dimanche 30 janvier 2011

Je vais avoir besoin de sucre...

... De farine, d'oeufs, de sel, que sais-je encore, n'importe quoi juste pour aller vérifier que ce qui est beau à l'extérieur l'est aussi à l'intérieur.

Je me vois déjà, sur le palier, toute pimpante, au naturel en somme (comprenez après un ravalement d'une bonne heure, faut bien ça). "Bonjour, 'scusez moi, vous n'auriez pas un peu de sucre, j'en ai plus..." Puis "bonsoir, scuse-moi, dis, tu n'aurais pas un tournevis cruciforme?" (varier, sinon, c'est un peu louche) jusqu'au "tu m'passes le sel, steuplait?"

Oui, je me fais des films, et alors?

Y'a pas à dire: le voisin physiquement intelligent l'est vraiment. J'avais hâte de vérifier tout ça en vrai et je bénissais mes voisines d'avoir organisé cette galette des rois.

Nous nous sommes donc réunis au bas du bâtiment, avec les voisins et IL s'est mis à côté de moi - si ça, c'est pas un signe, quand même.

Oh, mais, tu sais que t'as (aussi) un joli sourire, monsieur? lui ai-je dit...

Non, en fait, je lui ai juste dit bonjour, avec mon plus beau sourire, en priant pour qu'aucun bout de salade du midi ne se soit coincé entre mes dents (j'avais pas vérifié, boulette). L'ambiance a tout de suite été très sympa et nous sommes partis sur des histoires de crémaillère, de parking, d'ascenseur, de solidarité entre voisins, et d'accueil des nouveaux... Quand soudain, ELLE est arrivée. Non, pas sa petite copine, il est bien venu seul (ouf). Mais une voisine, potentielle rivale, toute mignonne et toute pimpante.

Heureusement, elle avait un handicap: son fils.
Tandis que j'étais libre comme l'air, moi.

La mouette 1 - la voisine du RDC 0

Et donc elle prend la conversation en cours, nous regarde tous les deux et nous demande: "ah oui, vous aussi vous venez d'arriver?"

"Ah mais on n'est pas ensemble!" qu'il lui répond.

La mouette 1- la voisine du RDC 1

Pour me rassurer, je pense "pas encore", je bois un coup de cidre et je reste digne:

"Non, nous sommes juste sur le même palier" (heureuse coïncidence, et je suis plus proche de ma proie que toi, gnark gnark. Entre filles, on est juste des garces quand même, dès qu'il y a du physiquement intelligent à se mettre sous la dent.)

La mouette 2- la voisine du RDC 1

Sur ce, l'initiatrice de ce pot nous a gavé de galette (wizz pour la diète) et de cidre et j'ai vaguement tenté d'en savoir plus sur le jeune homme, mais discrètement, hein, vous me connaissez, je suis pas genre à faire des boulettes...  Évoquant ses travaux (qui avaient un rien perturbé mon taf depuis quelques temps), j'ai trouvé que sa discrétion était formidable, quand même, et que non vraiment, le bruit ne m'avait pas dérangée. "De toute façon, rassurez-vous", qu'il a ajouté à la cantonade, "j'en ai presque fini!"

"Ah bah si vous voulez, y'a ma salle de bain à faire, n'hésitez pas!" ai-je osé.

Ouais, question drague, je suis toute pourrite, comme dirait Loulou. Pathétique. Même Jean-Claude Dus est meilleur, je crois.

En fait, ça l'a fait plutôt rire (mec qui rit, mec à moitié au lit ? Non, ça marche pas? Oh, et puis mince) et donc, vous disais-je, je pense que je vais avoir besoin de sel et de tout un tas de trucs ces prochaines semaines.

Et puis comme il est parti, parce qu'il avait sans doute piscine (je ne sais même pas son prénom, vous le croyez, ça?), je me suis rapprochée de... ma potentielle rivale. Très sympa. Très très sympa, même.

La mouette 2- La voisine du RDC 2

Et bien voilà, nous sommes quittes, toutes les deux.

De toute façon, j'ai la priorité. C'est moi qui l'avais vu en premier - on est très quiche dès qu'il y a du physiquement intelligent en jeu, y'a pas à dire.

samedi 29 janvier 2011

Le bien et le mal

J'ai un scoop, les zamis.

Je suis manichéenne.

