mardi 5 janvier 2010

Toi, tu vas avoir des problèmes

Je regardais hier soir un documentaire que je vous conseille vivement, diffusé sur Canal plus : "Sports et homosexualités: c'est quoi le problème?"

Cela n'a fait que me confirmer que, en 2010, nous avions encore un sacré boulot pour faire avancer les mentalités, tant les clichés persistent. Ce qui dérange, en substance, c'est que des sportifs, supposés "virils", puissent être homosexuels, parce que c'est bien connu, les homos, ce sont des filles avec des poils. C'est "La Cage aux folles", avec les plumes, vous voyez. "Si on se dit homo, c'est une faille", assure l'un des témoins.

Pff.

Clovis Cornillac a d'ailleurs eu à ce propos une excellente répartie, perplexe après avoir entendu David Ginola affirmer qu'en "18 ans, il n'avait jamais rencontré d'homosexuels." L'acteur a simplement fait remarquer au footballeur interloqué que tous les homos n'étaient pas forcément efféminés, maniérés et qu'ils n'étaient pas excités de voir ses coéquipiers nus dans la douche. Non, un homosexuel n'équivaut pas à un pervers sexuel. Et une lesbienne n'est pas forcément un garçon manqué.

C'était l'un des grands mérites de ce documentaire. Mettre en évidence - à défaut de les faire voler en éclats - tous les préjugés sur des personnes à la sexualité différente de la "majorité", donner à la parole à des sportifs qui, loin de vouloir jouer les porte-drapeaux ou de revendiquer de façon agressive une appartenance à un groupe communautaire, ont juste envie de vivre comme les autres, sans avoir à se justifier, à se cacher.

Il est évidemment utopique de croire que la société va briller par sa tolérance du jour au lendemain. Qu'elle va accepter, sans sourciller, de vivre sans a priori auprès de personnes dites "différentes". D'ailleurs, il est terrible d'entendre ce terme, pour désigner les hétéros, en anglais: "straight". On est droit lorsqu'on est "dans la norme", forcément déviant autrement.

Ce qui ressort, c'est toute la souffrance que la différence génère. On parle de dissimuler des préférences sexuelles, comme si c'était une maladie. Si certains sportifs assument leur homosexualité, leur entourage, leurs sponsors, surtout, les enjoignent vivement à taire le "problème". Certains, comme la footballeuse Marinette Pichon, montrent une incroyable lucidité et affichent leur détachement. "Je n'oblige pas les gens à voir ce qu'ils n'ont pas envie de voir", affirme l'ancienne capitaine des Bleues, recordwoman des capes nationales.

Elle a compris la force de destruction que le jugement des autres peut représenter. Et a su s'en affranchir.

Pourquoi je vous parle de tout ça? Non, non, je ne fais pas mon coming out. Cela me touche, d'abord, bêtement. Mais cela me rappelle aussi pas mal de souvenirs, dans ma carrière d'avant, dans la presse sportive.

A suivre...

3 commentaires:

  1. j'attends la suite ! j'ai en effet remarqué bien souvent que n'être pas "pareil" ne facilite pas l'existence, qu'on soit homo, ou juste pas beau, ou gros, ou malade....mais c'est dans le domaine de la sexualité que restent les préjugés les plus débiles - reliquat de lois qui en faisaient un crime ou un délit il n'y a pas encore si longtemps, ces lois elles-mêmes inspirées du moralisme judéo-chrétien le plus intégriste.....
    ah tu peux y aller, y a du boulot !

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  2. Je ne sais plus qui tenait des propos similaires, il y a quelques dizaines d'années de ça, à propos des noirs américains. Sauf qu'eux n'ont pas à faire leur coming out...
    Mais euh, Clovis, il en est vraiment ? (non, je déconne, je m'en fiche, il vit sa vie).
    Oui, il reste beaucoup de boulot - et je ne suis pas sûr d'être encore là pour en voir le bout.

    Bises.
    L'oiseau

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  3. On a eu cette conversation avec Anne: ce n'est pas parce qu'une personne "défend" les intérêts d'un groupe qu'elle en fait forcément partie! D'ailleurs, le club de foot gay de Paris, présenté dans le documentaire, est composé en grande partie d'hétéros... Forme de volonté de solidarité, de montrer la voie vers l'ouverture et la tolérance... De telles positions, comme celle de Clovis Cornillac, ont d'autant plus de force qu'elles viennent de personnes non directement discriminées. Enfin, bref, ce que j'en dis... Bien sûr que l'on sera mort avant d'avoir un monde idéal, ça n'existe pas!

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