Pourquoi je raconte cela? Les dernières semaines n'ont pas été les plus joyeuses de ma vie et mon loulou, telle une éponge, a forcément fait des siennes. Il a sans doute trinqué, mais il en a surtout largement joué.
C'est là qu'il ne faut pas craquer.
Concevoir que, par tous les temps, il faudra tenir bon la barre, ne pas céder, envisager la tempête comme une simple avarie, en songeant aux lendemains qui chantent.
Comprendre que les enfants ne sont pas là pour nous consoler ou nous faire oublier nos désillusions.
Accepter l'ingratitude de nos têtes blondes, qui n'ont cure des petits désagréments - et qui n'ont pas à les subir, après tout.
Admettre, aussi, que nous ne sommes que des êtres humains. Que nous nous trompons, que nous sommes faibles. Et que nos enfants vont s'en apercevoir, tôt ou tard...
... Enfin, même si je suis objectivement la meilleure maman du monde, si j'en crois mon loulou. "Tu n'es pas gentille, tu es à l'infini gentille", me susurre-t-il, comme une suprême tentative de me corrompre. Comme il est fort en maths et que l'infini l'intrigue fortement, je prends cela comme un compliment. Mais je ne suis pas dupe...
Je veux rester fidèle à mes convictions. Pas question de jouer les Cosette, j'assume pleinement ce rôle de "mère célibataire" (les impôts parlent de "parent isolé", c'est pas classe, ça ?) Simplement, je songe parfois que j'aime bien me compliquer la vie, que cela ne doit pas être évident pour mon loulou de se construire avec une maman comme moi.
Ange & démon, mon loulou est un peu des deux, comme nous tous. J'espère qu'un jour, il comprendra pourquoi j'ai parfois dit non, parfois dit oui, là où j'aurais dû dire le contraire. L'autre jour, en dévorant "Un roman français" de Frédéric Beigdeber (une lecture que je vous conseille fortement), je suis tombée en arrêt sur un passage qui m'a particulièrement touchée :
"J'ai compris ce qu'est une mère célibataire: c'est quelqu'un qui vous a donné la vie pour pouvoir sacrifier la sienne. Elle a quitté notre père, puis notre beau-père, et à partir de ce moment n'a plus cherché qu'à expier les fautes que nous ne lui reprochions pas. Elle a décidé d'être une femme indépendante (...) L'amour de notre mère était si possessif qu'il en devenait douloureux. C'est un amour qui foutait parfois le cafard en donnant l'impression de compenser un vide."
L'auteur conclut son chapitre - intitulé "Le jour où j'ai brisé le coeur de ma mère" (sic)- ainsi : "Elle n'avait plus que nous et nous en avons bien profité : nous avions une femme libérée au foyer (...) Notre jeunesse s'est terminée avec notre mère pour esclave."
Je comprends pleinement ce sentiment. Cette foutue culpabilité, que l'on chasse et qui revient... Cette solitude au quotidien, que l'on compense par des élans d'amour démesurés. Ce sidérant retour à l'enfance, se rappelant la môme que l'on était, au même âge... En ayant l'impression, néanmoins, que mes parents se montraient beaucoup plus adultes, beaucoup plus responsables que moi, aujourd'hui.
Je ne veux ni sacrifier ma vie, ni devenir l'esclave de mon loulou. Parfois, pourtant, la tentation est grande de le sur-protéger. Il doit comprendre ce qu'est la vie, mais celle-ci s'avère parfois tellement cruelle que je n'ai pas envie de ternir sa joie.
Parfois, aussi, le sentiment de se laisser dévorer par sa progéniture est accablante. Il faut alors remettre de l'équilibre dans cette vie un rien chaotique. Lui expliquer que le bonheur ne passe pas par le matérialisme, qu'avoir l'intégrale des Pokemon ou une DS ne l'empêchera pas d'être éternellement insatisfait -c'est le propre de l'homme. Lui faire une leçon de vie, alors que je ne l'ai pas moi-même, la clé du bonheur.
Non, je ne veux pas m'oublier. Juste être là pour mon fils, tout ange ou démon qu'il soit. Il a suffisamment d'imagination et de fantaisie pour que je n'aie pas à l'influencer.
Non, je ne veux pas l'étouffer, juste continuer de voir cette lueur dans son regard, cet émerveillement devant les choses de la vie. En espérant que cette dernière ne l'abîme pas trop.
mercredi 23 décembre 2009
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En espérant, oui. T'as la tête bien sur les épaules, la Mouette, et je crois que vous avez largement de quoi vous en tirer tous les deux.
RépondreSupprimerTe fais pas de bile ! ça ira.....
bises - et joyeuses fêtes !