lundi 31 août 2009

Ôde au basket

Je radote, oui, mais c'est la première fois que je ne reprends pas le chemin de l'école (enfin, là, ça remonte) ou du bureau et j'avoue que cela m'angoisse un rien. Depuis la semaine passée, les routes se sont remplies de gens tout-bronzés-tout-stressés, anxieux à l'idée de reprendre le taf et les habitudes. Et, alors que j'ai toujours tout fait pour éviter cette déprimante routine, je me surprends à écouter avec envie les témoignages de ceux qui ont retrouvé leur vie de tous les jours.

Voilà un an, j'avais une boule d'angoisse mais à vrai dire, le rythme, infernal, avait déjà démarré. C'était la course pour tout, la moindre minute était comptée, on parlait de rentabiliser le temps au maximum, quitte à s'épuiser très vite. Trop vite.

Cela faisait quatorze ans que je vivais les affres de la rentrée dans ce magazine. Beaucoup de stress, un tas de coups de fil à la dernière minute, des corrections à tire-larigot, quelques coups de gueule, d'immenses soupirs de soulagement à chaque fin de bouclage... L'année passée, pourtant, quelque chose s'était cassé. Nous avions été rachetés par nos concurrents et tout avait changé. L'impression de n'être plus qu'une vache à traire de l'info. La sensation d'avoir mis les pieds dans un engrenage infernal où l'idée de prendre UNE journée de répit équivaudrait à une quasi-démission. Des sandwiches avalés à la va-vite devant l'ordi, les miettes sur le coin du bureau et l'oeil hagard traduisant toute l'incongruité de la situation.

Je n'ai jamais voulu cette fin. Mais elle était inéluctable. En regardant l'équipe de France de basket se qualifier pour l'Euro, hier, j'ai songé à quel point j'avais pris le large par rapport à ce petit monde, malgré mon intérêt, sinon intact, au moins certain pour la balle orange. Je ne pensais pas que l'on pouvait s'éloigner ainsi de sa passion, laisser la vie reprendre ses droits sur les priorités d'hier.

Sans doute parce que je suis une femme, on doutait parfois de mes compétences dans le domaine, de mes connaissances réelles, sur le basket masculin, principalement. A vrai dire, j'avais fini par mettre cela de côté, pour m'épanouir dans ce que j'aimais faire. Ce qui m'intéressait, c'était d'en savoir davantage sur l'homme, derrière le basketteur. Sur la capacité, aussi, à se transcender ou à rebondir, lorsque le joueur perdait pied.

J'aimais aussi partir, un peu à l'aveuglette, rencontrer les hommes et les femmes qui aimaient ce sport, au point de lui sacrifier des vacances. J'en ai gardé des liens enrichissants, sincèrement. Je les admire aujourd'hui d'autant plus que, de mon côté, je me suis éloignée des terrains, en jetant simplement un oeil curieux, sans chercher, comme auparavant, à creuser côté coulisses.

Je ne regrette rien. Cela ne servirait pas, de toute façon. Simplement, l'envie d'écrire, le bonheur d'avoir ce lien privilégié avec de belles personnes, la possibilité d'aller à droite, à gauche, avec une liberté de mouvement inestimable, j'avoue, cela me manque.

J'ai tourné une page. Et, au moment d'en tourner, peut-être, une autre, je réalise à quel point le sentiment d'inachevé - que j'avais chassé lorsque j'ai quitté le magazine - me rattrape insidieusement.

Je croyais avoir fait le tour mais il y avait encore tellement de choses à découvrir, à ressentir, à raconter que je rends les armes: tel que je l'ai vécu, le basket me manque.

dimanche 30 août 2009

Comment avoir envie de faire quelque chose de sa vie?

Bon, ce soir, je pensais vous parler d'un article assez grotesque que j'ai lu dans ELLE, où Paris Hilton raconte que, malgré sa minceur, elle est très gourmande et que, lorsqu'elle est amoureuse, elle cuisine des lasagnes aux truffes. Pour une pintade, j'ai trouvé ça fort, mais globablement, j'ai eu envie d'appeler direct le magazine pour demander à quel degré de grelucherie sa rédaction placaient ses lectrices. Car, même un dimanche soir, dans un état semi-comateux - dû à l'imbibation massive de punch, la veille, et l'euphorie d'une qualification à l'Euro enfin arrachée - j'ai eu l'impression que l'on nous prenait vraiment pour des blondes.

Sauf qu'en fait, je m'aperçois que mon post va sonner creux, car là, j'ai deux de tension et l'énergie me manque. L'imbibation de la veille, entre autres.

Comme je ne veux pas vous laisser (totalement) en plan, je suis allée consulter les expressions-clé que les internautes avaient utilisées pour arriver jusqu'à ce blog, comme je l'avais fait récemment. Après tout, y'a moyen de rigoler. Je m'aperçois de la curiosité de mes contemporains qui demandent ainsi:

- "Comment créer des larves dans apprentis dieu ?"
Je sais pas, peut-être en faisant boire des nonnes ?

- Avec quoi peut-on manger le creton ?"
Avec du thon? C'est plus joli qu'avec de la mouette, phonétiquement parlant.

- Comment se débarrasser des mouettes?
QUI ose poser une telle question?

Sinon, j'ai un potentiel Dita Von Teese que j'ignorais, si j'en crois certaines requêtes:

"Une fille qui fait le striptise " (je laisse les fautes, c'est plus drôle)
"Blog de femme cochon de Tourcoing ou Roubaix"
"Elle fait la cuisine à poil"

Cela dit, il semble que je sois la solution lorsqu'on s'interroge sur la façon de "gérer sereinement une double vie", qui laisserait supposer que je suis une fille qui cuisine en tenue d'Eve, mais qui peut aussi se transformer en "bourgeoise à collier de perles" ou en "marchande de blouses en nylon sur le marché". C'est nettement moins glamour, j'en ai conscience, mais il en faut pour tous les goûts. Et comme j'aime cuisiner de drôles de mets (des mouettes ou des crétons, donc) et dans des tenues variées et (parfois) légères, je pourrais mettre sur ma carte "l'avc de mon ex" que je cuisine fort bien, semble-t-il. Cherchez pas, il n'y a rien à comprendre.

J'ai également démasqué Julien Lepers, qui pose ses charades sur Google:

"On a besoin de moi en cuisine,
on me connaît si on est sportif
Je suis aussi un oiseau, qui suis-je?"

Vachement intello, mine de rien.

Et voici la meilleure, pour la fin:
"- Comment avoir envie de faire quelque chose de sa vie?"

Ben oui, comment?

Et, surtout, pourquoi?

samedi 29 août 2009

Coup de pouce

Je suis descendue de mon vélo, l'air décontracté. Pourtant, je n'en menais pas large. Le noeud dans mon estomac s'est resserré en le rencontrant. Petite mine, les yeux brillants de fatigue, la nervosité palpable, il m'a écoutée.

Puis, il a esquissé une petite moue.

J'y étais allée un peu la fleur au fusil, comme pour tromper la fatigue qui m'envahissait et dont je n'arrivais pas à me défaire, au fil des heures qui s'égrenaient. Le vendredi matin, j'avais visité un local, avec une dame très, très bavarde qui me racontait être aux abois, travaillant toute seule dans son p'tit restau. A vrai dire, son accent très prononcé m'avait empêché de tout saisir mais j'avais bien compris l'essentiel : si elle pouvait vite fait se débarrasser de l'affaire, elle n'hésiterait pas. Malgré mon a-priori du départ, j'étais finalement plutôt séduite par le lieu, moins par l'emplacement. En sortant de ce rendez-vous, je pensais seulement à me reposer, décidément toujours dans les vapes.

Et puis, je ne sais pas, un sursaut, l'envie, aussi, de suivre mon programme. J'avais dit que je foncerai, alors j'ai changé de top, histoire d'être présentable, enfourché mon vélo et suis partie dans ce restaurant aux assiettes créatives, au joli cadre et aux affaires - je le savais- en déclin.

Lui n'a guère détaillé ma tenue, pour tout dire. Je l'ai senti soucieux. Soucieux et sceptique, donc. Il avait peur, en acceptant ma proposition, que je lui pique ses recettes. Attitude tout à fait logique, à laquelle j'ai préféré répondre par la transparence. Je lui donnerai une liste des mets que je souhaite cuisiner. Et je lui ai décrit un peu vaguement l'idée du salon de thé-ateliers pour les enfants, afin de le rassurer. Pas question pour moi de faire un copier-coller.

Je ne sais pas pourquoi, avant qu'il accepte, je sentais que ça allait le faire. Il n'a pas suffi de beaucoup pour le convaincre. Il m'a regardée, sans sourire et m'a dit:

"- C'est d'accord. Je vous prends pour deux semaines."

"- Yiiiiiiiiipeeeeeeeee! ai-je pensé intérieurement.

"- C'est parfait!" lui répondais-je, l'air satisfait mais pas triomphant.

Il a tenu à me prévenir de tous les obstacles qui allaient se présenter à moi. Comment gérer la cuisine et les règlements, la salle et les ateliers, aller faire ses achats tout en restant au maximum présent dans l'établissement... Il m'a assuré travailler 18 heures par jour. Ses joues creusées et son air las en témoignent, sans qu'il ait à en rajouter. Il m'a évoqué ses propres difficultés, le pragmatisme dont on devait faire preuve face à la crise, aux clients qui finissent par bouder le lieu, les charges et les coûts de revient. Une sorte de révision en condensé de tout ce que j'avais appris ces derniers mots, mais en vrai, cette fois.

