lundi 30 juin 2014

Le palais des vieux

9h07. J'aurais tenu une heure 37 avant de laisser Gaston Lagaffe reprendre le contrôle de mon corps.

Et une assiette par terre, une!

Bon, y'a même pas eu de casse, à peine quelques carottes sur le sol et une terrine bonne pour la poubelle. Et j'ai même entendu:

"T'inquiète, c'est normal!"

Je ne vous l'avais pas encore dit (entre la panne d'électricité très, très longue et l'alarme incendie très, très stridente, la semaine passée, au centre, en plein examen, je crois que j'avais perdu quelques facultés, vendredi soir, en rentrant), mais je suis en stage pour une semaine dans un restaurant un peu spécial : situé au cœur d'un bâtiment plutôt chic, il est en effet réservé aux résident âgés - et sacrément connaisseurs, quand il s'agit de flatter leur palais, visiblement.

L'occasion de faire mon petit boulet en demandant mille et une choses, de tourner des pommes de terre par milliers, de découvrir avec joie une parmentière qui fait le truc à ta place... Et donc, de porter de grandes grilles chargées de plats à l'assiette, lourdes comme il faut, un rien encombrantes, qui plus est quand celle qui les tient a fait polio + 12.
 
Comme d'habitude, j'ai l'impression d'avoir à peu près 3 ans quand je débarque dans un tel univers, yeux écarquillés devant les monstrueuses machines propres aux collectivités.
 
Comme d'habitude, j'en ressors avec ce sentiment d'avoir quand même beaucoup de chance.
 
Tant pis pour la casse, alors.

vendredi 27 juin 2014

Je veux croire au Père Noël (et manger du Livarot-champagne)

Pas d'extravagance en cuisine, cette semaine, et pour cause: parce que mes petits copains passaient leur titre et que nous avions en outre deux buffets pour une centaine de personnes à sortir, le restau d'application était fermé.
 
Autant vous dire que les candidats de Top Chef n'ont pas à trembler, c'est pas encore maintenant que j'arriverai à leur cheville.
 
Je me flagelle? Allez, je vous situe. Lundi, j'ai "sublimé" un taboulé: entendez que j'ai ouvert l'opercule du bac de 2,5kg d'un machin tout prêt, j'y ai ajouté des dés de concombre (bon, gros effort, je les avais taillés) et des crevettes. Mardi, j'ai enfourné des toasts de chez Promocash. Jeudi, j'ai fait une mayonnaise et une vinaigrette...
 
Voilà, voilà, haute gastronomie, tremble...
 
Qui plus est, je tente des accords mets-vins assez improbables. Mardi soir, après ma bataille iodée avec des sales bêtes sournoises, j'ai osé le Livarot sur une coupe de champagne. En même temps, nous étions en fin de service, je n'ai forcé personne à m'imiter et puis, il n'y avait plus grand-chose à manger. Les pique-assiettes étaient passés par là (je me suis demandé depuis combien de temps ils n'avaient pas mangé, à en croire leur sauvagerie).
 
Parce que je ne vous l'ai pas dit, mais il y avait d'autres barbares, ce soir-là: les gens. Ceux qui déposent leur assiette pleine de langoustines et de bulots sur le beau piano (musical, hein, pas celui pour cuisiner!), ces autres qui y ajoutent leur petite tache de vin à côté, ceux-là, encore, qui s'amusent à mettre leurs mégots dans l'assiette; cette autre, enfin, qui ne daigne vous parler qu'en anglais pour vous demander d'aller débarrasser, mais qui connaît bizarrement très bien la langue de Molière dès qu'elle ne parle plus à un larbin (ou supposé, on a sa fierté). 
 
Bref, après tout ce que nous avions subi toute la soirée, je pouvais bien me réconforter. Oui, avec du Livarot-champagne, et alors?
 
Jeudi et vendredi, enfin, avait lieu la dernière session d'examens pour l'année. L'occasion de jouer au petit commis, entre la plonge et l'économat.
 
L'occasion de se détruire définitivement les mains à coup de produits détergents qui font prendre 40 ans à tes menottes.
 
L'occasion, aussi, de voir pour de vrai à quelle sauce je vais être mangée, quand moi aussi, je passerai mon titre.
 
Waouh, c'est flippant.
 
L'occasion, enfin, de verser sa petite larme parce que Jipé, Valoche, Pierrette, ces personnes que je ne connaissais pas voilà un ou deux mois, ont obtenu leur sésame et que c'est quand même drôlement émouvant de les voir, à la fois si mûres et si fébriles (enfin, hormis Jipé, qui avait la sérénité du Dalaï Lama), à quelques minutes du résultat. Autant vous dire qu'après l'annonce, j'ai eu l'impression qu'elles venaient de voir le gros barbu rouge et ses jouets par milliers.
 
