dimanche 28 mai 2023

Survivre à une séquestration ferroviaire - Check

 Samedi 27 mai. 18h20. Avec mon amie Flo, nous montons dans le TER à la gare du Croisic, pour rentrer à Nantes, après une belle journée de plage. Avec nos cheveux secs et balayés par le vent, nous sommes toutes rouges, cramées par le soleil malgré l'écran 50, un peu poisseuses du combo sel-sable-crème solaire, mais heureuses.

Flo et moi, on savoure notre chance. On prend le train parce que ni l'une ni l'autre ne peut conduire. Pourquoi on s'empêcherait d'aller à la mer, le temps d'une journée?

18h24. Je finis ma glace, prise à la volée sur le port croisicais, en me délectant des saveurs parfumées sur mon palais. Je regarde Flo, elle est aussi exténuée que moi. Croyez-le ou non, mais ce genre de journées, aussi chouettes et ensoleillées soient-elles, constituent un marathon pour des filles comme nous, l'une avec une Abricotine dans la caboche, l'autre revenant de loin avec un cancer ORL.

18h25. On le sait. On connaît nos limites. Mais hey! Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Flo, on ne pouvait pas ne rien faire. Et ce d'autant que je ressentais une certaine culpabilité depuis ce jour de mai 2022 où Flo m'avait appelée pour m'informer que j'avais probablement le COVID, et que j'avais eu la gentillesse de lui partager, ruinant du même coup l'anniversaire qu'elle voulait organiser. Je me souviens de mon incrédulité, de l'autotest passé aussitôt, de ma mine déconfite et du fou-rire qui avait suivi au téléphone, lorsque j'ai dû reconnaître que ma belle angine était en fait ce virus encore si redouté à l'époque.

18h28. Je vais me rincer les mains aux toilettes du train. Je suis rouge tomate, un vrai bonheur, mais je me sens bien, au fond.

18h34. Le train démarre, on doit arriver à Nantes à 19h44, ça reste raisonnable pour ce genre d'escapade. A 20h30, je serai chez moi.

18h42. Je pense que l'on ne va pas tarder à rejoindre Morphée. Il n'y a pas grand-monde dans le train, l'ambiance se prête bien à une petite sieste réparatrice.

18h49. Arrêt à la Baule Escoublac. Là, c'est le déferlement. Un troupeau de jeunes, 16 à 18 ans à tout casser, grimpent dans le train et investissent tous les couloirs. Ils sont clairement seuls au monde, parlent fort, passent sans se soucier de quoi que ce soit. Pour la sieste, c'est raté. Je fais remarquer à Flo, en riant, que les odeurs hormonales sont à leur apogée, et je pars en apnée quelques secondes. C'est ça ou le malaise.

18h50. Je suis devenue une vraie vieille conne, à ne pas supporter les jeunes.

18h52. Le train est reparti et là, commence la valse des allers-retours du troupeau. Imaginez une trentaine de jeunes, principalement des garçons, allant et venant dans les couloirs, parlant, criant, éructant. On pourrait les imaginer aveugles tant ils n'ont absolument aucune notion de l'Autre, mais ce serait faire injure aux personnes malvoyantes, je suppose, qui doivent avoir plus de considération pour les humains qui les entourent.

18h55. On arrive à Pornichet. On entend des éclats de voix, on suppose qu'ils descendent là. Bon débarras.

18h56. On en voit repasser, toujours sans aucune attention pour ce qui pourrait se passer autour d'eux.

18h57. Je continue mon refrain de vieille conne, "tous ces jeunes", "plus de respect", "pas d'éducation"... Une vraie réac. Flo approuve, elle aussi gênée par ces attitudes complètement lunaires. 

19h02. Je suis perdue. Pourquoi passent-ils leur temps à bouger ainsi? Ah, la peur du contrôle? En même temps, quand tu arrives à 30 dans un wagon, au niveau de la discrétion, c'est pas fou-fou, non?

19h03.  C'est bien ça. Ils fuient le contrôleur. 

