samedi 25 octobre 2025

Incertitudes

 Hier soir, je suis allée sur un site, pour voir si mes critères matchaient avec les offres.

...

Euh, un site pour constituer un dossier, afin de taper aux portes des maisons de retraite, ne vous méprenez pas.

Une semaine après son hospitalisation, nous en avons pris conscience; Même s'il ne le sait pas, notre père ne reviendra pas à la maison.

Et du jour au lendemain, nous voilà propulsés dans ce monde lunaire, où l'on évoque la perte d'autonomie, l'univers des grabataires - ce mot qu'il a toujours détesté - l'arrivée dans ces mouroirs. Nous voilà à quémander une place pour notre papa, dans l'un des établissements qui voudra bien le recevoir. Nous voilà à placer une personne de 76 ans là où elle ne voulait surtout pas aller.

On essaie de se persuader que c'est la meilleure solution, pour lui, pour notre mère, pour nous. Bien sût qu'il n'y a pas d'autre issue. A voir l'air résigné des médecins nous expliquant que sa maladie est incurable, oui, on se fait une raison.

Et puis, un passage dans le service suffit à me faire flancher. Ses yeux injectés de sang, sa peau si pâle, ses regards vers les fantômes qu'il semble entrevoir sur les murs de sa chambre, sa logorrhée incompréhensible, cette façon qu'il a d'être là sans être là, mais quel enfer! Quel calvaire il doit vivre, et nous on devrait regarder si les frais de blanchisserie sont compris dans le tarif mensuel des EHPAD?

Et s'il ne résistait tout simplement pas à cette hospitalisation éprouvante, où la seule façon d'apaiser son agressivité est de le shooter... à mort, justement ? Sédaté, il redevient inoffensif. Mais déjà presque mort, soyons honnête.

Alors, je reprends le dossier et je le complète, parce que finalement, ces petites choses concrètes et ces gestes automatiques, c'est ce qui me fait tenir. Avec ma sœur, on se concerte et on soutient notre mère comme on peut. Ce qui circule entre nous est précieux.

Je ne veux pas fuir mes émotions, elles sont là, débordantes, envahissantes et retenir mes larmes me semble parfois impossible, y compris dans la rue ou derrière mon bureau, au travail, où le moindre couac devient une montagne. C'est ce qui s'appelle être à fleur de peau, yeux rougis et lèvres sèches, bide retourné et début d'herpès sur un visage aux trais tirés. Loin de moi l'idée de me plaindre, quoi de plus logique que de perdre sa joie de vivre quand un parent est en train de vous quitter?

L'image de mon papa complètement déboussolé ne me quitte pas, malheureusement. Elle me revient véritablement jour et nuit, me rappelant l'horreur qu'il doit vivre, et je n'ai jamais été si incertaine sur son devenir.

Mais, parce que je suis vivante, je dois me battre pour lui, pour sa mémoire disparue. Il n'est pas juste ce monsieur rongé par la démence à la 419. Nous, on n'oublie pas le papa incroyable qu'il a été, où que son âme soit aujourd'hui.

2 commentaires:

  1. Riton. On est de tout coeur avec vous. Mais comment faire. On vous embrasse très fort et bon courage. On pense beaucoup à vous trois.

    RépondreSupprimer
  2. STÉPHANIE de tout cœur avec toi Isabelle et ta maman tu sais avec ton papa nous avons beaucoup de super souvenirs inoubliables bpensons beaucoup à vous tou

    RépondreSupprimer