vendredi 2 octobre 2009

La Rédemption d'un panier percé

Inutile de le cacher: tout me saoulait, aujourd'hui. Le réveil, qui a sonné beaucoup trop tôt, les milliers de feuilles volantes qui jonchent la table où je suis censée manger, les recettes qui s'accumulent au sol, le silence de mon téléphone, le ciel bas et gris... Un jour sans, indiscutablement.

Quitte à jongler avec cet état de déprime passagère, autant tenter de ne pas gâcher trop d'heures de travail. Comme je n'avais le coeur à rien, je me suis décidé à jeter, organiser, ranger, avec la nette impression que le Bronx était derrière moi. Ouf. Puis, j'ai trié mes recettes, celles que je veux concocter. Par thèmes. Végétarien, plats du jour, tapas, desserts tout chocolat ou plus light... Du coup, j'avais faim.

C'est malin.

Après un double expresso pour tromper l'ennemi, je me suis remise à ce tri que je remettais depuis trop longtemps. J'en ai profité pour allonger ma liste de plats, sur le business plan, retrouvant enfin ces fraises poêlées au basilic et à la brioche perdue, une douceur qui m'aurait presque fait retrouver le sourire.

Sauf que ce n'est pas la saison des fraises.

Rrrrrrr.

Une fois les classeurs pleins et rangés bien comme il faut, il me fallait trouver une autre occupation. Utile, je veux dire. J'ai bien pensé au yogging mais le timing allait être trop serré. Vu que j'avais deux-trois courses à faire, je suis donc partie dans les rues piétonnes. A vrai dire, cela faisait un moment que je n'avais pas mis les pieds dans le coin, si ce n'est pour aller chercher mon loulou à l'école. Un comble, car j'habite en centre-ville... et que je suis une fan de shopping.

Enfin, j'étais. Là, je ne sais plus.

Cela fait quelques semaines, voire quelques mois que je n'ai plus envie d'acheter un centième top ou un quinzième jean. Passant devant les vitrines, j'ai regardé les mannequins d'un oeil détaché. Moi, le panier percé, celle qui dépensait des sommes folles dans des fringues ? Non, rien à faire. Pas envie de rentrer. Longtemps acheteuse compulsive, je trouvais le moindre prétexte pour aller faire du shopping, pour compenser, j'imagine, et pas juste pour me plaire dans un miroir (amincissant, qui plus est, ce qui garantit une allure moins avantageuse sitôt sortie dans la rue. Hum).

Je suis passée d'acheteuse compulsive à simplement impulsive, parce que, quand même, j'ai grandi un peu mais que l'idée d'aller essayer dix milliards de fringues me plaisait encore. J'ai assouvi ce besoin par l'intermédiaire de blogs de filles, aussi, regardant un peu bêtement les tenues quotidiennes de certaines d'entre elles. Ces fashionistas pour qui acheter un sac à plus de 400 euros n'est qu'une petite folie passagère dont leur compte se remettra.

Et puis, je me suis lassée.

J'ai comblé le vide, aussi. J'ai d'autres choses à penser, bien sûr. Des priorités. L'idée de devenir raisonnable ne m'effraie plus - c'est juste un challenge, sans doute. D'autres facteurs m'ont ouvert les yeux. Lorsque j'ai additionné, un jour, mes achats mensuels de sape, j'ai réalisé que j'aurais pu m'offrir depuis longtemps un joli voyage. Au lieu de cela, j'ai accumulé tant de tissu dans mon armoire qu'il m'est arrivé de me prendre quinze pulls sur la tronche, un matin pénible. Ou de penser que je n'aurais pas assez d'une seule vie pour tout porter. De quoi réveiller la conscience.

Je ne suis pas la seule. Crise aidant, j'imagine, ces blogueuses mode qui inondent la toile en sont à se lancer des défis. 150 euros maximum, par mois, de fringues. Au lieu de 150 quotidiens, en gros. Elles osent aussi porter des choses qu'elles ont déjà mises, waouh, quel pragmatisme!

Je me moque gentiment mais je ne suis pas mieux. Je n'étais pas mieux, devrais-je écrire, tant j'ai eu ce déclic depuis mon voyage en République Dominicaine, où je me suis sentie heureuse et libérée, sans avoir à consommer systématiquement. Il m'aura fallu du temps pour me raisonner, mais je sens aujourd'hui ce détachement par rapport à ces futilités.

Bon, cela dit, je suis toujours une fille, je n'ai pas envie de ressembler à une souillon et je ne me prétends pas infaillible. C'est d'autant plus facile pour moi de jouer à la sage (radine?) de base que je ne traîne plus dans les rayons tentateurs. Une chose est sûre, en tout cas : s'il me semble impossible de se contenter de ce que l'on est (on peut toujours évoluer, non?), je crois aujourd'hui que l'on peut se contenter de ce que l'on a.

Soeur Emmanuelle, sors de ce corps...

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