J'ai eu cette révélation, ce matin, alors que je faisais mon yogging (Poelvoorde, sors de ce corps). Bon, je savais combien j'étais entière, ce qui m'a valu quelques, hum, déboires par le passé. Mais en fait, il suffit que je me mette en mode ascétique pour trouver que, quand même, c'est vachement bien de travailler le week-end, de suivre une diète stricte, de courir par moins douze.

Et que ce serait vachement mal de sacrifier ce temps sans Loulou à faire (un peu) de shopping et à s'envoyer deux ou trois carrés de chocolat en passant.

En gros; difficulté = bien; douceur= mal.

Ouais, j'suis détraquée et si je ne vous resitue pas le contexte, vous n'allez rien comprendre - on me dit que vous ne me comprenez plus depuis un moment. C'est normal.

Alors, petit flash-back. Il y a un an, environ, frappée par le syndrome hivernal (un peu) et par le revers retentissant de ma p'tite entreprise (beaucoup), je sombre. Je relâche l'effort. Envolées, les bonnes intentions, l'hygiène de vie bien comme il faut... En allant chercher Loulou à l'école, je me demande alors ce qu'on va bien pouvoir faire en rentrant. Un gratin, tiens, ça me réchauffera.

Bref, au sortir de l'hiver passé, le constat était accablant : j'étais déprimée ET grosse. La classe. Un sursaut plus tard, j'ai repris le contrôle et décidé que c'en était fini, cette carapace, que je n'étais pas une tortue et que je n'avais à me protéger de personne (enfin, des cons, mais y'a d'autres moyens pour ce faire). J'en avais assez, aussi, de stagner dans ma ville, et j'ai décidé de retrouver mes racines, de m'envoler vers Nantes. Cette décision m'a soulagée, boostée aussi, et je me suis sentie pousser des ailes. Petite diète aidant, je me suis aussi délesté de sept kilos au passage (3615 ma vie, on est en plein dedans!). J'ai compris à quel point tout était lié et que c'était aussi une façon de déposer mes casseroles.

Je ne dis pas que tout a été facile. Mais au final, j'avais l'impression d'avoir retrouvé une forme humaine et une énergie à toute épreuve.

Après trois mois passés dans ma nouvelle vie, je savoure la sérénité que je ressens régulièrement. Tout me semble plus facile, désormais. Sauf que j'ai relâché l'effort. Est-ce l'effet cocooning de se retrouver sur le chemin de son enfance? Près de pôpa-môman? Toujours est-il que j'ai pris trois kilos. Donc, nouveau triturage de méninges (et de gras). Je fais l'autruche, ou bien ? Je me dis que, de toute façon, on s'en fout, c'est l'hiver, on n'a qu'une vie... ou bien que c'est quand même dommage d'avoir fait ces efforts pour rien?

Pourquoi je vous parle de poids? D'une simple question d'apparence ? Parce que, comme je vous le disais, tout est lié. Je sentais chez moi un relâchement depuis quelques temps. Une flamme un peu éteinte, l'impression que cette énergie qui m'avait portée depuis quelques mois avait laissé place à une forme de résignation.

Et ça, c'est mal.

J'ai juste songé à ce qui m'avait aidée, voilà quelques mois. Reprendre le contrôle des opérations, ne pas subir mais agir, vivre sereinement et trouver un défouloir. Et me voilà donc intronisée queen of the yogging et soupe à volonté (avalée à 18h54, sous la pression d'un estomac criant grâce). Comme si j'avais besoin de me faire un peu mal pour me faire du bien, genre.

Bon, demain, je fais une petite entorse à ce nouveau règlement intérieur : y'a galette des rois. Mais c'est pour la bonne cause: je veux souhaiter la bienvenue à mon nouveau voisin. Qui est (décidément) physiquement intelligent.

Quoi, c'est mal? Si on peut plus être accueillant, hein...

mercredi 26 janvier 2011

Vis ma vie, 2

Du décousu, vous disais-je... Petit flash-back sur les jours passés, ou comment la déprime saisonnière n'a (presque) pas eu raison de moi.

Désoeuvrement et nihilisme mercredi. Mon ordi a été infecté et le scan tourne à plein. Le verdict est implacable, mon compagnon de route a besoin d'une cure de repos (et de supprimer des fichiers. Lesquels, je n'en sais rien et je ne veux même pas l'imaginer). Je prends cette phase de réparation comme un signe sachant que, de toute façon, je ne suis bonne à rien cette semaine. Ce doit être le syndrome de la déprime saisonnière, ça, je suppose. Envie de rien, sinon de soleil (et de chocolat). Je délaisse donc mon taf en cours et vais voir Loulou jouer au foot. Je suis confortée dans l'idée que c'est bien un sport de boeuf.