Peut-être pensait-il me décourager. Et je sais qu'il ne me fera pas de cadeaux. Pourtant, je lui aurais sauté dans les bras, tellement j'étais heureuse d'obtenir ce ticket pour le monde réel. Une immersion indispensable, qui va renforcer ma crédibilité auprès des banques et me montrer dans quelle galère je me suis mise... L'heure n'est pas aux doutes, pourtant, je suis impatiente. C'est sûr, il n'a pas mangé de clown, mais je le sens consciencieux et intègre.

Rendez-vous a donc été pris pour le 7 septembre prochain. Avec une tenue et des chaussures "qui ne craignent pas", m'a-t-il précisé, évoquant le champ de bataille que j'allais intégrer.

Le 7 septembre. Dans dix jours, donc? Pôle Emploi m'avait prévenue qu'il fallait un peu de temps pour mettre en place une EMT (évaluation en milieu du travail). Un coup d'oeil à ma montre. 15h30. Mon employeur actuel ferme ses portes tôt le vendredi, il me semble (peut-être tous les jours, d'ailleurs, je n'y ai jamais prêté garde), je suis en vélo, et ce n'est pas vraiment le même chemin. Tant pis, je tente le coup, je vais repasser chez moi chercher ma voiture.

Arrivée devant le garage: les quais sont bouchés, impossible d'avancer. Pragmatisme, qu'il a dit, le monsieur. Je décide de poursuivre ma route en vélo, quitte à rouler sur les trottoirs dans cette course contre la montre. Et que vaut un sens interdit lorsque son avenir est en jeu?

J'arrive dans un état assez lamentable à Pôle Emploi, suintante, le coeur battant. C'est ouvert, je suis arrivée à temps. A vrai dire, je n'ai pas souvenir d'avoir pédalé aussi vite de ma vie. Le formulaire en poche, re-belote, retour au restaurant pour que le gérant signe les papiers et appose son cachet... avant de pédaler de nouveau pour aller déposer la précieuse enveloppe dans la boîte de mon cher employeur, que j'ai l'immense avantage de partager avec plus de 3 millions de Français.

Jusqu'au bout, je me suis dit que c'était trop beau, qu'il allait changer d'avis- et après tout, j'aurais compris. Mais non, la chance m'a souri et d'ici dix jours, ce sera donc "cauchemar en cuisine".

J'ai hâte.

vendredi 28 août 2009

Donnez-moi cette toque que je me cache

L'horreur totale, ce jeudi matin. Je rêvais que j'étais en retard, mais que des intrus squattaient mon garage et que je devais donc les déloger, avant d'aller défendre mon bifteck à l'entrevue du jour... Coup d'oeil au réveil. Effectivement, j'étais bien partie pour manquer un rendez-vous majeur, dans cette fantastique épopée qu'est la création d'entreprise: la recherche de garantie bancaire avec, dans le cas présent, un appui particulier aux femmes.

J'ai déjà lu des choses qui m'ont révoltée sur les créatrices. On les prévient que "se lancer à son compte" engendre un investissement majeur, limite insurmontable pour la ménagère qu'il y a en chacune de nous. Si, je vous assure, ces conseillers insistent bien lourdement sur ce facteur, beaucoup plus qu'on ne le ferait pour des hommes qui, on le sait, se mettent TOUS les pieds sous la table en arrivant, harassés par leur dur labeur, le journal dans une main, le whisky dans l'autre...

Pourquoi j'ai l'impression d'être dans un épisode américain des années 50, là? Ah, oui, j'ai lu dernièrement qu'une femme qui envisageait de créer sa boîte, devait "parler avec sa famille de son entreprise". Au cas où un taliban se cacherait derrière le doux visage de votre tendre et cher.

Ne riez pas, pour en avoir été témoin, je sais que ça existe.

Cela dit, à 9h39, après une trop courte nuit (toujours ce jet lag. Quitte à être un zombie, j'aurais mieux fait de sortir), je ne me sentais pas d'humeur rebelle.

Non, j'étais épuisée, point. Je n'avais qu'une envie : profiter plus encore du moelleux de ma couette.

Et puis, j'ai repensé à cette phrase très juste que j'ai lue dans "L'homme qui voulait être heureux" (dont je vous parlais hier) :

"L'être humain se complaît dans le laisser-aller, mais s'épanouit dans l'exigence de soi".

Ce type est un génie. Illico presto, j'étais sous la douche, et en moins de deux, la théière bruissait, j'avais un pied dans le pantalon, le top coincé aux épaules, le bandeau dans les cheveux pour masquer la coupe-j'en-ai-marre-de vivre. En fait, je tentais juste de synchroniser mes gestes, histoire de m'éviter une cascade dans le tapis, qui m'aurait définitivement retardée.

La tendance laisser-aller m'aurait guidée vers un petit déj gargantuesque. L'exigence de soi m'a orientée vers une option plus light. D'autant plus encourageante que le passage sur la balance m'avait indiqué le délestage de ces deux kilos super-superflus que j'avais ramenés des Caraïbes(merci le all inclusive...). Finalement, je crois savoir qui étaient les intrus de mon rêve...

Sur ces considérations débiles, et le réveil dans la douleur d'un loulou aussi zombie que moi, j'avais donc récupéré suffisamment d'énergie pour répéter, une fois de plus:

- que je n'étais pas folle
- que oui, je savais que la crise n'épargnait personne, et surtout pas la restauration
- et que ce milieu demande un temps de travail faramineux
- et que si tu veux, madame, je te fais des cannelés pour te convaincre.

Au lieu de cela, je suis tombée sur une personne très à l'écoute, qui n'a pas cherché à me piéger, simplement à vérifier un minimum la part d'incongruité dans tout cela.

Limite si je n'étais pas déçue de ne pas être attaquée.

Serais-je devenue tellement exigeante envers moi-même ? Ou ne se laisserait-elle pas aller, elle ? Envisageant très sérieusement d'aller prendre mes gouttes (et de retourner sous la couette finir mon rêve et chasser mes intrus), je suis plutôt partie pour un marathon, avec une liste de choses à faire ABSOLUMENT aujourd'hui. Je me connais trop: si je me laisse aller, c'est mort. Du coup, je décuple mon énergie pour accomplir des tâches aussi dingues qu'aller déposer des prévisionnels dans des boîtes à lettre, poster mes impôts, passer chez le cordonnier récupérer des bottines qui poireautent depuis trop longtemps, faire deux-trois courses pour le dîner du soir, prévoir quinze amuse-gueules alors que nous sommes trois et trier, enfin, des photos pour les développer.

Évidemment, j'ai oublié l'essentiel: aller voir un restaurant qu'une de mes "accompagnatrices" m'a suggéré de contacter, afin de tester mes compétences avé la toque sur la tronche.

Laquelle toque me permettrait certainement de masquer ces petits yeux que je traîne. C'est sûr, ce vendredi, je fonce.

jeudi 27 août 2009

Jet lag, kamikaze et knaki balls

J'avoue, j'affectionne ce moment de la soirée, lorsque je me cale bien sur le canapé, l'ordi sur les genoux, à entamer une nouvelle feuille blanche. Plus ça va, plus je me réserve ce petit plaisir assez tard, après avoir passé les quinze coups de fil en retard, trié mon courrier, photocopié pour la cinquantième fois un prévisionnel, fait le tour de mes sites favoris ou complété une fiche de renseignements quelconque.

Après avoir couché mon loulou, aussi.

Le souci, c'est que le p'tit bonhomme en question découvre les effets du jet lag et a fini par rendre les armes à près de 2h du mat'. L'heure où je décide habituellement de me coucher, en somme.

Ayant moi-même autant envie de dormir que de bosser dans une fromagerie (cherchez pas, c'est une private joke), je vous donne vite fait le topo de la journée: un rendez-vous à la banque, troisième conseillère à m'écouter blablater et au final, une oreille attentive, enthousiaste mais à ce point prévenante qu'elle souhaiterait me voir gagner plus d'argent lors de ma première année d'activité.

Moi aussi, ça me plairait, hein, mais chaque chose en son temps.

J'ai donc développé l'idée que je n'étais pas une kamikaze, que je n'allais pas m'enfermer dans une situation inextricable et que je lâcherais le morceau si jamais je sentais que mon affaire n'était pas viable. Mais enfin, j'aime bien l'idée de pouvoir choisir de me faire hara-kiri ou non. J'ai le sabre, c'est moi qui décide.

Enfin, j'ai fini ce matin un bouquin que deux amis m'avaient conseillé: "l'homme qui voulait être heureux", de Laurent Gounelle. Sincèrement, à la lecture des premiers chapitres, je trouvais cela fort naïf. Quelques réflexions bien senties m'ont un peu fait revoir mon jugement et conforter dans l'idée que tout n'est qu'histoire de croyances. Et c'est en fonction de ces croyances que l'on guide nos décisions, que l'on ose ou pas, que l'on s'épanouit ou que l'on choisit de rester dans une forme de résignation - et de médiocrité, souvent. Si, si.

