vendredi 10 mars 2023

A plat

L'aridité ne cache pas forcément la beauté...

Voilà un moment que je n'ai rien écrit ici. J'ai laissé passer les jours et découvert ce que c'était, un peu, la vie d'après, ce que l'on appelle "la convalescence", après les soins.

Comme je l'avais imaginé, il a fallu trouver de nouveaux repères dans ce quotidien désormais exempt de soins quotidiens. Une sorte de liberté retrouvée, dans l'emploi du temps, mais sans mode d'emploi.

Il a fallu inventer une routine, moi qui ai si souvent pu m'en prémunir. Se lever le matin, prendre de nouvelles habitudes, trouver des moteurs pour avancer, passer le cap et envisager la suite.

Envisager la suite? J'ai pris le pli de ne pas me projeter. Un jour après l'autre, pas après pas. Aucune urgence, juste l'envie de respirer, s'écouter, patienter. De savourer la solitude, plutôt que de la subir.

J'ai découvert ce besoin de rester dans sa bulle, se centrer sur soi, n'écouter que soi. 

J'ai découvert l'égoïsme, ce défaut qui me fait horreur. 

J'ai découvert le handicap invisible.

Je ne me suis jamais sentie aussi alignée et pourtant, mon corps me retient de profiter à 100% de ce que la vie me propose.

Je vis une dichotomie entre mon envie de croquer la vie - forcément amplifiée par la présence d'Abricotine dans ma caboche - et celle de me terrer, bien au calme et au chaud, chez moi.

Je dors douze heures par nuit, m'offre une sieste l'après-midi, refuse nombre de sorties et gère les priorités. Mon mamie rythme et moi, on se complait dans cette bulle. J'octroie à mon corps sa dose de sport quotidienne, histoire de lui rappeler qu'il est en vie. Il accepte mais me montre ses limites. J'ai de vrais moments à plat. Plus de carburant dans le moteur.

Etrange sensation pour la pile que j'étais.

Le handicap invisible, c'est ça. En apparence, tout va bien. On tient droit sur nos jambes, on peut même marcher, courir, pédaler; sourire, s'amuser, danser. Mais la batterie se vide rapidement et ne se recharge jamais complètement.

Alors, on se ménage, on apprend à vivre au ralenti, on renonce à la tentation de puiser dans des ressources imaginaires pour mieux apprécier le moment présent.

Loin de moi l'idée de partir dans une complainte stérile. Mon système immunitaire est à plat, j'ai des vertiges non stop, mais ça va, je veux dire, je vais retrouver de l'énergie peu à peu et savoure chaque jour ce temps qui m'est donné pour trouver la voie de l'après.

Qui a dit qu'on devait forcément s'agiter pour vivre?

2 commentaires:

  1. Quelle belle manière de nous partager ce que tu vis que de l'écrire de ta si belle écriture. Être Égoïste (Entendre EGO ISTE) c'est la maladie de l'égo, n'est ce pas...il ne me semble pas que ce soir ça ta maladie...tu as besoin de prendre soin de toi et tu es la mieux placée pour savoir ce qui est bon pour toi. Alors laisse toi changer ce qui a besoin de l'être et ne rien faire veut aussi dire laisser faire la vie qui est en toi retrouver le chemin de l'energie. Toutes mes plus belles pensées t'accompagnent sur ce chemin

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  2. Merci pour ces gentils mots qui me touchent, cher anonyme, que je dois connaître, j'imagine :)

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