vendredi 31 décembre 2010

Allez...

On se dit à 2011?

Amusez-vous bien (et faisez pas les cons, les gens, appelez Sam si vous rentrez chez vous). Ce serait dommage d'alourdir encore 2010 qui n'a guère été tendre, vous ne croyez pas ?

Je vous embrasse!

jeudi 30 décembre 2010

Y'a du mieux!

Je m'apprêtais à faire un petit best-of perso de cette année écoulée, avec le pire (la liste est longue) et le meilleur (mouais). Et je suis retombée sur ça:

... Enfin résister à ma gourmandise (classique, je vous dis)... Me remettre sérieusement au sport (ultra-classique, même)... Envoyer paître mon balai... Me lancer dans un nouveau projet... Travailler... Éviter de trop m'écouter... Expliquer la vie à mon loulou chaque fois qu'il me traitera de "tête d'oeuf"... M'activer pour que ma vie perso évolue (non, je n'ai pas parlé de Meetic, au secours)... Me rendre plus disponible pour les amis, ceux que j'ai notamment négligés l'an passé -trop concentrée sur autre chose...... Réduire mon temps passé sur Facebook... Alimenter ce blog le plus régulièrement possible... Sourire.

La liste de mes résolutions 2010. En concluant : "Comment ça, je fixe la barre trop haute?"

Roulement de tambour, les enfants, je m'en suis pas sortie si mal...

Je suis toujours aussi gourmande mais me suis (un peu) allégée, je ne fais pas autant de sport que j'aimerais mais c'est à cause du travail (et paf, deux en un!)...

Mon balai est bien rangé en ce moment, alléluia...

J'ai dix mille projets en tête (ah oui, parfois, il faut les concrétiser, on est d'accord)...

Travailler, oui, disais-je.. Bon, c'est un peu plus complexe que prévu, mais on va parler de transition...

Ah, je n'ai plus le temps de m'écouter. Enfin presque. La mélancolie continue de me guider trop souvent...

Mon loulou ne m'appelle plus "Tête d'oeuf" mais n'arrête pas de me parler de grotasdemorve et de péteur (des pokemon, pas des amis, je vous rassure)...

Me rendre plus disponible pour mes amis? Euh, très bof bof pour le coup, je n'ai guère été présente. Pas assez à mon goût, en tout cas. Mea culpa.

Je passe moins de temps sur Facebook, si si... Je m'en suis gentiment lassée, même si, paradoxalement, je trouve l'outil formidable. J'essaie de régulariser ce blog et j'y prends même mon pied...

Sourire? Oui, malgré tout. Depuis mon arrivée à Nantes, j'ai l'impression d'avoir évacué le nuage noir qui me polluait l'esprit, à défaut d'avoir fait sa fête à la scoumoune (la garce).

Voilà... Quoi? J'ai oublié une résolution? Ah oui, le truc, là, sur la vie perso, avec des morceaux d'affection et d'amour dedans.

Eh, je parle de résolutions, pas de miracle à accomplir ;)

mercredi 29 décembre 2010

Pyjama day

En ces temps de paillettes et de sequins à tout va, je dénote un peu. Mon trip, que dis-je, mon kif, c'est de passer mes journées en pyjama. Non, non, je ne frôle pas la dépression: le pyjama day, c'est le lot de tous les télé-travailleurs (comment ça, y'en a qui s'habillent pour de vrai?).

1/ on gagne du temps;
2/ on évite le "j'ai plus rien à me mettre"
3/ on n'énerve pas son conjoint en disant "j'ai plus rien à me mettre"
4/ on n'a pas besoin de s'habiller, de toute façon, parce qu'on n'a pas de conjoint
5/ on n'a pas besoin de s'habiller, de toute façon, parce qu'on n'a pas de vie sociale.

Eh oui, télé-travail = on met pas le nez dehors. Et hormis, parfois, un bonjour à la caissière du Super U ou à la préparatrice de la pharmacie (saleté de toux), on hiberne, mais toute l'année.

Hormis le fait qu'à force, le pyjama tient tout seul (enfin, je me lave, quand même, je rassure les plus hygiénistes d'entre vous), que l'on se prive des joies de la nature humaine et de la possibilité de rencontrer, en vrai, des gens, un autre inconvénient majeur du télé-travail tient dans le harcèlement classique du commercial au téléphone.

Si je les écoutais, j'aurais trois cuisines, quinze abonnements de magazines et plus d'assurances-vie que mamie Zinzin.

L'autre matin, quand j'ai décroché, je préparais déjà ma réponse quand la dame m'a surprise. Elle venait me prêcher la parole de Dieu.

Je l'ai arrêté tout de suite. Si, à un moment, j'aurais pu me poser la question quant à son existence, certaines réalités quotidiennes me laissent davantage imaginer un sale pervers qui pose des aiguilles dans une poupée de chiffon à mon effigie qu'un Dieu tout puissant qui veillerait sur nous, pauvres hommes (question de croyance personnelle, je ne juge pas, je respecte la foi, et pas que chrétienne).

Elle était sympa, la dame, n'a pas essayé de me vendre sa soupe (façon de parler, hein). A la fin, elle m'a juste glissé: "vous savez, à l'occasion, consultez la Bible, vous verrez que ce merveilleux livre apporte un écho aux situations quotidiennes.

Vous y gagnerez en sérénité et votre vie sera plus paisible."

Mince, c'était donc ça ? Depuis, j'ai arrêté le pyjama day. Je m'habille tous les jours (comme une grande, ah ah ah) et, au lieu de répondre au téléphone, je sors prendre l'air.

A défaut d'être plus paisible, ma vie me laisse l'impression d'être plus structurée. Ce n'est pas peu dire.

dimanche 26 décembre 2010

Murée dans votre silence

Bon, je vous aurais bien raconté comment je n'ai pas mangé de dinde (je ne suis pas une cannibale) mais de la pintade (ah si, finalement) ou pourquoi j'ai repris un verre de (bon) rouge, mais je vois que vous avez tous filé... Oui, mon ego de blogueuse-à-trois-lecteurs en prend un coup, je ne lis plus quatre, plus trois, plus deux, plus un...

[Roulement de tambour]

(J'ai fait speaker de cirque, dans une autre vie)

... mais zéro commentaire, alors bon, j'ai un peu l'impression de parler à un mur. Et vous savez bien qu'il n'y a que sur facebook où on peut parler à un mur sans avoir l'air débile (quoique).

Donc, je ravale ma fierté, je fais celle qui devient alzheimer sur son blog et je prends un air digne : "ouais, j'ai un truc sur le ouebe, là, j'y vais de temps en temps... " Alors que l'un de mes premiers réflexes le matin est d'aller vérifier les commentaires (Oui, je sais, on ne va pas reparler du côté pathétique de mon quotidien).

Alors, j'oublie tout, je démarre mon hibernation parce que la vie, elle est vraiment trop injuste (j'ai aussi été caliméro dans une autre vie), je colle des bougies partout (pas avec de la vraie colle, les gars, c'est une expression, en vrai je me brûle avec des allumettes avant de faire venir la petite flamme), j'ai mis de la musique douce et funky (si si, c'est possible), je sirote du thé brûlant, mon ordi sur les genoux (c'est pas comme si j'avais deux bureaux) et je bosse sur Poney (pas le faux cheval, vous le faites exprès ou quoi?).

Mais j'arrête: je vais encore me prendre du vent. Je parle à un mur.

Je peux même pas saouler mon Loulou, l'est pas là. Comment ça, je l'ai déjà dit? Bah vous voyez que vous suivez? Ah, c'est vrai, y'a personne (impression de devenir dingue à parler toute seule).
Je crois que je deviens dingue, en fait (ou l'étais-je déjà? J'ai comme un doute).

Vive les vacances, tiens.

Ah, on me dit que 3615mylife, c'est lassant?

Tiens, j'y avais pas songé;)

Ah au fait: je précise que ce post n'a rien d'un appel au secours et je ne suis pas sur un balcon en jurant de m'y jeter si aucun commentaire n'est écrit d'ici demain. Dehors, y'a la guerre et des idiots, c'est plus pire comme dirait Loulou.

vendredi 24 décembre 2010

Un marabout pour Noël

Certains passent leur 24 décembre à courir après les derniers cadeaux. Avant de les planquer, si le petit dernier croit encore au gros barbu rouge.

Bon, j'ai bien empaqueté les présents pour mon Loulou qui ne les découvrira pourtant qu'en 2011, maintenant, parti fêter Noël loin, chez son papa (bouhouhouh... sortez les mouchoirs). Et sinon, je fais la grève de l'achat, je dis stop au consumérisme à tout crin.

Et d'autant plus que j'avais mieux à faire ce matin: j'implorais l'imbécile qui m'a jeté un mauvais sort de cesser son acharnement... Histoire de tuer le temps en attendant le dépanneur.

Ouais, j'ai encore crevé.

Y'a un moment où ça s'arrête?

Bon, je vous souhaite à tous un Joyeux Noël, en tout cas, en espérant qu'il y ait des vrais morceaux de gaieté dedans;)

jeudi 23 décembre 2010

L'oie et la jeune fille de 86 ans

La journée avait bizarrement commencé et je regardais la neige tomber d'un oeil circonspect (l'autre était encore fermé, histoire de gagner quelques microsecondes de sommeil).

Finalement, j'ai vaincu mon appréhension: je n'allais pas ENCORE glisser sur une plaque de verglas (c'est pas comme si je collectionnais les galères).

Un moment, sur l'autoroute, j'ai vu la voiture tanguer devant moi. Ah, une plaque de verglas, peut-être?

Non... La voiture a évité l'obstacle, elle. Qui est arrivé direct sur moi (ou est-ce moi qui suis arrivé sur lui? Euh, oui). Un animal affolé - on aurait dit une oie si j'en crois l'image fugace que j'ai eue de son long cou. "Loulou, attention!" ai-je juste eu le temps de dire, en regardant vite fait dans mon rétro.

Boum.

Toute cassée, la bête. Les plumes ont volé et j'ai fait un signe, comme pour m'excuser, à l'automobiliste derrière qui s'est pris les résidus de la charpie. Oups.

Mon potentiel psychopathe de fils m'a demandé de quoi il s'agissait. Avant de conclure. "C'est pas très gentil, ce que t'as fait."

Certes.

Mais bon, j'avais pas le temps de foncer dans la rambarde, d'appeler l'ambulance et tout ça. J'avais déjeuner entre amis - ah, bonheur. Et je dis pas ça juste parce que je sais qu'ils lisent ce blog, je suis au dessus de ces considérations, pff - et puis Poney. Si, vous vous souvenez... Je sais, ça faisait un moment.

Eh bien, aujourd'hui, je l'ai redécouverte. Je ne sais pas pourquoi, j'ai eu l'impression de rentrer davantage dans son monde. Certes, tout s'y prêtait. Au lieu du cabanon dans le jardin, trop frisquet en cette période, nous étions dans sa chambre- s'apparentant davantage à une suite, avec salon et bureau, je vous l'accorde. Elle avait envie de parler. Et j'avais préparé l'entretien (un minimum, on est d'accord).

Je ne l'ai jamais trouvée aussi belle. En fait, j'ai réalisé que je n'avais jamais trouvé une personne " d'un certain âge" belle, au sens premier du terme.

Poney a conservé sa beauté, défiant le temps. C'est un truc inouï. Ses traits, par exemple, m'ont semblé plus lisses aujourd'hui. Ses yeux bleus, maquillés, mutins, disaient tout de la malice du personnage. Sa bouche rouge était celle, gouailleuse, d'une jeune fille. Elle marchait sans son parapluie, élégant substitut à la classique canne.