J'en ai eu l'illustration quelques heures plus tard, lorsque j'ai reçu un message, d'une agence de com' qui m'invitait à la conf' de presse de LeBron James, star NBA de passage à Paris la semaine prochaine. Bon, avant tout, je me suis abstenue de lui suggérer une petite actualisation de ses fichiers. C'est vrai, ça ne fait jamais qu'une dizaine de mois que j'ai quitté le magazine pour lequel j'écrivais...

Mais cet appel m'a néanmoins remis les pendules à l'heure: c'est la première fois de... ma vie - incroyable, non? - que je ne vais pas "faire la rentrée". Les rues se remplissent de tous ces travailleurs qui ont repris le chemin du taf, la ville sort enfin de sa léthargie et moi, je reste à quai. En temps normal, je suis convaincue que cela m'aurait angoissée. Là, je me dis simplement que le temps est mon allié, que je dois rester zen et patiente. Sans doute l'effet des vacances.

Vous voyez de quoi je parle?


Le premier qui se moque des knaki balls que j'ai en guise de pieds, j'lui casse la gueule à la récré.

mercredi 26 août 2009

L'âme en paix

Ah la la, ces quelques jours loin de tout ont décuplé ma faculté à me laisser vivre et me voilà même à traînasser avant de revenir sur ce blog - pourtant mon petit espace - un comble! Il faut dire que ces vacances en République Dominicaine, cela ressemblait un peu à cela:



Vous voyez le genre.

Alors, forcément, je suis limite à me taper la tête lorsque j'ouvre mon agenda et que je constate, avec désarroi, que j'ai pris deux rendez-vous TRÈS importants cette semaine. Oui, là, en plein jet lag, je m'amuse à négocier sec. Toujours aussi fine, en somme...

Bon, avant de m'auto-flageller totalement, je vais rester un peu la tête dans les nuages. S'agirait pas de perdre tout le bénéfice de ces vacances. Et puis, je vous avais promis de tout vous raconter (ou presque - mais en fait, nulle honte ne s'est véritablement abattue sur moi et je ne me suis pas offert de cuite au rhum, malgré l'usage intensif - intempestif? - de cette "vitamine" comme l'appellent les Dominicains).

Alors, en gros, j'ai eu la judicieuse idée de partir pour une destination "lune de miel". Oui, avec de jeunes mariés ayant seulement enlevé les casseroles bruyantes de leur voiture pour rejoindre l'aéroport, roucoulant comme aux premiers jours (car justement, ils sont encore dans la phase idyllique, c'te blague), la bague bien en vue et les regards de braise, les petites attentions pour sa moitié et l'impression de vivre dans une bulle.

Forcément, avec mon loulou, je faisais un peu... tache.

Comme ils sont néanmoins en transe et dans cette fameuse bulle, ces jeunes couples n'ont heureusement pas témoigné le moindre agacement à l'égard d'un petit bonhomme de 6 ans que je surnomme affectueusement mon ver de terre. Avaient-ils d'ailleurs remarqué sa présence ? Même pas sûre.

Parmi eux, le couple Ken & Barbie, aux mensurations impeccables, lui adorable, elle un rien pimbêche; a contrario, les complexés, qui ne se baignent pas, gardant leurs vêtements pour tenter de cacher des formes trop pleines; les coincés, les sportifs, les discrets, les classe, les vulgaires... Un échantillon de la vie, en somme.

Il y avait aussi les Ricoré, avec le bon père de famille qui prend soin de ses femmes (la sienne, et ses deux filles) et la famille recomposée avec les parents - très démonstratifs, question postures langoureuses - et les deux enfants, dont l'aînée, visiblement traumatisée, répétant dix fois qu'elle a une autre soeur, mais pas de la même mère...

Bon, sinon, il y avait une autre maman célibataire, mais d'un grand garçon de 16 ans. Une sorte de couple qui m'a donné envie de trouver rapidement l'âme soeur, histoire de ne pas finir ainsi. Quelle tristesse, je vous assure, chez ces deux personnes, charmantes au demeurant... La mine basse, résignée, cette femme au teint pâle m'a demandé:

"- Et vous non plus, vous n'avez pas refait votre vie?

" - Euh, non"

Mais j'y coooooooooouuuuuuurs, au secoooooooooooouuuuuuuurs!

Comme dans tout groupe qui se respecte, il y avait les grandes gueules, représentées ici par deux quadra, rejointes par leurs aînés quinqua-sexagénaires aux cheveux blancs. Des Sudistes qui aimaient prendre l'apéro, rire très fort et faire passer les p'tits jeunes pour des coincés. Mission accomplie.

Et puis, évidemment, un voyage ne serait pas ce qu'il est sans le guide dragueur. D'ailleurs, mon statut de "single" m'a attiré les faveurs de quelques désespérés, sans doute en quête de papiers et d'un avenir plus prospère en Europe. Il me fallait "un homme pour s'occuper de ton fils et de toi-même", comme ils me l'ont conseillée. A la fin, lorsqu'un de ces kamikazes me demandaient où était mon mari, je tournais la tête en montrant qu'il était dans les parages, pas loin.

Ils ne le voyaient pas, mais j'avais le temps de filer. Quelle maligne, ah ah ah.

Je me suis amusée à noter deux, trois choses lorsque j'étais là-bas. En relisant ces lignes, je m'aperçois que le tableau qui pourrait se dégager de la République Dominicaine ne s'avère guère flatteur. Rues cabossées, maisons délabrées, gamins non scolarisés qui survivent en cirant des chaussures ou en portant des sacs dans les supermarchés, chiens errants sur la plage ou le bitume, fouillant dans les poubelles de St-Domingue quelque aliment oublié, vendeurs envahissants, circulation démentielle...

Et pourtant. Au son de la merengue, danse nationale, une douceur et une envie de vivre intense s'insinuent dans nos esprits occidentaux. Il y a, ça et là, des relents de culture américaine, notamment dans les architectures de certains bâtiments - commerciaux, surtout- et les voies de circulation. Pour le reste, le rythme des Caraïbes berce le quotidien, ralentissant nos velléités d'en faire (toujours) trop.

Les façades multicolores, la végétation luxuriante, près de la montagne, les senteurs - celles du café, du cacao, de la vanille..., le goût exquis des mangues et de la papaye, les cocotiers qui bordent les rues et les plages, les îles désertes paradisiaques, la mer turquoise, la gentillesse des autochtones donnent des couleurs à cette terre où, pourtant, la misère des habitants ne peut être voilée.

La moiteur de l'air est un autre facteur, bien sûr, mais il y a cette désinvolture incroyable qui apaise nos cerveaux surexcités. A quoi bon? semblent penser les Dominicains. Soudain, on a l'impression que tout sera possible, mais sans se triturer l'esprit. Y compris rouler à trois en moto, sans casque ni permis, ouvrir le parapluie en cas d'averse tropicale sur cette même moto, rester debout à quinze sur une camionnette à plus de cent kilomètres à l'heure, s'arrêter en plein milieu de l'autoroute, juste pour trinquer (!)....

Mais aussi vendre des poissons en les enfilant sur un guidon de mobylette (miam...) ou exposer des têtes de cochon à l'air libre - mais que dirait la DSV?

Allez je vous montre:




Je sais, ça n'a pas l'air ragoûtant. Mais nous n'avons même pas été malades - je n'ai pas testé ce boucher-charcutier, cela dit... D'ailleurs, moi qui parlais de catastrophes, rien à signaler de ce côté-là. Cela a bien failli, avec la menace d'un cyclone prévue en fin de séjour. Finalement, Bill a passé son chemin. Au final, me voilà bredouille de péripéties (une perte de lunettes de vue dans des chutes, y'a pas mort d'homme et ce n'est guère passionnant, n'est-ce pas), mais la tranquillité, ça a du bon, parfois.

mardi 25 août 2009

Comment dire...












Le paradis existe. J'en reviens.
Et non, mon loulou n'a pas passé son temps à siroter du jus d'ananas.


dimanche 16 août 2009

Miss catastrophe

"-Tu fais quoi dans la vie?

- Ostéopathe. Et cet été, je suis avec l'équipe de France de basket, pour le repêchage de l'Euro.

- Ah génial, tu dois voir du pays!

- M'en parle pas, avec le décalage horaire, je suis crevé !

- ??? Le décalage horaire, avec des matches en Finlande et en Italie?

- Noooon, moi, c'est plutôt les States. J'accompagne Tony Parker à San Antonio pour prouver aux Spurs que nous ne sommes pas des buses et qu'une entorse bénigne en France reste une entorse bénigne au Texas. Ensuite, je reviens, le temps de masser deux-trois organismes un peu endoloris, et hop, je repars, à Portland avec Nicolas Batum, cette fois, pour que son club constate que son épaule qui le fait souffrir depuis cinq mois est la même qui lui a permis de disputer les playoffs sans broncher. Je te jure, avec tous les miles que j'ai accumulés, je m'offre un joli trip en République Dominicaine à mes prochaines vacances!"

OK, je fabule, mais n'empêche que ce Fabrice Gauthier, ostéopathe pour les Bleus, passe plus de temps dans les aéroports que dans les salles de massage, en ce moment et ça me scie toujours de constater cette arrogance américaine dont je vous ai déjà parlé... Oui, je radote, mais enfin, ils ont besoin de priver Nicolas Batum du plaisir évident qu'il a de jouer sous les couleurs tricolores?

