mercredi 6 mai 2009

L'imposture de l'écriture

Les apparences sont trompeuses. Hier, j'en ai eu la preuve flagrante. Je me suis dit que l'écriture pouvait à la fois s'avérer ma meilleure alliée et ma perte. Je vous explique.

Jamais trop sûre de moi, je me suis encadrée un maximum pour me lancer dans cette toute nouvelle aventure qu'est la création d'entreprise. CCI, AFPA, RILE, je prends tous les conseils possibles et imaginables et j'attends toujours celui qui me dira que tout mon projet n'est que du vent. Bon, cela a bien failli arriver très vite, avant que le croque-perdu ne sauve la mise (Mu, je ne peux pas dévoiler tous mes secrets... Surtout, si je donne ma recette, vous allez tous comprendre l'escroquerie: c'est trop facile!), mais enfin, je suis très surprise de constater que personne, à part el padre, ne me freine. Au contraire, mes interlocuteurs me poussent à développer mon business plan, sans censure aucune. Parce que mon idée est géniale?

Ah, ah, ah.

Je me dois d'être honnête, je ne vais rien révolutionner (Je sais, je suis en train de m'auto-saboter, là).

Parce que personne n'y a pensé avant moi ?

Ah, ah, ah.

Parce que pendant ce temps, je ne pollue pas ma conseillère Pôle Emploi avec mes états d'âme?

Ah, là, c'est une possibilité.

Parce que j'amuse la galerie avec mes histoires débiles (mais réelles!) à l'AFPA?

En voilà une autre.

Mais la raison principale, c'est que j'adore partir dans des délires sans fin, et coucher ces idées sur le papier. Comme lorsque je travaillais à "Bip- Bip" (censure oblige), j'en écris des tonnes et je ne sais pas m'arrêter. Je cause, je développe, j'en rajoute... Généralement, ça finissait par un élagage du texte à la tronçonneuse, me laissant frustrée de devoir ainsi raccourcir ce qui me semblait indispensable au récit.

Aujourd'hui, c'est différent. Je peux me lâcher. Lorsque j'ai écrit pour la première fois un topo sur mes envies, tout est venu, d'un bloc, sans vraie réflexion. Les idées sortaient naturellement, sans doute contenues depuis longtemps dans mon esprit, sans même que j'en mesure l'ampleur. Ce topo m'a servi de "passeport" sur les rencontres initiales. avant que je le développe. Ce projet, c'est mon bébé, ce business plan, le signe de mon attachement et comme j'y mets tout mon coeur, eh bien, j'ai fini par croire en ce que je racontais... donnant exactement l'image contraire de ce que je suis réellement. Et hier, donc, l'une de mes (précieuses) interlocutrices m'a dit, après avoir lu mes travaux: "Vous êtes sûre de vous! Presque trop."

Là, les bras m'en sont tombés. Ma plus grosse faille, c'est cette confiance en moi. Cela prouve bien à quel point l'écriture peut permettre à l'imposteur de tromper son monde. Ma simple rédaction pourrait, semble-t-il, laisser supposer que j'ai les compétences pour concrétiser mon rêve. Elle apporte de la crédibilité à mon CV... lequel, lui, ne ment pas et reflète à quel point je n'ai aucune expérience dans la restauration.

Je m'auto-flagelle, certes, mais voyons les choses en face. On valide mon projet sans avoir goûté mes plats. D'où la question qui se pose: vais-je à ma perte, simplement en couchant des mots sur un projet ? Je ne chercherai pas la réponse, je vais juste aller au bout de mon expérience. En y mettant toute ma passion et mon coeur, excellents palliatifs à mon manque criant de confiance.

2 commentaires:

  1. Alors, imagine s'ils avaient goûté tes plats..... Allez courage, le plus important, c'est d'y croire!

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  2. Otarillette, mais quel pseudo, Mu, c'est excellent!!

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