Mais ce qui m'a le plus impressionnée, c'est de retrouver ces touches de candeur, au détour d'un regard ou d'un sourire, cette gourmandise pour les bonnes choses de la vie - sexe et chocolat, entre autres - au delà de quelques tristes révélations sur sa vie d'avant, sur sa vie d'aujourd'hui. Je connaissais sa fierté d'Irlandaise, son humour parfois décapant, sa vulnérabilité et son paradoxal aplomb, mais je n'avais pas encore saisi ce petit plus qui me l'a rendue aujourd'hui plus proche.

D'ailleurs, nous avions l'une et l'autre envie de prolonger l'instant, je crois, et elle m'a offert un thé, dissertant, en off, sur tout et rien. Avec toujours une analyse subtile et humoristique de son environnement. Avec l'oreille fine et attentive, aussi. Malgré ses craintes, son cerveau est bien intact et vivace.

Je ne sais pas où cette aventure nous mènera, elle et moi. Mais penser que cette femme hors du commun attend un manuscrit avec une impatience de gosse me réjouit, montrant à quel point certaines âmes ne seront jamais blasées.

mercredi 22 décembre 2010

Dommages collatéraux d'une dextermania

Je précise en préambule que Loulou n'a jamais regardé la moindre seconde de Dexter et vous prie donc de raccrocher tout de suite, l'appel à la DDASS est inutile. Un hôpital psy, serait peut-être plus approprié, cela dit.

"- Maman?

- Oui?

- C'est qui ton Dieu?

- Tu sais bien que je suis athée, je n'ai pas de Dieu."

...

(Mine déconfite de l'enfant. Vite, ne pas trop l'angoisser)

"- Et toi, loulou, c'est qui ton Dieu?

- Ben, c'est toi, maman!"

(Mine étonnée mais réjouie de la dite-maman. Vite, lui signifier que je n'ai pas les pouvoirs d'obtenir tous les Pokemon de la terre dans notre maison, au simple titre de ma puissance divine).

"-Ah oui? Je suis ton Dieu? Hum. On n'avait pas piscine, aujourd'hui?"

Un ange passe.

"- Maman?

- Oui?

- C'est quoi un psychopathe?"

(la maman cherche le lien avec la conversation précédente, en vain).

" - Euh, c'est une personne qui veut tuer des gens."

(mine circonspecte de Loulou. Il réfléchit. Vite, insister pour qu'il comprenne.)

" -Tu sais, loulou, un psychopathe, c'est un méchant, un malade mental."

(Loulou regarde maman-Dieu avec un grand sourire).

"- Tu sais, quand je serai grand, je serai psychopathe!"

Pour tuer Dieu-sa mère, peut-être ? Pff, demain, j'arrête Dexter.

mardi 21 décembre 2010

Hara-Kiri ou le choix d'une vie bordélique

Pourquoi n'ai-je donc pas le droit de me plaindre ? (c'est vrai, quoi, en bonne Française, c'est inscrit dans mes gênes, normalement)

Parce que j'ai trouvé un trésor?

Parce que j'ai trouvé un millionnaire?

Parce que chaque matin, quand je me regarde dans la glace, je me trouve formidablement belle?

Parce que le Dalaï Lama m'a demandé d'être son nègre?

Parce que je suis courtisée par le clone de George Clooney?

Parce que Le Monde et ELLE viennent de me proposer tour à tour une chronique régulière ?

Parce que le plus gros restaurateur nantais m'a offert une place de chef pâtissier, après avoir goûté un morceau de cannelé?

...

Autant d'hypothèses hautement improbables, auxquelles je n'essaierai même pas de vous faire croire, je sais bien qu'on vous ne la vous fait pas, à vous (un peu de démagogie ne peut pas faire de mal en cette période douce-amère).

Non, je vous disais que je ne peux pas me plaindre parce que... A-t-on légitimement le droit de se plaindre quand on fait son propre malheur? Ou, dans le cas présent, qu'on organise son auto-sabotage?

Vous vous souvenez de ce poste, de cet entretien et du drôle de dilemme qui se posait: rester à Nantes sans boulot fixe, de débrouilles en vadrouille, ou choisir la voie (chiante?) de la raison, redéménager, retourner au Mans et travailler sur un poste "normal", avec un boulot "normal", une vie "normale"? Bon, après ça, vous avez une idée de ce que, MOI, j'avais envie, mais enfin, j'admets que n'avoir plus à jongler en permanence avec Loulou/le temps/les angoisses du lendemain/les sous/les angoisses tout court, présentait quelques aspects rassurants.

J'avais donc passé cet entretien en m'auto-sabordant, donc, dès le départ, en indiquant que je venais de déménager à Nantes, rendant caduc ma candidature, peu ou prou.

Avec le recul, je me suis trouvée bien prétentieuse de penser que j'étais la seule à avoir les clés en main. Après tout, sept autres candidats avaient été retenus, peut-être, que dis-je, sans doute étaient-ils bien meilleurs et Nantes ou pas, je n'aurais pas correspondu, de toute façon.

Sauf que j'avais une "taupe", un copain qui bosse dans le dit-service pour lequel je postulais. Et qui m'a annoncé le choix "par défaut" de son employeur: "après les entretiens, vous étiez deux sur le poste, deux sur qui ils avaient flashé. Et c'est uniquement parce que tu es à Nantes qu'ils ne t'ont pas choisie."

Ahem. Shit. Même pas l'excuse de "c'est pas ma faute, c'est pas moi, c'est les autres..."

Rien de nouveau, me direz-vous, je connaissais les données dès le départ et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, si l'on veut. Je vais donc continuer mes soirées en tête à tête avec mon ordi, et laisser passer là une chance qui m'était offerte de me raccrocher au wagon.

Mais vous savez quoi? Je ne suis pas certaine que j'aurais tant apprécié ce "confort", cette vie cadrée, coincée dans un bureau plus que de raison. Je ne ressens pas d'amertume, j'ai juste l'impression que ce mauvais timing n'est pas innocent. Ça devait se passer ainsi, voilà tout.

Alors, je laisse ce chemin de côté et je poursuis mon aventure, si chaotique soit-elle. De toute façon, j'aime bien nager à contre-courant.

Et pour ça, parole de galérienne, rien ne vaut les rames.

lundi 20 décembre 2010

La fêlure

Plus les jours passent (dans ma petite vie, hein, pas dans cette saleté hivernale) et plus j'ai l'impression d'être un peu fêlée de la cafetière. Décalée, définitivement décalée.

Oh, ne vous méprenez pas, j'adore le décalage, promesse de burlesque, de surréalisme et d'absurdité.

Mais plus dans les films ou les bouquins, vous voyez bien.

Me prendre sans cesse les pieds dans le tapis, c'est drôle, ça fait rire les autres, mais j'ai une fâcheuse tendance à m'en lasser lorsque je suis sans cesse le dindon de la farce (le premier qui dit que j'ai une tête de pintade, je le... farcis à Noël, 'fera moins le malin).

Je vous rassure, il ne m'est rien arrivé de grave ce week-end. Ni incendie, ni vol, ni perte (mais où est ma carte de médiathèque, les enfants, où est-elle? ça me fout en l'air, ça), ni dégâts des eaux, ni coinçage dans l'ascenseur (quoique, mon nouveau voisin répond à certains critères de l'intelligence physique, ne serait-ce que le détail d'une femme qui semble vivre avec lui, j'irai bien lui demander du sel).

Rien, si ce n'est un micro-épisode grippal qui a bien failli me laisser sur le flanc mais que j'ai combattu, à coups de méthode Coué, répétant tel un mantra tu n'es pas malade, tu n'es pas malade, tu n'es pas malade... Tout simplement parce que ce scénario est juste inconcevable, à moins d'avoir envie de passer mes réveillons l'oreille tendue vers le PRU ou le SCOT en cours.

Et là, ce n'est pas la fièvre qui parle, je vous assure.

Je vous parle bien des dernières retranscriptions, que je ne me lasse pas d'accepter, appâtée par le gain (entre autres, mais surtout, quand même).

Oui, la maladie est devenue un luxe pour moi, pour tous les TNS (travailleurs non salariés), auto-entrepreneurs ou chefs d'enteprise d'une TPE (ça y est, je suis touchée du syndrome des acronymes, déformation professionnelle. Bientôt, vous devrez apprendre à lire en crypté et passer sur google toutes les trois secondes pour comprendre de quoi je cause. Et non, je ne vous prends pas pour des abrutis). Finis, les arrêts maladie à rallonge pour virus et cassage de jambe divers, il faut être sur le pont...

Et le rapport avec le décalage, alors? Ah oui, je sais, tout ça est un peu décousu. Eh bien, submergée de travail, un comble pour la chômeuse que je suis de moins en moins (et que je ne regrette pas, je vous confirme), j'ai décidé d'en finir hier soir avec l'une des missions, sachant qu'il me restait quelques longues dizaines de minutes d'écoute.

Dix minutes d'écoute = une bonne heure dans la vraie vie. A force, j'ai fait le compte (je sais, ça fait peur, surtout à la perspective des huit heures qui m'attendent après ça).

J'ai donc décidé d'en finir hier soir, non pas avec la vie, bien sûr, même si j'aurais eu quelques circonstances atténuantes, mais avec cette mission, histoire de passer à la suivante, et surtout à Poney. Explosée de fatigue, je grelottais sous mon plaid et mes trois couches de T-shirt, chemise, gilet (on n'est pas sur un blog glamour, je crois que vous l'aurez compris) (cela dit, je suis restée digne, sans la goutte au nez, je veux dire) (avec, quand même, mes cheveux raplapla, ce qui, quand on se balade comme moi avec la coupe Jackson Five, s'avère le signal ultime de la souffrance de mon organisme -croyez-le ou non, je venais d'écrire "orgasme" avant de réaliser ma boulette!) (y'a encore quelqu'un, après toutes ces parenthèses? Ça mérite un kinder surprise, ça, avec le foutu papa noël dedans).

Bref, alors que tout me conduisait sous la couette sans délai pour aller ruminer sur cette garce de grippe et l'absurdité de mon rythme actuel, j'ai pris mon ordi et écouté le Maire rire des absurdités de son opposante n°1. Limite envoûtée et fascinée par tant de mauvaise foi, j'ai tapé, tapé et... bouclé le boulot. Alléluia.

A 2 heures du mat', avec un loulou qui se lève régulièrement entre 7 h et 9h (j'ai une marmotte, ouf) et donc la fièvre, qui me laissait maintenant en sueur. Aïe.

Le pire, c'est que j'ai encore du pain sur la planche, avec cette nécessité de vivre en décalé - la journée avec Loulou, le soir (je n'ose parler de nuit, je vais en frissonner de nouveau) avec mon travail... vampirisant, le terme me semble adéquat.

Je vois les sceptiques, dans le fond, qui hurlent à l'imposture. Quoi, tu te dis fêlée juste parce que tu traînes un peu devant ton écran le soir - et pas pour chercher l'homme de ma vie, ah ah ah - pour un boulot que, de toute façon, tu dois rendre, alors que tu as 37°6 (je schématise, les gens de mauvaise foi versent souvent dans la caricature, de toute façon). En fait, si ça ne tenait qu'à ce détail, ils auraient raison. Mais ce détail actuel a tendance à se répéter encore et encore, ces derniers mois, et j'ai l'impression de ne faire rien d'autre que me raccrocher à cette branche du travail intensif pour ne pas basculer dans la précarité la plus totale.

Et les mots, parfois, limitent ma pensée, forcément.

Et ce blog n'est que la partie immergée de l'iceberg.

...

