La semaine passée, j'ai dû faire un appel micro pour retrouver mon loulou, à la FNAC. Je n'ai même pas paniqué, tant je suis habituée à ce qu'il file en douce - une bien mauvaise habitude, n'empêche. J'en connais une qui rit déjà, elle qui m'a vu m'affoler un nombre incalculable de fois, après chaque match de basket, lorsque loulou, tout petit, se faisait déjà la malle, slalomant entre les very important person, pour aller jouer avec ses copains.
Bref, cette fois-ci, après deux appels, je l'ai vu rappliquer, la mine piteuse. Et je me suis dit qu'il avait bien besoin d'une leçon. Donc, hier, je me suis amusée à passer derrière lui, dans les rayons d'un grand magasin suédois, et hop hop hop, maman est farceuse, maman a disparu.
Je le regardais s'avancer et très vite, il a tourné la tête, à droite, à gauche, sans laisser paraître la moindre émotion. Un "Maman?" m'a quand même rassurée. Même s'il connaît le chemin du retour, il s'inquiétait de savoir où j'étais.
Je n'ai pas voulu jouer la sadique. J'ai répondu, sortant de ma cachette. Il a fait une moue, un peu dépité, m'a fixée et m'a sorti, le plus sérieusement du monde : "toi, tu files un mauvais coton".
J'ai ri. Pourtant, il ne croit pas si bien dire.
Je suis dans la ouate, là, bien au chaud, à hiberner et je n'en sors plus. Où est donc l'énergie que je pouvais déployer, où est cette envie de soulever des montagnes avec mes p'tits biscotos?
Perdues dans l'immensité de ma fainéantise.
Une copine, désormais bien occupée, me parlait la semaine passée de ce sentiment qui m'envahit aujourd'hui. Cette sorte de désoeuvrement qui vous pousse à la fois à vous replier sur vous-même, tout en cherchant à tout prix un lien avec la vie extérieure.
Paradoxal, c'est vrai.
A vrai dire, je suis bien contente d'avoir un loulou à amener le matin à l'école, car je suis certaine d'être debout relativement tôt, chaque jour. Mais après, je fais quoi? Oh, je ne m'ennuie jamais, j'ai toujours dix mille trucs à faire, à penser, à trier (c'est ma lubie, actuellement, le grand ménage de printemps. Oui, nous sommes en plein hiver. Et alors). En gros, je passe mes journées à cultiver un énorme dialogue intérieur. A force de sentir les idées se bousculer là-haut, les théories s'entrechoquer et les hypothèses se multiplier, je ne peux nier le fait d'être un peu tordue. Dans le même temps, ça me permet de ne pas devenir complètement folle.
Vous allez penser que je radote, car après tout, j'évoquais récemment cette sensation de néant, de ne plus exister socialement et de chercher un sens à ma vie. Mais c'est bien là le hic: j'ai l'impression (oui, encore une fois) de ne plus rien avoir à raconter. Plus de substance, rien.
Je suis en marge. Et c'est bien ce que disait ma copine: au bout d'un an, elle ne sortait même plus, parce qu'elle n'avait rien à dire. Elle se trouvait inintéressante.
C'est exactement ça.
On peut, je crois, parler - sans exagérer - de phase de dévalorisation.
Ceux qui me connaissent "pour de vrai" souriront sans doute à cette évocation, tant je suis passée maîtresse dans l'art de la dévalorisation, en temps normal. Alors, imaginez l'image que je projette de moi-même actuellement! Un parasite, qui ne fait rien pour que ça change, faute de... de quoi, au fait? J'attends quoi pour me bouger, vraiment? Envoyer des lettres? Prospecter ? Répondre aux annonces?
Faire comme les autres chômeurs, en somme?
Que la directrice de la rédaction de ELLE m'appelle, un beau matin, en me racontant qu'elle a retrouvé par hasard, dans ses courriers indésirables, ma candidature, lancée voilà un an? Et qu'elle veut ABSOLUMENT me rencontrer?
Qu'une maison d'édition apprenne comme par magie que j'ai envie d'offrir mes services?
Qu'un restaurant, sans droit au bail, soit à vendre une bouchée de pain, en plein centre-ville?
Que je retrouve un bout de cerveau? De volonté?
Je ne suis pas utopique à ce point (enfin, j'ai quand même espoir, pour le cerveau et la volonté. Juste une question d'effort, ça, je peux). Je vais me relever les manches. Demain. Ou après-demain. Enfin, bientôt, vous voyez. Juste quelques affaires courantes à régler, un loulou à mettre sur les rails, un groupe de travail à consulter, et puis, je passe aux choses sérieuses.
Enfin, si on veut.
jeudi 14 janvier 2010
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Ouais, je connais ; et si tu marines trop longtemps là-dedans, tu finis par te dé-socialiser grave ! secoue toi les plumes, y a urgence !
RépondreSupprimerbises et courage !
Je rigole, je rigole... enfin je me souviens d'un soir où je n'avais pas ri du tout et où mes jambes flageolaient de plus en plus fort à mesure que l'option "Loulou s'est fait la malle" se profilait. Heureusement Loulou (3 ans 1/2 à l'époque) était juste allé inspecter l'état des structures métalliques des tribunes d'Antarès. Certainement une mission qui lui avait été commanditée au black par le staff du MSB... Laëtitia
RépondreSupprimerTu peux toujours rêver mais peut être qu'avant Elle, un tout chez Ouest France...
RépondreSupprimerEuh bon, j'ai rien dit, hein... Si, juste une chose : tu devrais changer ta présentation. Sous ta photo, il est indiqué que tu te reconvertis en parasite longue durée. Dis pas ça, ce n'est pas vrai.
@ Anne: message bien reçu!
RépondreSupprimer@ Laëtitia: oh la la, c'te honte, quand même!
@ L'oiseau: la presse est en crise et ouest-france n'échappe pas à la menace. Le quotidien a prévu un plan social, je vois mal comment je pourrais intégrer le journal. OK, si t'essaies pas, tu peux pas savoir... A suivre.
Et sinon, je confirme, je suis bien un parasite longue durée. Ce qui ne veut pas dire que je souhaite le rester!