C'est drôle, quand même. Dans la semaine, j'avais entamé un post, que je n'ai finalement pas publié, qui ne disait pas grand-chose d'autres, finalement, que des banalités. Oh, de jolies banalités, une vie qui roule, l'impression de nager dans une mer de chamallow ou de me rouler dans un champ de bisounours, c'est selon. Cette sensation que tout s'est mis en place, que l'équilibre est trouvé, que la chance a tourné.
Que je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie.
J'y racontais comment ma dernière visite à Pôle Emploi, qui aurait dû m'accabler, ne m'avait finalement pas plus affectée que cela ; comment j'avais acquis de nouveaux droits mais tellement riquiqui que c'en était risible, finalement; comment tout cela me laissait impassible, consciente que je suis aujourd'hui d'avoir sabordé pas mal d'ambitions professionnelles pour y gagner en équilibre général.
Petite parenthèse, oui, on peut s'épanouir dans le travail, j'en reste persuadée, mais il n'est plus, à mes yeux, la condition d'une sérénité totale. D'ailleurs, il me suffit d'écouter divers témoignages de proches ou de moins proches pour comprendre à quel point le monde du travail broie chaque jour davantage ses petites fourmis. C'est accablant. Fin de la parenthèse.
Je parlais de choses plus futiles, aussi, de ces moments volés où le temps semble se figer comme pour mieux nous laisser en profiter. De bonnes nouvelles, de missions diverses et variées, de mon bras figé par une overdose de sport (!) ou de la forme incroyable de Loulou qui joue aux gourmets et note mes plats. Autant vous dire que je n'étais pas peu fière lorsqu'il a considéré que mon tagine à l'agneau et aux fruits secs méritait un "A" comme "Acquis", tandis que son accompagnement, de l'épeautre aux petites légumes, devait se contenter d'un "en cours d'acquisition" parce que... trop chaud (on a les critères que l'on peut).
D'ailleurs, nouvelle petite parenthèse, ce système de notations me laisse un peu perplexe. Pas de note sur 10 ou sur 20 à l'école, Loulou a des A (Acquis), des ECA (En cours d'acquisition) ou des NA (Non acquis - attendez qu'il me ramène cette dernière note, non mais) (comment ça, je fais mal la mère d'élève engagée et intransigeante? Pff ). Genre, les notes, c'est vraiment trop traumatisant. Mouais. Bon.
Bref, je vous racontais mon retour en hémicycle, pour de vrai, en pingouin, en savourant, malgré tout, cette impression d'exister socialement, le temps d'une réunion. Je vous expliquais comment, quelques minutes avant les débats, une vendeuse de parapharmacie m'avait prise pour une reine de la pampa, rubis sur ongle ou que sais-je encore, en tentant de me refourguer pour 25000 dollars de produits-qu'ils-sont-trop-bien-pour-votre-peau, et qui a semblé étonnée que je me contente du minimum vital. Avant de réaliser, quelques minutes plus tard face au reflet d'une vitrine, que j'étais effectivement en tailleur, bien coiffée (une rareté chez moi), maquillée et donc potentiellement... une cible.
Et pas une petite chose payée trois francs six sous pour retranscrire du syndicaliste.
Note à moi-même: être toujours pouilleuse au moment de rentrer dans ces temples de beauté. Enfin, pas trop, au risque de se voir proposer , gratuitement (ah ah) un ravalement de façade fissa moyennant 25000 nouveaux dollars, une fois à la caisse.
Finalement, prise par le temps et par cette impression que tout cela était bien plat, j'ai laissé le post en friche. Hier soir, j'ai eu de quoi l'alimenter, puisque j'ai retrouvé, lors d'une nouvelle réunion municipale, mon dragueur à trois balles qui m'a... complimenté sur mes boucles d'oreille, mon vernis à ongle, mon physique tout court (!!) avant de décréter, en s'asseyant à mes côtés, que, décidément, "on faisait un sacré couple tous les deux."
"Une sacrée paire, oui", ai-je nuancé, un peu narquoise, m'obstinant à le vouvoyer, avant de le renvoyer gentiment dans ses 25 mètres. Pas rancunier, il m'a dit, à la fin de la réunion, que j'avais tout compris et que ça se voyait, que j'étais heureuse. Bizarre.
J'ai senti que, au fond, tout ça était ténu. Que je ressentais ce bonheur au quotidien, ces derniers temps, mais que je n'ignorais rien de son caractère fugace, que ces pépites pouvaient s'envoler du jour au lendemain, que la sérénité pouvait décider de se faire la malle sur un micro-événement.
Je ne croyais pas si bien dire.
Ce matin, je me suis sentie chavirer de l'autre côté. Est-ce le flash routier en rentrant? La pluie incessante et le ciel gris qui ont torpillé mon humeur? Cette solitude incroyable que j'ai ressentie en ouvrant ma porte, sachant que je n'allais voir aucun visage familier ce week-end, terrée dans mon nid pour rendre les missions alors que chacun est parti de son côté, loin d'ici ?
Oh, si je déballais tout ici, je pourrais trouver une tentative d'explication - au fond, je sais bien ce qui m'a accablée. Sans rentrer dans les détails (question de pudeur. Je sais, nous sommes sur un blog, cette notion pourrait sembler incongrue. Mais non), je me suis sentie impuissante, hier soir, confrontée à un mal-être d'une personne que j'aurais tellement aimé soulager. Mais si la vie m'a semblé pavée de roses, depuis quelques temps, je dois bien comprendre que ce concept est absolument personnel et que me prendre pour une gourou ou Mère Théresa ne suffira pas à rendre les autres, ceux que j'aime, forcément plus heureux.
Je peux les accompagner, oui, à ma modeste échelle, portée par cette énergie que je ressens actuellement. Et après tout, on peut tous prêter une oreille attentive, tendre la main, offrir un regard tendre et plein d'empathie, tenir un discours positif. Mais nul autre que soi-même ne peut prétendre réparer sa propre âme, qu'elle soit torturée ou juste blessée.
Nouvelle parenthèse: je ne suis sous l'emprise d'aucune substance illicite, je me suis juste réconcilée avec le rooibos grâce au délicieux Rouge Bourbon de chez Mariage Frères (quitte à être déprimée, autant le faire dans le snobisme). Fin de l'énième parenthèse.
Je suis persuadée que chacun a en soi la clé. Perso, je la perds souvent, j'en ai bien conscience mais alors, quand je l'ai en main, je savoure.
Et j'ai d'autant plus mal quand je l'égare, comme ce matin. Perdue, vidée et déprimée, j'aurais voulu remonter le temps, revenir à cette minute où le bien-être se lisait sur mes traits - pourtant tirés (j'aurais dû lui acheter, ses produits-miracle, à la dame, finalement). Au lieu d'être là, dans l'attente de je ne sais quoi, l'esprit rempli de nuages noirs et menaçants, l'estomac lourd d'une grosse boule d'angoisse, le corps sans plus d'énergie.
Alors, j'ai sombré dans le sommeil. J'avais la gueule de bois au réveil, la bouche pâteuse et l'âme un peu entre-deux. Mais j'ai aperçu un rai de lumière (l'effet du rooibos?). Et j'ai compris que j'avais encore besoin de ces piqûres de rappel pour réaliser que, décidément, rien n'était jamais acquis.
samedi 18 juin 2011
De l'impact du rooibos sur une déprime passagère
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Eh bien ! quel étrange week-end ! Et dire que j'étais si près de chez toi, le 17....et pas si loin que ça de toi, au fond, ce week-end....
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