Angoisse et désespoir, jeudi matin, après la prise de conscience que Pôle Emploi et moi, c'était vraiment une histoire longue durée, à défaut d'être une histoire d'amour. En rentrant, j'ai failli me prendre un camion, alors que je roulais en vélo, ce qui aura eu le mérite de me sortir de mes sombres pensées. Et Loulou a eu ses premiers frissons, avant de se réveiller en pleine nuit, fiévreux et agité. Une bonne journée, en somme.

Fantasme et hypocrisie, vendredi soir. Des voisines viennent me voir pour que je me joigne à la Galette des Rois qu'elles organisent dimanche prochain. Une bonne idée en soi, bien sûr, mais je songe déjà au boulot qui m'attend et je suis un peu entre-deux. Vous comprenez, je ne suis pas sûre, blablabla... Je me laisse plus ou moins convaincre, mais je n'ai toujours pas accepté. Soudain, mon voisin physiquement intelligent arrive sur le palier, et dit aux voisines: "ah, au fait, je viens à la Galette!". Je me précipite vers mes voisines qui m'avaient vaguement délaissée. "Bon, eh bien, pas de souci pour dimanche, bien sûr, vous pouvez compter sur moi!" Ben quoi?

Culpabilité et béatitude samedi. C'est la fête, ce soir, à la maison. Sauf que Loulou ressemble à un lapin avec ses yeux tout rouges de petit garçon frappé par la conjonctivite et la grippe et le fait de le voir ainsi larmoyant et en slip dans l'appart me fait mal au coeur. Dans le même temps, je célèbre comme il se doit mon arrivée ici, avec l'impression toute symbolique que cette fois, je suis bien installée dans ma nouvelle vie.

Joie et désarroi dimanche. Pour la première fois depuis bien longtemps, je passe un week-end sans entrave, avec juste la sensation de goûter aux joies amicales et de prendre du bon temps simplement. Si seulement Loulou ne se baladait pas en lunettes noires - seule solution pour lui éviter la gêne de la lumière - et n'était pas aussi chaud qu'une baraque à frites, je serais complètement zen.

Solitude et grosse fatigue lundi. Après une nuit beaucoup trop brève et un départ très matinal vers un hémicycle désormais familier, je ne manque pas, histoire de braver le mauvais sort (?), de faire mon mini-pèlerinage à mon aire de repos fétiche (je sais, je patine là-dessus, j'ignore pourquoi cet épisode m'a à ce point traumatisée alors que, franchement, j'ai connu bien pire...), et arrive sans accroc à 9h30. Dans la salle, petit doute, tout le monde est déjà là alors que je suis censée avoir une heure d'avance. En fait, la session a été avancée et je n'ai pas été prévenue. Je devrais être blasée, à force, mais je pense au salaud qui enfonce les aiguilles dans une poupée à mon effigie. Si, si, c'est sûr...

Allez, finalement, je ne manque rien des débats, lesquels s'éternisent... En début d'après-midi, je lutte longuement pour tenter de contrer le sommeil, mes paupières s'alourdissent chaque minute et je sais que je ne dois pas craquer, je suis devant le Président et juste en face de toute l'assemblée. Ce serait un peu la honte. Je vais boire un peu d'eau pour me réveiller... Je n'ai même pas la force de prendre la bouteille, ma main lâche lamentablement et la bouteille glisse à terre. Je reviens à mon clavier, genre, il ne s'est rien passé.

C'est la honte.

La session s'achève à 21 heures... Fourbue mais bien contente de pouvoir rentrer à la maison, j'arrive au parking couvert. Fermé après 20 heures 30. Mais fermé, genre avec les grosses portes blindées. Ma veine habituelle, en somme.

Finalement, un gardien de permanence m'a évité une nuit d'hôtel et j'ai pu rentrer en me disant que, quand même, j'avais tendance à noircir le tableau. Que tout allait bien, globalement. Que je m'imaginais toujours en premier rôle sur viedemerde.com alors que ça se trouve, mes petites merdouilles à trois balles ne seraient même pas validées par le site (là, ce serait le comble du comble, la loose totale).