Moi aussi, j'ai envie de croire au Père Noël. Alors, je vais être bien sage et beaucoup travailler... D'ailleurs, dès lundi, une nouvelle expérience démarre. A suivre, hum?

mercredi 25 juin 2014

Les barbares

Hier soir, je me suis fait agresser.
 
J'étais en plein service (une histoire de buffet pour 110 personnes, une paille), avec mes petits copains du centre de formation et elles ont commencé à m'asperger d'eau puis à entailler mes mains. Le sang commençait à couler à flot sur le torchon que j'avais placé, comme un garrot, mais je devais résister, lutter, me battre sans relâche contre elles.
 
Elles me griffaient, me piquaient les doigts, enflammaient mes plaies.
 
En plus, face à cette centaine d'êtres maléfiques, j'avais pour seule arme un couteau d'office. J'ai bataillé, vraiment, et j'ai fini par les terrasser, à l'usure.
 
Jamais je n'aurais imaginé qu'elles se débattraient ainsi. Parce qu'elles étaient repliées sur elles-mêmes, je ne m'étais pas méfiée.
 
Les huîtres sont vraiment des barbares.

mercredi 18 juin 2014

L'histoire des toupies (et autres coups de chaud)

Au début, j'ai cru que c'était la marque de l'oreiller.

Et puis, je me suis souvenue. La veille, épuisée - au point de m'endormir à table alors que l'homme me parlait (grosse classe) - je m'étais allongée "juste quelques minutes" sur l'herbe, dans la campagne sarthoise.
 
"Juste quelques minutes." C'te blague. Une heure plus tard, j'émergeais vaguement, la bouche pâteuse, les yeux aussi collés que du beurre sur un kouign amman.
 
Non, le kouign amann, c'est pas gras...
 
Non, non, je n'avais pas bu. Même pas un petit rosé pamplemousse (Oh, ne parlons pas de bonnes résolutions. Avec l'homme, on était juste à sec, après avoir fini la bouteille sur la plage la veille, en vrai).
 
Le gros atout de cette boisson, c'est que tu peux dire, une fois la bouteille vide, que la mer, elle est vachement bonne. Oui, à 16°, elle est vachement bonne.
 
Et ce n'est pas le thé aux oranges de Cuba qui risquait de me faire verdir.

Bilan, je me suis transformée en jolie écrevisse. Mais uniquement du côté gauche. Du coup, j'étais (et je suis toujours, on ne change pas une équipe qui gagne) vanille-fraise des jambes. Et donc du visage, d'où cette impression de la marque de l'oreiller, mais qui serait indélébile.

Ce vilain coup de chaud n'est pas vraiment passé inaperçu, le lendemain, au retour de week-end.

"Mais vous êtes toute rouge!" qu'il m'a dit, le formateur.

Je me suis retenue de lui dire que c'était ses yeux, parce que c'était pas ses yeux. J'étais pivoine.

En fait, je vois même pas pourquoi ça l'a surpris. En cuisine, j'ai le rouge qui me monte vite aux oreilles, en ce moment, et pas juste à cause des fourneaux qui confèrent à cet ensemble en inox une petite ambiance qatarienne (50°? 55°? À la fin de la journée, tout me semble collant, chez moi, et pas juste cette image de Gaston Lagaffe en goguette).
 
Le chef me demande un sablé breton? Ni une, ni deux, je lui fais... une pâte sablée. Ah, ah.

Rajoute deux tonnes de beurre, la mouette, et on reparlera. Et pis du sucre, aussi, sinon c'est pas drôle.
 
Il aimerait bien une gelée de fruits, à poser comme un jus sur le tartare de fruits? Je colle ma préparation en cellule de refroidissement, prête à découper le tout en petits dés, dès que ce sera pris...
 
Je veux retenter la douce expérience des macarons, qui sont sortis nickel au restau, la semaine passée?
 
 
Au restau, les assiettes sont un peu... voilà, quoi, mais on s'en tape, non? Non? Ah...
 
Je fais des toupies. Des toupies nantaises, s'il vous plaît, les gens, on peut se moquer, mais avec respect.
 
Loulou était trop content, il a pu jouer avec la nourriture aujourd'hui.
 
Le fayot me le rappelait justement ce matin, sur la toile, alors que j'avais publié une photo, délaissant toute fierté pour montrer à quel point y'a du boulot.

"C'est dans l'erreur qu'on se construit."

Ce à quoi j'ai répondu que vu le nombre de boulettes que je cumulais, je pourrais bientôt construire une cathédrale.

Il a raison, cela étant, le fayot (pff, de toute façon, il a toujours raison, c'est le problème avec les bons élèves, ils savent, naturellement) (sans rancune, mon fayot préféré, hein?), j'encaisse et je rebondis.