Bref, j'imagine à quel point c'est le cadet de vos soucis, surtout à la mi-août, alors que les villes désertées s'apparentent à de véritables fournaises. Cela m'a fait tout drôle de traîner dans la cité fantôme qui est la mienne actuellement, tout simplement, je crois, parce que c'est la première fois que j'y suis présente à cette période de l'année. J'ai fouillé dans ma mémoire pour en être sûre, ce qui a réveillé quelques vieilles casseroles...

Donc, je vais tenter d'optimiser mes vacances, en évitant par exemple:

- les gigolos (Tunisie 1995) ;

- l'interdit bancaire consécutif à deux semaines dans des hôtels au dessus de mes moyens (Crète 1996) ;

- le circuit où l'on se lève à 4 heures du matin pour visiter au pas de course Pamukkale et la Cappadoce, en s'endormant au son du voisin vomito, victime d'une turista coriace. Plus le guide touristique et son haleine de chacal (Turquie 1997) ;

- le vol de ma carte bleue à Manhattan et le coup de fil de la pauvre cosette à sa môman pour éviter de mendier le reste du séjour (New York 1998) ;

- le coup de foudre en pleine rue et mon séjour dans le Bronx qui a suivi (New York 1998). Un joli événement, certes, mais pas sans incidences ;

- les trajets impossibles en car pour aller en Corse, depuis Nantes... en passant par Nevers et Orange, avant de virer verdâtre sur le bateau. A l'aller ET au retour (Corse 2002, je crois) ;

- la recherche infructueuse de tenues chaudes pour affronter l'horrible météo de Douarnenez en plein juillet (Bretagne 2004)

Je porte également une attention particulière à mon passeport, depuis le vol de ce dernier sur un bateau, entre Istanbul et Bursa, qui m'a permis de découvrir la police turque et sa légère désinvolture. C'est marrant, j'ai eu un peu peur de restée coincée là-bas, faute de papiers - et de maîtrise de la langue, je vous l'accorde.

Cela dit, c'est aussi ce vol qui nous a permis, à tous les journalistes présents sur ce championnat d'Europe (oui, cette fois, ce n'était pas pour des vacances, mais bien pour le boulot que j'étais partie en Turquie) de savourer le meilleur kebab du monde (je m'en souviens encore, une pure tuerie) et, aux trois filles que nous étions, de tomber raides dingue amoureuses du fils du consul. Voilà de quoi agrémenter les séjours à l'étranger, non?

Lorsque l'on part en voyage, 1/ on maudit les Français, terribles touristes râleurs et 2/on veut balayer tous les clichés (celui du Français chieur étant le seul inamovible). Pourtant, certaines images s'imposent à nous et ce que l'on y découvre s'avère souvent fidèle à ce que nous imaginions. Parfois, les découvertes sont telles que l'on s'interroge sur la réalité du folklore local. Je me souviens m'être posé cette question en débarquant en Pennsylvanie et en découvrant ces Amish roulant en carriole, habillés comme au XIXe siècle et vivant de façon moyenâgeuse. C'était pour de vrai? C'était pour de vrai.

De la même façon, j'ai adoré la Crète, la Turquie, New York, mais aussi l'Italie ou la Guadeloupe (terre française, mais dont la distance multiplie le nombre potentiel de péripéties, dans mon cas) où je n'ai pas connu que des galères. Même si, inutile de le nier, j'ai une propension à virer miss catastrophe.

Depuis trois ans, j'avais limité la casse avec des séjours "familiaux", pas trop loin. Sécurisant et pas cher, certes, mais question découvertes, bof. Cette fois, ça me démangeait trop. Donc, à l'heure où vous lirez ces lignes, je serai soit en partance pour la République Dominicaine, soit à me la couler douce sur les plages de sable blanc et, catastrophe ou pas, je vous promets de tout vous raconter en rentrant. Enfin, presque.

See you!!

samedi 15 août 2009

Une vie sur la toile

Vendredi matin, j'ai lu un article sur le site des inrocks, relayé par un copain, sur Facebook. Le journaliste s'était amusé à tester une journée sans internet. Avec la conclusion, évidente: mais comment faisait-on avant?

Je vais vous dire, moi: avant, je me couchais plus tôt. Je ne passais pas ma journée derrière mon écran - du moins lorsque j'étais chez moi.

Pour tout vous dire, j'ai toujours été une quiche en informatique et je ne voyais l'ordi que comme un outil de travail, basta. Lorsque nous étions à l'école de journalisme, à Bordeaux, nous réalisions des journaux télé, avec de merveilleux plateaux en direct de Somalie ou de Sarajevo (en fait, nous étions sur le campus, c'te blague). Et pour préparer ces moments télévisés mémorables, nous allions dans une salle bruyante, où les téléscripteurs de l'AFP crachaient toute la journée des tonnes de brèves. Nous arrachions les feuilles à la main (le journaliste en parle d'ailleurs dans son article). C'était notre unique source d'infos. Nous étions en 1992 et on parlait alors des "autoroutes de l'information" à venir.

Lorsque j'ai commencé à bosser pour le magazine de basket, nous attendions avec hâte l'arrivée au... courrier de Basketball Weekly, Sports Illustrated et tous les périodiques américains consacrés à la balle orange. Nous avions les infos en décalé, forcément et nos news n'étaient forcément pas très fraîches. Pourtant, les lecteurs s'en contentaient alors, n'ayant que cela à se mettre sous la dent.

Je me souviens la première fois où nous avons eu Compuserve, au boulot. Nous ne le recevions que sur un seul poste et nous attendions notre tour, émerveillés par ces news au kilomètre qui inondaient l'écran, comme par magie. Alors, évidemment, Internet, on l'a tous vu comme un sésame incroyable. Désormais, avant d'aller voir un joueur, un petit clic sur Google et la voie était tracée.

C'est un fantastique gain de temps mais cela a dans le même temps appauvri le niveau journalistique: 1/ cela rend les pseudos-Tintins plus fainéants - certains ne prenant plus la peine d'aller à la source vérifier l'info; 2/ comme le papier des Inrocks l'évoque, la pratique de l'interview par mail interposé se développe et c'est, à mes yeux, une véritable hérésie, tant le contact est primordial ; 3/ aujourd'hui, la toile regorge de sites plus ou moins crédibles, avec des jeunes rédacteurs payés au lance-pierre qui doivent alimenter des colonnes au plus vite, histoire de rester le plus réactif possible.

En somme, Internet nous a apporté une somme d'infos absolument dantesque mais tue, peu à peu, le supplément d'âme qu'un travail "à l'ancienne" peut apporter à n'importe quel sujet, lorsque l'intervieweur apporte son ressenti et prend le temps d'écouter son interlocuteur.

Au delà de cet aspect journalistique, il y a tout le côté pratique. Le matin, on ouvre sa boîte pour consulter les mails, on surfe d'un site à l'autre de façon naturelle, quitte à vivre une vie par procuration. On s'évite de sortir, étrange, non? Plus besoin de se déplacer, même pour s'actualiser en tant que demandeur d'emploi, hop, une petite connexion et c'est réglé. C'est fascinant mais je réalise le temps passé en solitaire à aller piocher des infos (ou à faire un peu de shopping, j'avoue), à zyeuter les statuts rigolos de mes amis Facebookiens, à rejoindre des groupes idiots. Ou même à regarder, vite fait, les commentaires éventuels laissés ici. Oui, bien malgré moi, je suis véritablement accro. On est nombreux dans ce cas, pas vrai?

Pourtant, j'ai décidé de laisser mon ordi à la maison et de m'envoler l'esprit libre (et libéré?) en République Dominicaine. C'est une sorte de challenge que de vivre plus d'une semaine sans Internet mais je sais que les plages auront raison de ma geek-attitude. Bah, au pire, j'irai me connecter depuis un cybercafé...

PS: Je peux partir d'autant plus sereinement que l'équipe de France a assuré face à l'Italie. Je ne chercherai donc pas à tout prix un streaming de Finlande / France lundi prochain, depuis Boca Chica...

jeudi 13 août 2009

Bonne année 2008, et tout et tout

Aujourd'hui, 13 août, j'ai reçu un drôle de SMS, un rien incongru, je vous l'accorde :

"Bonne année 2008 et tout et tout"

Même pas signé, en plus.

Sympa, mais j'ai l'impression que de l'eau a coulé sous les ponts, depuis les fastes du Réveillon 2008. Et cela m'angoisse plus qu'autre chose, à vrai dire.

D'ailleurs, il faut que je vous avoue un truc: je n'ai plus, mais alors plus du tout, envie de bosser, là. Je ne pense qu'à profiter, prendre mon temps, allonger mes soirées sans me soucier de l'heure, me rédiger des listes, du style :

- Acheter un adaptateur et un spray anti-moustiques
- Trier les bouquins, histoire de lézarder au mieux
- Envisager de jouer au loto pour pouvoir m'offrir les services d'une femme de ménage qui nettoierait à ma place tout mon fourbi
- Arrêter de rêver et me retrousser les manches
- Tenter de ne pas déplacer toute ma maison dans une valise de 20kg

Ne me dites pas que c'est normal, que je dois décompresser etc etc. Cela fait trois semaines que j'ai débranché, là. C'est trop. Oui, je sais, ça tourne à vide en ce moment, la rentrée sera plus propice aux négociations, les chargés de mission bancaires se la coulent douce, loin de leurs bureaux, mais enfin, qu'est-ce qui m'empêche de peaufiner quelques détails essentiels, dès maintenant?