Demain, je vous raconterai pourquoi je n'ai pas le droit de me plaindre (d'ailleurs, je souris, là).

samedi 18 décembre 2010

Ma vie est un sketch

Je pensais l'avoir déjà utilisé, ce titre, pour sa force d'illustration. Vous commencez à me connaître et vous savez combien j'aime alimenter les rubriques de viedemerde.com. A vrai dire, je suis un peu miss catastrophe, je dois avoir des gênes Pierre-richardesques, un truc de ce genre.

A 36 ans, je fais encore peur à mes parents, lorsque, en voyage ou en déplacement, je les appelle. "Mais que nous a-t-elle encore inventé?" pensent-ils. Limite s'ils ne tombent pas par terre quand il est juste question de prendre des nouvelles.

Elle nous cache quelque chose, c'est sûr.

Depuis quelque temps, vous disais-je, j'avais l'impression que la scoumoune m'avait lâché la grappe, un peu. Oh, d'accord, il y a eu quelques petits aléas, mais j'étais sur la bonne voie. Louche.

Bon, après l'opération je-pète-ma-roue-sur-une-plaque-de-verglas et le rapatriement à l'arrache dans une cité rennaise qui me rappelle toujours quelques doux souvenirs, croyez-le ou non, j'étais en place, derrière mon écran, les oreilles grande ouvertes, les doigts chauffés et le dictaphone branché pour réaliser la retranscription des débats - terme générique pour définir l'une des mille possibilités d'avoir la tête en chou fleur.

Certes, l'un des employés de l'institution s'était bien inquiété de la charge de mes bagages, vu que, forcément, je traînais mon sac pour la nuit - celui que j'aurais dû laisser à l'hôtel, sans cette maudite plaque. Bref. J'ai pris mon air le plus digne et je suis allée vite fait planquer tout ça au vestiaire. D'autant qu'un (excellent) bouquin avait eu la bonne idée de mettre sa tête hors de sa poche. Cancer in the city, que ça s'appelle. A la tête de l'employé, j'ai hésité à me justifier, à lui dire que s'il s'agissait d'une histoire réelle, ce n'était pas la mienne, je ne cherchais pas des réponses à mon questionnement actuel et que mes cheveux n'était pas le fruit d'une perruque - même si j'admets que la masse inimaginable que je porte pourrait prêter au doute - jackson five, sors de ce corps.

Bref, je l'ai joué discrète - autant que faire se peut. Et quand je suis ressortie de là, six longues heures plus tard, la tête bien farcie comme prévu, je me suis dit que j'en avais fini avec cette journée bizarre.

Erreur.

Coup de bol, je vois un bus, que je suis censée prendre pour rejoindre mon hôtel (que j'avais choisi pas cher, donc loin du centre, forcément). La chance est de retour, les enfants; j'ai pris mes trois sacs et hop, hop, ah oui c'est vrai faut payer... Euh, vous acceptez la carte bleue, madame? Pas un sou. "Ah ben non, mais vous avez des distributeurs" me dit-elle, tout en m'ayant embarquée malgré tout. A l'arrêt suivant, je descends la mort dans l'âme, sous une pluie battante (et sans parapluie, mais en même temps, j'ignore par quel tour de passe-passe j'aurais pu le tenir, chargée comme un baudet), tandis que la conductrice avoue, gênée, "qu'à cette heure-là, y'en a moins souvent, des bus".

Là, je cherche un distributeur. Je cherche, je cherche, je cherche, rien. Je suis en plein centre et je n'en vois pas un. Ah, un monsieur physiquement intelligent se présente, vite vite, saisir l'opportunité, ça se trouve, cette plaque de verglas était là pour changer mon destin, sans elle, jamais je ne l'aurais rencontré, cet homme...

Faut vraiment que j'arrête les drogues, moi.

Il m'a vaguement signifié un parcours STRICTEMENT opposé au sien, au cas, sans doute, où j'aurais la malheureuse idée de vouloir le suivre.

Un râteau, quoi.

En même temps, je peux le comprendre. Chaque minute qui passait terminait d'achever ma coupe jackson five, tandis que mon bras pliait sous le poids des sacs. Miam.

Ô miracle, cinq minutes plus tard, je dégotte l'objet magique, le distributeur. Je tape mon code, tout ça, prenez vos billets, qu'il me dit le monsieur (ou la dame, on sait jamais très bien derrière l'ordi) et hop... Rien. Pas de billet. Je viens d'être délestée de 30 euros contre rien. Sur ce, une demoiselle arrive, je la préviens de ce coup du sort, elle me dit que ça lui était déjà arrivé au même distributeur mais que, ELLE, elle était allée récupérer les sous dans l'agence, encore ouverte. A 20h30, je sais pas pourquoi, y'avait plus de lumière.

Proche de l'abattement, je ris jaune en lui disant que cette journée ne pouvait pas finir autrement. "Si ça peut vous rassurer" me répond-elle, "je venais retirer de l'argent pour boire un coup, une amie s'est tuée sur les routes en Picardie hier soir. Elle s'est pris une plaque de verglas."

Et elle se retourne, filant dans la nuit pluvieuse.

Si ça me rassure? Euh, pas vraiment. Si ça me déprime un peu plus, oui. Bon, je relativise, je suis toujours vivante, j'ai mes deux bras, mes deux jambes, un cerveau un peu perturbé mais globalement là, en témoigne la douleur qui ne cesse de l'étreindre. Ça tape, ça tape, une vraie boum, là dedans.

Au moins, y'en a qui s'éclatent.

Finalement, j'ai fini par trouver un bus. C'est lorsqu'une dame peu avenante m'a fait une réflexion sur la place que prenaient mes bagages que j'ai senti les larmes monter. Je vous passe l'accueil déplorable à l'hôtel, l'absence d'une quelconque restauration . Ah mais vous pouvez commandes des pizzas, un livreur passera!" m'a suggéré le réceptionniste. (Youpi, de la bonne pâte immonde, qui te donne l'impression d'avoir avalé un litre de smecta, quelle bonne idée). Bon, j'ai renoncé à manger, sinon une pomme qui traînait dans mon sac, pour prendre une longue douche qui te lave les idées noires (normalement) et surtout aller me coucher.

Je crois que j'ai pris là ma décision la plus raisonnable de la journée. Enfin, presque. Si seulement les murs n'étaient pas en papier de cigarette, si seulement mes voisins de chambre n'avaient pas décidé de faire la fiesta, si seulement je n'avais pas eu l'idée de tester la ligne wifi défaillante de l'hôtel (parce que j'avais quand même du boulot à finir, je sais, c'est nul) qui a eu le don de m'agacer, si seulement je n'avais pas dû me lever à 6 heures du mat, je pense que j'aurais presque eu l'impression de juste souffler.

J'ai craint le pire le lendemain matin, lorsque le chauffeur de bus, à l'haleine fétide, m'a limite envoyé bouler et que, ayant raté le bon arrêt, j'ai dû recommencer le chemin de croix, avec bagages, mauvaise humeur et envie d'être à Honolulu de plus en plus pressante.

Mais finalement, j'ai eu un bol monstrueux, puisqu'un chauffeur de l'institution (le fameux employé, un peu suspicieux quant à mon cancer imaginaire, quand même) m'a déposé au garage, à la mini-pause du midi (vous savez, celle où on mange, de façon très classique), après cinq heures de débats matinaux, que j'ai pu reprendre le volant sous la neige et retourner à l'assemblée l'après-midi. Le tout sous le regard inquiet des Conseillers, jetant régulièrement un oeil à la verrière extérieure pour scruter l'état du ciel. Oui, j'ai eu du bol de quitter la ville le soir, alors que les flocons de neige auguraient d'une bonne galère routière.

Aujourd'hui, la ville est bloquée. Le bus de mon chauffeur à l'haleine fétide est bloqué. Et moi, je suis bien au chaud, à vous raconter une simple journée, une journée comme j'aimerais en voir moins souvent.

Mais, c'est vrai, sans scoumoune, ma vie n'aurait pas la même saveur...

jeudi 16 décembre 2010

le gel (imposé) des mots

Je voulais disserter sur la sérénité qui avait envahi ma vie. Sur l'équilibre qui semblait naître de cette nouvelle vie.

Là, je viens de me prendre une plaque de verglas et ma roue n'a pas, mais alors pas du tout apprécié. La jante non plus. Toutes cassées, les filles. Oh, c'est pas comme si j'étais sur une aire de repos, pas comme si j'avais rendez-vous avec des gens dans un hémicycle à quelques kilomètres de là, à une heure précise.

Bon, j'en rajoute un peu, je passais vite fait pour vous dire que... je reviens, justement, dès que je trouve quelques minutes pour vous raconter comment rendre au mieux sa vie pathétique vivable.

Alambiqué? A peine.

dimanche 12 décembre 2010

Human Bomb et le poulpe

Âmes sensibles, attention: ce post n'épargne pas nos amis les poulpes. Personnellement, j'aime bien ça, plutôt assaisonnés et sans la parole. C'est moins effrayant et plus ragoûtant.


Mon amie se retourne vers moi, complètement chamboulée. Elle me fait signe de regarder devant.

Assis dans un siège, au milieu d'une boutique pleine de bric et de broc, un humain de type phénoménal lit un magazine local (je suis une poétesse malgré moi). Un vrai physiquement intelligent, mais qui sourit, en plus. Genre le petit détail en plus, qui donne envie d'aller s'asseoir directement sur ses genoux.

Entre autres.

Comme on est dans la vraie vie, je me contente de le regarder, fascinée par ce cocktail de charme, de beauté et de sympathie incarnés, et je vois bien le manège de mon amie qui trouve absolument merveilleux ce porte-manteau en... raquettes de tennis alors que, objectivement, c'est certes créatif mais franchement moche. Mais juste à côté de Human Bomb, donc...

Quant à moi, je tente la tactique du rapprochement par l'objet commun, en faisant mine de m'intéresser au dit-journal, qui semble tellement l'intéresser, feuilletant nonchalamment l'un des exemplaires posés sur une table. Comme si j'allais créer une sorte de connivence.

Pathétique.

Perdues dans nos rêveries, nous voilà sur notre petit nuage. La mort dans l'âme, nous quittons la boutique parce que, clairement, que peut-on espérer d'autre que ce sourire désarmant qu'il nous a lancé, à l'une et à l'autre ? Rien, sinon l'idée de conserver ce doux souvenir. Perdues dans nos rêveries, disais-je, nous reprenons la voiture. Alors que je suis prête à démarrer, un homme sur le trottoir me fait signe, me demande une minute d'attention. J'ouvre la vitre.

Il n'a pas l'air tout seul dans sa tête, à vrai dire. Je lui trouve aussi une vague ressemblance avec un... mollusque, peut-être? Les yeux, surtout.

Il s'anime. Et me demande... de quelle année date ma voiture. Parce que lui, il a une 106 mais elle est en fin de vie et il voudrait savoir si une 306, bah, c'est aussi bien qu'il le croit, parce que quand même, c'est du solide ces bagnoles-là et blablabla...

Je me retiens de rire. Mon amie ne tient plus, elle pouffe et j'abrège les débats avec ce monsieur, gentil au demeurant, en lui assurant que ça, c'est de la bonne bagnole. Il semble rassuré. Comme si je lui avais ôté un petit doute. Oui, pas méchant, juste un peu fêlé de la cafetière.

Ensuite, nous sommes allées au marché. Et j'ai trouvé à qui me faisait penser ce monsieur, en choisissant les antipasti, sur un stand ma foi fort alléchant.

A un poulpe.

Voilà, c'est ça ma vie. Je rêve qu'une bombe humaine daigne me parler... Et je me fais accoster par un pas fini aux airs de poulpe.