Parfois, je prends un peu cher, parce que le côté débutant, chez le presque-quadra, croyez-moi que c'est nerveusement un peu compliqué. Mais souvent, honnêtement, je m'amuse de ma maladresse, de mes certitudes toutes bretonnes (comprenez que je ne lâche pas le morceau, jusqu'à comprendre que... ben j'ai tout faux), de ces failles et de ma faiblesse de... macaronnage, parfois, qui m'obligent à me remettre constamment en question.

La liste est longue de mes imprécisions quotidiennes et pour une fois, je l'écris sans une once d'autoflagellation. Je constate, c'est tout.

Parce qu'à côté de ça, il y a des choses qui marchent, ou qui vont mieux, au moins. Prenez la douille, eh, la fameuse que je craignais tant. Eh ben, je te couche la petite crème citronnée dans mes macarons (une nouvelle fournée, j'allais pas rester sur un semi-échec) (semi, parce que chocolat-speculoos, c'est jamais tout à fait mort), donc, cette garniture, je la couche avec une main, oui, une main, messieurs dames!
 
Ouais, un moment, on a sa fierté, mes toupies sont devenues des macarons...
 

Bon, comme dit l'homme, faudrait voir à pas trop pavoiser non plus, hein.

En même temps, le risque est faible. Y'a toujours un chef pour vous rappeler d'où vous venez. Surtout quand vous vous êtes grillée, dans tous les sens du terme, comme en témoigne cette joue gauche toujours trop rose...

jeudi 12 juin 2014

Rêves de chimères

Et le pire, c'est que je n'ai pas mangé de la journée...
 
 
"Oh, on dirait des vrais!"
 
L'un des formateurs tâte mes macarons, tout juste sortis du four. Je ne suis pas peu fière et maman, surtout, le serait. Je crois que cette fois, j'ai bel et bien dompté la douille et si je n'ignore pas tout le chemin qu'il me reste à parcourir, je me dis que c'est déjà ça de gagné.
 
Au centre de formation, dans la chaleur de la cuisine, les journées sont parfois longues, mais sincèrement, j'adore. Aujourd'hui, je me suis retrouvée toute seule dans ce dédale d'inox. Les futurs diplômés (c'est tout le mal que je leur souhaite) avaient terminé leur examen blanc, rangé la batterie, passé le jet. D'autres suivaient un cours sur l'hygiène. Et moi, j'étais là, entre mes derniers trucs à fignoler, prenant sans doute trop de temps pour cela, mais je me sentais bien.
 
Le chef m'avait demandé des macarons au café et ils avaient une belle tête. Bon, il me restait des feuilletés au pavot à enfourner, des tomates à couper - à l'arrache, et plus en mirepoix. Ben oui, il était 17 heures et je n'étais pas au bout de mes peines. Alors, le mirepoix, hein...
 
"Tu veux un lit de camp?", m'a demandé JP, l'un de mes acolytes, bien plus avancé que moi dans son parcours de cuistot, mais toujours prévenant.
 
Et de se tourner vers le chef : "Stéphanie, elle est tellement contente d'avoir sa cuisine pour elle toute seule qu'on ne l'arrête plus!"
 
C'est vrai. Un pied dans la réalité, l'autre la tête dans les nuages, à imaginer des lendemains enjoués. Finalement, cette formation, si concrète soit-elle, me plonge totalement dans mes rêves, que je peux vivre librement. Ce sentiment très fort me fait oublier, je crois, la fatigue et les difficultés passagères (mince, j'ai l'impression de réciter une pub pour un médoc). On me permet d'apprendre, de laisser parler ma candeur, sans jugement.
 
J'ai l'impression d'avoir laissé ma part d'enfant m'envahir de nouveau, et ça fait un bien fou. Non pas que je refuse de grandir, mais c'est tellement bon, de prendre tout comme un jeu, de laisser s'exprimer son imagination, sans penser aux conventions, sans songer que, en tant qu'adulte, on doit "prendre ses responsabilités". "S'assumer. "Gérer."
 
Moi, j'ai envie de m'amuser, dans le plus grand sérieux. C'est paradoxal, je sais, mais enfin, vous le sauriez si j'étais complètement équilibrée.
 
Peut-être que je n'aurais pas envie, dans ce cas, de jouer à la dînette et de faire des macarons, comme s'ils étaient vrais, pour les trente couverts du vendredi midi...
 
Et pourtant, tout ça, c'est pas juste pour du beurre.
 

mardi 10 juin 2014

Sue Ellen, sors de ce corps

Anne, l'instigratrice du défi Nantes-Pornic, avait été catégorique.
 
Nous étions à dix kilomètres de l'arrivée, en haut d'une côte que Flo continuait de grimper, elle qui avait déraillé un peu plus tôt sans que l'on s'en aperçoive. Comme ça traînait un peu, Anne avait commencé à faire des étirements. Et, tout en soulageant ses jambes, me le dit:
 
"Il va falloir qu'on boive."
 