La fainéantise, je crois.

L'idée de partir aux Caraïbes, aussi.

Je m'informe sur la République Dominicaine, me réjouissant d'avance du bleu lagon qui m'attend. Mon papa, toujours bien avisé, dit que je vais choper la Grippe A, mais j'ai arrêté de l'écouter depuis un petit moment, déjà. Je lis aussi les forums - véritables usines à gaz pour les paranos. Là, on parle de braquage à l'arme blanche, ici, de jeunes Françaises condamnées pour détention de drogue, peut-être piégées par des dealers en manque de mules. Lors de mes trips à l'étranger, j'ai connu, comment dire, quelques mésaventures par le passé et là, je ne m'inquiète pas: j'ai bien l'intention de passer des heures sur le sable blanc, sans contraintes, sans risques non plus, parce qu'une partie de moi a conscience de la débauche d'énergie dont je vais avoir besoin à la rentrée.

Oui, parce que parfois, un sursaut m'anime et là, je file sur les annonces de fonds de commerce, histoire de dénicher, à tout hasard, un local à moins de 15 millions de dollars. Ou bien, alors que je sors dîner avec des amis, je me surprends à noter les moindres détails de la carte ou de la déco d'un nouveau resto, avec un oeil plus critique que jamais.

Je me dis aussi que la patience a ses vertus et puisque, paraît-il, la récession touche à sa fin dans la zone Euro (si, si, ils le disent tous), c'est le moment de me lancer. Crise ou pas, les terrasses étaient blindées ce soir. Pour un peu, j'aurais pris des photos pour les envoyer à mon père, lui qui clame que "les gens ne sortent plus." Et que, "de toute façon, c'est tous des voleurs, les restaurateurs."

Oui, oui, je suis toujours aussi bien soutenue.

L'instant d'après, je donne raison au scepticisme paternel. Je fais l'autruche, à savourer les vacances comme si j'allais bientôt reprendre l'école. Je me dis que cette histoire de resto, ce n'est pas possible, que je suis dingue, que je vais retrouver un de ces quatre un gentil patron et ma petite vie tranquille et que je cuisinerai uniquement pour mes amis.

Comme avant.

Lorsque je partais bosser avec des objectifs précis, ou voyager pour le travail, bouclant mes valises pour "la bonne cause". Je me sentais en sécurité, bien au chaud, malgré tout, me posant déjà des questions, certes, mais avec une insouciance qui s'est un peu éloignée. J'avais un cadre. J'aimais ce que je faisais et j'y mettais (souvent) tout mon coeur. Tout a volé en éclats, je ne suis plus maître que de moi-même.

Je ne voudrais pas revenir en arrière, ça non. J'aime les souvenirs, mais je vis au présent. Pourtant, cela me rassurerait de savoir que quelque chose m'attend. Comme au moment du passage de la nouvelle année. On s'embrasse en se souhaitant les meilleures choses. On lit l'horoscope, en espérant juste trouver quelques indices positifs de notre propre avenir. On sait que tout ce cirque est vain. Mais on a envie d'y croire, bêtement.

De l'utilité de ce blog et des râteaux

"- Tiens, je te donne de la matière pour ton blog?!"

Ahem. Démasquée.

"- Hein, quoi, euh...?

Bon, inutile de nier plus longtemps. Mon ex, qui ignorait l'existence de ce blog, a eu la drôle de surprise d'entendre son meilleur ami l'appeler pour prendre de ses nouvelles. Alors qu'il était en vacances, tranquillement, l'ami en question avait appris l'AVC de l'ex, via ces chroniques et, a donc appelé illico presto. Marrant, non?

En fait, je ne sais pas trop. C'est un peu troublant, finalement, de raconter la vie des autres et d'en subir des incidences dans la vraie vie. C'est bizarre, aussi, d'évoquer un événement et de voir la personne en face acquiescer, déjà au courant - pour l'avoir lu plus tôt. Mais comment faire autrement? Faut-il taire les événements vraiment personnels - autres que ceux que je choisis de censurer, volontairement?

D'un côté, je n'ai pas non plus pléthore de lecteurs et ce blog reste confidentiel. De l'autre, j'ai parfois des surprises, avec des fidèles - identifiés ou non - ou des amis-de-la-vraie-vie qui suivent, sans que je le sache. Et qui, en me demandant des nouvelles, en savent du coup plus sur mon compte que moi sur eux.

J'ai choisi cet espace de liberté (?) voilà quelques mois pour me donner une sorte de carburant, l'envie d'avancer et de rendre des comptes (-rendus...), pour assouvir ma soif d'écrire. Pour témoigner aussi, à ma petite échelle, du parcours du combattant dans lequel beaucoup se lancent lorsqu'ils se trouvent confrontés à des choix de vie. Pour rire de moi-même, un peu, et puis des autres, gentiment.

Je trouve ma démarche drôlement narcissique, quand même, et il m'arrive d'effacer quelques lignes un peu trop indiscrètes. Ou au contraire d'en rajouter, mesurant la nécessité de jouer le jeu et de dévoiler certains pans de ma vie, au risque de passer pour une dégénérée ou d'avoir à me justifier avec ma propre famille.

Cette démarche, je la trouve aussi addictive et je prends tout simplement beaucoup de plaisir à passer ici, à lire les quelques commentaires et à réagir à ce quotidien qui nous ennuie pourtant tellement, parfois. Je me surprends à observer davantage autour de moi, comme en quête de cette matière qu'évoquait l'ex.

Dans le train, mercredi soir, il y avait par exemple une scène amusante. Une petite puce de quoi, 13 ans? qui jouait à la grande, mais qui, trahie par sa bouille enfantine, semblait se maudire de ressembler au bébé du groupe. Devant un copain qui se moquait gentiment de son inexpérience avec les garçons, elle a rétorqué, fièrement :

"- Ah mais si, je me suis déjà pris des râteaux"

L'air dubitatif de son interlocuteur l'a, semble-t-il, blessée. Et lorsqu'il lui a asséné une deuxième réflexion, elle a eu un geste de colère, démesuré, partant pleurer dans son coin. Comme une jeune fille de 13 ans qu'elle est.

J'aurais sans doute haussé les épaules, habituellement, avant de reprendre ma partie endiablée de sept familles avec mon fiston. Mais là, j'ai souri intérieurement et j'ai trouvé que c'était une jolie histoire à raconter. Courte, mais marrante.

samedi 8 août 2009

Surréalisme

J'ai toujours adoré cet arbre, en plein milieu du jardin, qui a abrité tant de déjeuners dominicaux, dès que le soleil pointait son nez. Pourtant, je n'ai jamais nourri aucune nostalgie à son égard. J'étais passée à une autre vie depuis bien longtemps.

Je l'ai retrouvé ce midi, inchangé, seulement entouré de vignes nouvelles. La table était mise, le melon était appétissant et la bonne humeur semblait être le maître-mot du repas.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, j'ai déjeuné avec mon ex-beau-père, à ma gauche, mon ex-belle-mère devant moi, mon ex-belle soeur à sa gauche et mon ex-tout court, lequel présidait la table. Le tout sous l'oeil joyeux de mon fiston.

Que voulez-vous, parfois la vie offre des circonstances inattendues.

Ce matin, je regardais, un rien amusée, les deux BD que j'avais initialement choisies pour le père de mon fils, lequel voulait de la lecture pour tromper le temps. J'avais opté pour deux jolies oeuvres, "Si j'ai bonne mémoire" et "La théorie des gens seuls."

Hum. Mauvaise pioche. Même joueur joue encore.

Bon, OK, ce n'était guère approprié pour une personne victime d'un AVC, qui accuse quelques trous dans ses phrases et qui appelle son ex plutôt qu'un ami. Je n'avais pas envie d'enfoncer le clou, mais quelle ironie du sort. C'est à ce stade de la réflexion que le téléphone a sonné. L'ex en question m'annonçait que l'hôpital le libérait finalement ce matin, avant de lui refaire toute une batterie de tests la semaine prochaine.

Entre-temps, j'avais prévenu ses parents. Sans rentrer trop dans les détails - ex-beau-papa est hypocondriaque, pas la peine d'en rajouter - je leur avais précisé que leur fils était hospitalisé. Avant de les rappeler, du coup, leur annonçant cette fois la sortie prématurée du malade.

Et voilà comment je me suis retrouvée attablée sous cet arbre majestueux quelques heures plus tard. Mon loulou était visiblement heureux de nous voir tous là, réunis, même s'il avait conscience que tout cela n'était qu'éphémère et dicté par les circonstances. Ce petit retour dans le passé, aussi surréaliste soit-il, ne m'a pas perturbée plus que cela et je me suis même amusée à retrouver tous les tics passés. Le vin était toujours trop vieux (!), s'apparentant à une sorte de Porto, la moustache d'ex-beau-papa était toujours remplie de mets et sauces en tout genre, mon ex-belle soeur mastique toujours aussi bruyamment et ex-belle maman se démène toujours autant pendant que son mari trône sur son siège, impassible. Et l'ex a repris du fromage, comme d'hab, alors que son taux de cholestérol et la balance lui demandent grâce.

Rien n'a changé et tout a changé. Je ne fais plus partie de ce monde et c'est du coup beaucoup plus drôle de le visiter, comme ça, en passant.