La situation présente quelques avantages : au moins, je garde les pieds sur terre.

jeudi 9 décembre 2010

Parenthèses

Je ne sais pas si c'est de saison, mais j'ai passé ma journée, hier, à enguirlander Loulou. J'ai même songé à le coller, malgré le froid, au foot mais j'ai eu un relent d'humanité (de culpabilité?) et me suis résignée à ce qu'il reste comme un lion en cage.

Chiant.

Sa première dent était tombée et, tel un condamné à mort qui ne croit plus à son amnistie malgré son innocence, il n'a pu contenir sa joie lorsque le dentiste l'a gentiment soulagé. Alors, forcément, derrière, c'était un peu la fête du slip. Et le cauchemar de maman, donc.

Ce matin, changement de programme. Doux comme un agneau, même pas besoin de sortir les rangers ni de promettre le parcours du combattant. Non, à la place du petit démon de la veille, j'avais en face de moi une adorable bouille toute mignonne, émerveillée du passage de la p'tite souris. Il m'a montré, un peu éberlué, le parcours qu'avait dû accomplir la p'tite bête pour grimper jusque sous son oreiller histoire de déposer une pièce (eh oui, finalement, il continue d'y croire, à tout ce bullshit), puis s'est habillé sans multiples relances ni menaces de punition (je suis un exemple d'éducation, je crois. Enfin, de tout ce qu'il ne faut pas faire).

Il m'a même donné la main (rien à voir avec le fait que ça caille dehors).

Du coup, sur le chemin de l'école, je me suis lâchée, sans vraiment savoir si Dolto aurait approuvé:

" Tu es adorable. Tu vois, tu es le Loulou comme j'aime ("que tu sois", pas eu le temps de finir ma phrase, peu châtiée, on est d'accord).

Interloqué, il m'a regardée:

"Comme Jaime? C'est qui, jaime?"

Ahem.

lundi 6 décembre 2010

Un chômeur sachant chômer...

Un jour, je vais devoir me résoudre à changer l'intitulé de mon blog. Oh, je vais en conserver le titre, bien sûr, mais le coup de la "chômeuse volontaire", ça commence à dater. Deux ans que je squatte Pôle Emploi... sans vraiment squatter Pôle Emploi, certes.

Hormis quand j'ai envie de rire (jaune) ou gratter un peu de matière pour ici.

Aujourd'hui, je suis toujours officiellement chômeuse. Ma fin de droits était prévue pour novembre mais, de mission en mission, j'ai réussi à repousser l'échéance et le couperet doit tomber en, en... Ben, je ne sais pas, figurez-vous car j'enchaîne ces CDD qui m'éloignent un peu plus de la date fatidique... tout en m'empêchant, paradoxalement, de trouver un "vrai" travail.

Entendez un travail où on n'a pas l'impression de devoir se démultiplier pour s'en sortir. Un boulot avec des temps de travail, donc, mais aussi des temps de repos. Un job qui ne t'oblige pas à rester entre quatre murs sans voir personne pendant quatre, cinq, six jours. Un travail décemment payé, qui te permet d'organiser ta vie avec un minimum d'équilibre entre devoir et plaisir.

Oh, je sais, je suis libre d'arrêter quand je veux mais ce boulot-là me plaît, bizarrement. Même si j'ai conscience que c'est du grand n'importe quoi. Un exemple? J'ai passé toutes les soirées de la semaine passée à retranscrire un enregistrement jusqu'à minuit, une heure, deux heures du mat. Y compris dimanche soir, sachant que je devais me lever ce matin à 6h du mat' pour un "travail sur site", entendez un déplacement (mais pas à Nantes, trop facile, non, à une bonne centaine de kilomètres.)

Je crois pouvoir affirmer que ça n'a plus grand chose à voir avec le quotidien d'un chômeur, même si finalement, chacun vit différemment cette période (ou cet état, devrais-je peut-être écrire ? ça finit par le devenir, oui). Certains s'ennuient, paraît-il. En deux ans, ça ne m'est JAMAIS arrivé. J'ai déprimé sec, oui, mais l'ennui, je ne l'ai jamais ressenti. Je passe toujours mon temps à courir.

Dans la voiture, j'écoutais les infos. On parlait de l'initiative de Cantona, qui enjoint tout le monde à vider ses comptes demain à la banque -encore faut-il avoir du cash sur les dits-comptes - et des intentions à peine voilées de Dominique de Villepin. L'élégant homme, un poil démago (nooooon? à peine) évoquait, plein d'empathie (démago, je vous dis) le quotidien des Français, "qui passent leur temps à courir" assurait-il. "Courir pour amener le petit à la crèche, courir pour aller dans les transports, courir..." A voir le nombre de voitures devant moi sur le périph', à 7h du mat, je n'ai pu que l'approuver.

A quoi bon? Pourquoi cette vie de dingue? Parce que la crise. Ah oui. Je laisserai "en temps de crise", alors, sur le blog.

Bon, mais je m'égare. J'ai éteint la radio et mis un CD pour m'envoler sur "Breathe me", formidable morceau de Sia qui m'aurait presque fait monter les larmes aux yeux, souvenir du final de Six Feet Under.

Rien à voir avec un quelconque épuisement, bien sûr, les larmes.

Avec cinq heures de sommeil au compteur, la pluie et les bouchons, je vous laisse imaginer mon état en arrivant. Les débats n'avaient pas démarré que j'étais assommée de fatigue. Visiblement, je n'étais pas la seule à piquer du nez, la dame en face de moi finissant d'ailleurs par s'endormir (!), dans l'après-midi, tandis qu'un autre résistait à la tentation en se frottant machinalement les yeux toutes les trente seconde. Quant à moi, je sentais mes paupières devenir de plus en plus lourdes.

Finalement, la vue d'un spécimen très, très physiquement intelligent - une espèce d'autant plus rare parmi ces "vieux machins" - m'a sorti de ma léthargie. Je lui aurais bien dit de venir me respirer, d'être mon ami, pour faire ma Sia de base, mais il était un peu loin, et il paraît que je n'étais pas là pour ça.

J'ai ainsi pu me reconcentrer sur les débats (à quoi ça tient, hein, finalement...). C'est là que j'ai senti les larmes me monter aux yeux. L'une des intervenantes évoquait les lettres que le "Père Noël" recevait, au centre de Libourne qui collecte toutes les missives de nos joyeux candides. Parmi elles, de plus en plus d'enfants, affirmait-elle avec tristesse, demandaient "un boulot pour maman."

Ah, c'est moins fun qu'une DS ou des Playmobil, on est d'accord. Mais plus utile. Certes (quoique).

J'ai pensé que mon loulou, de toute façon, n'y croyait plus. Que les miracles n'existaient plus. Que nous vivions quand même une époque drôlement pathétique pour que les rêves enfantins deviennent aussi terre à terre.

Et que je devais être drôlement épuisée, pour en être rendue à contenir mes larmes dans un hémicycle. Cela n'avait évidemment rien à voir avec le fait que la dame, là, avait touché pile là où c'est sensible.

dimanche 5 décembre 2010

Merci la crise

Loulou regarde le sapin que nous venons d'installer.

Enfin, que J'ai installé, vu le poil dans la main monstrueux qui est en train de lui pousser dans la main (Je songe à l'envoyer en camp junior GI pour les prochaines vacances, histoire de lui apprendre la vie).

"Si c'est pas le Père Noël qui offre les cadeaux, c'est les parents", me lâche-t-il soudainement.

J'essaie de rester stoïque - j'aime bien l'idée qu'il y croit encore, à 7 ans, même si j'ai de sérieux doutes sur la question depuis un moment - et je lui demande pourquoi il pense pareille chose.

"Ben, souvent, quand on choisit les cadeaux, les parents disent que ça va faire beaucoup pour le Père Noël", me répond-il, hilare, du genre on-me-la-fait-pas-à-moi,-le-petit-malin.

Un ange passe. Je n'ose plus rien répondre. Il reprend:

"Toi, surtout, tu le dis souvent : Oh, ça va faire beaucoup pour le Père Noël. Tu parles!"

Oui, c'est ça, tu parles.

vendredi 3 décembre 2010

La multiplication des chutes

Aujourd'hui, je retournais au Mans, non pas pour y démarrer un nouveau poste, mais pour voir Poney. Voiture ? Train? Allez, j'opte pour le rail, c'est plus écologique et moins fatigant.

Moins fatigant? Ah ah.

Après le premier arrêt (j'ai pris un TER, trop facile de choisir un TGV), le train reprend doucement son rythme. Très doucement. Trop doucement. Nous sommes bloqués en pleine voie. Au bout d'une dizaine de minutes, le verdict tombe: "un accident à la personne est survenu en gare d'Angers. Nous vous informerons blablabla". Premiers grognements. Puis : "Comptez deux heures d'attente."

C'est le tollé.

Bon, je suis une quiche en maths mais j'ai bien compris que ça va être compliqué d'être à l'heure, pour le coup, et de souhaiter un joyeux anniversaire à Poney, 86 ans aujourd'hui. Loin de ces considérations personnelles et égoïstes, la dame de la SNCF explique : "Les pompiers et la police doivent venir constater l'accident. Et seul le procureur pourra nous donner l'autorisation de repartir. C'est la procédure pour un accident à la personne."

Un accident à la personne. Drôle d'expression pour parler d'un suicide.

La compassion envahit le wagon... Non, je rigole. Tout le monde râle, soupire, ma voisine de devant me demande de traduire en anglais le message au monsieur tout perdu qui nous regarde comme s'il avait oublié d'apporter ses petits cailloux pour retrouver son chemin... Chacun s'empare de son téléphone, comme si ce petit objet était devenu le seul lien nous maintenant à la société. Parce que là, en rase campagne, c'est limite si on ne va pas se faire bouffer par les loups, si ça continue...

Oui, les minutes passent et chacun se fait des films. Enfin moi plus que d'autres. Mon voisin de gauche, par exemple, enchaîne les parties de solitaire sur son ordi comme si de rien n'était. D'ailleurs, il me rappelera à la fin du trajet la chance que nous avons eu, de ne pas avoir voyagé dans le train qui a percuté le malheureux.

Un philosophe. Ou un maniaque.

Personne ne songe au drame humain qui vient d'avoir lieu. Oh, je sais, tout ça est d'un banal, pas vrai? Des gens qui se jettent sous le métro ou le train, ça n'a rien de rarissime, hélas, expliquant sans doute que personne ne semble touché. Je ne suis pas mieux que les autres, hein, perdue dans mes pensées, je me demande bien comment faire pour dégoter une baguette magique, voire un balai de sorcière, afin de me transporter loin de ce quai froid et gris.

Bah, je sors mon ordi et je me remets sur le manuscrit de Poney. Autant mettre à profit ce drôle de break. L'heure file et je réalise qu'à ce rythme, je vais aussi rater mon train du retour, ce soir. Je vais voir une dame à képi pour m'enquérir des horaires retour. Et nous discutons.

Elle soupire et me raconte qu'il y a déjà eu un suicide hier sur la même ligne et au total, quatre sur les dix derniers jours. "C'est normal en cette période de fin d'année", explique-t-elle, abasourdie que l'on puisse choisir une mort aussi violente. " "Y'a quand même des manières plus douces!" s'étonne-t-elle. Oui, on peut le voir comme ça... "Enfin, le pire", poursuit-elle, "c'est que certains se ratent. Je ne vous explique pas l'état", me dit-elle, prête à vomir à sa propre évocation gore.

En décembre, il fait froid. Sans blague? Mais surtout, en décembre, à l'heure des bilans, d'une crise qui n'en finit pas, de situations qui chaque jour se dégradent un peu plus, des hommes, des femmes, gagnés par la solitude extrême, le désespoir et le blues irréversible, décident qu'il est temps d'en finir.