19h05. On arrive à St-Nazaire. Je suppose que certains vont finir par descendre, parce que là, on va rouler sans plus d'arrêt avant un quart d'heure et le train n'est pas extensible ni truffé de cachettes.

19h08. Fausse joie. Ils sont toujours là... Trois d'entre eux s'enferment dans les toilettes. Ca sent la beuh en deux secondes.

19h22. Arrivée à Savenay. Le chef de bord nous informe qu'en raison d'une intervention des forces de l'ordre, le TER est arrêté jusqu'à nouvel ordre.

19h36. Il fait chaud mais le groupe de jeunes femmes devant nous maintient la porte ouverte, régulièrement.

19h42. J'écoute leur conversation d'une oreille distraite. Elles se lancent dans des petits jeux, auxquels on participe plus ou moins, avec Flo, depuis notre siège, sans entrain particulier mais pour tuer le temps.

19h58. Euh, ça commence à faire long, là, non?

20h15. Ca court et crie dans tous les sens. Certains des petits merdeux (oui, on les appelle comme ça, avec Flo) escaladent le grillage et s'enfuient, quittant la gare.

20h16. On apprend que les petits merdeux ne voulaient pas payer leur amende. Tout simplement. On ne bouge plus dans ce train depuis une heure, parce que des gamins de 16 ans décrètent resquiller sans conséquence. On adore.

20h21. Fermeture des portes. On imagine naïvement repartir mais non, en fait, la SNCF a resserré l'étau. Neuf gendarmes sont arrivés en renfort et plus personne n'est autorisé à sortir du train. Le chef de bord s'adresse à nous: "Nous allons effectuer le contrôle de billets de TOUS les passagers et toux ceux qui ne seront pas en règle seront VIRES du train". Y'a comme un petit échauffement, là.

20h24. Portes fermées, oui, mais fenêtres, aussi. Dehors, la journée a été chaude et il doit faire encore 25°.On commence à étouffer. La clim est éteinte, l'air se faire rare, Flo se demande si on ne va pas créer un nouveau cluster covid. J'avais même oublié ce terme de cluster!

20h26. Les jeunes femmes tentent d'attendrir les gendarmes en place, bien campés sur leurs jambes solides, bras croisés et biscottos ressortis. L'une d'elle évoque le manque d'aération et le problème sanitaire qu'une telle situation engendre. Sa copine écrit un message sur son portable, qu'elle leur adresse: "Quand pourrons-nous sortir, SVP?" Pas un regard pour elle. Nous ne sommes visiblement que du bétail.

20h28. J'essaie de tromper mon ennui en regardant les gendarmes sur le quai. L'un deux est physiquement intelligent, mais désespérément indifférent. C'est pas ce soir que je vais choper!

20h30. Flo a eu une alarme sur son téléphone. Elle lui indique qu'il est temps de prendre son traitement. Elle est épileptique.

20h31. Flo est épileptique. Elle doit prendre son Keppra. Flo n'a pas son Keppra sur elle. Flo est enfermée dans un train où il fait chaud, où la tension monte progressivement, fatiguée de sa journée et de la situation.

20h32. Le stress favorise les crises d'épilepsie.

20h33. Je commence à sentir de grosses gouttes perler sur mon front déjà chaud.

20h34. C'est là que mon amie madame la claustrophobie trouve pertinent de faire son apparition. Je réfléchis le plus posément possible à la situation. Sans exagérer, nous sommes désormais séquestrés. Malgré nos supplications, les gendarmes refusent que nous ouvrions une porte.

20h35. Je respire. J'inspire, je souffle. Non, je ne laisserai pas la peur m'envahir. Non, Flo ne va pas faire une crise d'épilepsie. Tout va bien.

20h36. Je prends mes écouteurs pour m'offrir une petite séance de méditation. Petit Bambou me propose : "Savourer les moments agréables malgré les difficultés."

20h37. Toujours garder un peu de dérision, toujours.

