vendredi 15 juillet 2011

De l'idée de célébrer une fête nationale

Le bonheur, quand on est free-lance (c'est mieux que "galérienne en chef", non?), c'est définitivement de pouvoir gérer son temps comme on l'entend. Alors oui, on peut aller courir/nager/danser (ça non, toute seule, c'est bof)/ faire ses courses ou passer chez nos amies les administrations quand ça nous chante, évitant le rush de tous ces pauvres salariés, condamnés à poireauter à la Poste ou derrière la dame-qui-a-choisi-de-faire-son-plein (au bas mot 200 euros dans le chariot) à la caisse du Le-le, forcément la caisse la plus looooongue du monde car on a toujours le chic pour choisir la pire.

Vous savez quoi? On peut même s'offrir des escapades à droite et à gauche, une virée à la mer, quelques pâtés de sable avec Loulou ou une balade sous la brise avec une copine, comme ça, juste pour "prendre l'air" (expression que j'ai longtemps détestée, je vous expliquerai pourquoi, un jour, sans doute). Emmener Loulou, toujours lui (une histoire de vacances scolaires, si si), au ciné ou sur les bords de Loire pour un tour de vélo...

Je comprends bien, vous m'enviez, vous avez limite envie de m'étriper tant cette vie a priori sans contraintes vous semble juste idéale.

C'est là que s'installe le doute, de façon insidieuse. Ai-je vraiment choisi le confort? Euh, clairement, non. La liberté, donc, oui, on est d'accord. Pour le reste, c'est un peu chaud les marrons quand l'heure de remplir son assiette a sonné.

Depuis un petit moment, les missions s'enchaînent sans que j'aie le temps de dire ouf. Du coup, consciente de ce besoin irrépressible d'aller "prendre l'air", je n'ai pas renoncé à ces bouffées d'oxygène, sinon quotidiennes, au moins hebdomadaires. Mais comme mon boulot de psychopathe nécessite quand même quelques heures de concentration extrême, je me dédouble.

Oh, je sais, ce n'est pas un scoop, mais plus le temps passe, plus j'ai l'impression de déborder sur mon quota "d'heures de vie" tandis que le labeur augmente chaque jour un peu plus. Et plus j'ai l'impression, ensuite, de m'auto-punir, en consacrant mes soirées, des demi-nuits parfois, à la retranscription de grands malades qui exigent de meilleures conditions de travail et une vie plus agréable.

Les cons.

Alors, pour la fête nationale, partagée entre l'envie de profiter du soleil sur la terrasse familiale et l'obsession de terminer ce taf qui n'en finit plus, cernée de ces heures nocturnes à repousser le sommeil (qui se venge ensuite, le rancunier, en ne revenant pas quand on l'appelle...), rongée par la culpabilité, aussi, d'avoir laissé Loulou chez ses grand-parents (ça, ça va), mais surtout deux jours de suite à mon côtés pendant que je m'échinais sur l'ordi (oh, lui ne s'est pas plaint d'avoir la DS en accès libre. Je l'ai très mal vécu de mon côté, allez savoir pourquoi), je me suis dit qu'on allait allier l'utile à l'agréable, et que j'allais prendre l'air en bossant.

Manger chez pôpa-môman avant de retourner au labeur. Jouer à l'extérieur, plutôt qu'à domicile, en gros.

Installée sur la table de jardin, les pieds réchauffés par les lattes de bois tiédies, j'ai passé l'après-midi à avancer ma synthèse d'un comité technique paritaire totalement exaltant, avec Loulou pas loin, mais occupé, au moins, à commenter le Tour de France avec son papi. Parfois, j'ai jeté un oeil, apercevant son sourire non feint et son plaisir d'être là, de poser des questions et d'entendre le laïus de son grand-père en retour.

A un moment donné, Loulou est sorti des jolies envolées sur les cyclistes pour s'aventurer sur un autre terrain, plus... social. Plus historique, aussi.

Intrigué par les feux d'artifice dont il avait eu l'écho la veille au soir, il nous a demandé pourquoi le ciel avait ainsi pété, alors qu'il n'y avait même pas d'orage. Nous voilà partis pour un couplet sur le 14 juillet, la prise de la Bastille, la fin d'un système monarchique et la Révolution française. Et on enchaîne, allez savoir pourquoi, sur une autre révolution, Mai 68. Mon père lui explique que les gens ont pris des pavés, toussa, et qu'ils ont revendiqué de nouveaux droits, l'évolution de la société et que le mouvement "a permis au monde de bouger".

"De combien de mètres?" a demandé Loulou, imperturbable.

Là, j'ai bien failli me faire dessus, songeant que mon choix de bosser sous le toit familial était judicieux. Ç'aurait été dommage de louper ça, non?

Le pire, c'est qu'on n'a même pas su lui répondre;)

2 commentaires:

  1. Posée 43 ans après, la question est légitime ! Avons-nous vraiment avancé depuis Mai 68 ?
    Tu as raison, la Mouette, ça aurait été dommage de rater ça !
    Bises.
    L'oiseau

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  2. MOUAHAHAHAHAHAHAHAHAHA !

    Et c'est là que tu vois qu'il n'y a que les gosses pour poser les bonnes questions ; car franchement, les acquis de 68...on en a fait quoi ? et je cause même pas de ce qu'on est en train de faire des autres.

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