Et vous savez quoi? Le pire, c'est que même à leur mort, les autres ne les voient que comme des boulets.

mercredi 1 décembre 2010

Quand le masque tombe

Pas d'enjeu, je suis décontractée. Dans l'ascenseur, je sens une petite montée d'adrénaline, mon coeur bat plus fort. Oups. Le trac.

Après quelques minutes d'attente, je rentre dans une pièce. Six personnes, pas moins. C'est un entraînement mais je veux me mettre dans la peau de la candidate qui veut ce job à 100%. L'élu présent - c'est pour une municipalité, je vous le rappelle - décline mon identité en lisant mon CV, avant d'ajouter : "et vous habitez Le Mans..."

Damned. Je suis cernée. Je ne peux pas mentir. Obligée de lever le masque, d'entrée, et d'expliquer que j'ai envoyé ma candidature entre deux cartons, que j'ai depuis déménagé à Nantes et que voilà, quoi... Pas facile maintenant de faire comme si de rien n'était. L'élu poursuit:

"Et vous êtes mariée?"

Je ne vois pas trop le rapport, mais... Je réponds par la négative.

"Non, parce que je vois "un enfant".

Et voilà comment j'ai dû me justifier sur la pertinence de mon départ à Nantes, eu égard à ma volonté de concilier vie professionnelle et vie familiale, blablabla.

Pour le reste, aucune question-piège du genre vos qualités/défauts, un jury plutôt attentif et d'autant plus que l'élu a quitté la pièce très vite (était-il là uniquement pour démarrer les hostilités?). J'étais rouge comme une pivoine, la faute à un chauffage trop fort (et sans doute au stress, j'imagine), je ne cessais de parler avec les mains mais à part ça, je n'ai pas l'impression de m'être démontée.

Le responsable m'a demandé, au vu de ma situation géographique, "alors, comment ON fait?", ce qui m'a laissé penser que j'avais sans doute des chances de décrocher ce job, et que j'en aurais encore aujourd'hui si j'annonçais mon retour au Mans. Mais tout cela n'est qu'hypothétique et je ne doute pas que ma candidature a été logiquement rejetée.

C'est drôle, la vie. Obtenir un "vrai" boulot m'aurait enlevé un sacré poids des épaules. J'aurais eu l'impression, paradoxalement, de souffler et de reprendre une vie sociale et personnelle normale sans avoir à caser Loulou sans cesse chez mes parents comme je le fais actuellement, pour bosser sur mes missions ou sur Poney. J'aurais pu recommencer à glandouiller le dimanche comme je le faisais parfois, de temps à autre, lorsque j'étais dans une vie active salariée. Revoir des amis, les recevoir à dîner, pour l'apéro, que sais-je. Au lieu de m'enfermer comme je le fais, en tête à tête avec mon ordi. Au lieu d'annuler un week-end ou des soirées sympas, comme j'ai été contrainte de le faire.

Drôle de sentiment qui m'anime en ce moment, partagée entre l'enthousiasme de ce nouveau départ et le caractère pathétique de ma vie actuelle où je prends toutes les missions que l'on me propose, quitte à ressembler à un zombie et ressentir quelques palpitations, parfois. Juste pour manger, bien sûr (quoique, j'aime vraiment ce boulot de retranscription, finalement, plein d'enseignements), mais aussi pour rester dans l'action.

Et alors que l'angoisse m'étreint parfois, au coeur de la nuit, alors qu'un poste "fixe" m'est présenté sur un plateau d'argent, je sabote ma propre candidature. Je choisis la voie de l'incertitude, de la précarité.

Je ne suis pas démunie, je n'ai jamais autant passé de soirées à bosser de ma vie, jamais autant écrit. Je remplis le vide sans savoir de quoi demain sera fait. Mais je sais une chose: j'ai bel et bien tourné une page et ma vie se construira ici, maintenant, parce que ce n'est pas logique mais excitant. Parce que je défriche ce terrain nouveau et que j'ai retrouvé mon optimisme.

Parce que, de toute façon, la certitude et la voie tracée m'emmerdent profondément.

mardi 30 novembre 2010

Le givre, le râteau et la masochiste

"Qui sont les anorexiques?"

Hein, quoi, euh, pas taper, je vous jure, c'est pas moi.

5h30, la radio s'est mise en marche. Réflexe immédiat: donner un grand coup dedans. Et se rendormir aussi sec.

Ah mais non, c'est vrai. Debout, la fainéasse. Y'a entretien aujourd'hui. Et dire que je suis une vraie marmotte... On n'a pas des vies faciles, je vous jure.

Je suis en mode radar mais j'ai bien compris que 1/ je vais me geler dehors; 2/je vais devoir gratter le pare-brise; 3/je teste la part masochiste qui grignote chaque jour un peu plus la moindre parcelle de mon esprit malade. Faire tout ça pour savoir pertinemment que ce poste ne sera pas pour moi, ça confère un rien au pathologique.

Bref.

Mes sens sont plus aiguisés que je ne l'espérais, cela dit.

A 6h32, je goûte le thé brûlant, décidant que mon palais souffre pour la bonne cause et que j'aurais bien besoin de quelques litres pour attaquer la journée à fond.

A 6h48, je sens bien le contact frigorifique du volant et du givre sur mes mains - malgré les gants.

A 7h02, dans le tram, je sens bien que le monsieur à côté de moi s'est réchauffé, et pas avec du café.

A 7h18, j'entends bien les soupirs de la dame à la presse de la gare, répétant d'une voix lasse le prix des journaux qu'elle encaisse.

Et dans le train, je vois tout de suite le monsieur physiquement intelligent installé assez idéalement, pour que je le mate en douce (ben quoi, une fois le Libé terminé, faut bien trouver quelques occupations). Je crois que je le mate en douce, mais en fait, non, en témoigne son oeillade de retour... dans un miroir. La tuile. Allez, j'abats mes cartes, je la joue complice. En plus, j'ai ma panoplie de tueuse, j'ai tout, j'suis crédible.

Râteau. La nana en face de lui n'est pas juste une voyageuse assise par hasard. C'est celle qui accompagne la bombe. Son officielle, quoi.

Oups.

Bon, on peut pas toujours être au top, pas vrai... Mais aujourd'hui, je dois me persuader du contraire, je suis une killeuse. Ce rendez-vous, je le conçois comme un entraînement, je me suis donc mise dans la peau de la candidate parfaite (ah ah). Ce poste, il est pour moi...

A suivre...

lundi 29 novembre 2010

Why not

J'avoue : je vous ai détestées, vous, les personnes bienveillantes, remplies d'empathie, qui m'avez conseillé, ici ou sur Facebook, de ne pas rater ce rendez-vous.

J'avoue: je me suis détestée, d'avoir raconté que j'étais convoquée à un rendez-vous, auquel je ne pensais pas aller.

J'ai passé deux bonnes nuits difficiles à faire du tetris dans ma tête, et sachant que mes neurones sont actuellement concentrées sur des conseils institutionnels pas piqués des vers, je vous assure qu'il y a challenge. Et mal de crâne inclus.

Bon. C'est vrai. Ce genre d'expérience est toujours intéressante à vivre.

C'est vrai, ça ne mange pas de pain.

Et puis, un quotidien sans cesse bousculé, c'est bien ce que je cherche en permanence, après tout...

Que l'on ne s'y trompe pas: je ne retourne pas vivre au Mans. J'ai les deux pieds collés au sol nantais, je vous assure. Mais j'aime bien l'inconnu, alors...

samedi 27 novembre 2010

Dilemme

Surprise dans ma boîte aux lettres aujourd'hui : j'ai reçu une convocation pour mardi, pour un entretien d'embauche. Pour un CDD, un vrai de trois ans, avec salaire OK, boulot OK, sécurité OK. Poste de journaliste, ok - la carte en moins, quand même, mais bon, on va pas chipoter.

Un de ces trucs que n'importe quel chômeur en fin de droits (au hasard, moi) rêve de recevoir.

Et donc? Et donc, je ne sais pas quoi faire. J'y vais? J'y vais pas?

Comment ça, t'y vas pas, me crie l'angelot sur mon épaule droite, mais enfin, tu en crèves, de ne pas retrouver un boulot "normal", rassurant et fixe!

Comment ça, t'y vas? hurle le diablotin sur l'autre épaule, mais enfin, tu viens de tout changer pour t'ouvrir de nouveaux horizons!

Eh bien oui, figurez-vous que ce poste, dont je vous avais déjà parlé, ce poste se situe... au Mans. Oui, oui, c'est bien ça. Rewind, on rembobine, on oublie les aléas du déménagement, on efface l'opération sacrifice-je-sens-la-frite-mais-je-suis-connectée-au-oueb, on ne jette pas les cartons qui patientent gentiment dans la cave et hop, retour à la case départ.

Sauf que la case départ, personnellement, je la situe là où je me trouve actuellement. Je n'ai pas fait tout ça pour repartir aussi sec d'où je viens.

Qu'est-ce que cela me coûte, après tout, d'aller à l'entretien, me direz-vous (hormis un billet de train, et je vous assure qu'actuellement, c'est peu mais pour moi ça commence à devenir beaucoup - France Gall, sors de ce corps)? Pas grand-chose, on est d'accord. Je crains juste de remuer le couteau dans la plaie, en sus de faire perdre du temps à des gens.

Moi qui aime l'ironie, me voilà servie.

vendredi 26 novembre 2010

Je plaide coupable - le mal de mère

C'est bête, hein... L'autre soir, j'ai regardé un docu très bien fait sur "les mères indignes" et je riais, mi-outrée, mi-soulagée. Les pulsions que j'ai pu parfois pu ressentir avec la chair de ma chair, je ne suis (hélas?) pas la seule à les avoir eues, regrettées et, globalement - heureusement - contrôlées.

Les paroles de ces femmes parfois dépassées, parfois hilares, étaient tout bonnement incroyables, parfois choquantes, bien sûr, souvent tellement réalistes. Elles n'avaient pas peur de passer pour ces monstres d'égoïsme que la société voudrait imposer comme modèle à bannir. Alors qu'elles sont juste des mamans normales, partagées entre l'amour absolu pour leur enfant, leurs enfants, et leur désir de vivre leur vie, sans ces chaînes au pied.

J'ai éteint en pensant que je n'étais ni meilleure, ni pire que les autres.

Hier, j'ai accompagné Loulou à une sortie scolaire - les Machines de l'Ile de Nantes, quelle merveilleuse idée! Enfin des grands à l'imagination fertile, qui n'ont rien perdu de leur âme d'enfant!- et malgré la migraine logique après un tel cyclone (Loulou qui est une vraie pile m'a semblé finalement plutôt calme parmi cette horde d'agités, vous imaginez le niveau d'hyperactivité de ces mômes!), j'ai pris le temps de discuter hier soir avec mon rejeton, en me disant que j'adorais ces moments de complicité-là, cette sérénité qui se dégageait, son adaptation à sa nouvelle vie.

Blablabla...

Sauf que là, j'ai le moral en vrac. J'ai mis une soufflante - une engueulade, je veux dire - à Loulou ce matin et, à vrai dire, il ne l'avait pas volée. Il n'y a pas eu de claque mais, quand même, un coup de pied aux fesses, un vrai, un qui m'a fait mal moi-même et qui m'a surprise par sa violence. Évidemment, Loulou était en larmes et m'a à peine concédé un bisou d'au revoir, quelques minutes plus tard, quand il a fallu se quitter devant le portail de l'école et pour le week-end.