A vrai dire, je n'ai jamais trop goûté ces réunions obligatoires, leur préférant le charme de l'improvisation. Aujourd'hui, la spontanéité était forcément de rigueur. Pas question de jouer aux faux-semblants, nous savions pourquoi nous étions là, ensemble. Et que cela ne se répéterait pas. Ce qui m'a frappée, c'est cette façon d'éviter la raison même de notre déjeuner. Comme pour exorciser le mal, l'ex-belle famille a parlé de tout, sauf de l'AVC. "On n'en parle pas" a dicté l'ex-belle-maman. Un non-dit de plus, et alors?

Mon fils faisait comme si de rien n'était, je n'ai pas voulu insister lourdement. Viendra un moment où je lui parlerai de ce qui s'est passé, sans rentrer dans les détails. Je sais néanmoins qu'il a compris que quelque chose clochait. Je ne peux pas tirer un trait sur cette histoire et la taire. Mais j'ose croire qu'elle sera bientôt à ranger au rayon des (mauvais) souvenirs.

Bref, tout ça pour vous dire que je m'en vais maintenant vérifier que dans ma propre famille, rien n'a bougé non plus, que les névroses sont intactes, afin de partir ensuite sereinement vers le paradis dominicain. Je repasserai avant mon départ, bien sûr, mais là, je vais vous faire faux-bond quelques jours. J'ai comme une envie de répit, là, va savoir pourquoi...

vendredi 7 août 2009

Carpe Diem, piqûre de rappel

Drôle de rêve cette nuit. J'étais en chaise roulante et cela n'avait pas l'air de me tourmenter plus que ça, comme si j'avais intégré cela dans ma vie. Depuis l'accident d'un proche la semaine passée, mon inconscient me joue des tours, lui qui m'envoie parfois de troublants messages nocturnes. Je me suis levée, n'y ai plus repensé. Jusqu'à midi.

Là, coup de téléphone. Le papa de mon fils. Il me parle, je crois à une blague au début. Il me dit qu'il ne prendra pas mon loulou ce soir, car il va à l'hôpital. Il balance l'info, comme ça, d'un ton presque léger. Quelque chose cloche. Il me confirme: "je n'arrive plus à parler".

OK, je vous vois venir, il dit ne plus pouvoir parler et il parle quand même? En fait, il n'arrive plus à s'exprimer, il ne trouve plus ses mots et ceux qu'il m'adresse semblent comme des résidus, quelques miettes de sa mémoire. Il raccroche, trop vite. Je sens une boule au ventre. Je pense à Tonton Enzo. A mon rêve. Je flippe. Il est en train de faire un AVC.

Je rappelle à son travail, où il était. On m'annonce qu'il est parti, qu'ils ne savent pas où car il n'a rien dit. Ils ont bien constaté qu'il n'était "pas dans son assiette ce matin", mais c'est tout. Il est donc bien en route, là, en voiture. Je regarde mon fils, qui ne se doute de rien, forcément. Cacher sa peur, ne pas penser au pire.

Il me rappelle de chez lui, finalement. Il essaie de m'expliquer des choses, il ne finit aucune phrase. C'est horrible, je sens qu'il fait des efforts surhumains pour avoir l'air "normal". Il a peur d'aller aux urgences, "parce qu'on va me prendre pour un fou", craint-il. Je vais le chercher, il s'attarde sur des détails mais ne peut décrire l'essentiel. Ce grand bonhomme n'est plus qu'un enfant impuissant, qui cherche vainement les mots, qui ne peut plus écrire - il a tout de même pris son stylo, mais la faute qu'il a faite en notant son propre nom de famille en dit long sur son état.

Ce soir, il est à l'hôpital où il va rester quelques jours. Il a déjà subi toute une batterie d'examens et le verdict est tombé. C'est bien un AVC. Il n'est pas question de chaise roulante, dans son cas. Mais la peur que j'ai lue dans son regard me rappelle plus que tout à quel point nous sommes vulnérables.

jeudi 6 août 2009

Idéalisme

De France, on ne se rend pas compte à quel point Tony Parker est célèbre.

A l'occasion du All Star Game à Houston en 2006, je me souviens être sortie récupérer mes bagages à l'aéroport texan, accompagnée de... maman Parker, qui avait pris le même vol. Je la connaissais un peu, pour l'avoir déjà croisée par le passé et, à vrai dire, avec son stetson, ses tiags et sa longue tignasse blonde, elle ne passe pas inaperçue. Bref, au moment de reprendre les valises sur le tapis roulant, un douanier est arrivé, suspicieux, s'attardant sur les sacs de la maman. Laquelle a commencé à paniquer: elle avait amené, en douce, du chocolat et surtout du foie gras, hautement banni à l'importation outre-Atlantique.

Et là, on a commencé à parler de Tony, que nous allions le voir au All Star Game, à Houston, avant de retourner avec lui à San Antonio (enfin, elle, moi, je filais ensuite à Phoenix). Un rien stupéfait, incrédule, surtout, le douanier nous a dévisagées.

"C'est la maman de Tony Parker", me suis-je lancée

"Really?"

Il était baba. Il nous a posé tout un tas de questions et il a compris que l'on disait vrai. Il a rayé la petite annotation qu'il avait inscrite sur la fiche de la maman, laquelle, au lieu d'être fouillée comme il était visiblement prévu, a filé avec son foie gras. Limite si le douanier n'allait pas lui réclamer un autographe.

Globablement, la NBA s'avère un bon filon pour se mettre dans la poche les douaniers, mais aussi les taxis, les commerçants, les hôteliers... Vous dîtes que vous êtes là pour couvrir un événement de la ligue américaine et hop, c'est un véritable sésame. Tous rêvent d'assister à un match de basket, ou d'y retourner. Car malgré la quarantaine de rencontres à domicile, chaque saison, ils ne sont pas si nombreux à pouvoir aller régulièrement applaudir leur équipe préférée. A 60 dollars la place, souvent, multipliés par le nombre de membres familiaux mais surtout additionnés du passage à la boutique du club et, évidemment, de l'orgie de junk-food avalée, c'est un véritable luxe que de poser ses fesses dans une salle américaine.

Je m'égare. Donc, disais-je, si aux States, Tony Parker est une star, je ne saurais vraiment dire comment il est perçu, en France, tant le basket est relégué loin derrière le foot, le rugby - entre autres. Nul n'est prophète en son pays...

Alors forcément, le voir aujourd'hui se battre vaille que vaille pour défendre les couleurs nationales demeure rafraîchissant. Voilà un milliardaire qui revient fissa endosser un short et un maillot, malgré tous les obstacles, les fiascos de la sélection, malgré sa mise à l'écart, parfois, malgré la NBA, surtout. Il raccourcit ses vacances - qu'il pourrait passer à St-Barth, loin du tumulte, seulement zoomé par quelques paparazzi - pour tenter d'exaucer son rêve de gosse.

Cela ne rendra peut-être pas le basket plus populaire, certes. Mais c'est une idée qui me plaît bien, ça, qu'un type qui a tout puisse rester un idéaliste dans l'âme.

Tipi

Quelle chaleur, mercredi soir! Et pas seulement parce que le thermomètre s'emballe depuis peu, non. Je me suis sentie suffoquer devant ma télé, tout bêtement. Pour les non-initiés, c'était en effet le début des qualifs de la dernière chance, pour disputer le championnat d'Europe de basket. La France a péché, à de multiples reprises, pour tout un tas de raisons - à commencer par une incompétence notoire des big boss de la Fédé. Et si les Bleus ne disputent pas l'Euro, en septembre prochain, ce sera le plus gros gâchis de l'histoire du basket français. Lequel sport n'a pas besoin d'une telle pub pour finir de s'enterrer, hélas.

Bon, je mets fin au suspense, la France a fait le métier et réussi à battre l'Italie, son plus gros rival, sur les terres transalpines. Et le plus fort, c'est que l'équipe a montré pas mal de ressources, malgré l'absence de son leader, Tony Parker.

Tony Parker. Mais si, vous savez, le mec qui fait la pub pour Kinder Bueno, l'air ahuri devant le distributeur? Siouplaît, j'aime trop les kinder et j'arrive pas à les attraper... Non?

Ben alors, le p'tit gars qui tente de rapper ? Balance, balance-toi... ? Toujours pas?

Le mari d'Eva Longoria?

Ah, ça y est, vous y êtes. Bon, le joueur, on aime ou on n'aime pas mais son dévouement pour l'équipe nationale est sans faille. Chaque fois qu'il a pu le faire, il a rejoint l'équipe de France, s'est montré souvent héroïque et a toujours clamé qu'il voulait terminer sa carrière sur une médaille d'or, avec les Bleus, entouré de ses potes de toujours.

Cette fois, il y a eu un hic : une entorse bénigne. Au début, il a juste été dispensé des matches de préparation, mais on pensait tous qu'il serait d'attaque pour disputer le premier match de ce tournoi de "rattrapage" - le plus important, en passant. Sauf que le jeune homme est employé par un club NBA et que les Américains, qui aiment bien savoir pourquoi ils paient leurs salariés - et qui, surtout, continuent de se comporter comme s'ils étaient les maîtres du monde - ont exigé que TP rentre aux Etats-Unis pour que le médecin des San Antonio Spurs vérifie la nature du mal. Genre, vous vous cognez douze heures de vol jusqu'au Texas, pour vous entendre dire que, de fait, vous souffrez d'une... entorse bénigne. C'est vrai que la médecine française en est à ses premiers pas... Bref. Tony a eu le feu vert mais n'a pu prendre part à la première rencontre. Cela aurait pu être fatal aux Bleus, si l'audace des p'tits jeunes n'avait pas fait la différence.

