Une journée à faire semblant.
Oui, une journée à faire semblant, tout en restant moi-même.
Drôle de sensation.
Ce matin, je suis retournée au restau, pour y faire quelques fournées de cannelés. Cela n'avait pas vraiment de sens, puisque je fais ça uniquement pour la beauté de l'art, mais bon, ne me demandez pas pourquoi, je n'ai pas détesté. Ces affaires expédiées, j'avais un rendez-vous pour un entretien. Le poste? "Hôtesse service clients", qu'ils le nomment, les pontes de cette institution de la grande distribution.
Quoi? Je suis tombée sur la tête? Pas cette fois, non. Une amie, qui bosse pour cette boîte, m'avait demandé de jouer le cobaye, dans le cadre d'une formation qu'elle suivait, avec quelques-uns de ses collègues recruteurs. Il s'agissait de jouer à la candidate. Pas de décrocher un job, pour de vrai.
Forcément, je suis arrivée les mains dans les poches, sans pression aucune. J'avais vaguement essayé de masquer mon nez rouge mais, devant la difficulté de la tâche, j'avais seulement atténué les traces de ce rhube récalcitrant. Pour le reste, je suis restée nature. Entendez sans doute un peu cash, puisque j'étais là pour permettre à ces personnes de s'exercer, pas pour me vendre, en vrai.
Je me suis néanmoins prise au jeu... Faisant abstraction des cinq "juges", derrière mon dos, chargés d'observer les entretiens. Car oui, il y avait deux tête-à-tête consécutifs, avec des interlocuteurs aux méthodes diamétralement opposées. Lesquels avaient néanmoins le même objectif : voir un peu ce que j'avais dans le ventre.
Ce que j'ai dans le ventre? A l'instinct, je vous aurais dit "rien" tant l'énergie me manquait et pourtant, ces gens-là ont trouvé de la matière. Eux me posaient des questions sur mon parcours passé et voilà que j'étais de nouveau sur le grill, à exprimer mes envies, ma volonté d'autonomie et ma soif d'échanges. Pour de vrai.
Oui, drôle de sensation. D'un coup, les visages croisés dans les banques, ceux de la commission, tout cela m'est revenu en pleine figure et les questions que j'entendais me rappelaient celles que l'on m'avait posées il n'y a pas si longtemps. J'ai compris alors que tout n'était pas vain, que ces échanges qui m'avaient parfois semblé si stériles avaient aujourd'hui un sens. Ils m'ont permis de structurer ma pensée, de savoir où je voulais aller.
Bénéfice du cobaye, on n'a nul besoin de savoir lire dans les pensées, les recruteurs nous laissent leurs impressions, lors du "feedback". J'ai entendu des choses étonnantes, the cherry on the cake étant que j'étais "calme, posée et réfléchie" (ah ah ah). Comme quoi, avoir deux de tension au moment d'un entretien professionnel s'avère judicieux, lorsque l'on est une pile électrique comme je le suis dans la vraie vie.
Je suis ressortie de là un rien étourdie. Je n'ai pu masquer totalement les doutes, tellement prégnants chez moi actuellement, ni ma vulnérabilité, je crois. En fait, le décalage entre le côté clinquant de mon CV - toute proportion gardée, hein, je n'ai ni Bac + 10, ni interviewé Barack Obama, on est d'accord - et l'image que j'ai de moi a dû sauter aux yeux de tous. Ma première interlocutrice m'a simplement dit: "Tirez de la fierté de votre parcours!"
Elle était sincère. Mais c'est avec la même franchise que je l'écris aujourd'hui: je me sens juste une petite chose, en ce moment. Et ce que j'ai fait par le passé ne me définit pas, quoiqu'en pensent les recruteurs. Ce que je vis me conforte dans l'idée que je suis sur la ligne de départ, après avoir remis les compteurs à zéro.
Pas question pour autant d'en rester là. J'arrive sur les starting-blocks. Pour de vrai.
jeudi 28 janvier 2010
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Ta première interlocutrice avait raison, tu peux - et tu dois - être fière de ton parcours. Celui que tu nous racontes ici est un peu "hors normes", original, mais tu peux en être sacrément fière.
RépondreSupprimerHeureux que tu te retrouves dans les starting blocks.
Bises.
Thierry
Trouillomètre à zéro, j'imagine ; y a plus qu'à foncer, quoi. Et si ce n'est pas ce qu'on a fait qui nous définit, alors qu'est-ce que c'est ?
RépondreSupprimerEn fait, en postant hier soir, je me suis posé la même question. Bien sûr que notre parcours nous définit, dans le sens où il traduit nos compétences et nos vélléités. Mais au moment M, tout le côté "clinquant" de mon CV ne correspondait pas à ce que je suis là, maintenant. Parce que je suis pleine de doutes, tout simplement et parce qu'il n'y a aucune raison, selon moi, de s'extasier sur ces choses puisque, aujourd'hui, je ne représente plus rien. Oui, je sais, je suis pas hyper positive. Mais la vérité d'un jour...
RépondreSupprimerOuais, euh, la Mouette, "je ne représente plus rien"... Tu représentes bien plus que rien ! Et que si je t'entends encore raconter des choses comme ça, je viens en personne au Mans pour te secouer un peu.
RépondreSupprimerBises.
Thierry