Pour les muscles, qu'elle voulait dire. De l'eau, quoi. Le truc qu'on n'avait plus dans nos sacs depuis, ouh la la, bien longtemps.
 
Comme je suis très obéissante, j'ai accepté sans broncher. Et après la première Badoit avalée en trois secondes au bar pornicais, nous avons enquillé, sitôt rentrées at home. Enfin, plutôt, chez Anne, parce qu'il me restait encore, de mon côté, quelques kilomètres avant de retrouver ma maison.
 
Alors, on a bu. Une bouteille de rosé-fraise et une demi-bouteille de cidre. A deux (Flo avait réussi à réparer son vélo et on ne l'avait pas laissée sur le bas-côté, je vous rassure. C'est juste qu'elle avait une vie, après, elle).
 
Allez savoir pourquoi, j'ai pas réclamé mon eau.
 
Du coup, j'ai eu comme un air de déjà vu, en enfourchant de nouveau mon vélo, alors qu'il était pratiquement l'heure de retrouver mon carrosse. Et la lune, cette sournoise, n'était pas pleine, ce soir-là, alors que j'avais besoin d'elle (je roule toujours sans lumière, sinon c'est pas drôle).
 
Je suis rentrée comme j'ai pu (en fait, c'est l'avantage du vélo, tu pédales sans réfléchir, ça me va bien) et je me suis dit:
 
"Allez, en rentrant, un verre... d'eau et hop, au lit."
 
Et puis, je me suis souvenu d'un petit détail. J'avais quatre gâteaux à faire, pour le lendemain. Ma meilleure amie voulait devenir ma cliente (cette naïve), à l'occasion de l'anniversaire de sa fille.
 
Bon, clairement, ça allait être compliqué si je ne commençais que le dimanche. Alors, puisque je ne craignais pas de réveiller qui que ce soit, j'ai sorti Bobo le petit robot pour ma pâte. Et puis, un bain-marie pour le chocolat. Et puis, tant que j'étais lancée, pourquoi ne pas faire maintenant le deuxième moelleux?
 
Bon, l'avantage, c'est que ça laisse le temps au sang de se vider de ses quelques toxines et quand tu t'allonges à trois heures du mat', tu n'as plus l'impression de faire le Vendée Globe Challenge.
 
Le lendemain, même pas mal. Ni aux cheveux, ni aux jambes.
 
Anne avait raison, il fallait boire.
 
J'ai attendu sagement que le tarte refroidisse pour monter la chantilly. Oh, miracle, ça tient...

Comment ça, les bords ne sont pas droits? Ce sont vos yeux, je vous dis.

Sido, elle a remarqué tout de suite le "10". En même temps, c'était tellement subtil, cette façon de saupoudrer le sucre glace, un peu de façon éléphantesque...

En fait, le moelleux avec le glaçage, il est tellement moche que je la joue "regardez-le de loin", eh eh eh... Un peu d'amour propre (oui, je ne maîtrise toujours pas l'écriture au cornet), ça fait pas de mal. Allez, bon anniversaire, Sido, et plein de bisous à ma cliente n°1 :)
 

lundi 9 juin 2014

La carotte de la fraise

Samedi, plutôt que de céder à l'envie pourtant pressante d'aller en prendre plein les yeux avec les géants de Royal de Luxe, j'ai pris mon vélo. Direction, dans un premier temps, le centre-ville nantais.
 
Grosse cohue, ambiance de coupe du monde qu'on aurait remportée (il fut un temps où les Bleus savaient rendre les Français fiers d'eux)... Tentation, quand même, de faire un crochet. Malgré cette foule qui m'effraie.
 
Oui, mais non. J'ai rendez-vous sur les quais de la Loire. Une amie a lancé un petit défi, faire Nantes-Pornic (45 km) sur nos petits deux-roues. Nous sommes donc trois, au départ (je n'ai pas osé lui demander le nombre de personnes qui ont décliné l'offre). Flo, la troisième comparse, nous prévient illico: elle est plus à l'aise à courir qu'à pédaler, d'ailleurs, la dernière fois qu'elle a voulu la jouer petite reine, elle s'est cassé un bras.
 
Eh ben, je vois que je suis pas la seule à les cumuler. Ça rassure.
 
Nous voilà donc parties avec une envie folle, déjà, de profiter de Pornic, sa plage, sa côte et... sa glace à la fraise. Nous avons unanimement approuvé, ce sera notre récompense. Et notre carotte, si jamais, vraiment, l'une de nous trois commençait à se décourager.
 
Bonjour, voilà ce qu'on appelle le "selfie casse-gueule". Taux de probabilité de chute évalué à 50%. J'ai eu de la chance, ce jour-là, même pas mal.
 
