lundi 13 septembre 2010

Casa chef!

La semaine passée, j'ai reçu un coup de fil un rien embarrassé d'une cliente du restau que je "livre" (je me la pète, les enfants, je me la pète!). Elle se demandait si, par hasard, enfin vous voyez quoi (ben non, je vois pas), enfin si, dans l'éventualité d'un repas, un jour, je ne pourrais pas... lui concocter une tarte au citron.

En fait, c'était pour le lendemain.

Y'a pas à dire, je crois que je l'intimide (ah ah).

Aussitôt dit, aussitôt fait, je lui prépare l'affaire, elle vient la chercher, toute contente, et puis moi aussi, parce que malgré la mort de mon robot-pétrin, le lâche, elle a une bonne petite tête, cette tarte. Et que c'est toujours très agréable de livrer un dessert. Comme si j'étais un chef, genre (hum).

Pourquoi je vous raconte un truc aussi banal? Parce que la dame en question s'avère bien particulière et a ravivé quelques envies.

Aujourd'hui, elle est en effet venue chez moi me ramener le moule et le matériel d'emballage.

"Tenez, et merci encore, c'était vraiment un régal (je me la pète, j'vous dis, aujourd'hui). Vous ne voudriez pas faire des cours de cuisine?"

Hum. Dans le mille. Voilà qu'elle s'y met, elle aussi. Bon, je l'invite à prendre un café, au milieu des cartons. Et là, je la vois changer de tête, soudain:

"Vous déménagez?"

Je lui réponds par l'affirmative. Et je précise : "à Nantes. "

"A Nantes? Oh non! Mince!" Et aussitôt, elle se mord les lèvres, comme pour ravaler ses paroles en me priant de bien vouloir l'excuser, car elle ne voulait pas se montrer intrusive. Je trouve cela plutôt touchant. A vrai dire, elle balance entre une discrétion aiguë et une curiosité et une ouverture indéniables. S'ensuit une discussion absolument surréaliste, nous deux au milieu d'un salon plus bordélique que jamais, évoquant Eliette Abécassis, la relation mère-fille, la précarité et son acceptation (!), la psychanalyse et la cuisine, dans l'un de ces moments suspendus où vous buvez la parole de l'autre et n'avez plus envie d'interrompre le fil de la conversation.

Je la vois, hésitant à me tutoyer. Elle semble prête à le faire avant de se raviser, s'excusant pour sa familiarité avec toujours ce même mordillement. "Bon, je voulais vous demander..."

Elle se tait, comme pour se donner du courage.

"Vous pourriez m'apprendre à faire la tarte au citron? Et puis d'autres plats, enfin, un cours de cuisine, quoi! Vous viendriez chez moi et on ferait ça ensemble!"

Vous savez quoi? Je vais repartir du Mans sans avoir réalisé concrètement mon rêve. Mais c'est là que j'aurais touché à toutes ces petites expériences culinaires auxquelles je songe pour plus tard, quand je serai grande.

Rien que pour ça, je me dis que ça valait le coup de rester deux ans au chômage.

7 commentaires:

  1. Oui, une sorte de petit couronnement personnel, en somme.
    Soit dit entre nous, tu as bien raison de te la pèter aujourd'hui (et pas que, les autres jours aussi, tu aurais raison).

    Bises, la Mouette.
    Thierry

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  2. J'appelle pas ça se la pèter!! Tu est juste réaliste! Appelons un chat un chat, j'ai eu l'honneur de gouter à tes cannelés et cookies, et je dois avouer que je salive rien que d'y penser!!!
    Et puis, c'est des petits moments comme celui que tu as vécu aujourd'hui qui font que les ailes nous poussent dans le dos!
    Et puis, quand on a le talent, peut importe le lieu! En plus, Nantes, c'est une grande ville, et les initiatives sont plus facilement réalisables!
    Déploies tes ailes, La Mouette!

    Bises, Anne-lise

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  3. Coucou la Mouette !
    J'ai pu remarquer,que souvent, au moment où l'on s'apprête à quitter, quelque chose ou quelqu'un, nos perceptions du présent s'exacerbent, et on cherche alors, étonné par ce que l'on ressent,à vouloir garder les instants vivants , les rencontres improbables...Alors garde tout ça la Mouette, et emporte-les à Nantes, elles te serviront forcément. Il suffit de se les remettre en mémoire.. Chouette, ta rencontre ! Va, Vis, Vole et vérifie ! Et lacho drome !

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  4. Hello la Mouette ! yé souis dé rétourrrr ! alors, je reprends là où j'étais restée, et je remonte. A tout à l'heure ! :)

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  5. Tu sais quoi ? le truc con, c'est quand, pile au moment de partir d'un lieu, on rencontre des gens avec lesquels ont aurait pu devenir amis ! ça fout les boules....Eh, pourquoi t'en filerais pas, des cours de cuisine, hein ? ou même, pourquoi.....t'en prendrais pas ? on en sait tous toujours plus long que certains, et moins que d'autres ! alors ? pourquoi ne pas creuser ?

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  6. @ l'oiseau: C'est pas terrible de se la péter, surtout le lendemain, quand on se souvient que, en fait, non, on n'a pas de raison de se la péter ;)

    @ Anne-Lise: J'adore cet enthousiasme, ça me donnerait presque des ailes, chère "coach" ;)

    @ Nath: 100% d'accord et bien sûr que tout ça est gravé sur mon disque dur!

    @ Anne: Alors là, je suis sciée, tu as pris le temps de tout lire et de commenter chaque post! Dis, la panne d'ordi a dû te sembler bien longue, si tu as fait la même chose sur chacun des blogs que tu lis ;)

    Pour les cours de cuisine, c'est une idée que j'ai toujours gardée en tête. Pour autant, je ne vais pas à Nantes dans cette optique, pour l'instant, dans le sens où je dois avant tout assurer les arrières. Et démarrer une activité sans salaire, comment dire, bah c'est juste pas possible pour le moment. A moins de rencontrer un Américain ;) Mais laissons le temps...

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  7. Je confirme : je suis bien en train de "remonter" chacun des blogs que je suis. Un peu chaque jour.

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