Après tout, Loulou a lâché ses lunettes noires. Et dimanche, je vais quand même manger la Galette des Rois avec mon voisin physiquement intelligent. Franchement, de quoi je me plains, hein?

mardi 25 janvier 2011

Vis ma vie

Ouh la la, par quoi commencer? Je crois que ça va être un billet en vrac et je suis intimement persuadée que j'aurais dû noter au fur et à mesure les aléas et joies de mon quotidien, parce que là, je sens que je vais en oublier la moitié. Bref.

Bon, je vous écris alors que Loulou est à côté, à jouer (littéralement) au petit morveux, je sens qu'on va manger des huîtres ce midi. Raaah, je sais, ce n'est pas ragoûtant mais que voulez-vous, la grippe est passée par là et Loulou en a fait les frais. Donc, non, quand il se balade avec un slip (à l'envers, histoire de faire string) dans l'appart, il n'est pas exhibitionniste, il a juste 40 de fièvre et pourrait me réchauffer le thé froid qui attend que je daigne porter mes lèvres vers lui, entre quinze tâches.

A vrai dire, après l'accalmie des deux dernières semaines, c'est reparti, au niveau des missions. Mais ce "trou" m'a vraiment plongé dans des doutes que je pensais avoir ensevelis. Pile au moment où je m'auto-proclame ex-chômeuse, Pôle Emploi m'informe que cette fois, ça y est, je suis vraiment en fin de droits et que je dois demander l'ASS. L'allocation solidarité, ouais. Ça fait mal. Au téléphone, la dame du 3949, que je n'appelais pas du tout pour ça, à la base, m'a conseillé de la prendre, "parce que, vu votre situation... Et pis, vous êtes pas près d'ouvrir de nouveaux droits!" qu'elle a osé.

Une vision d'un pont et d'une couverture plus tard, j'étais en train d'écrire des lettres de motivation. Que je n'ai pas envoyées, évidemment.

Trop facile.

Non, parce que, comme je le disais récemment, mon nouveau statut de télé-travailleuse overdeborded m'allait bien, que le défi Poney me convenait parfaitement et que trouver un taf "normal", avec des horaires, des RTT et des chèques-restau ne faisait pas (plus?) partie de mes plans. Et là, paf, la dame, elle m'annonce que j'ai intérêt à urger. Dans ma tête, je ne vous explique même pas le chahut que ça a fait, "mais tu es totalement irresponsable, ma fille", "don't panic, tout va bien, ton loyer est payé", "ouais, mais quand même, ça te coûte quoi de te bouger les fesses?" "Allez, la liberté a un prix et tu es prête à le payer..."

Ouais, ce genre de choses.

Comme j'avais du monde à la maison ce week-end, je suis allée noyer mes angoisses dans la confection de quelques mets, ce qui m'a fortement détendue... et m'a replongée dans ce bonheur simple de touiller, inventer, se brûler, se tailler un doigt... Et du coup ravivé une sorte de plaie, sur cette possibilité qui existait de nourrir les autres, voilà longtemps.

Pas de regrets, pas de remords, forza, on regarde devant et on avance.

Oui mais...

Non, on avance!

Vous voyez, avec ce dialogue intérieur très, très fatigant, je n'avais pas spécialement envie de vous faire partager ces états d'âme stériles. J'ai repris la main, savouré simplement l'idée de cuisiner pour des amis... et puis Loulou a eu la grippe, donc.

Demain, je vous ferai encore du vrac, du décousu, un condensé de mon quotidien, en somme;)

samedi 22 janvier 2011

En passant

Difficile d'expliquer rapidement pourquoi je déserte ce blog, là où j'étais capable de squatter la case de l'oncle Ronald au péril de mon odeur corporelle il y a peu, rien que pour l'actualiser à tout prix... Mais des tas de choses se sont greffées cette semaine et voilà, je me suis laissée déborder. Alors, je reviens, bien sûr, vous raconter tout ça (ou pas, d'ailleurs, selon le degré de pertinence après une semaine à mariner tout ça)... dès que j'ai un moment.

Pff, je vous jure, on n'a pas des vies faciles.

vendredi 14 janvier 2011

En manque

J'ai un aveu à vous faire: je crois que je suis en manque.

Plus rien à me mettre sous la dent.