Y'a pas de raison, on est d'accord, nous sommes de grandes sportives devant l'éternel (ah ah), mais, le doute s'immisce, sur le bac que nous avons emprunté pour traverser la Loire. Lorsqu'on lui parle de notre virée jusqu'à Pornic, le capitaine nous regarde comme si nous venions de lui annoncer qu'on partait faire le tour de la Lune sur une trottinette.
 
Et au sortir de l'eau, lorsque nous grimpons le premier col (mes parents ont pris l'option marseillaise, pour mon ADN), je me demande si nous ne sommes pas, effectivement, en train de s'envoler pour la Lune, mais sans les réacteurs. Rapport à mes muscles qui me snobent. Pas envie de se remuer, les cocos.
 
Finalement, mes petits malins se réveillent et surtout, la route s'éclaircit (entendez qu'elle s'aplatit). La balade est grandiose, on emprunte les voies cyclables et on tombe sur des choses épatantes, un château qui fait partie de ces "folies nantaises", une curiosité que je découvre dix mille ans après tout le monde,
 
Ce bateau, c'est un peu nous, un bout sur la terre ferme, l'autre qui balance sérieusement vers la mer, prometteuse. Presqu'autant que la glace à la fraise qui nous attend, tiens.
 
des villages déserts et leurs maisons de pierre, et ce portail qui semble ouvrir la voie d'un chemin bien mystérieux...
 
J'ai résisté. Je n'ai pas ouvert. Pas envie de réveiller les fantômes...
 
 
Nous sommes aux anges.
 
Après deux heures à pédaler sous un soleil de plomb (nous sommes parties vers midi, histoire d'optimiser nos chances d'insolation, sinon, c'est pas drôle), on s'imagine déjà, les pieds dans l'eau. Et puis, avec une p'tite glace à la fraise, hum.
 
Le pique-nique passé, j'imagine déjà la méga-sieste sur la plage, sous une légère brise et le doux remous des vagues. Toujours émerveillées par le spectacle alentours (et aussi parce que la route est plate, soyons honnête...), nous avalons les kilomètres.
 
Ça a l'air long, comme ça, mais en fait... ben oui, ça l'est.
 
 
Après près de quatre heures, on réalise qu'on est juste en train de faire un léger détour d'une bonne quinzaine de kilomètres. Bah, rien de méchant, nous sommes en balade. Mais quand il fait 45°, que tu as un gros sac sur le dos (en prévision de la séance plage qui nous attend) et que tu te retrouves sur une départementale avec des klaxonneurs en guise d'automobilistes, qui plus est sur une route qui ignore le sens du terme "plat", comment dire, ça compte un peu.
 
Mais peu importe, on reste de bonne humeur, après tout, on va se baigner et surtout, notre récompense nous attend. La fameuse glace à la fraise.
 
On roule, on roule. J'ignorais que la région était à ce point vallonnée, tiens.
 
A un moment, je me demande, quand même, s'il ne faudrait pas demander un petit soutien extérieur. Et puis, je me souviens que je ne crois pas en Dieu. Me reste plus qu'à pédaler.
 
 
A Flo, qui, effectivement, lorsque ça grimpe, semble plus à l'aise à marcher, vélo à la main, que sur une selle - mais qui montre un courage épatant - on rappelle la carotte. La glace à la fraise. Histoire de lui faire oublier qu'elle n'a plus de mollets.
 
On approche! Si le ciel s'est assombri, pas question de revoir nos ambitions à la baisse: plage et glace à la fraise pour tout le monde!
 
Heureusement, elle n'a pas perdu ses esprits et, dans un accès de conscience, elle appelle une amie pour s'assurer des horaires de retour pour Nantes. En train. Ben oui, pas folles les guêpes, la virée pornicaise, sa côte, sa plage et sa glace à la fraise, d'accord, mais les cyclistes, elles rentrent en train.
 
Eh, eh, futées, que nous sommes (yoda, sors de ce corps).
 
Après encore deux, trois côtes qui m'interrogent sérieusement sur le potentiel alpesque de la Loire Atlantique, Flo rappelle son amie. Nous sommes à un quart d'heure de Pornic, tout au plus.
 
Le dernier train pour Nantes part dans quarante-cinq minutes. Ou sinon, demain matin.
 
En arrivant, on a juste eu le temps de prendre :
 
- notre billet de train
- la photo la plus pourrie jamais réalisée de Pornic
 
 
 
 
 
- la pose
 
 
- Et, quand même, de boire un verre en terrasse. En levant les yeux, j'ai aperçu, au loin, un glacier. "Rêve de glaces", que ça s'appelait.
 
La loose.
 
Je soupçonne mon maillot de bain et ma serviette de plage de s'être drôlement marré, bien au chaud dans mon sac à dos, tiens.

vendredi 6 juin 2014

L'histoire du pirate qui avait une culture humaniste

Vendredi soir, 21h. Je me pose, enfin, toute excitée à l'idée de passer ma soirée... avec des sushis et pour seule compagne, la télé et le replay de "qui sera le meilleur pâtissier".
 