Vous imaginez la culpabilité que j'ai pu ressentir.

Je devrais oublier. Me sortir ça de la tête. Parfois, je lui dis, à Loulou, comment je fais pour évacuer les idées noires. Je les colle dans un ballon gonflable, je fais un noeud, je l'envoie vers le ciel et je le regarde filer, loin là-haut. C'est idiot, mais ça marche.

Sauf que là, je n'y parviens pas.

Et du coup, tout rejaillit, les incertitudes, les angoisses, l'avenir...

Je crois bien que je déteste le froid, qui me congèle tout mon enthousiasme pour ne laisser en moi qu'un vide abyssal et l'envie d'aller hiberner ces six prochains mois.

mercredi 24 novembre 2010

La sauce du fantôme

Résumé des épisodes précédents:

Je rêvais d'être journaliste.
Je rêvais d'être journaliste à Bip-Bip magazine.
Je suis restée journaliste à Bip-Bip magazine une petite quinzaine d'années.

Je rêvais d'ouvrir un restaurant.
Je rêvais d'ouvrir un restaurant et de cuisiner pour des vrais gens.
Je rêvais de faire de la pâtisserie et que les vrais gens viennent savourer tout ça.
J'ai signé un compromis de vente pour l'acquisition d'un restaurant, j'ai mitonné quelques gâteaux ça et là et je suis restée en rade.

J'ai rêvé d'allier mes deux passions, l'écriture et la cuisine.
J'ai compris que dans la vraie vie, la place pour le rêve diminuait au fur et à mesure que la réalité (payer son loyer, son miam miam, tout ça) nous rattrapait.
J'ai bien perçu le côté triste de la chose mais comme je suis une grande rêveuse, j'ai juste remisé à plus tard certains utopies.
Pour quand je serai grande.

La vie des autres m'a toujours passionnée.
Écouter la vie des autres m'a enchantée.
J'ai longtemps rêvé d'être nègre. Écrivain fantôme. Ce genre.
J'ai rencontré Poney.

Poney me nourrit de ses mots et moi, je nourris son irrépressible envie de laisser une trace sur cette terre, la trace de sa vie incroyable et palpitante.

Poney remplit des cahiers de ses écrits. Et les mots prennent véritablement vie, sortent des pages, dansent et virevoltent lorsqu'elle évoque ses tranches de vie.

Deux fois par mois, elle et moi nous donnons rendez-vous sur son perron, pour le traditionnel salut, toujours enjoué de part et d'autre. Et nous nous dirigeons tranquillement, au rythme de ses pas saccadés, vers le fond de son jardin. Dans son cabanon. Nous nous asseyons. Je la regarde. Je branche mon dictaphone. Je lui pose une première question.

Je suis soudainement transportée dans le New York des années 30. Poney, aussi, à entr'apercevoir le voile qui marque son visage, si proche, si distant à la fois. Les minutes s'égrènent vite et les détails se bousculent, parfois sans logique aucune. Poney dit que tout ça, c'est loin, que la Poney qu'elle me montre sur ces photos incroyables, est une autre qu'elle-même.

Mais elle fait revivre cette petite fille gâtée et solitaire, cette jeune femme mutine et talentueuse, à chaque mot qu'elle prononce.

Comment traduire cette énergie? Comment relater au mieux un tel parcours? Au fil des entretiens et du travail que j'accomplis, à mon retour, en tête à tête avec mon ordinateur, je réalise à quel point la mission du nègre s'avère délicate: il faut s'effacer, soit, pour rester fidèle à la personnalité de votre interlocuteur. Mais lorsqu'un passage vous semble un rien fade, la tentation est grande de le ficeler autrement, de s'en arranger, de remanier le tout. A sa sauce.

Sauf que Poney ne veut être cuisinée qu'à sa sauce.

Finalement, la cuisine et l'écriture sont bel et bien liés. Je suis en train d'expérimenter, à ma sauce, leur exaltante combinaison.

mardi 23 novembre 2010

Semelle en vrac

Le monsieur plutôt physiquement intelligent de chez Alice est bien passé hier, mais je n'ai toujours pas internet chez moi. J'ai bien essayé de le soudoyer, avec un café, mais que voulez-vous, tout se perd, il a décliné poliment l'invitation, pressentant sans doute des conséquences fâcheuses...

...

Ben quoi, on peut plus se faire de films? Pas que je m'ennuie, mais je me sens un peu coupée du monde, là, à rester entre mes quatre murs sans sortir ET sans contact avec la vie en 2.0.

Pour tout vous dire, j'enchaîne les missions de rédaction et j'y prends de plus en plus de plaisir (mon côté masochiste, j'imagine). Pendant les réunions, j'ai même le temps, désormais, d'observer le petit détail qui tue. Tiens, d'ailleurs, je vais en faire un objectif, désormais: trouver la petite perle de la journée.

Après la réflexion sur le "vieux machin", j'ai dégoté la semelle défoncée de monsieur le Maire (je suis - assez loin - derrière lui, c'te chance), ce qui m'a laissé penser qu'à force de traîner dans les Conseils, il en a oublié d'avoir une vie personnelle (et donc de s'acheter de nouvelles chaussures).

Tiens, c'est marrant, ça me rappelle quelqu'un...

Oups, je sors.

samedi 20 novembre 2010

Evasion

Chouette! Mon horoscope m'a prévu de l'évasion, aujourd'hui. Et c'est vrai: dès 7h ce matin, j'étais sur la route... Pour couvrir un conseil municipal, 150 km plus loin.

Quand je dis "la route", je parle de ces merveilleuses nationales sans fin parsemées ça et là d'arbres et de gros rond-points (sinon c'est pas drôle).

Le ciel était magnifique, tout en nuances rosées et orangées... Avant que je me prenne une bonne vieille averse sur mon brushing tout neuf.

J'adore ma vie.

mercredi 17 novembre 2010

La morte du lundi matin

La semaine a commencé bizarrement. En rentrant de l'école, lundi matin, je tombe en arrêt devant deux croque-morts et un troisième monsieur (le chef?), relevant à grand peine un sac tout blanc pour le poser le plus délicatement possible sur le brancard.

Une housse pour protéger un mort, quoi.

Hum, j'ai beau vouer une adoration totale à Dexter et Six Feet Under, je crois que voir un macchabée comme ça, au pied de l'ascenseur, ça me fera toujours bizarre.

Bêtement, je leur ai proposé de tenir la porte d'entrée. Oui, qu'ils m'ont dit. Avant de remettre la morte en place, l'attacher, répondre au portable, tout en continuant de sangler le corps... On dira ce qu'on voudra, mais le respect pour le défunt s'est un rien entaché, d'un coup. Bon, au bout de dix minutes, je commençais à fulminer, j'avais beau me raisonner en me disant que j'avais tout mon temps, parce que, MOI, j'étais vivante, je trouvais qu'ils poussaient un peu le bouchon. C'est là que la fille, enfin j'imagine, de la morte (au format de la housse, c'était une femme), est arrivée et m'a proposé de tenir la porte.

"Ben je veux bien, parce que j'ai pas toute la journée, hein!"

Elle n'a rien dû comprendre, la pauvre, et se dire qu'elle ne méritait pas tant d'agressivité, tandis que je remontais les escaliers, furibarde contre ces croque-morts qui ne m'avaient même pas remerciée d'être trop bonne poire.

Lorsque j'ai raconté l'anecdote à mon père l'après-midi, sa réaction n'a pas tardé:

"Mais t'as besoin d'aider tout le monde, comme ça? Arrête!"

Moi:

"De toute façon, ils gênaient le passage. " (enfin, surtout la morte sur son brancard, paix à son âme).

Oui, obligée de mentir pour me justifier. Parce qu'en vrai, il y avait un autre chemin pour accéder à l'escalier. Mais enfin, sinon, il va croire que sa fille s'est transformée en mère Théresa. Ce qui n'est pas le cas, loin s'en faut.

C'est juste que je n'aime pas cogner dans les morts, ça me rappelle notre vulnérabilité.

mardi 16 novembre 2010

Nouvelle vie et vieux machin

Finalement, l'armoire a bien failli rester sur la pelouse, fracassée en deux. A 22h30, nous avons décidé de l'installer sur le palier, pour une durée indéterminée, sa tête ne passant pas par la porte d'entrée de mon appartement.

Franchement, nous n'étions plus à ça près. On a fini la soirée à écouter les blagues camerounaises du boss, boire du Coca à même la canette, avachis sur des cartons, avant de refermer la porte.

Cette fois, j'y étais.

Vous dire que ma vie a radicalement changé serait à la fois juste et faux.

Juste, dans le sens où je dois repartir de zéro, prendre mes repères dans cette ville que j'ai connue lors de mon enfance et mon adolescence. Je trouve ça très excitant, très rafraîchissant, surtout à une période de l'année où l'on a plus tendance à se calfeutrer chez soi.

Faux, dans le sens où je n'ai pas (encore?) une routine liée à un changement de rythme, je sais pas, des horaires de travail à respecter, un périph bondé à traverser, ce genre de détails. Et puis, depuis que je suis arrivée ici, je passe ma vie dans d'autres villes, au Mans, d'abord, pour Poney, mais aussi pour de nouvelles retranscriptions sur site, comprenez dans un hémicycle où l'on ne ressort pas indemne.

N'empêche. Qu'est-que je rigole toute seule, parfois, sur ces retranscriptions. L'autre jour, par exemple, c'était une séance consacrée à des votes. Les collaboratrices de l'instance, chargées du bon déroulé des élections, ne songeaient pas toujours à éteindre leur micro. Eh bien, vous savez quoi? Il faut toujours se méfier des jeunes assistantes un peu pincées.

"On lui dit, au Vieux machin, qu'il se grouille un peu?"

"Arrête, et l'autre, t'as vu sa face?"

Je vous laisse imaginer les gloussements et autres ricanements.

Oui, vous voyez, rien n'a changé, je continue de me contenter de ces petits riens qui égayent mes journées...

dimanche 14 novembre 2010

Abdel, les déménageurs et l'histoire du vin en carton

6h32.

Il est l'heure. Un rapide coup d'oeil embrumé plus tard, je suis debout, prête à en découdre avec cette journée qui s'annonce particulièrement longue.

7h48.

Je descends vérifier que les panneaux de stationnement sont bien en place. Ils sont bien en place. Tellement qu'un boulet s'est garé sur l'une des places réservées. Me voilà partie pour en découdre de nouveau avec le commissariat. Pitié.

8h13.

Le boulet est parti. Cette journée sera placée sous le signe de la chance.

8h43.

Les déménageurs ne sont toujours pas là. Cette journée sera à graver dans viedemerde.com.

8h52.

J'ouvre mon fichier et reprends la retranscription de mes débats. C'est pas comme si je déménageais aujourd'hui.

9h12.

Je compose le numéro de la société de déménagement. Je m'attends déjà à la voix de la dame de France Télécom m'annonçant que le numéro de mon correspondant n'est plus en service.

9h13.

Je laisse un message un peu énervé.

9h14.

Le boss de la boîte m'appelle. "On arrive dans vingt minutes!".

9h15.

Hum.

9h16.

Quitte à poireauter, autant aller consulter ma messagerie. Facebook s'affiche en masse.

9h18.

J'ajoute un commentaire sur Facebook, répondant à un ami.

9h21.

L'ami m'appelle. On discute de tout et de rien, j'entends sonner dans l'appareil, je maudis ma batterie.

9h48.

Nous raccrochons. J'ai huit appels manqués de la boîte de déménagement.

9h49.

Hum.

9h50.

Le boss me rappelle et engueule dans le même temps un syndicaliste pour le laisser passer. Le gros camion est coincé dans le cortège de la grève.