Mercredi soir, j'ai envoyé (tard) le rendu de ma deuxième mission consécutive. Le lendemain matin, je lisais ceci dans ma boîte mail: "Cela devient Les Temps Modernes ! Du taylorisme ! Merci beaucoup pour votre travail. Reposez-vous un peu".

Et mon interlocuteur de conclure: "Bonne journée".

"Bonne journée?"... "Reposez-vous?" Hein? J'ai le droit? J'suis plus habituée, moi, j'ai besoin d'enchaîner, de foutre mes soirées en l'air sur des retranscriptions, de me saboter mes sorties, je...

En fait, c'est ça, je prends un malin plaisir, quoiqu'inconscient, à pourrir ma propre vie. Et quand je vois un entrefilet d'air bleu, paf, j'en redemande, parce que quoi? Je n'ai pas assez galéré, c'est ça? Je n'ai pourtant pas été élevée par les soeurs, je ne dois m'infliger aucune pénitence. Comprends pas.

Enfin si. Dès lors que j'ai eu cette sorte de "sésame", hier matin, j'ai senti le désoeuvrement me guetter. J'ai besoin de cette activité permanente pour éviter les angoisses, les noyer dans le chaos, les assommer à coups de tâches qui forcent ma concentration et m'évitent ainsi de cogiter.

Oh, je ne me suis pas ennuyée, j'avais dix mille tâches à accomplir et enfin un peu de temps pour Poney. Mais le fait d'avoir quelques heures, quelques jours de répit me laissent dans une sorte d'état second, consciente que ce n'est pas le moment de lâcher l'effort mais balançant insidieusement de l'autre côté du rivage... nommé procrastination. Je l'ai tellement pratiqué celui-là, avec ce sentiment instantané de juste profiter du temps présent. Et celui, plus amer, survenu plus tard, alors même que j'en étais à l'heure des bilans, d'avoir un peu brûlé la vie par les deux bouts dans une forme d'immaturité qui me sidère moi-même aujourd'hui.

Pas de regret, pas de remord, je devais en passer par là, je crois, pour prendre conscience des désirs qui m'animent aujourd'hui. Parce que quitte à "me reposer", ou PIRE, à ne rien faire, j'ai choisi de faire un tri dans des courriers, des documents, des petits textes, de gros pavés pondus en vrac... Allez faire le constat, vous-même, reprenez vos échanges sur le oueb depuis une année précise et remontez le fil. L'expérience est pleine d'enseignements. Parce que, avec le recul, avec un regard dépassionné sur les événements - parce que finalement pas si importants, parce que oubliés, parce que lointains, parce que dépassés - c'est comme si on mettait un peu d'objectivité sur ces pans de vie pourtant si marquants alors. Comme si tout ceci ne nous appartenait plus vraiment. Comme si on était devenu autre.

Toutes ces traces de l'espoir, de l'exaltation, de la naïveté, de l'enthousiasme... Tous ces signes de chute sans fin, de déprime, de dépression latente et de retour à la vie... Sans chercher à assembler le fouillis de cette vie, j'ai vu dans ces repères que l'on laisse, chacun dans notre quotidien, le signe que des choses avaient changé, que les priorités n'étaient plus les mêmes et que j'avais l'impression d'avoir laissé la petite fille au bord de la route pour reprendre, enfin, les rênes. Pas de quoi garantir une voie tracée et sans heurts, bien sûr, mais au moins l'assurance de reprendre un semblant de contrôle que j'avais perdu.

Serait-ça, devenir adulte?

Je crois que je vais aller prendre de la drogue, je deviens trop normale.

mercredi 12 janvier 2011

L'éducation sexuelle

Lové contre moi, dans la chaleur de la couette, Loulou écoutait ce soir les réponses à des tas de questions que les enfants - mais pas que - peuvent se poser. Le bouquin s'appelle tout simplement " Le grand livre des questions qui questionnent" et ma foi, c'est assez passionnant. Un moment, je prends une page au hasard et je lis: "quand commence la vie?"

Aïe. Je réalise qu'il ne m'avait encore jamais fait le coup de la bouteille de lait. Et qu'il m'a jusqu'à présent épargné l'arnaque du chou-fleur et de la rose. Bon, quand faut y aller...

"Je sais, je sais" hurle soudain Loulou, se dressant aussitôt sur le lit. Sur ce, il baisse son pantalon de pyjama et me dit: "Bon, je vais être obligé de te montrer mon zizi, hein."