Non, non, rassurez-vous, mon récent changement d'identité ne m'a pas transformée en ménagère de moins de 50 ans. L'homme ne m'a pas (encore) plaquée (un jour, je vous parlerai des dommages collatéraux d'une formation sur la vie de famille, plus particulièrement sur la vie de couple) et Loulou ne songe pas, pour l'instant, à faire le mur.
 
Non, simplement, l'un est en route vers son destin (fingers crossed), l'autre multiplie les bobos mais tient bon.
 
Ben oui, parce qu'en plein découpage de cuisses de grenouille, ce matin (je n'avais jamais imaginé que ces petites croâsseuses avaient des mignonnes fesses toutes dodues, soit dit en passant), mon téléphone a sonné.
 
Quelle vie palpitante, allez-vous rétorquer. Oh, ça va, hein. Laissez-moi finir.
 
Donc, le téléphone sonne, je ne réponds pas, parce que mon portable me fait déjà un peu la tronche depuis que je lui ai collé de la farine et de la purée de petits pois sur la face (et aussi parce que j'ai un métier, moi, ah ah).
 
Rongée par la curiosité, et un rien inquiète car ma môman est passée par la case billard, ce matin, je finis par jeter un œil, vite fait (un exploit, en pleine préparation, quand on est trois pour un menu découverte - amuse-bouche, entrée, poisson, viande et dessert!- d'une vingtaine de couverts exigeants...) et je vois s'afficher: "Ecole".
 
Ecole. Oups, ça veut dire ennui, ça.
 
J'écoute le message. Mon fils, qui passe donc en 6e l'année prochaine et dont je suis si fière (eh, dans la synthèse de son année, il y a écrit qu'il a acquis la "culture humaniste", ouais, messieurs dames) (si quelqu'un peut m'expliquer ce qu'est la "culture humaniste", je veux bien lui offrir un kouign amann à notre prochaine rencontre), mon loulou, donc, a pris un coup de pied dans l'œil.
 
La chair de ma chair. Mon loulou et ses beaux yeux bleus. Déjà qu'il s'était cassé un orteil et qu'il commence à ressembler à un ado, avec son gel qu'il met consciencieusement tous les matins sur ses cheveux qui crient grâce, le voilà tout borgne.
 
Je regarde mes grenouilles, même pas vertes. Plutôt que ces pauvres petites bêtes qui n'ont rien demandé à personne, j'ai envie de coller la maîtresse dans ma pâte à tempura, pour ensuite la coller dans la friteuse. Elle fera moins la maligne.
 
Le truc, c'est que l'école, qui se décharge au moindre bobo - même si l'incident a eu lieu sous les yeux de l'instit, censée tenir sa classe - n'appelle pas juste pour prévenir que, oh, votre pauvre chérubin s'est blessé. Elle appelle pour qu'on laisse tout en plan et qu'on débarque illico presto. Histoire de se débarrasser de l'enfant abîmé.
 
Euh, je fais quoi de mes grenouilles, là?
 
Bon, au final, comme Loulou a une langue, en sus d'un œil bien rouge, il a parlé de son beau-papa qui se ferait un plaisir de venir le chercher. Je me suis dit que lui, sans doute, avait aussi acquis la "culture humaniste". Il a donc récupéré Loulou et son bandeau de pirate (avec un copain, ils ont fait un bandage de survie, à base de... papier toilette. Grosse classe) et s'est assuré que son œil était finalement opérationnel.
 
Et j'ai pu reprendre mon service, presque comme si de rien n'était. N'empêche que j'ai réalisé à quel point cette formation me prenait du temps, de l'énergie, jusqu'à me placer dans une sorte de bulle, car, croyez-le ou non, j'aurais eu beaucoup de mal à abandonner mon poste ce matin, pour voler au secours de mon Loulou (mère indigne, sors de ce corps).
 
Mais c'est que cette formation me donne, aussi. Car, après un début de semaine difficile, le moral est bien remonté. J'ai suivi les conseils du chef et je commence - enfin - à réfléchir avant d'agir. Oh, il y a du boulot, bien sûr, mais le cap ne me paraît plus aussi insurmontable, comme je l'ai (trop) imaginé ces derniers temps et surtout après mon gros plantage de lundi.
 
Il n'y a pas de secret. Bosser, bosser, bosser, s'entraîner, en évitant si possible de s'escaloper les doigts. S'appuyer, aussi, sur les personnalités que je croise, puisque certaines ne viennent qu'une fois par semaine, et pas le même jour, ce qui permet un jour de cuisiner avec une mamie réunionnaise qui a une patate incroyable (et qui fait des gâteaux à la patate douce, aussi), le lendemain de passer la raclette avec une femme déjà employée dans un restau, dans la vraie vie, de discuter nutrition et bonne bouffe avec un jeunot déjà expérimenté...
 