Pourtant, Parker, aussi milliardaire et coté soit-il, ne peut que s'incliner lorsqu'on lui intime l'ordre de rentrer. L'arrogance américaine, Tony y est habitué, après tout, étant lui-même mi-frenchie/mi-yankee. D'ailleurs, ça me rappelle quelques lointains souvenirs...

La première fois que je l'ai rencontré, je devais réaliser une interview de ce jeune Français qui assurait à la terre entière qu'il allait réussir en NBA - alors qu'il jouait relativement peu dans son propre championnat, finalement. Un stagiaire d'alors m'avait accompagnée et comme le Hamster - surnom du stagiaire, cherchez pas - était fort motivé, je lui avais proposé de préparer quelques questions, au cas où.

Nous sommes donc arrivés chez Tony, porte de Saint-Cloud, qui nous a ouvert la porte en traînant des pieds, chaussettes blanches dans les tongs, la démarche chaloupée et nonchalante. Le ricain dans toute sa splendeur. Les clips de MTV passaient en boucle sur la télé dernier cri. Sa copine d'alors semblait un rien gênée, à vrai dire, de cette attitude légère, et tentait de rattraper le coup par un accueil des plus chaleureux.

Nous avions devant nous un grand gamin de 17 ans qui se la jouait à la one-again et, à vrai dire, j'ai vite écumé les questions. Pour tout dire, je me suis même sentie en complet décalage, comme si j'avais pris d'un coup vingt ans dans les dents. J'ai fait un signe au Hamster, pour qu'il prenne le relais. J'étais dépitée, Tipi se targuait d'une confiance sans limite en lui-même, mais manquait clairement de naturel.

Nous sommes sortis, le Hamster aux anges, moi déçue. Cette sensation mi-figue, mi-raisin, je l'ai ressentie à de multiples reprises, chaque fois que j'ai re-croisé Tony Parker. Alors que je ne m'attendais plus à rien, il m'a bluffée lors de notre entrevue suivante, montrant beaucoup plus d'intérêt. Puis, de nouveau branché sur courant alternatif, il n'a même pas cherché à réfréner ses bâillements.

Lors de son premier All Star Game, où il avait de quoi frimer au milieu du gratin de la NBA, il avait pris le temps de prendre quelques nouvelles. Au suivant, il a esquivé toute la presse française. Lors de ses dernières finales NBA, dont il a fini MVP (meilleur joueur, excusez du peu!), il répondait systématiquement aux questions de ses compatriotes de journalistes, avant de se tourner vers toutes les caméras nationales, et les types de CBS nous regardaient toujours de travers, comme si nous avions commis un crime de lèse-majesté.

A la fois très mature et très juvénile, Tony n'a pas hésité à faire poireauter pendant des heures un tas de fans venus écouter son (mauvais) rap, lors d'une soirée grotesque à Houston, n'arrivant que très tardivement aux côtés de sa tendre et chère Eva. Mais, sensible aux critiques négatives qui lui sont revenues aux oreilles, il nous a tous "convoqués" dans les vestiaires, nous les scribouillards français, à quelques minutes de jouer le All-Star Game.

A suivre...

mercredi 5 août 2009

Vieux rêve et nouveau délire

Elle prenait le thé à la maison et nous discutions, tantôt tranquillement, tantôt âprement. Je pensais en moi-même que ma patience était enfin récompensée, que je n'avais pas travaillé pour rien et que j'allais pouvoir chérir à mon tour ce p'tit lieu.

"Maman, j'ai fini de dormir"

Hein? Quoi? Ah, mince, ce n'était qu'un songe. Mon fils continue inlassablement à me réveiller ainsi, je suis toujours entre deux vies, sans restaurant fixe, et rien ne bouge. La proprio du lieu en question ne m'a pas (encore?) donné de nouvelles et j'ignore si elle va finalement se résigner à me vendre son "bébé". Samedi dernier, je suis passée devant, et l'établissement était fermé, en plein après-midi, faute, j'imagine, d'employée disponible (la proprio travaille dans son second resto). Et moi, je suis là à tester des recettes, à casser des ustensiles (décidément pas costauds, ces fouets IKEA, c'est au moins le troisième qui finit à la poubelle) et à profiter simplement des vacances at home. J'aimerais savoir, si ça va marcher, ce que je vais faire de ma peau sinon, mais hélas, je suis impuissante pour le moment.

Je suis consciente que la France entière est en vacances actuellement, ou quasiment, puisque même le couple présidentiel se la coule douce en Méditerranée, et j'ai moi-même lâché mes cahiers depuis quelques jours déjà, mais je me sens comme en veille, prête à agir à la moindre alerte. C'est idiot, puisqu'au fond de moi, je suis convaincue que le temps jouera en ma faveur, comme dans mon rêve. Et que début août n'est pas une période propice à la négociation.

Alors, que faire? S'éloigner, bien sûr. Ils sont tous en vacances? Je vais partir en vacances. Des vraies, loin, doigts de pied en éventail, à ne penser à rien, sinon à remettre de la crème solaire de temps en temps et, quand même, surveiller loulou dans une immense piscine paradisiaque. Lundi soir, j'ai donc écumé tous les sites de voyages de dernière minute, des maxi-promos à... 1500 euros la semaine (mon loulou compte pour un adulte, yes).

Mouais, et si je visais plus modeste ? Le boncoin.fr, c'est certes beaucoup moins glamour que voyageprive.com, et les photos de clic-clac verdâtre avec des grosses fleurs défraîchies, ça donne moyennement envie, mais bon, c'est plus raisonnable... D'annonces en annonces, je commençais à imaginer le trip vendéen, genre les vacances familiales un peu lourdes mais tellement moins onéreuses (je parle en connaissance de cause). Petite alternative, la Loire-Atlantique, mon département d'origine. J'ai appelé pour un appart riquiqui à La Baule : réservé, depuis cinq minutes, qu'elle m'a dit la dame, désolée.

Et c'est comme ça que j'ai cliqué, quelques minutes plus tard, pour... la République Dominicaine. Je sais, ça n'a rien à voir. So what?

lundi 3 août 2009

Un ovsien, une ovsienne

Le ciel était bas et gris, ce mercredi, et le vent soufflait comme sur une falaise bretonne. Les docks m'ont semblé hostiles, un peu glauques aussi, mais j'ai pris mon courage à deux mains: il y avait un concert Salsa au programme et il ne s'agissait pas de se laisser impressionner par une météo et un univers déroutants.

En entrant à "La calle", bar nantais du Hangar à bananes, j'ai constaté avec soulagement que l'ambiance était déjà nettement réchauffée. J'ai trouvé tout de suite mes deux amies, avec qui j'avais rendez-vous, mais là, surprise, elles n'étaient pas seules. Six personnes étaient également attablées et j'ai donc trinqué avec ces inconnus. Des ovsiens.

Oui, des OVSIENS.

Du site ovs.com. Pas "Organisation pour une Vie Sexuelle", non. OVS, pour Onvasortir.com, si vous préférez. Alors, le principe est simple et génial à la fois. Dans tout un tas de villes, un site est dédié aux sorties que l'on peut s'offrir en commun, entre autres, histoire de mieux vivre sa vie solo et d'enrichir son réseau de nouvelles têtes. L'ovsien est donc très convivial, ouvert et précis: non, il ne s'agit pas d'un site à la Meetic. C'est une sorte de contrepoids à la solitude de notre société moderne et individualiste. Mais sans (forcément) l'ambiguïté sexuelle.

Ravies de leur découverte et de leur nouvelle vie, pleine d'expos, de balades, de soirées à danser et refaire le monde, mes amies n'ont pas eu vraiment à me prouver l'efficacité du système. Les ovsiens sont arrivés, ça et là, pour taper la bise, jeter une oeillade complice ou se lancer sur une piste noire de monde au son de la salsa. Il y avait beaucoup de célibataires, évidemment. Ceux qui cherchaient clairement l'aventure d'un soir, collectionnant les numéros avec la délicatesse d'un éléphant dans le rayon verres d'IKEA, les autres simplement là pour savourer ce doux moment estival - du moins, faisait-il chaud à l'intérieur...- en buvant des Mojito.

Le bar n'était pas réservé à l'asso, et le mélange des genres était semblable à n'importe quelle soirée. Mais je pouvais deviner qui était membre ovs et qui ne l'était pas, aux regards que les uns et les autres pouvaient se lancer. Et, surtout, à la conversation qui démarrait naturellement, sans les a-priori et les hésitations classiques, lorsque l'on sort et que l'on n'ose pas trop entamer la causette avec le voisin.

A vrai dire, sur le coup, j'ai trouvé l'idée absolument géniale. Je me suis souvenue que l'on m'avait déjà parlé de ce site, il y a peu, et que je l'avais de fait assimilé à un club de rencontres classique. Et que, une fois encore, les jugements à l'emporte-pièce peuvent nous priver de jolies opportunités.