9h51.

Je reste zen.

9h52.

Lui non.

9h58.

Le boss gare le gros camion, râle contre une voiture stationnée. Ses deux comparses surgissent de je ne sais où.

10h.

C'est parti.

10h15.

Après avoir soulevé trois petits meubles, je me rends à l'évidence: rien de mieux que des pros. Je retourne à ma retranscription. Sympa pour passer le temps.

10h22.

Je me rends à l'évidence. Entendre vingt fois "Mademoiselle! Mademoiselle!" ne favorise pas la concentration aiguë. Je garde la ligne ADSL branchée, au cas où, sans trop de conviction.

10h35.

Je viens de perdre une bonne quinzaine d'années, d'un coup. Le boss me demande ce que je fais dans la vie. "Vous êtes étudiante en quoi?"

10h36.

Il ferait n'importe quoi pour amadouer ses client(e)s, celui-là.

10h37.

N'empêche, je suis flattée.

10h45.

A bien y réfléchir, avec les années, je crois que je me suis spécialisée dans l'étude du comportement humain dans les situations les plus ubuesques. Mon plus fidèle cobaye? Moi-même, évidemment.

11h23.

"Madame", me demande le plus jeune en portant une commode, "tu es Algérienne?"

11h24.

"Madame" "Tu"... Voilà qui est tout à fait logique. Ma ressemblance avec le type algérien ne m'a jamais semblé flagrante, mais enfin, bon, pourquoi pas.

11h25.

Son collègue me fait un gros clin d'oeil et chut avec la main, tout en portant l'autre côté de la commode.

11h26.

"Non, parce qu'Abdel, il m'a dit que tu t'appelais Delila."

11h27.

Je vois bien qu'il est déçu. Et j'admets que "Stéphanie" est un moins joli prénom, mais qu'est-ce que j'y peux, moi, si mes parents ont fait preuve d'une originalité exceptionnelle en me nommant ainsi dans les années 70?

12h03.

"On va pas la démonter, cette armoire. On la passe par la fenêtre, okay." Quand le boss pose une question, il pose en fait une affirmation. Okay, alors.

13h08.

Avec ses grosses chaussures toutes sales, Abdel vient d'aller se laver les mains dans la salle de bain, celle-là même que je viens de récurer de fond en comble, avant l'état des lieux du milieu d'après-midi. Bon, de toute façon, je devais m'y attendre, à être dans la mouise jusqu'au cou.

13h37.

Le plus jeune, qui continue d'alterner entre tutoiement et vouvoiement, s'arrête net. Aurait-il vu une mygale? (Ben quoi?)

13h38.

Il a lu "vin" sur des petits cartons. "C'est de l'alcool?", qu'il me demande, horrifié.

13h38.

Devant ma réponse, il enchaîne: "je ne peux pas les porter." Ok, je vais les porter alors. Soudainement, il est de nouveau pris d'une crise de panique. "Là, là!!" "Oui, quoi, là?" Il me montre, affolé, un autre carton sur lequel est inscrit "Bouteilles." Un carton... qu'il a déjà porté. "Ça? Non, ne vous inquiétez pas, ce sont juste des bouteilles d'huile d'olive, de vinaigre balsamique, pas de souci."

13h39.

Comme quoi, parfois le mensonge est profitable.

13h40.

Je suis contente d'être dans le noir du couloir. A défaut du nez qui s'allonge, je sens mes joues rougir.

14h02.

Je croise une voisine, on discute, je m'évade cinq minutes de cette journée, et vas-y qu'on cause, qu'on se dit des au-revoir à n'en plus finir... en bloquant l'ascenseur.

14h05.

En entendant Abdel tambouriner à la porte de l'ascenseur, je finis par comprendre que je suis en train de retarder mon propre déménagement.

14h06.

Parfois, souvent même, je me fatigue toute seule.

14h07.

Je n'ose imaginer l'état dans lequel je peux mettre les autres, non dotés de cette auto-indulgence qui me permet de me coucher tous les soirs sans avoir à me mettre KO toute seule.

14h18.

Je descends d'un étage et dépose au pied de la porte un petit souvenir à mon autre voisine, que j'aurais aimé revoir mais qui est visiblement absente. Mince.

14h23.

Mon armoire a failli fracasser les fenêtres d'en dessous environ une quinzaine de fois mais est finalement sur le trottoir, attendant tranquillement qu'on veuille bien s'occuper d'elle.

14H27.

Avec mon vaporetto dans une main et mon éponge dans l'autre, je suis à fond, là. Je blêmis à peine lorsque le boss, en sueur, m'explique que pour le cubage supplémentaire, ça va être 600 euros supplémentaires.

14h32.

On trouve un arrangement. Je crois qu'il a eu pitié.

14h48.

Ils sont sur le départ. Je m'apprête à leur prendre des sandwiches. Poulet? Ah bah non, que poulet hallal. Pff, comment je vais expliquer ça à mon boulanger, moi? Soudain, je vois ma voisine rentrer, ouf. Elle est heureuse, elle vient de trouver un foyer, elle quitte son bourreau et a le sourire aux lèvres, à l'instar de son aînée, visiblement soulagée.

14h49.

La journée n'est pas si pourrie, finalement.

15h.

Cette fois, ils ont mis le moteur en route. Au moment de prendre son sandwich, le boss me regarde et me dit: "mademoiselle, vous avez un grand coeur."

15h01.

Là, j'ai envie de lui dire que le boulanger était fermé et que son sandwich vient du supermarché discount d'à côté. Et je serais lui, avant d'asséner de pareilles "vérités", j'attendrais de voir l'effet que le dit-bout de pain sec et son poulet vont produire sur son estomac.

15h02.

"Vous avez un grand coeur, ça se voit, vous savez pourquoi? Parce que tout le monde vous aime dans l'immeuble."

Eh bien, vous savez quoi? Rien ne pouvait me faire plus plaisir qu'un tel compliment. Cette journée, finalement, n'aura pas été si affreuse...

A suivre...

mercredi 10 novembre 2010

Toujours en vie!

Comment allez-vous?

Pour ma part, je ne sais pas trop par quel bout commencer tellement il s'est passé de choses. Je reviendrai dessus prochainement, dès lors que j'aurai retrouvé une connexion digne de ce nom.

Comment je fais, là? Eh bien, je me suis branchée via ce bon Ronald, qui propose du café en gobelet carton, mais qui a l'extrême amabilité d'offrir sa ligne wifi...

Bref, du déménagement épique à l'installation dans un appart plein de surprises, des retrouvailles avec la météo nantaise pas toujours clémente au retour au Mans pour mes débuts avec Poney, d'une mission de rédaction - terminée dans la douleur entre deux cartons - à la journée passée dans un hémicycle breton, la matière ne manque pas, je vous assure!

Je m'aperçois que décidément, ce blog compte pour moi, je ressens le manque bien plus intensément que je ne l'aurais cru!

Je vous embrasse!

jeudi 28 octobre 2010

Non, ce blog n'est toujours pas actualisé...

Vous voyez, j'anticipe. J'anticipe ce post, programmé pour le jour de mon départ, alors que tout est plié et que je retourne inlassablement à cette retranscription qui n'en finit pas.

J'anticipe les jours à venir, privée d'internet - à moins qu'un gentil voisin n'ait pas sécurisé sa ligne, je l'aime d'avance dans ce cas - et il fallait un titre qui sera toujours d'actualité pendant mon absence...

J'anticipe le bonheur que je vais ressentir à investir un nouvel appartement.

J'anticipe la curiosité de mon Loulou devant cette nouvelle aventure.

Je vous dis à très vite, je ne sais pas pourquoi, je sens que je vais avoir des tas de choses à vous raconter...

mercredi 27 octobre 2010

Bye bye, city!

Lorsque j'ai posé mes valises ici voilà seize ans, lestée d'une petite vingtaine de kilos supplémentaires (!) mais sans plus de bagages qu'une voiture ne peut en contenir, j'ai senti comme un grand vide en moi (d'où les kilos qui ont mis du temps à se faire la malle, vous voyez bien).

Je n'avais pas choisi cette ville, que je ne connaissais que par son circuit automobile et sa fameuse spécialité que je n'apprécie guère - les rillettes - mais je réalisais un rêve, celui de rentrer dans le magazine pour lequel j'avais tant espéré travailler.

Alors, après, le lieu, hein... Je me posais surtout, pour la première fois de ma "vie de grande", quelque part. Je savais que j'entamais là un long bail et que j'allais devoir apprendre à connaître davantage ma ville d'adoption, au delà des clichés.

Au début, lorsque j'allais à Nantes, je disais que "je rentrais", alors que mon chez-moi était bien, désormais, au Mans. J'avais souvent l'impression d'être en transit, ici, entre deux déplacements. Je me souviens d'un blues monumental au retour de mon premier voyage à New York, lorsque j'ai remonté l'avenue de la gare, au Mans, sous un ciel noir et des bâtiments gris et mornes.

Une vraie chape de plomb. Et j'étais là depuis un mois. J'ai cru que je ne m'y ferai jamais.

Pourtant, est arrivé un moment où la signification du mot "stabilité" a pris un sens. Et quitte à être stable, autant y avoir ses aises.

Alors, j'ai commencé à élargir mon cercle, purement professionnel au départ. Des gens du boulot qui deviennent des amis, ceux croisés au basket auxquels on s'attache, une inscription au théâtre pour ouvrir quelques horizons - et jouer sur une scène municipale la coupeuse de tête, à faire "couic" sur un banc public, autant vous dire que je n'aimerais pas revoir les images - et y rencontrer une amie que j'ai gardée aujourd'hui... Le temps fait son oeuvre et nous permet de tisser des liens, où que l'on soit.

J'ai longtemps considéré cette ville comme une cité un peu impersonnelle, où les gens ne se sentaient jamais aussi bien qu'en clan, où ils avaient du mal à s'ouvrir. Où les horizons étaient raccourcis. J'ai voulu la quitter, aussi, pour vivre à New York, à Paris, avant de réaliser que j'étais tout simplement en train de construire ma vie ici, au Mans. Je m'aérais de ces allers-retours, qu'ils soient au Brésil ou à Gravelines, en Italie ou à Chalon-sur-Saône, les déplacements professionnels m'offraient ces escapades, aussi peu glamour soient-elles, parfois, mais synonymes d'un peu de respiration.

Et puis, j'ai appris à l'aimer, cette ville, à en apprécier les contours, les artères, les ruelles. La modernité nouvelle, les quelques restaus, le ciné sympa, les concerts de plus en plus diversifiés... le basket, avec une équipe qui avait franchi un cap, qui jouait dans la cour des grands, qui était (qui est) une grande, qui compte.

J'ai fini par aimer un Manceau aussi. Mon fils est né ici.

J'ai grandi ici.

J'ai même pensé y monter un commerce, utopique que je suis...

Vendredi dernier, lorsque j'ai salué la directrice de l'école une ultime fois, j'ai senti mon coeur chavirer, les larmes me monter. J'ai compris qu'avec loulou, nous refermions un pan de notre vie. Fini, le petit circuit maison-école qui nous plaisait tant, fini les petites balades improvisées dans le centre à la sonnerie de la classe, fini le passage à la petite boutique d'à côté où Loulou allait malicieusement se ravitailler en thé "pour enfants"... Une nouvelle vie nous attend, nous allons construire une nouvelle routine ailleurs, je l'ai voulu et je ne le regrette pas, bien au contraire.