"Alors, poursuit-il avant que j'ai le temps de protester, et surtout comme si je n'étais pas au courant du commentkonfaitlesbébés, en fait, y'a une graine dans le zizi, enfin non, enfin, tu vois, ça, c'est mes deux graines, une, une là, une là."

"Non, mon chéri, ça, ce sont tes testicules. Mais tu as raison, elles sont là les graines."

Sans se démonter, il m'explique, joignant le geste à la parole dans une sorte de danse tribale assez hallucinante que le zizi du papa va dans le zizi de la maman, hop hop hop, dépose la graine qui devient un oeuf qui devient un bébé... Tout satisfait, mais néanmoins un rien intimidé, il me regarde en s'interrompant quelques secondes, le temps de cacher son visage empourpré sous la couette avant de remonter à la surface et de conclure triomphalement:

"Et le bébé sort par les pieds!"

"Les pieds?"

"Ben oui, les pieds de la maman, enfin je crois..."

...

Demain, je lui lirai la page sur "Comment résister à un éclair au chocolat?". Je crois que j'aurai plus de répondant.

lundi 10 janvier 2011

Mini-révolution

J'ai craqué. Le changement est ridiculement modeste et pourtant, il signifie beaucoup pour moi. Après près de deux ans de vie, ce blog change un poil son intitulé. La chômeuse volontaire (en temps de crise), qui l'était de moins en moins (et chômeuse, et volontaire) est devenue "ex-chômeuse volontaire (mais toujours en temps de crise, j'ai pas bouffé un clown non plus, hein).

Objectivement, ça ne change pas grand-chose. Sauf que je commençais à me perdre dans cette étiquette un rien schizophrène de la nana qui jouerait au parasite... tout en bossant finalement à côté. Lorsque j'avais lancé l'idée, au début de mon "inactivité", d'écrire des chroniques de chômeuse volontaire, une amie bien avisée m'avait prévenue très justement du terrain glissant vers lequel je m'orientais. Ce chouïa de provocation, je l'ai payé cher, derrière, parfois. Et là, à la faveur des voeux de nouvelle année reçus ces derniers jours, je m'aperçois que j'ai créé toute seule une sorte de quiproquo.

Tout le monde me souhaite de trouver du travail. C'est gentil, bien sûr, je dis pas. Mais j'en ai jusqu'au cou, du travail! Je n'arrête pas, ou peu, et suis bien étonnée de pouvoir m'octroyer, parfois, un bout de dimanche avec quelques membres de ma famille, ou une micro-balade à la bibliothèque avec Loulou.

Eh oui, mais n'ayant pas dégoté un "vrai" travail, entendez avec de vrais horaires, des RTT, un badge et les tickets-restaurant, je reste un peu chômeuse dans l'âme, j'imagine. Sauf que dans le boulot d'avant, je n'avais pas plus ce kit du parfait salarié. Non, je prends simplement tout ce qui vient et il se trouve qu'il s'agit d'écrire, d'écrire, encore écrire, que ce soit sur de l'institutionnel ou du personnel. C'est devenu de l'aléatoire de plus en plus fréquent et si l'intérêt financier reste discutable, je prends ça comme une étape, du transitoire, une façon de remettre le pied dans la vie active et d'éloigner les angoisses générées par la précarité galopante qui était à deux doigts de m'avaler toute crue.

Comme sur un fil, je cherche l'équilibre en sachant que le filet de sécurité est très fin. Il me reste très peu de jours indemnisables, comme ils disent chez Pôle Emploi et je ne dois pas relâcher l'effort, sans quoi le spectre de l'ASS va ressurgir. Mais mes pensées sont moins polluées par cette recherche constante de travail, comme si, finalement, mon ambition était partie se promener sur un autre terrain. Comme si, finalement, après avoir sorti les coudes pour me dégager un chemin de traverse professionnel, je cherchais à m'ouvrir de nouveaux horizons, plus personnels cette fois.

La course en solitaire, c'est génial. Rien de mieux pour se sortir les tripes. Mais vous savez quoi? J'ai envie de souffler. Je n'ai plus envie de tout porter constamment sur mes épaules. J'ai envie de guimauve, de plaisir, de joie partagée, d'amour (ça y est, c'est dit. Ouf).

J'ai envie de vivre.