20h43. La voix de Christophe André, pourtant apaisante, n'a pas de prise sur mon mental agité, que j'essaie désespérément de calmer. Les voisines parlent fort, s'esclaffent, le téléphone de Flo sonne, des passagers commencent à faire les cent pas dans les couloirs. Je renonce. La méditation, ce sera ce soir, si par miracle, on sortait de ce wagon.

20h44. J'ai toujours été très optimiste.

20h58. Flo me rappelle que j'ai une carte à gratter, dans mon sac, qu'elle m'avait offert cette semaine et que je n'ai pas pris le temps de découvrir. "Perdue pour perdue, ça vaut le coup de tenter ta chance, non?" m'encourage-t-elle. Genre, malheureuse en transport, heureuse en jeux?

21h. Quand on a le seum, c'est jusqu'au bout. Echec total, zéro gain sur la carte à gratter et envie de pleurer. Je regarde Flo, elle reste stoïque. A vrai dire, je ne lui demande pas grand-chose d'autre. Qu'elle ne convulse pas, surtout, même si ça pourrait offrir une porte de sortie et ramener des pompiers physiquement intelligents.

21h02. Soyons honnêtes, on n'a pas eu du premier choix, avec nos cow-boys sur le quai qui se contentent de regarder dans le vide en attendant que LE contrôleur unique du train vérifie tous les titres de transport. Si encore on avait un truc à se mettre sous la dent.

21h04. Le physiquement intelligent de service fait les cent pas, avec son air déterminé et son regard d'aigle. Il me fait penser au héros de Supercopter, dont j'étais raide dingue, jeune ado prépubère. Sur un malentendu, ça pourrait, mais enfin, on a bien compris que c'était pas le thème de la soirée.

21h08. On a sympathisé avec nos jeunes voisines. Je leur annonce que c'est l'anniversaire de Flo, les voilà parties à entonner un bruyant chant pour célébrer l'événement, sous l'oeil mi-figue, mi-raisin de mon amie, qui ne sait plus où se mettre. Elle souffle sur la fleur qu'une des filles lui a présenté spontanément en guise de bougie, on applaudit, ça devient du grand n'importe quoi, c'est drôle. Elles me demandent ensuite si je peux les prendre en photo, pour immortaliser ce drôle de moment. Elles commencent à réaliser que le restau, pour ce soir, ça va être compliqué. Dans un nouvel élan d'optimisme, on leur en conseille quand même quelques-uns, en leur demandant de faire attention, parce que Nantes, le soir, ça craint. On leur parle auto-défense, mais visiblement, elles ne nous ont pas attendues pour savoir comment neutraliser un agresseur. Rassurant.

21h10. Je leur parle à mon tour de ma technique - que j'espère - imparable si je me retrouve face à un méchant. Face à lui, je le traite de "Tête de cul". L'homme est ainsi désarçonné, et toi tu as le temps de filer. Ne me demandez pas d'où vient cette tactique (sincèrement, elle est venue de nulle part, il y a peu), mais elle provoque de l'hilarité - et dans le wagon, nous avons toutes les larmes aux yeux de rire.

21h12. L'une des jeunes femmes nous avoue qu'elle a toujours rêvé d'utiliser les marteaux de secours présents dans les wagons pour fracasser une vitre. L'idée même me réjouit, même si j'avoue que je n'hésiterais pas à casser de la tête de petits merdeux, à l'instant présent, quitte à satisfaire mes envies primaires. C'est quand même à cause de ces jeunes inconséquents que nous sommes tous coincés depuis près de 2 heures dans le train.

21h14. Flo suggère que le contrôleur, en plus des amendes qu'ils ne veulent pas payer, leur distribuent des préservatifs. Mon Dieu faites qu'aucun de ces jeunes ne se reproduise, never.

21h20. Le contrôleur, justement, arrive à notre hauteur, escorté par des gendarmes. Les joues rougies, le front suintant, il est littéralement en nage et au bout de sa vie. Je crains le fameux "accident à la personne" de la SNCF pour lui, qui semble prêt à se jeter sous le train, rongé par le burn-out. On n'est pas à l'abri d'un nouvel arrêt sur la voie, une fois cette drôle d'expédition réglée.

