jeudi 3 décembre 2009

Croire en ses rêves, part four

"Où ça? Dans le Bronx?"

Mes parents, qui ne goûtaient déjà pas vraiment à mes envies d'ailleurs, sont restés un peu abasourdis devant la nouvelle. Pour Noël, ils avaient accepté de m'offrir ce vol aller-retour pour New York. De là à m'envoyer dans le Bronx...

Personnellement, je n'avais pas trop envie d'envisager un quelconque problème. OK, c'est pas forcément le coin le mieux famé du monde. Mais enfin, les films, tout ça, c'est une chose. Dans le Bronx, c'est aussi certainement civilisé, ça a dû s'arranger depuis le nettoyage de la municipalité.

Comment ça, je disais ça pour me rassurer?

Je suis arrivée le 31 décembre 1998 à New York. Dans l'avion, on avait fêté le nouvel an et les petites bulles me permettaient d'atténuer la tristesse que je ressentais: mon amoureux ne m'attendait pas à l'aéroport, coincé à Miami pour une réunion familiale.

Autant vous dire que le prix d'une chambre à Manhattan le soir du Réveillon, c'est une folie tout sauf douce. Alors, deux nuits en cette période et voilà que j'étais (de nouveau) à sec.

Le troisième jour, mon amoureux rentrait chez lui. J'essaie d'effacer de ma mémoire cette solitude inouïe que j'ai ressentie, dans ces rues peuplées de fêtards. De ne garder en tête que le spectacle de New York vidée de ses voitures, par la grâce de la police montée et d'une folle randonnée collective jusqu'à Times Square.

Je range mes bagages et quitte ce lieu de luxure (une auberge de jeunesse avec toilettes collectives, un vrai bonheur) et hèle le premier taxi, genre la new-yorkaise-à-qui-on-ne-la-fait-pas.

Il s'arrête. Je lui donne l'adresse. Il me regarde avec des yeux ronds et fait non avec la main. Je ferme la porte. Il part à toute vitesse.

Quoi, y'a un problème?

Deuxième taxi. Je lui donne l'adresse. Il me regarde avec des yeux teintés de surprise.

"Are you sure, miss? You know exactly where it is?"

Oui, OK, on ne va pas exactement sur Park Avenue, mais enfin, pas la peine d'en faire des tonnes non plus. Il accepte de me prendre en charge, jetant seulement ses yeux inquiets vers moi, dans son rétroviseur. Nous roulons assez longuement. Mon amoureux habite à hauteur de la 165e rue. Sur Le Routard, j'ai lu un jour qu'il fallait éviter, en tant qu'étranger blanc, de se balader au delà de la 115e.

Bah.

Le taxi s'arrête. Je règle, je crois lire un sourire d'empathie sur son visage. J'ouvre la porte de l'immeuble et là, dans la cage d'escalier devant moi, un junkie, le bras suspendu, qui vient visiblement de prendre sa dose.

Au secours.

"Miss, miss!!" Le taxi. Il s'est trompé de rue, nous ne sommes pas à Sherman Avenue mais à Sheridan, une rue parallèle. Je repars donc avec lui, laissant là le junkie.

Lorsque j'entre dans le bâtiment de mon amoureux, pas de scène macabre. Seulement des impacts de balle sur les portes blindées.

Bah.

A suivre...

1 commentaire:

  1. Arf ! ça jette un froid, isn't it ?
    Tu parles d'une arrivée glorieuse !
    Pétée de rire....même si ça ne devait pas être si marrant que ça à vivre !
    Booooon, je sais, à suivre gna gnaaaa.....pfff....

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