Avec le recul, je continue de penser le plus grand bien du système mais une partie de moi-même reste un rien perturbée par l'idée que l'on devient audacieux parce que, soudain, on appartient à un groupe. Cela nous donne de la force, une légitimité. On ignore le voisin de pallier mais on accroche d'emblée avec les anonymes connectés sur le net. On s'invente une vie, en somme. Comme si, "en vrai", notre personnalité seule ne pouvait pas suffire pour se créer des connexions, comme si les apparences étaient tellement peu flatteuses - ou disons, pas suffisamment avenantes, un peu de nuance! - que l'on sollicitait la bienveillance des amis virtuels pour se faire accepter. C'est ainsi que l'on va aller proposer ses services pour aller déménager une copine OVS, alors que l'on décrète que l'on a piscine quand un vague pote nous sollicite...

J'écris cela et en même temps, j'ai profité d'une soirée délicieuse, deux jours plus tard, où une amie ovsienne avait rejoint mes amies-de-la-vraie-vie. Voilà une personne que je n'aurais certainement jamais connue autrement, et avec qui nous avons pu échanger, sans superficialité. Nous avions d'emblée balayé les banalités d'usage pour aborder des thèmes profonds.

Les filles ne tarissent pas d'éloges sur OVS. Toutes apprécient de pouvoir découvrir, par ce biais, "des personnes qui savent ce qu'elles veulent, pas paumées, mais ayant juste envie de briser la glace". De fait, on est loin des annonces à la Elie Semoun, avec des filles mal fagotées en quête de l'âme soeur. Alors, oui, certaines personnes avaient le charisme d'une huître, mais il y avait aussi pas mal de jolies célibataires - et de beaux mâles... Une façon de joindre l'utile à l'agréable.

Du coup, j'en ai parlé à une amie, une autre, qui m'a fait remarquer que, comme d'habitude, nous étions un peu les dernières à découvrir un "phénomène" - c'est pourquoi je vous parlais hier de la découverte d'un truc que tout le monde connaissait - car, de fait, le site a fait des émules dans l'hexagone et les ovsiens alimentent les antennes locales, prouvant, s'il en était besoin, l'envie de faire des choses ensemble, et pas juste chacun de son côté.

Est-ce encourageant? Ou un nouveau signe que nous sommes décidément seuls au monde, au point de passer une annonce pour aller se faire un ciné, tout en ignorant le voisin d'en face ?

dimanche 2 août 2009

I am a larve

Comment passer de l'hyperactive à la larve, stade comateux avancé? Je ne peux même pas l'expliquer, j'ai une faculté à procrastiner que je crains énormément - car j'ai peur qu'elle me soit fatale. Mais je ne peux pas la nier. J'aime avoir le nez au vent, regarder les gens, écouter au loin.

Comme tout le monde, en somme. Vous voyez, je suis tellement paresseuse que je ne me cherche même pas d'excuses.

Simplement, je m'interroge. Comment, donc, ai-je pu passer en une semaine d'une névrosée survoltée - aux aguets, prête à signer pour le moindre pas-de-porte à moins de dix milliards de dollars - à la glandeuse que je suis aujourd'hui, seulement animée par quelques expressions, genre, "on va à la plage", "on file au ciné", "tu prépares à manger?" Le top du top étant : "on va dormir?"

Je sais, ça s'appelle se relâcher. Faire un break. Prendre des vacances. Mais une part de moi-même reste consciente qu'au moment où tous les autres vont reprendre le chemin de l'école, moi, je vais rester sur le quai. Pas pour filer aux Seychelles mais bien pour pointer, mois après mois, auprès de mon employeur, que j'ai l'immense désavantage de partager avec trop de monde.

Pôle Emploi.

Alors, bien sûr, diverses solutions s'offrent à moi : acheter mon resto et l'ouvrir, essayer de n'empoisonner personne, histoire de ne pas alerter la DSV et surtout, de ne pas fermer au bout de deux semaines; aller jouer à la marchande; me bouger et élargir mes horizons.

Oui, mais là, un 2 août, désolée, j'y arrive pas. J'ai déjà du mal à me projeter, habituellement, mais alors là, c'est comme si j'attendais que le temps suspende son vol. Comme si je pouvais rester dans cet état de nonchalance tellement jouissif...

L'incroyable avantage d'avoir à ce point déconnecté des réalités - qui vont me revenir au visage tel un boomerang, très vite, j'en ai conscience - c'est que je savoure à plein la moindre parcelle de ce temps off. Quelques éléments m'ont aussi permis de voir la vie autrement... Exemples?

- Je fulmine. Plus de trente minutes à poireauter dans une salle d'attente tristoune, je songe sérieusement à vider les lieux... quand IL arrive. Il présente ses excuses pour son "léger retard". Je lève la tête et bégaie: "du retard? Non, pas de souci, ce n'est rien." Je bénis mon idée géniale d'être montée sur un trampoline et d'avoir appelé, au hasard, cet ostéo. C'est une bombe. La midinette en moi est de sortie, me voilà toute émoustillée et donc, toute débile. Lorsqu'il me tend ma barrette, que j'avais posée sur la table de massage et qu'il avait ramassée, je ne vois que ses yeux. Il racle sa gorge. Ah, la barrette. Je le fixe, énamourée, et lui voulait juste me la rendre. Un grand moment de solitude. Peu importe, il veut absolument me revoir. Ça tombe bien, moi aussi. Bon, lui, c'est juste pour me remettre le dos en place, mais on va pas chipoter pour si peu, si?

- Elle a l'air d'une enfant. La rondeur de ses joues, la façon qu'elle a de plisser ses yeux si candides, son sourire timide, sa coiffure un peu sage, sa joie non contenue de faire partager sa passion. Sa voix légèrement éraillée, la profondeur qu'elle dégage révèlent dans le même temps toute sa féminité, toute sa complexité. J'avais découvert Sophie Hunger par hasard, un soir chez Nagui. Une Suisse, qui m'avait ensorcelée de son "round and round" mais qui a pu me toucher en allemand - une langue qui m'est totalement étrangère et me semble un rien rebutante, je le concède. Pour la première fois de ma vie, je suis à deux mètres d'une scène, moi qui ai le chic pour me retrouver bien coincée à dix mille lieux de là, d'ordinaire, et je suis bouche bée, devant tant de naturel, de grâce, de talent. Elle me semble tellement heureuse d'être là, de prendre sa guitare, de chanter, parce que depuis gamine, sans doute, elle en a rêvé et que, aujourd'hui, on la sollicite pour s'exprimer. Je me dis que toute l'essence de la vie est là, dans cette possibilité que l'on a, un moment, d'être exactement ce que l'on a envie d'être. Ensuite, je me dis que je devrais prendre mes gouttes et que, quand même, les festivals estivaux, c'est à la fois extra et crevant- plus de mon âge, pour résumer.

- Il me regarde. Je suis surprise par l'intensité de ses yeux si bleus, si brillants, si mutins. C'est mon loulou, que je retrouve et, avec lui, le sentiment immédiat d'une félicité logique et pourtant folle. C'est long, trois semaines, sans lui.

- Il la prend dans ses bras et, au moment de la jeter à l'eau, freine son élan et la dépose à la surface. Mon papa est désormais papi et il en a conscience. En reproduisant les gestes de notre enfance, il les adapte seulement aux réalités d'aujourd'hui. Ma nièce rit aux éclats, mon fils l'imite. A regarder mon père s'amuser avec ses deux petits bouts, en leur demandant - comme il le faisait avec nous - de ne pas lui mouiller ses cheveux, alors qu'ils sont dans l'océan, et de ne pas aller trop loin, je me sens projetée une trentaine d'années en arrière. Une vraie madeleine.

- Elle est restée alerte, joue avec les nerfs des autres, manipule. Les marques du temps n'ont pas épargné son visage et le creusent chaque jour davantage. Sourde quand elle en a envie, mais réceptive dès que l'on parle d'euros, elle sait gémir pour mieux se faire entendre. Elle dit ne plus pouvoir lire que "les annonces funéraires" mais ses yeux clairs ne peuvent cacher le trouble ou la jouissance qu'elle ressent à faire tourner en bourrique son entourage. Nos relations ont souvent été délicates, mais cette fois-ci, en allant voir ma grand-mère, j'ai eu soudain envie de lui poser tout un tas de questions sur l'enfant et la femme qu'elle a été. Pourquoi cela m'est-il venu, maintenant, et pas lorsque nous pouvions encore discuter sans devoir allumer un cierge pour qu'elle entende? En tout cas, j'ai eu un élan d'affection pour elle, ce jour-là, sans pouvoir l'expliquer, mais simplement heureuse de pouvoir ressentir cela d'une femme que j'ai souvent considérée comme une tatie Danielle.

- Nous sommes dans le noir, j'ai de grosses lunettes de mouche et c'est pas plus mal, car cela me permet de cacher les quelques larmes que je n'ai pu contenir. Alors là, c'est la première fois, je crois, que je pleure devant un dessin animé. Allez voir "Là-haut" et vous comprendrez sans doute comment il est possible de s'émouvoir devant une production Pixar.

Voilà, vous aurez compris que j'ai deux de tension et un taux de niaiserie assez conséquent, actuellement. Je ne tiens même pas à me soigner, ça fait du bien aussi. Et si vous êtes gentils, je vous parlerai dès demain de ma grande découverte d'un truc que des tas de gens connaissent depuis un petit moment, semble-t-il...