Il y a un an, le 31 octobre 2008, je quittais mon bureau pour l'ultime fois. J'avais rangé les derniers papiers, vérifié que je n'avais rien oublié, ouvert les tiroirs, jeté un oeil sur le mur, que j'avais vidé de toute trace de mon passage. J'ai rangé la chaise et j'ai filé.
Dehors, il faisait un froid sec. Intérieurement, je jubilais. J'allais devenir demandeuse d'emploi mais je quittais un monde devenu trop hostile.
J'ai tourné la page. Regardé les feuilles voler au vent, au départ, passé du temps à buller, simplement, sans culpabilité. Fait du sport. Pris le temps pour tout. Savourer le plaisir d'exister, pour soi.
Rapidement, j'ai eu besoin de me projeter. Il y a eu le bilan de compétences, où Anne-Lise m'a encouragée à suivre mon inspiration, à concrétiser mon rêve. Il y a eu les premières réunions d'information sur la création d'entreprise, l'impression d'entrer dans un monde inconnu, mais attrayant.
Un monde où j'aurais ma place, à ma petite échelle.
Ensuite, tout s'est enchaîné. Les rencontres, les démarches, les formations, la découverte, les joies, l'euphorie, la difficulté, le découragement, le doute, l'angoisse. L'enthousiasme, la motivation, la volonté de se dépasser.
Il y a eu les déboires et les mauvaises surprises. La liberté d'assumer seule sa nouvelle vie et la réalité quotidienne. L'envie de s'évader et de s'ancrer durablement ici.
J'avais des rêves, voilà un an.
Aujourd'hui, ils sont plus vivants que jamais.
J'ai longtemps craint que mon pire ennemi - moi-même - me mette des bâtons dans les roues. Je m'aperçois que le manque d'ouverture de certains dépasse très largement ma propre intransigeance.
Oui, je suis évidemment en colère contre ces organismes qui ne donnent même pas la chance aux créateurs de présenter - au moins - leur projet. J'en ai marre que certains ne prennent pas le temps de consulter les dossiers, avant de décider de notre sort. On nous encourage à entreprendre, on nous présente certaines aides comme des sésames, on nous assure qu'on va être aidé, en tant que demandeur d'emploi... Là, je vois surtout tout mon investissement personnel depuis un an, les frais que j'ai pu engendrer dans ce sens, mine de rien, l'énergie dépensée et au bout, des gens qui décident de mon sort sans que j'aie mon mot à dire.
Je vais, comme me l'a suggéré la chargée de mission du FONDES, solliciter d'autres organismes. Qui auront tout loisir de m'assurer que la restauration étant en crise, nous sommes désolés, mademoiselle, de ne pouvoir donner suite à votre demande. Je me demande, surtout, à quoi bon former des gens vers la création d'entreprise si, au bout, c'est pour nier tous les efforts et nous renvoyer dans nos 36 mètres.
Peut-être le problème vient-il d'ailleurs. Sans doute mon profil d'autodidacte ne correspond-il pas à ce que l'on attend d'un chef d'entreprise. Peut-être suis-je trop fantaisiste, trop idéaliste pour convaincre ces sachants. Sans doute, oui, suis-je trop seule aussi, pour les rassurer.
On me l'a dit: "c'est sûr, si vous viviez avec quelqu'un, on pourrait vous financer sans souci."
Mais c'est paradoxalement ce contexte qui me pousse à me battre, avec cette énergie - que d'aucuns appelleraient - du désespoir. C'est cette envie de vivre autrement qui m'enjoint de créer, sans attendre que quelqu'un vienne me prendre la main.
Je ne baisse pas les bras, je continue de croire que mon projet va aboutir. Comment, je n'en sais rien, tant cette mauvaise nouvelle ne laisse rien augurer de bon, mais je ne perds pas espoir.
J'ai seulement conscience d'une chose, aujourd'hui; le 31 octobre 2008, j'avais cette incroyable chance de nager en pleine insouciance, persuadée que, lorsqu'on veut, on peut.
PS: Je file quelques jours, retour prévu mercredi, où je prendrai le temps de lire et de répondre à vos éventuels commentaires... Bon week-end à vous.
samedi 31 octobre 2009
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Ce n'est pas l'énergie du désespoir qui t'habite. Si ça avait été le cas, tu n'aurais pas réussi tout ce parcours, tu ne serais pas arrivée là où tu en es aujourd'hui. Et ce sont ta fantaisie et ton idéalisme, justement, qui feront que tu réussiras. Parce que tu ne feras pas comme tout le monde.
RépondreSupprimerBonnes vacances, la Mouette.
Bises
L'oiseau
Et ben voilà ! l'espoir, il ne disparaît jamais, même si le découragement s'empare des murs ! A très bientôt.
RépondreSupprimerUn profil d'autodidacte ne signe pas forcément l'échec, il n'y a que les frileux pour le croire ; continues à faire tomber les oeillères et à ébranler les vieux murs des préjugés stupides, il faut des gens comme toi pour aérer le monde !
RépondreSupprimerL'Oiseau a raison de bout en bout dans son com'.
Bon break !
bonjour, est il possible de creer un lien ami entre nos deux sites ? merci Gilles
RépondreSupprimerMerci à vous, voilà qui me fait chaud au coeur, tiens! Je m'en vais fracasser des murs, de ce pas.
RépondreSupprimer@ Gilles: je ne suis pas contre l'idée de créer un lien ami, mais comme le vôtre/le tien (?) me semble de nature commerciale, bof... ça ne rentre pas trop dans le cadre de ma 'tite blogroll, a priori. Sorry!