Et lorsqu'on me rappelle sans cesse que ma priorité, c'est de trouver un travail, je ne peux m'empêcher de penser que ces douces aspirations ne sont que lointaines chimères. Alors que moi, j'ai juste envie qu'on me laisse rêver, un peu.

Est-ce vraiment trop demander?

samedi 8 janvier 2011

Le travail, c'est la santé

Lundi matin, pleine d'entrain, j'étais bien résolue à aller nager un peu, près de chez moi, dans cette piscine à laquelle je me suis abonnée en arrivant à Nantes.

Dans ce cas, je mets mon maillot de bain sous ma tenue, avant d'aller à l'école, le sac est prêt dans le couloir et je consulte vite fait mes mails, je fais un bref point du taf qui m'attend et...

Eh bien, deux heures plus tard, je suis encore devant mon ordi et le travail a eu raison de mes belles intentions.

C'est ce qui s'est passé lundi dernier, donc (bon, en plus, j'étais moyennement convaincue des vertus médicales du chlore sur ma bronchite persistante).

Bah, tant pis, à défaut de muscler mes cuisses, musclons les neurones (on se console comme on peut, pas vrai).

Vendredi matin, mon père m'appelle, affolé. "Dis, t'es allée à la piscine récemment?"

Mince, je suis démasquée. Il va comprendre que sa fille soi-disant (un peu) sportive n'est qu'une vieille loque sans volonté. Je ne vais pas mentir, hein, je suis une grande maintenant. Je dis donc que non, trop de boulot, tout ça... Il interrompt mes justifications débiles (mais pourquoi, à 36 ans, se sent-on encore obligé de se justifier? Pathétique, pff) par un soulagement sans nom:

Il vient d'entendre sur itélé qu'un type était décédé de la légionellose dans cette piscine nantaise qui se trouve être la plus proche de chez moi, que la piscine est fermée jusqu'à nouvel ordre et que tous ceux qui y sont allés, notamment ce lundi, doivent consulter s'ils souffrent de symptômes grippaux. Et comme la veille au soir, lorsque je l'ai vu, j'avais encore deux de tension et une toux gênante (mais pas que pour les autres, special tribute aux cons), mon père a dû penser qu'avec ma veine, je n'allais pas y couper.

En tout cas, j'ai eu une pensée émue pour cette retranscription qui m'avait bloquée toute la journée chez moi. Oui, oui, je vous le dis, le travail, c'est la santé... Tiens, je vais pouvoir raconter ça à mon Loulou, de retour de son week-end demain, lui qui dit que ça sert à rien de bosser et que l'école, c'est "du caca de chien".

Y'a du boulot, aussi, de ce côté;)

vendredi 7 janvier 2011

Le poids du silence

Ce soir, j'ai vu la connerie personnifiée. Si, si, je vous jure. Dans le train.

J'étais tranquillement en train de réécouter Poney dans mon petit écouteur, en retranscrivant ses propos sur mon ordi. Un moment, je sens un regard. Bah, ça doit être dans ma tête.

Je continue, je tape, et puis je tousse aussi, je sais, ça n'a rien à voir, mais les deux ont un point commun, visiblement: ça fait du bruit. Pas facile de retenir sa quinte de toux de grabataire mais que voulez-vous, j'ai pas encore trouvé le remède magique. Bref. Je tape, je sens de nouveau le regard. Le monsieur devant moi, mais de l'autre côté de "l'allée" (ah ah) me toise du regard.

Je me suis déjà fait fusiller du regard dans la journée, à l'aller et sur le quai, par deux demoiselles qui visiblement craignaient que je leur colle mon virus en intraveineuse, j'imagine. Mais là, je suis un peu sciée, je me retourne vers ma voisine avec qui j'avais échangé quelques mots au départ de la gare. Elle me confirme que je ne suis pas folle: je gêne le monsieur parce... que je tape à l'ordinateur.

Waouh. On ne me l'avait jamais faite, celle-là. Du coup, avec ma voisine, décidément très sympa, on prend le parti d'en rire et de disserter sur la tolérance, de glisser sur la convivialité affichée de certains lorsqu'ils sont sur des réseaux sociaux par exemple, mais qui se comportent en vrais sauvages dans la vraie vie.

Je tousse.