Mais je quitte Le Mans avec un sentiment que je n'aurais jamais envisagé auparavant à l'égard de cette ville. Je me suis attachée, tout simplement.

mardi 26 octobre 2010

Le pompon de la panne

Je ne sais pas si vous vous en êtes rendus compte, hier soir, mais vous avez lu un "premier jet". Le post que je balance systématiquement, avant de me relire, en direct sur le blog, pour chasser les coquilles.

En l'occurrence, y'avait une sacrée faute (voire deux, ahem) de concordance des temps. Je clique donc sur "modifier les messages", je clique, disais-je, je clique, eh, l'ordi, je clique là, tu crois vraiment que je vais passer ma soirée à ça? C'est toi qui va me faire les cartons/dégivrer le frigo/récurer la gazinière qui part demain/laver le truc cracra que j'ai découvert sous l'évier?

Hein, l'ordi, c'est toi?

Non, on est d'accord. Alors, tu la fermes et tu me laisses cliquer.

Je crois que mon ordi est susceptible, qu'il a besoin qu'on y mette les formes, un peu de douceur. Parce là, paf, il s'est bloqué.

C'est pas comme si j'avais une retranscription de 4h30 à finir pour hier. C'est pas comme si j'avais des informations à consulter absolument dessus.

Là, je me suis dit que, quand même, c'était un peu la cerise sur le gâteau. Après cette drôle de journée au commissariat, puis une looooongue attente à l'assurance, le dépôt un rien délicat (pour moi, surtout, je crois!) d'un loulou chez sa mamie, je pensais pouvoir souffler un peu et je m'étais même octroyé une petite faveur. Je suis passée acheter le dernier CD de Cocoon et je me voyais déjà, à la cool, finir d'empaqueter ma vie au son de cette musique que j'affectionne tellement.

Au lieu de râler comme une damnée contre ce bout de technologie mal léché.

Bon, l'avantage, c'est que mes cartons ont avancé et il ne leur manque plus que des petites papattes pour partir tout seuls dans le camion. J'étais partie, comme dans l'impossibilité de m'arrêter, jetant, emballant, portant... Un moment, j'ai dû me rendre à l'évidence.

J'étais une zombie. Et ça faisait à peu près sept fois que Cocoon tournait sur la chaîne.

Alors, je me suis affalée et j'ai dormi cinq heures, avant de me lever comme un petit soldat, espérant que la nuit aurait permis à mon ordi de revenir sur sa position, de mettre un peu d'eau dans son vin... Tu parles, rien.

L'avantage, c'est que ce dépannage express auquel j'ai dû me soustraire m'aura permise de revoir de vieux amis - informaticiens de leur état, mais sans les boutons ni le look qui vont avec - et je me suis demandé si l'ordi ne me sommait pas, ainsi, d'aller bêtement dire au revoir aux gens, au lieu de partir comme une sauvage.

Sauf que, malgré les cartons, malgré les résiliations, malgré la page qui se tourne, je ne quitte pas tout à fait Le Mans. J'y reviendrai très régulièrement, bientôt et je ne manquerai pas de vous détailler tout ça... Pourvu, évidemment, que mon ordi ne fasse pas de nouveau sa forte tête.

lundi 25 octobre 2010

Le flic est une femme comme les autres

Loulou n'ayant plus de lit, j'avais décidé de transformer ce petit couac en air de fête, du genre, "génial, mon trésor, c'est camping aujourd'hui!' Alors, quitte à dormir avec moi, autant faire les choses en grand : J'avais donc pris soin d'emmitouffler Loulou dans un sac de couchage, pour le côté festif (ouais, top, génial, on a trop une vie palpitante;) - et puis, de façon plus égoïste, pour préserver mes côtes, dont j'ai besoin en ce moment. Entre autres.

Raté. Réveillée par les doux bruissements gutturaux de mon loulou, j'ai surtout bien senti ses coups de coude, certes invontaires, mais bien réels. A vrai dire, c'est là que j'ai compris que la journée allait être longue.

Il y a d'abord eu le syndicaliste, ma foi fort sympathique, de la métropole, qui m'a délivré les panneaux de stationnement, histoire que personne ne squatte les places pour le camion, jeudi. Avant de me promettre un déménagement houleux, ce même jour, en raison d'une nouvelle grève. Bah, c'est pas comme si j'habitais en plein centre... Ah si, c'est vrai.

Ensuite, je l'attendais comme le moment fort de la journée, et je n'ai pas été déçue, ma foi. Un petit tour au commissariat, afin de porter plainte contre ces voleurs de mes deux qui avaient cassé plus de trucs que je n'en avais vus, dimanche soir (le pyjama-tong aurait-il un effet direct sur la vision des choses?) dans ma titine et qui, surtout, s'en sont payé une bonne tranche visiblement, visitant un nombre conséquent de voitures dans le parking.

11 heures. Le hall du commissariat est blindé. A l'accueil, devant moi, un monsieur souhaiterait voir un agent en particulier. La demoiselle, yeux ronds inexpressifs, queue de cheval serrée et mine épanouie de la nana partie en Sibérie pour ses vacances, essaie de lui expliquer qu'il ne travaille pas aujourd'hui et, devant l'insistance de celui que je prends déjà pour un indic, elle finit par appeler un autre service, tout en mâchouillant très élégamment son chewing-gum.

"Ouais, c'est l'accueil. Y'a un monsieur Bip-Bip, ah pardon monsieur, comment vous dites, bon monsieur bip bop machin je sais pas quoi, hein, attendez, ah, un certain Pilou qui voudrait voir..."

J'avais vu juste. Un type qui se fait surnommer Pilou ne peut être qu'un indic. Plus je regarde la demoiselle et plus elle me fait penser à une "das". Mais si, vous savez, ce terme allemand qui permet de qualifier un genre indéfini en élément neutre... Je ne sais pas si c'est l'uniforme, l'attitude avachie, les contours masculins de son visage, mais je m'inquiète soudainement de sa vie personnelle. Avant de réaliser que je ferai bien de balayer devant ma porte, moi la célibataire endurcie.

Comment ça, ça n'a rien à voir avec la raison de ma venue dans cet espace vivant et aéré? Mais vous les contrôlez, vos pensées, vous, quand vous faites le pied de grue en attendant votre tour?

Tiens, justement, c'est mon tour, rien à signaler, je m'installe avec Loulou sur une chaise, constatant avec effroi qu'un loulou de 7 ans, ça pèse un âne mort (moins l'odeur). Un monsieur parle très fort, pas loin, avec un accent sarthois à couper au couteau, Loulou s'empresse de la ramener: "déjà, un, les portables sont interdits ici et puis, deux, on ne crie pas."

Ce n'est pas mon fils, ce n'est pas mon fils, ce n'est pas... En même temps, il n'a pas tort et je finis par craquer avec un timide, chuuuut, mais le monsieur, il n'entend rien, il est en train de crier très fort contre la personne à l'autre bout du fil. Tout le monde s'écrase.

11h30. C'est incroyable comme les murs sont délabrés, quand même, c'est limite cra-cra ici.

11h40. Depuis que nous sommes arrivés, une personne est passée au bureau des plaintes. Il en reste donc une, deux, trois, quatre... Pffou, j'arrête de compter et je m'octroie un petit surf sur internet via mon portable - que j'ai pris soin de mettre en mode silence, pas envie de m'en prendre une par mon justicier de loulou.

11h50. Mon voisin, il a l'air hyper cool, tu vois. Et moi, j'aime les gens cool. Sauf que si j'aime bien les dreadlocks, je sais aussi à quoi tient leur réussite. J'aimerais vraiment qu'une personne ou deux puissent être reçues, histoire de négligemment changer de place. Je suis à deux doigts de la syncope, là.

12h05. Mon voisin ne tient plus, il demande à l'accueil s'il peut revenir plus tard, parce que là, tu vois, il a un rencard.

12h06. Fin de l'apnée. Ah, je revis.

12h10. J'ai toujours pensé que le prestige de l'uniforme n'était pas un vain mot. Ben, allez comprendre pourquoi, ça ne fait pas le même effet avec un uniforme policier. Le côté sac à patates de la tenue bleue marine, peut-être. Elle est initimidante quand le flic est baraqué, beaucoup moins, déjà, lorsqu'elle est portée par une femme quasi-obèse. Je ne vous parle même pas du freluquet de 42 kilos tout mouillés qui nage dedans, qui prend un air hypra sérieux lorsqu'il passe devant nous avec ses deux maglites dans les mains, tout droit sorti d'un épisode des Experts, avant de revenir piteux demander d'une petite voix les clés de la bagnole... fermée.

12h35. La boulangerie du quartier a trouvé le filon en s'installant juste à côté du commissariat. Tous les flics reviennent, un sandwich à la main, même si un insurgé pointe son nez et évoque un "bon petit Quick."

12h36. Loulou, dont l'oreille est plus fine que le papier de cigarettes-qui-font-rigoler de mon voisin-la-boule-puante - crie: "j'ai faim!"

12h40. On fait "bateau sur l'eau", version remix pour faire passer le temps. Et accessoirement la faim.

12h50. Depuis un petit moment, j'écoute les plaintes des uns et des autres. Il y a pas mal de fraudes à la carte bleue, un vol de bouteilles de vin dans une cave, des paiements de PV, des vols de sacs avec tous les papiers dedans... Et puis, une demoiselle arrive, explique qu'elle n'est pas majeure mais que sa mère vient de la virer de chez elle, qu'elle veut porter plainte et trouver une solution. " Silence de la demoiselle à l'accueil - la collègue de la das, arrivée pour prendre le relais d'un collègue. Puis: "Okay, okay... euh... Et votre père?" "Je le connais pas." "Okay, okay... Ben, revenez avec un membre majeur de votre famille." "Ma famille?"

La pauvre, elle va devoir s'inventer une tata très vite si elle veut avoir une oreille attentive.

12h20. Pourtant, la demoiselle s'avère très à l'écoute lorsque sa collègue, celle aux yeux de bovin - la das, quoi -, s'anime pour lui raconter son week-end. La das, femme-flic froide, s'avère en fait une véritable midinette, détaillant sa soirée avec son coup de coeur du moment. Apparemment, elle en est à la phase de la cour, ils sont allés au ciné, et puis un moment, eh ben il lui a pris la main, ça a fait boum boum dans son petit coeur tout mou.

Ils ont dû aller danser, mais là, j'ai pas trop suivi parce que le monsieur avec l'accent sarthois avait recommencé à parler dans le micro, faudrait vraiment lui expliquer qu'on n'est pas obligé de crier dans un portable. Mais en tout cas, elle raconte qu'il n'est pas très grand, quelques centimètres de plus qu'elle, "je l'ai vu quand on a dansé le slow."

J'imagine le trip I'm still loving you, et d'un coup, je me revois en cinquième, dans la cave de copains un mercredi après-midi, et je me demande ce qu'est devenu Jimmy, mon premier flirt - ma première cagade. Bref.

Ensuite, ils sont allés chez lui, "eh ben tu sais quoi, c'est drôlement bien décoré chez lui, du marron, de l'orange, tu vois, il a du goût, pas comme un mec classique, quoi. Et puis attends, c'était nickel, y'avait pas une assiette qui traînait, rien!' Elle est absolument épatée et je la sens en train de fondre. Et, attendez, attendez, ce n'est pas fini! Elle raconte qu'un moment, elle s'est sentie fatiguée et il lui a dit: "vas-y, tu peux t'allonger sur le canapé, maintenant qu'on sort ensemble".

"Non, il a dit ça?"

"Ouais, ouais, je te jure!"

Une fan de Patriiiiiick ne serait pas plus émoustillée.

On est passé à 13h30. Oui, on a squatté le commissariat pendant deux heures et demi. Mais parfois, ça vaut le coup de prendre son mal en patience, y'a pas à dire.