Des rencontres a priori improbables mais qui me boostent, me permettent d'ouvrir mes écoutilles et me donnent à voir de nouveaux horizons.
 
Et si c'était ça, finalement, la "culture humaniste"?

lundi 2 juin 2014

Appelez-moi Paulette

Léger doute, ce matin, au réveil. Cette brûlure, derrière... Ce blocage... Quelqu'un m'avait collé un balai dans le dos. Un rien parano, j'ai tourné la tête à droite - la petite boule de poil dormait - , j'ai tourné la tête à gauche - l'homme dormait - et je me suis dit que je ferais bien la même chose, tiens, roupiller, comme si le sommeil allait aussi anesthésier le dit-balai.
 
Bref, la semaine démarrait sur des chapeaux de roue. Mais non, pas de défaitisme, stop à l'auto-flagellation, c'est qui la meilleure?
 
Euh...
 
Enfin, bref, disais-je, ce n'est quand même pas un lumbago qui allait me pourrir ma journée. Après ma séance de lamentation de la veille, il était temps de redresser la barre et de me prouver que j'avais ma place dans cette formation.
 
Euh... Comment dire... Déjà, pour redresser la barre, il eût fallu un dos droit. Détail futile, certes, mais enfin, ça m'aurait dépannée. Quant à prouver que j'avais ma place au milieu de tous ces apprentis cuistots (enfin, nous étions deux, aujourd'hui, initialement), euh...
 
"Aux plats chauds!" qu'il a dit, le chef.
 
Toute seule, là, avec mon cabillaud, ma salade de courgette gingembre, ma sauce vierge et mes pommes de terre tournées-safranées ? Toute seule avec mon pavé de bœuf, mes flans aux petits pois, mes grenailles sautées et ma béarnaise?
 
Oui, toute seule.
 
C'était un piège. Ma paranoïa n'a rien à voir là-dedans, je vous le promets. Je me suis piégée toute seule, en fait. Au lieu de réfléchir trois secondes au bon timing, je suis partie tête baissée (un exploit, avec un lumbago) dans mes épluchages avant de réaliser, déjà trop tard, que j'étais à la ramasse. Heureusement, une bonne âme est venue me secourir, que ce soit à l'éminçage ("mais, euh, personne ne t'a rien montré?") ou au service.
 
Oui, parce que si je pensais avoir encore un peu de temps pour rattraper le tout, j'ai bien compris qu'en fait, pas du tout, quand a été annoncée la première commande. "Trois poissons, un pavé!"
 
Euh, je peux servir une assiette vide?
 
Le chef a été bienveillant, je trouve, tant je me suis trouvée gourde.
 
"Ça va, Paulette?" m'a-t-il demandé à plusieurs reprises, mi-rigolard, mi-compatissant.
 
Oui, ne m'appelez plus la mouette, mon p'tit nom, c'est Paulette, maintenant.
 
Paulette, elle en avait ras-la-couette, en vrai, mais allez, en bonne bretonne avec un nom qui finit en ouët, elle s'est obstinée, y compris dans ses boulettes.
 
Le flan est devenu une purée de petits pois et pour le reste, on a limité la casse. J'ai juste cassé les nerfs de mon aide providentielle. Le pauvre a compris à quel boulet il avait affaire.
 
Au moins, j'ai bien retenu la leçon. OR-GA-NI-SA-TION.
 
"Les cuistots, c'est pas des mongoliens, hein!", qu'il a dit, le chef.
 
"Enfin, y'en a, mais pas tous, hein"! qu'il a ajouté.
 
Je n'avais jamais envisagé les chefs comme des mongoliens, à vrai dire, mais là, c'est moi qui me suis sentie la polio de service.
 
J'aurais pu faire l'autruche, aller m'enterrer la caboche en attendant que ça se passe, mais je dois au contraire vider tout le sable qu'il y a là-haut. Parce que, vous savez quoi? J'ai promis au chef que je viendrai avec mon cerveau, demain.
 
Enfin, je vais essayer. Promesse de Paulette.

dimanche 1 juin 2014

Les jours passent...

Les jours passent et les minutes, les heures deviennent précieuses. Pas même le temps de se poser vraiment, pour raconter ici les cocasseries du quotidien, les loufoqueries dans lesquelles je m'obstine, les maladresses, péripéties et autres petits miracles, quand même, qui ponctuent mes journées.
 
Les jours passent, sans qu'aucun ne ressemble vraiment à l'autre. Les questions initiales ont cédé leur place aux premières habitudes et après près d'un mois passé dans cette cuisine du centre, je crois avoir quasiment fait le tour de toutes les tâches quotidiennes. Et pour cause. D'une dizaine de stagiaires, nous sommes passés à... trois.
 