21h21. Il est donc seul à contrôler chaque passager. Prises d'empathie, nous essayons de l'encourager. Il scanne notre billet, tremblant, nous remerciant du bout de ses lèvres asséchées.

21h29. On croit entendre le train redémarrer. Je regarde nos jeunes voisines et je m'emballe. "Hey, on paie le champagne si ça part maintenant!" Flo me ramène à la raison: "Ce serait dommage de payer le champagne aux autres et de ne même pas pouvoir en profiter!" Les jeunes femmes nous demandent pourquoi on ne pourrait pas boire. "Tumeur au cerveau pour l'une, crises d''épilepsie post cancer ORL pour l'autre, c'est mort!"

21h30. Je ne voulais pas jeter un froid, hein! L'excitation est telle que ces paroles partent dans le tourbillon de nos échanges exaltés. L'une des jeunes se lève et nous propose une photo souvenir, avec son Polaroïd. On accepte volontiers. Et finalement, c'est cette image que je veux garder.



Sourire, même dans l'épreuve. Garder la foi, ne jamais perdre l'espérance car le soleil revient toujours.

Et le soleil, on l'a vu, rond et puissant, alors que le train redémarrait, après plus de deux heures d'un arrêt ubuesque, où la connerie humaine se rappelle à notre souvenir, hélas, mais sans jamais, je l'espère, la capacité d'éroder mon amour des fous-rires, des rencontres et de la vie, tout simplement.

mardi 2 mai 2023

La descente

Voir le beau partout,
envers et contre tout

Une chiffe molle. Si je réfléchis deux secondes, je me fais l'effet d'une chiffe molle. J'ai l'impression de vivre la descente, après un trip particulièrement fort. Après l'euphorie, la désillusion et la cruelle réalité : il faut vivre, supporter les émotions que l'on avait chassées et, plus ambitieux encore, les surmonter.

Il y a six mois, on m’annonçait une tumeur au cerveau que j’assimilais rapidement, aussi étrange que cela puisse paraître au premier abord, à un cadeau du ciel. Passé le choc, cette agrégation de cellules dans ma caboche me libérait de mes contraintes, m’obligeait à repenser ma perspective, le monde, mon rythme. Un véritable reset salvateur avant de griller définitivement mon corps, fourbu par les efforts répétés et cet acharnement que je déployais à l'ignorer.

Mon cerveau passait sous les rayons et mon esprit avec, m’offrant une réalité nouvelle, une vie plus posée, différente… ennuyeuse, aurait pensé mon ancien moi, mais pourtant si riche. Tout devenait plus beau, plus intense, plus serein.

J’avais mis au placard mes certitudes sur cette notion absolue de faire, nuancé mes envies et décidé de placer, enfin, mon vrai désir : celui d’être. Au delà de l’apaisement initial, je crois que cela m’apportait une nouvelle aisance, cette sensation incroyable d’être dans le vrai. J'en retirais aussi une sensation plus désagréable, ce rien de prétention, je le concède, en observant toutes ces personnes courant après on ne sait quoi sans pouvoir approfondir quoi que ce soit, faute de temps, d’énergie et d’envie.

Du haut de ma bulle, bien emmitouflée dans ce confort nouveau – paix et solitude voulue – j’ai négligé un fait inéluctable : la vie n’est qu’impermanence et il faut s’appuyer sur des repères bien ancrés pour résister aux tempêtes.

Un soir de mars, mon père est parti en vrille et c'est toutes nos vies qui s'en sont trouvées bousculées. Le temps s’est un peu arrêté, tous inquiets que nous étions autour de ce corps vivant, certes, mais transformé. Mon quotidien, si calme et confortable, est devenu subitement complexe et agité ce lundi soir, quand ma mère m’a appelée. Il était 21h30.

