Le tube de la saison, y'a pas à dire. |
Elle est partout, ici et là. C'est notre nouvelle compagne et elle n'épargne personne.
Elle, c'est l'hystérie collective. Au moins aussi contagieuse que le omicron, peut-être plus dangereuse, même. Attention, hein, je ne suis pas médecin, je ne veux faire aucune comparaison ni me prononcer sur la gravité d'un variant. C'est juste qu'en termes d'ambiance, bon, c'est pas la fête du slip actuellement. Et ce n'est pas juste de la faute du masque qui cacherait des sourires, non.
On est tous devenus tarés. Hystériques. Frappadingues. Mais comme tout le monde l'est, à un degré plus ou moins avancé, ça nous paraît peut-être moins fou. Question de relativité, j'imagine.
Prenez ce matin, par exemple. La SNCF ayant annulé le samedi soir le train que devait prendre mon loulou le lendemain, dimanche, à 6h30, elle devait se douter que le risque de pagaille était haut, le lundi - ben oui, y'avait pas d'autres trains dispos le dimanche, c'te blague. Nous, naïvement, on se pointe sans songer que Loulou n'était pas la seule victime collatérale de cette annulation (due au manque de personnel, touché par le COVID). Et donc pas la seule personne énervée de ce léger contretemps.
On aurait dû anticiper la cohue et la cohorte de pass sanitaires exigés pour accéder au quai. Se préparer comme si on partait faire les magasins le premier jour des soldes (dans un monde où on aurait encore eu le temps, l'argent et l'énergie pour le faire, mais ceci est un autre sujet). En mode warrior, les coudes en avant, les quadriceps affûtés, les rotules au taquet, prêts à se frayer un chemin dans la foule en mode digne, mais combattant.
Pourtant, on s'est fait surprendre. Tout le monde nous est un peu passé dessus devant, nous laissant une sensation d'être piétinés, balayés, en tout cas bien secoués. Vous connaissez mon stoïcisme. Je me suis dit :" Fais un pas de côté, pas de panique, tout le monde aura son train."
Mais c'est là que l'hystérie collective s'infiltre, de façon très ambivalente.
D'un côté, si je me fie à leur attitude "collés-serrés", je me dis que les gens, là, n'ont peur de rien. Alors que je donne du corps à mon hystérie, en imaginant des gouttelettes forcément covidées partout, les voyageurs la jouent Kassav, tranquillement, sans s'émouvoir davantage de devoir dégainer un code-barre pour voyager.
De l'autre, lorsque Loulou et moi décidons de monter dans un ascenseur pour accéder aux quais, une dame nous barre le chemin d'un revers de la main menaçant, nous prenant clairement pour des pestiférés. Elle a peur, elle devient hystérique, la bouche sèche, les yeux exorbités jusqu'à ce que l'on recule.
La peur est partout et nulle part. On craint l'autre, on n'hésite pas à hausser le ton à la moindre contestation, le repli sur soi est plus prégnant que jamais et à côté de ça, chacun vaque, le nez sur son portable dans le hall de gare, le masque raz-le-nez, sans un regard pour personne. Mais allez éternuer et là, ouh, l'hystérie repointe le bout de son nez.
Tu veux te faire remarquer quelque part? Pas besoin de sortir la kala et la ceinture de kamizake, un éternuement et hop, tu auras l'attention maximale.
Clairement, ça sert à rien, mais si tu es un peu con-con ou que tu as une chaîne YouTube, ça peut faire le buzz (je suis affligée par la vacuité de certains contenus, sur Instagram notamment, mais on en parlera une autre fois).
Attention, je ne jette la pierre à personne (quoique. Y'a quand même du lourd). Je suis moi-même touchée par ce mal (des mauvaises langues diraient que dans mon cas, l'hystérie est une compagne de longue date) (mais ceci est un autre sujet) (décidément, il y en aurait, des dossiers, à traiter) (voilà que je recommence avec cette manie de la parenthèse).
Bref, mon envie de rester dans ce nid à microbes qu'est la gare devait être trop forte, que voulez-vous. Mon côté "amour du risque et de l'expérimentation absolue", sans doute. Car oui, passer deux heures dans un lieu public peut se transformer en aventure de l'extrême, désormais. C'est juste moyennement drôle, mais on a l'adrénaline.
Le déclic, ça a été ce centre de dépistage installé dans le hall. Ayant appris que j'étais cas contact quelques heures plus tôt, j'ai donc décidé de faire un test, plutôt que d'attendre le rdv fixé trois jours plus tard. Au bout d'une heure d'attente, j'ai bien senti monter en moi une sorte de vilain poison (l'impatience est une copine de longue date). Mais je suis restée zen, promis.
L'effort est devenu plus rude lorsqu'une jeune femme nous est passée devant car elle avait RDV. Elle était donc prioritaire, ce que je ne conteste absolument pas. Non, le truc qui a fait office de détonateur, c'est son attitude nonchalante. En avançant vers nous, que dis-je, en nous frôlant, elle s'est mise à renifler avant d'éternuer, sans émotion aucune - OK, quand t'es malade, t'es pas forcément à ton max, mais enfin, on était sur la tension à 6, là.
Et là, madame hystérie s'est emparée de nous, ma voisine de file d'attente et moi. On l'a regardée, on s'est regardé, outrées, et, sérieusement, on n'aurait pas dépareillé dans un jeu-vidéo. Mais si, vous savez, l'un de ces jeux où tu peux éliminer tes adversaires d'un coup-de-savate-qui-se-transforme-en-bombe.
Mais le pire était à venir, avec une petite fille de 8-9 ans, le masque sous le nez, qui devait avoir très chaud pour que sa scrogneugneu#@ (vous voyez l'esprit Tourette, hein) de mère la ventile avec une feuille de papier, histoire de bien disperser ces fameuses gouttelettes.
Je vous jure, j'avais envie de l'exploser. Ma voisine bouillait aussi. Et quand une dame a tenté de resquiller en disant qu'elle avait la flemme de faire la queue (c'est vrai que nous, on aime bien), elle a bien compris à mon regard que là, non, ça n'allait pas être possible.
Une vraie folle. Pas la dame. Moi.
Et là, j'ai respiré (doucement, dans mon masque, je vous rassure). L'hystérie, elle n'aime pas ça, que l'on respire, que l'on se pose, que l'on réfléchisse. Elle a besoin d'immédiateté, d'agressivité latente, d'agacement, de lassitude, de peur, d'incertitude. Tous ces éléments que nos gouvernants - et nombre de médias - entretiennent goulûment et distillent à nos esprits malades et de plus en plus vulnérables. Dans quel but ? L'hystérique que je suis pourrait envisager un complot, mais je crois que c'est malvenu, actuellement et que, en fait, j'ai l'esprit tellement embrouillé que je ne sais plus où j'habite.
La seule chose dont je sois sûre, c'est que si on cohabite actuellement avec cette hystérie collective, je n'ai aucune envie de m'y habituer.
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