jeudi 8 octobre 2009

I'm a Bree girl

Je suis une mauvaise fille.

Si.

Je veux tout faire dans les règles. Tout contrôler. C'est mal.

Pourquoi donc aller réveiller le chat qui dort? Ben, je sais pas, mais maintenant que c'est fait, j'ai énervé l'autre gros lion qui veillait pas loin.

Ce matin, donc, c'était mission je-contrôle-tout et je vais faire ma Bree en veillant à ce que tout soit parfait. Avant de me déplacer, au risque de perdre quelques précieuses minutes, j'ai donc commencé par appeler le service hygiène - me permettant ainsi de finir tranquillement ma théière, je le concède.

"Bonjour madame, je souhaite reprendre un restaurant et j'aurais besoin de connaître les modalités de contrôle des normes..."

"C'est quel restaurant?" Mince. Une inquisitrice. "C'est où?", insiste-t-elle, devant mon silence.

S'ensuit une petite conversation sur l'emplacement, sur le fait "qu'il n'y a pas de restaurant à l'endroit que vous indiquez, madame", ce qui est normal puisque, en changeant l'activité de son commerce, le vendeur n'a pas pris la peine de remplir quelques formalités.

Je ne l'ai pas sous les yeux, l'inquisitrice, et je regrette presque à cet instant d'avoir préféré mon thé des Moines à sa jolie face de fouine. Je l'imagine, l'oeil vif, notant frénétiquement l'adresse pour aller vite fait envoyer un petit contrôle. Je me sens moyennement bien, d'un coup. Une boule à l'estomac. Et ce n'est pas le thé.

Bon, elle m'explique un peu le fonctionnement, m'envoie de jolis textes par mail, avec un intitulé assez formel, une petite note soulignée mais un "très cordialement" qui me laisse penser que peut-être, elle n'est pas vilaine, au fond. Ah, c'est vrai, c'est juste une formule de politesse. Je jette un oeil à la paperasse, ouh que c'est effrayant, m'en vais balancer le bébé au vendeur, moi. D'ailleurs, c'est à lui, normalement d'effectuer les démarches. Mais il a un métier, lui.

S'en suit un enchaînement auquel je m'habitue doucement, le bal du notaire qui freine-l'avocate qui enrobe-le vendeur qui presse et me voilà en train d'expliquer à ce trio les us et coutumes de la restauration. Genre, l'experte.

Ah, ah.

Le pire, c'est qu'ils m'écoutent. Bon, leurs réactions ne sont pas forcément toutes chaleureuses. L'avocate me parle d'un bureau de conseil, comme Dom me l'avait suggéré, précisant le coût. Quand même. J'en connais un qui ne va pas adorer : le vendeur. Lequel commence à prendre peur. Je le rassure: "Ne vous inquiétez pas, je me charge d'appeler le capitaine des pompiers pour la sécurité."

Judicieuse idée, finalement (oui, je me jette des fleurs, j'aime bien). Parce que ce dernier tombe des nues. Il découvre le restau. Me dit que c'est "carrément illégal", d'un ton un rien jouissif parce que, quand même, ça ne lui arrive pas tous les jours de débusquer un loup et que là, y'a matière à se faire plaisir.

Me voilà donc en train de faire de la délation, finalement. Tout ce que je voulais éviter.

Je suis mal. Mon estomac se serre davantage. Rien à voir avec les noix de St-Jacques de ce midi.

Au final, l'adresse que personne ne connaissait doit être entourée en rouge par plusieurs bureaucrates, à l'heure qu'il est. Si l'établissement n'est pas mis aux normes, forcément, il risque d'y avoir du grabuge. L'avocate ne répond plus. Le notaire me conseille de rester la plus patiente possible. Et le vendeur commence à péter les plombs, comme sa compagne de gérante. Découragé, il va se renseigner sur les prix d'une alarme, de l'éclairage de sécurité... ce genre de "détails" coûteux dont il aurait de toute façon dû s'acquitter à l'ouverture de son propre restau (c'est pour me soulager d'un poids que j'écris ça?). Sans quoi, m'a-t-il dit, il "laisse tomber". Ou va chercher un acquéreur moins chiant.

Il y a peu, lorsque j'étais en quête absolue d'un local, j'aurais sans doute imploré le vendeur de me laisser son fonds, quitte à payer la casse derrière. Et me voilà aujourd'hui, à imposer mes volontés. Moi, la bonne poire. Simplement parce que, ici ou ailleurs, je crois désormais que je parviendrai à lancer mon business.

Alors, mon côté Bree, je veux bien l'assumer. Mais je ne suis plus désespérée, allez savoir pourquoi...

PS perso : Quand tu liras ce message, Ouin-Ouin - lecteur du matin - nous serons le 9 octobre. L'occasion pour moi de te souhaiter un Joyeux Anniversaire, toi qui as horreur de ça...

5 commentaires:

  1. Un clandé ? tiens, ça existe donc AUSSI dans la restauration ?

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  2. Et tu fais bien de jouer ta Bree, comme tu dis (quoique je ne sache pas vraiment de qui il s'agit). Tu as parfaitement raison de vouloir que tout soit aux normes, ce n'est pas à toi de le faire. Eh oui, ça prend tournure et bientôt tu seras ra propre patronne.

    Bises
    L'oiseau

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  3. Rrrrhhhhhhhhhh...


    Ouin-Ouin

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  4. Hello,
    Avec ma casquette "consultant sécurité" je ne peux qu'approuver ta démarche et tu as surtout entièrement raison de ne pas vouloir achter un local qui ne serait pas aux normes alors que tu ne souhaites pas en changer l'activité.
    Par contre, avez-vous signé le compromis de vente ? Il ne faudrait pas qu'il répercute les coûts de ses lacunes en matière d'hygiène et sécurité sur le prix global !
    En tout cas, ne lache pas le morceau il en va de ta crédibilité et de celle de ta future affaire. Une chose est sûre, tu te comportes en patronne responsable et je suis fier de toi !!!!
    Bisous

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  5. Salut cousin,
    Non, on n'a pas signé le compromis mais les choses sont claires: je l'achète au prix que nous avons fixé et ces frais de mise aux normes, c'est qui qui les assume. Il manquerait plus que ça, non mais! Ah, j'suis pas mécontente, pour le coup... Bizz!

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