Oui, avant, nous étions deux, voire trois, sur chaque poste, aux entrées, plats chauds ou desserts. Cette fois, plus question de se poser trop de questions. Nous sommes... un par poste. Le premier jour, j'ai cru à une blague.

Mais non, le chef n'avait pas bouffé un clown. On doit vraiment gérer chacun notre poste, comme des grands.
 
Autant vous le dire, le service était folklo, la semaine passée. Et fort instructif, à titre personnel. Eh oui, le nettoyage des égouts et le ramassage des poubelles n'ont plus de secret pour moi. Et je sais maintenant que j'ai une haute résistante à ma propre odeur après un service.
 
Ah, vous vouliez du glamour, peut-être? Comment vous dire, zappez sur la télé, y'aura peut-être davantage de paillettes. Ou, en tout cas, au moins autant que d'écailles dans mes cheveux lorsque j'habille un bar.
 
Oui, messieurs dames, je n'habille pas des Barbie ou des Ken, moi, mais des merlu, des dorades, tous ces globulons qui ne font pas trop les malins, une fois posés sur l'inox. Ils sont tout morts, comme dirait Loulou, mais j'ai néanmoins une pensée pour eux, en me disant qu'ils me servent de cobayes...
 
Les jours passent et Galina, Thi-Kim, Christine et les autres sont partis, bienheureux. Ils ont passé avec succès leur titre professionnel et le responsable pédagogique peut continuer de s'enorgueillir d'un 100% de réussite.
 
J'espère ne pas faire baisser ses stats. Hum.
 
Les jours passent et j'ai mon petit rituel, mon pédalage intempestif (cette sale habitude de me lever dix minutes avant de partir et de courir après le temps ensuite...) et mon arrivée au centre, bien rouge, à une heure qui me semble indécente (je faisais quoi, avant, à cette heure? Ah oui, j'étais parfois encore au lit...), enfilage de tenue, arrivée au poste de travail - souvent la pâtisserie, ces derniers temps - et puis les heures défilent sans qu'on y prenne garde. Après le service et le grand nettoyage qui va bien, je peux compter les points. Normalement, j'alterne entre une brûlure et une coupure, parfois, j'ai des journées blanches, sans rien à signaler et ça, c'est comme une petite victoire.
 
Les jours passent et je n'ai plus d'ongles, coupés à ras et ravagés, comme mes mains, par les produits détergents.
 
Les jours passent et je repars du centre, ravie d'être là et pourtant peu satisfaite de mon "rendement". Je me sens trop lente, trop imprécise, trop... Oui, jamais contente, bien sûr. Je m'offre une petite suée pour le trajet retour, crois me régénérer instantanément sous la douche et lorsque je me pose, en fait... je suis rincée. Alors, je songe qu'il y a une vie à part ça, des devoirs, oui, mais aussi un Loulou à ne pas négliger, un homme à "combler" (on peut y croire, hein), des choses de la vie quotidienne à gérer.
 
Les jours passent et j'enchaîne les essais à la maison. Un kouign amann qui tue sa mère (et les hanches de n'importe quelle femme), des pâtes feuilletées, levées ou pas, qui envahissent le frigo, des cookies, des tartes fraises rhubarbe, des poissons en croûte, des légumes à toutes les sauces... L'envie demeure, une fois rentrée at home.
 
Les jours passent et je réalise que je suis dans ma bulle.
 
Les jours passent et je me sens de plus en plus mal de ne pas être allée aux urnes, l'autre dimanche. Une carte électorale égarée je ne sais où, un repas dominical improvisé, une méga-allergie de Loulou et je n'ai pas cherché plus loin. Ce n'est pas une voix qui...
 
Oui, les jours passent et des tas de gens, comme moi, noyés dans le tourbillon de leur vie et un rien lassés de ce monde politique indécent et si peu crédible, n'ont pas jugé utile de profiter de la démocratie pour se prononcer... Pendant que 25% de Français, eux, s'engouffraient dans la brèche pour mieux se faire entendre.
 
Pour crier sans vergogne leur haine, totalement décomplexés.
 
Les jours passent et je m'interroge sur la possibilité que l'on peut avoir à se projeter dans un monde aussi tordu, dès lors qu'on jette un œil au dessus de sa tête.
 
Les jours passent et je me réfugie dans ma bulle. C'est tout ce que j'ai trouvé, pour l'instant, pour sortir de l'anéantissement. Mais du coup, je dois l'admettre: même si c'est mon avenir pro qui se joue, mine de rien, mes péripéties et joies quotidiennes me semblent particulièrement futiles.
 
C'est comme si je jouais dans un bac à sable pendant que les grands, eux, prenaient vraiment les choses en main. Un peu flippant, parce que j'ai conscience, hélas, que je devrais, un jour ou l'autre, arrêter de m'amuser pour passer aux choses sérieuses...