vendredi 6 novembre 2009

P'tête ben que oui...

Intérieur nuit - l'héroïne est en proie à une terrible difficulté: pas moyen de décoller ses paupières. "Lève-toi, petite fainéasse, lève-toi" lui crie son petit instrument de torture - un ridicule réveil, pff- toutes les cinq minutes.

Intérieur jour - l'héroïne a surmonté son terrible handicap et semble prête à affronter les nouveaux affres quotidiens. Quelques signes, néanmoins, devraient l'inciter à la prudence. En témoigne cette tâche d'encre qui a recouvert le lino du salon, résidu d'une cartouche finalement pas si vide que l'héroïne a voulu secouer. Avant de renverser son thé brûlant sur la table. Pas réveillée, décidément.

Extérieur jour- L'héroïne a l'impression d'avoir enfin les idées en place, en témoigne sa forme qu'elle juge bonne, après un rapide coup d'oeil dans le miroir de l'ascenseur. D'un pas décidé, elle file vers la banque, troisième du nom dans ce marathon. Là, elle croise un copain. Qui la regarde, un rien affolé : "oh la la, la tête que t'as!"

Y'a des jours où on ferait mieux de rester au lit.

Bon, je vais arrêter de me prendre pour Alain Delon et tenter de poursuivre le récit là où il en était. Donc, aujourd'hui, je présentais mon projet aux deux banques a priori plus ouvertes que les autres.

Ça commence par la plus consciencieuse de toutes. Et j'écris pas ça parce qu'elle est susceptible de lire ce blog. Non. Elle a pris soin d'éplucher le dossier et, au vu des notes que j'aperçois, elle s'y est attardée. Elle a également pris le temps d'aller voir le local. Elle me parle comme si ça allait se faire. Et en même temps, elle pose les questions qui fâchent. En fait, il n'y a pas de pièges, elle attend simplement de voir si oui ou non, j'ai réfléchi à toutes les incidences que mon projet allait avoir sur ma vie future.

Elle est honnête. Elle me parle de ma motivation, du "pouvoir" que j'ai (ah ah), pour avoir mené le projet au bout, qui plus est en y adjoignant des associés (je ne vous en ai pas parlé? Je ne sais plus. Une autre fois, bien sûr). Mais aussi, éternel refrain, de mon manque d'expérience dans la restauration. Rien que du classique, mais elle ne me ferme pas la porte. Elle va monter le dossier. Je sors de là avec l'impression d'avoir été auscultée de partout, mais plutôt ragaillardie.

L'après-midi, la quatrième-dame-de-la-banque rentre en scène. En fait, c'est ma banque. Et je lui ai parlé de mon projet bien en amont. Du coup, elle a fait le nécessaire de son côté, en a parlé à son supérieur - "il était très enthousiaste!" ajoute-t-elle - et je la sens prête à me faire signer l'accord de prêt. Quoi, quoi, un miracle ?

Il y a un hic, évidemment. Elle n'a pas relu le dernier prévisionnel, restant sur une demande de financement inférieure à ce que je demande aujourd'hui. Gros blanc. Nous sommes aussi gênées l'une que l'autre, en témoignent nos jambes que nous croisons et qui s'entrechoquent sous le bureau.

Hum.

Je lui explique le pourquoi du schmilblick. Je la sens tellement motivée (!) que la confiance revient aussitôt. Elle prend tous les documents nécessaires au montage du dossier et m'évoque un "accord de principe". Dans dix jours, peut-être.

Rien n'est acquis, mais là-dessus, pas de surprise. Je n'ai entendu aucun "non" au bout de ce marathon. J'ai eu l'occasion de défendre mon projet, mes convictions. J'avoue que, désormais, je perds un peu le contrôle de la situation puisque ce sont des comités qui vont statuer.

J'ai l'impression d'être sur le quai de la gare et de voir s'éloigner le train. Sauf que je garde espoir: je pense qu'il va revenir me chercher. Dans dix jours, vingt, trente, je n'en sais rien et l'attente va être longue, bien sûr. Fructueuse, on verra. Pleine d'optimisme, j'espère.

Demain, si vous le voulez bien, je vous parlerai de ma conception de l'identité nationale.

Va y avoir du sport.

2 commentaires:

  1. Foutraille, j'ai hâte d'être à demain, tiens !
    Sinon, bien, hein, ces dames-de-la-banque ? au moins elles ne t'ont ni trop ri au nez ni claqué vraiment la porte, c'est tout de même encourageant !

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  2. Bien d'accord avec Anne, ça reste bien encourageant. Ne regardes pas partir le train, regarde à l'autre bout de la gare, par où le prochain arrive.

    Bises
    L'oiseau

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