accord sur le fait que le bonheur donne un nouvel éclairage aux personnes qui ont la chance de le vivre... Même si tout ceci est fugace!!

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