samedi 9 janvier 2010

"Alors-qu'est-ce-que-tu-vas-faire-maintenant?"

J'ai toujours aimé l'improvisation. Hier, en me levant, je n'avais pas la moindre idée de ce que j'allais bien pouvoir faire de cette journée. Les rues étaient sales et boueuses, les mines tristes, le pas des piétons ralenti par le verglas...

C'est là que j'ai failli tomber, déclenchant l'hilarité de mon loulou, juste avant d'arriver à l'école. Au moins, un peu de vie.

Je rentrais donc, toujours soucieuse du devenir de cette journée, et là, je rencontre une première amie. Petite discussion impromptue sur le trottoir glacial, et la question que je ne cesse d'entendre en ce moment, allez savoir pourquoi :

"Alors-qu'est-ce-que-tu-vas-faire-maintenant?"

Hiberner. Ah oui, c'est avec une grande concentration que je m'applique à cette activité, peu productive, certes, mais très réconfortante.

Pas bon.

Travailler. Pas idiot. Salvateur, même. Autre chose?

Écrire. Ah, on touche au but. Donc, forte de ce soudain sursaut, je fouille dans mon ordi en quête d'un texte, commencé il y a quelques mois. Vous le connaissez, il s'agit de ce blog. Je parcours les écrits, me demande comment remanier tout ça, me triture le cerveau- en pensant que l'inactivité ne l'a pas aidé.

Y'a pas à dire. Faut que j'aille prendre l'air. Les trottoirs gris me semblent soudain moins hostiles, tant je trouverai n'importe quel prétexte pour sortir le nez de ce pseudo-projet, dont, soudainement, je ne saisis plus l'intérêt.

Je fais volte-face et j'y retourne. Fuir n'est pas une solution.

Au final, j'ai un peu perdu le fil du temps et noté une légère progression dans l'avancée des travaux. Je crois qu'en tardant, comme je l'avais fait jusque-là, à me lancer dans un autre projet, je ne voulais simplement pas clore le chapitre "la p'tite Dînette".

Le plus ironique dans l'histoire, c'est que je suis allée le soir à l'inauguration d'une boutique, celle que ma copine Blandine a ouverte récemment. Et que, inévitablement, l'un des thèmes majeurs de la soirée était la création d'entreprise. Il y avait là un conseiller de la Chambre de Commerce, mais aussi un banquier - pas forcément très à l'aise, d'ailleurs. Blandine n'a pu s'empêcher de me présenter à eux, comme un dernier effort pour que je garde le contact avec cette réalité-là. Et voilà que je parlais de nouveau de la p'tite Dînette, moi qui avais consacré ma journée à l'écrire au passé.

Personne ne m'a demandé : "Alors-qu'est-ce-que-tu-vas-faire-maintenant?" Une amie de Blandine a même noté mon numéro pour me commander des cannelés (cherchez pas, je me balade régulièrement avec ces petites tueries... la moindre soirée de l'ambassadeur et j'arrive avec mon p'tit colis en alu).

J'ai dû filer à l'anglaise. La journée ayant été pleine de rencontres, j'avais aussi croisé trois autres amis, qu'il était temps que je retrouve, dans un restaurant proche. Le hasard a fait qu'ils avaient choisi un établissement tenu par un couple que je connais (comment ça, c'est alambiqué?). Et pour cause, j'ai travaillé pendant des années avec le néo-restaurateur, dans ma vie d'avant. A la fin du repas, il s'est tourné vers moi:

"Alors-qu'est-ce-que-tu-vas-faire-maintenant?"

La question ne m'a pas agacée. Non, nous avons même fini, bien après la fermeture, attablés - avinés aussi - à refaire le monde, dans la pénombre. A revenir sur les brouilles du passé. A évoquer le présent, entre plaisirs et doutes, et le futur, forcément incertain, mais guidé par l'envie de s'en sortir et la détermination de le faire en toute indépendance.

Il était trois heures du matin lorsque nous nous sommes quittés. Nous étions contents, je crois, d'avoir parlé franchement sans chercher à brouiller les pistes. De nous être retrouvés, tout simplement. Dans le silence ouaté de la nuit, engourdie par le froid polaire, je suis rentrée, l'esprit exalté. "Alors-qu'est-ce-que-tu-vas-faire-maintenant?" ai-je pensé. Avant d'éloigner l'idée.

J'ai toujours aimé l'improvisation, je vous dis.

3 commentaires:

  1. ce fut une bien belle journée et une bonne soirée. Des petits plaisirs à ne pas oublier dans les moments un peu plus difficile

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  2. Il paraît que c'est dans l'improvisation qu'on reconnaît les grands stratèges...alors vas-y, laisse venir ! T'es peut-être un grand stratège....:))

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  3. Tu as raison. Tu as tellement foncé droit sur un seul objectif que prendre le temps d'admirer un peu le paysage et de trouver un autre but ne peut qu'être positif. Prends un peu de temps pour toi, tu l'as bien mérité.

    Bises.
    L'oiseau

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