Ouh la la, je suis en train de le provoquer, là, visiblement, le vilain-vieil-aigri-pas-cool. Ma voisine me le confirme de nouveau. "Depuis que nous parlons, il n'arrête pas de se tourner. M'en fiche, je descends à Angers, me dit-elle, il pourra plus rien me dire!" se marre-t-elle. Ça n'a l'air de rien mais j'ai du mal à m'en remettre, que l'on puisse me reprocher de tousser ou de taper sur un clavier.

Excuse-moi de vivre, Monsieur...

Tiens, comme je suis partageuse, je lui enverrais bien mes microbes, sur la fin du trajet... Mais lui descend aussi à Angers, après un ultime regard réprobateur. A son passage, je ne peux me retenir:

"La prochaine fois, Monsieur, vous prendrez votre voiture" (j'ai pas osé lui parler de jet privé, je voudrais pas qu'il se sente minable. C'est pas Sarko non plus, je veux dire).

"Rangez vos affaires de l'allée", m'ordonne-t-il en donnant un coup dans mon sac qui dépassait de 3 millimètres.

Là, je ne rigole plus, je suis furax.

"Jamais je n'ai vu une personne aussi intolérante" (j'en reviens pas d'être restée polie, en vrai!)

"Mais je n'ai rien dit", ose-t-il, avec aplomb et dédain.

"Non, mais parfois, le silence est plus éloquent que tous les mots."

Je l'ai mouché, le gars. Un comble quand on a la crève comme moi, pas vrai?;)

mercredi 5 janvier 2011

Un pingouin sans peur et sans poumons

Vous dire que je me suis réveillée sereine serait légèrement mentir. Je partais ce matin vers un hémicycle et en endossant mon costume de pingouin (enfin, je commence à me lâcher, j'ose le pull sur la chemise et les pompes pas cirées, c'est mââââl), je songeais que j'allais devoir vaincre ma peur. Oui, je reprenais la même route qui m'avait valu quelques déboires et Joël Collado amplifiait mes craintes, parlant de "brouillards verglaçants". Je connaissais les pluies verglaçantes, mais les brouillards?

L'est chiant, lui, à nous angoisser en permanence avec son accent chantant.

Bah, il était 6 heures du mat', le jour finirait bien par se lever et les connections se faire dans mon cerveau embrumé, pas vrai...

L'idée, c'était de vaincre la peur, mais doucement. Genre, passer devant l'aire de repos fatale et lui tirer la langue, un truc aussi puéril que ça. Ma vessie de souris en ayant décidé autrement (demain, j'arrête le thé), j'ai bien dû me rendre à l'évidence, je devais marquer mon territoire là. Pile à cette aire. Les autres étaient TOUTES fermées, je vous dis pas le stress.

Eh bien, vous savez quoi? Hormis le type à la tronche de satyre qui m'a fait arracher un cri de stupeur sous la cabane-toute-pas-belle, j'ai même pas eu peur.

Et à l'heure où je vous écris, les débats sont déjà finis, je suis toujours en tenue de pingouin dans ma chambre -décatie- d'hôtel (j'allais pas non plus trouver un bon hôtel, hein, c'est pas les Bisounours ici. Ne pas se précipiter, étape par étape, le programme de réinsertion s'il vous plaît). Et me voilà même avec un peu de temps pour toi, un truc dont je n'osais plus rêver depuis quelques temps.

Mon dieu, mon dieu, que faire de tout ce temps? Dormir? Travailler? Sortir?

En fait, je crois que je vais aller déposer mes poumons à la réception (j'ai quasiment eu la ola- euh pardon, le holà- du monsieur quand il m'a entendue tousser) et puis marcher un peu, nez au vent, profiter de ce break inespéré pour juste respirer.

Allez, deux heures à rien faire, moi je dis, ça c'est de la résolution de première!

dimanche 2 janvier 2011

Gueule de bois ou bois de chauffe ?


Il trône dans mon salon depuis un petit moment. Je n'ai pas encore osé le remplir, peut-être parce que mes états d'âme passent directement ici. Mais j'aime cette idée de la page blanche qui va se remplir; comme ce renouveau, symbole de la nouvelle année, où rien n'est censé changer au simple passage d'une année à l'autre mais où tous les espoirs sont permis.
Comme s'il suffisait que les douze coups sonnent pour balayer tous les doutes, toutes les galères. Rien de magique là-dedans, mais il est (encore) permis de rêver, pas vrai?
Alors, je vous souhaite une excellente année, j'espère la passer en votre compagnie... J'ai hâte de voir de quoi seront faits nos lendemains!