« - Ton père a été hospitalisé.
- Hein ? Où ? Pourquoi ?
- Il est en réanimation, les médecins pensent qu’il a fait un AVC. J’arrive de l’hôpital, je n’ai pas pu lui parler, il dormait, très agité, il avait enlevé le masque à oxygène à force de bouger. »

Le lendemain, il y a eu la sidération face à ce corps en état végétatif. Puis cet amusement incongru face aux inepties, ces rillettes dans le ciel que je vous ai déjà racontées. Il y a eu les visites quotidiennes, l’opération de ma mère pour retirer un mélanome, l’oubli de soi malgré les vertiges et la fatigue persistants, la sensation de glisser lentement dans un gouffre sans fond…

Et la belle énergie positive s’est trouvée réduite en cendres en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.

Je me suis auto-encouragée, me suis répété qu’il ferait jour demain, que la médecine sauverait mon père, ma mère. Mais il a bien fallu me rendre à l’évidence, une fois que mon père a pu sortir de l’hôpital et que l’on a chacun retrouvé notre quotidien : le mien s’était affadi. Le temps de suspension que je vivais s’est trouvé dénué du plaisir que je ressentais avant. Tout est devenu flou, avec en outre cette tristesse qui s’est emparée de moi, puis l’angoisse du lendemain. Qu’allais-je faire ? Pourquoi tout revenait comme un boomerang?

C’est simple, j’ai eu l’impression que tout mon système de pensée volait en éclats. Et les réflexions d’Emmanuel Carrère, dans son livre « Yoga » (paru chez P.O.L en 2020) résonnent si fort en moi : « C’est tout le chagrin du monde qui me tombe dessus. Je ne suis plus au bord de pleurer, à présent : je pleure. Des larmes me coulent sur les joues, qui ne cesseront jamais, qui couleront aussi longtemps que la misère humaine. Misère des victimes, misère des humiliés, misère des naufragés, misère des crétins (…) qui sont les 99 % de l’humanité, mais aussi misère des orgueilleux comme moi qui se croient les 1 % restants, les 1 % qui montent et que leurs épreuves grandissent, les 1 % qui se croient partis pour l’état de quiétude et d’émerveillement et qui finissent généralement par se prendre dans la gueule, quand ils s’y attendent le moins, une mortelle désillusion. »

Je suis ce 1 %. Je le dis sans présomption, j'ai eu l'orgueil de croire que je ne faisais pas partie des crétins. Quand je lisais cette pitié dans le regard de ceux qui apprenaient ma tumeur, j’avais juste envie de les réconforter, de leur dire combien ma vie avait enfin un sens. J’étais à la limite de leur souhaiter, non pas la même chose – ce n’est pas absolument indispensable, en soi, de se balader avec une tumeur là haut – mais au moins une lucidité nouvelle via l’expérience que j’avais éprouvée.

Aujourd'hui, sans vouloir m'apitoyer, je vis, comme beaucoup de personnes touchées par la maladie, cet Avant/après. Je réalise que je garderai toute ma vie cette saleté d'Abricotine dans ma tête, qu'elle continuera de jouer son rôle d'Epée de Damoclès, de me titiller en se rappelant régulièrement à mon souvenir. J'ai voulu croire qu'elle ne serait qu'un souvenir, mais elle restera pourtant toujours sur mes méninges. Inopérable. Nécrosée, je l'espère, mais pourquoi s'amuse-t-elle à me procurer ce sentiment d'ébriété qui ne me quitte plus?

Je ne veux pas que l'on me traite comme une malade. Je sais l'importance de relativiser. Je suis en vie, et tant pis si mon corps n'est pas à 100% de ses capacités, la vieillesse m'aurait rattrapée à un moment ou à un autre, de toute façon.

Parfois, simplement, je suis fatiguée de sourire, de rassurer, de minimiser. Oui, ce truc m'a diminuée physiquement et ma vie ne sera plus jamais tout à fait la même.

Mais la vie n'est de toute façon jamais la même. Alors, le sourire revient à la pensée de cette impermanence, si propice à l'instabilité, certes, mais aussi aux surprises que la vie nous réserve jusqu'au bout.