Demain si tout va bien.
Ah ah.
En vrai, j'ai cherché la caméra, mais rien, je vous assure, je ne suis tombée dans aucun piège. Même le SIAP et le CIAP ne m'ont pas emmêlé les pinceaux et je peux vous assurer que le comité de sécurité n'a plus aucun secret pour moi.
Vous l'aurez compris, je suis plongée dans ces retranscriptions et ne fais que passer pour vous signaler que je ne suis pas mourue (hein, Pascale, merci de t'en inquiéter. Comment dit-on cela en grec? Et en hébreu?). Oui, je sais, les private jokes, rien de tel pour éloigner les lecteurs non avertis, mais voyez-vous, je causais à la cafelière qui a choisi une nouvelle voie, sans renier pour autant ses copines d'avant...
Bon, dès que j'en ai fini, je reviens vers vous, d'autant que j'ai des tas de trucs à vous raconter. Mais chut, je crois que l'opposition a encore un mot à dire et deux ou trois passages houleux m'attendent...
A très vite! Enfin, si tout va bien ;)
mercredi 29 septembre 2010
lundi 27 septembre 2010
Moi, schizo?
Hier en cuisine, aujourd'hui à la rédaction, voilà un programme qui reflète bien mon équilibre (?) du moment. Car, dans un grand élan de masochisme, j'ai contacté de nouveau la boîte de communication pour leur rappeler mon existence, rapport que je voulais bosser un peu pour eux, quand même. Vous savez, pour faire ce boulot qui me coupe de toute vie sociale.
Mes initiales? SM. Oui, je sais.
Comme ils ont eu pitié, pardon, avaient besoin de ma présence ici, je vous écris donc en live de la salle du Conseil Municipal où, pour une fois, je n'ai oublié ni ma tête, ni dictaphone, ni l'heure du rendez-vous, ni mes stylos.
Trop beau pour être vrai?
Je vous raconterai ça demain, si tout va bien!
Mes initiales? SM. Oui, je sais.
Comme ils ont eu pitié, pardon, avaient besoin de ma présence ici, je vous écris donc en live de la salle du Conseil Municipal où, pour une fois, je n'ai oublié ni ma tête, ni dictaphone, ni l'heure du rendez-vous, ni mes stylos.
Trop beau pour être vrai?
Je vous raconterai ça demain, si tout va bien!
dimanche 26 septembre 2010
Zyva le restau de ouf
C'est drôle, auparavant, je vous aurais fait un teasing de folie, une semaine durant, pour une malheureuse journée passée à travailler derrière le comptoir. Et voilà que je rentre, des enclumes à la place des jambes, que je me pose sur le canapé et que je réalise n'en avoir même pas touché un mot ici même... J'deviendrai pas un peu blasée, au hasard?
Blasée, il me semble impossible de l'être dans ce métier où les surprises surviennent chaque jour. Prenez aujourd'hui: de façon traditionnelle, le restau pour lequel je travaille (et dont j'étais la seule résidente, ce jour, pour le coup) accueille plutôt une clientèle bobo, va-t-on dire, des Manceaux bien comme il faut, de tout âge, ou des touristes, comme ce couple d'Anglais venu déjeuner ce midi.
Eh bien, là, paf! J'aperçois une première doudoune noire, une deuxième, une capuche grise derrière, de jeunes visages au regard fuyant: je vous le donne dans le mille, des Parisiens, plutôt 9-3 que 16e, visiblement affamés et pressés. Ils sont onze, il est 13h05, ils veulent être partis à 14h et, a priori, aucun bras supplémentaire n'a poussé chez moi la nuit passée.
Si vous pouvez vous installer? Bien sûr.
Ils passent commande vite fait, avant de reprendre leur portable, parce que c'est bien beau de déjeuner ensemble, mais si en plus, faut causer ensemble, zyva, c'est la loose. Parfois, quand même, des circonstances exceptionnelles les obligent à sortir de leur mutisme.
"Vas-y, demande-lui à la dame!"
La dame, c'est moi, j'imagine.
En fait, c'était pour une boisson. Après, ils ont essayé de m'embrouiller sur le nombre de parts de gâteau au chocolat et de tarte au citron, et puis y'avait ceux qui voulaient leur café en même temps que leur dessert (non, non, toujours aucun embryon de bras, malgré mes suppliques auprès d'une quelconque force céleste qui aurait pu me sauver) (si elle se reconnaît, qu'elle n'hésite pas à m'envoyer un devis, j'étudierais le dossier en profondeur), zyva le truc de ouf.
Wesh, à la fin, je parlais quasi comme eux. L'éducateur - que j'avais un peu pris pour le chef de bande, au départ - m'a demandé un renseignement sans quitter l'écran de son téléphone portable d'un iota. Ensuite, il m'a fait une vieille blague sur "le noir de service", son voisin d'en face, un Martiniquais. Je crois que c'était pour me faire rire, mais je sais pas, j'avais pas bouffé de clown ce matin et c'est tombé un peu à plat. Néamoins, je crois avoir marqué des points, parce que l'éducateur m'a remerciée pour tout, au moment de l'addition, et s'est même fendu d'un étonnant "à bientôt."
Je crois que je les ai convertis au lieu. J'ai assisté à la naissance d'une nouvelle catégorie sociale, et je vous promets que je ne caricature pas. De la pure bobo-9-3, je ne vous dis que ça.
Blasée, il me semble impossible de l'être dans ce métier où les surprises surviennent chaque jour. Prenez aujourd'hui: de façon traditionnelle, le restau pour lequel je travaille (et dont j'étais la seule résidente, ce jour, pour le coup) accueille plutôt une clientèle bobo, va-t-on dire, des Manceaux bien comme il faut, de tout âge, ou des touristes, comme ce couple d'Anglais venu déjeuner ce midi.
Eh bien, là, paf! J'aperçois une première doudoune noire, une deuxième, une capuche grise derrière, de jeunes visages au regard fuyant: je vous le donne dans le mille, des Parisiens, plutôt 9-3 que 16e, visiblement affamés et pressés. Ils sont onze, il est 13h05, ils veulent être partis à 14h et, a priori, aucun bras supplémentaire n'a poussé chez moi la nuit passée.
Si vous pouvez vous installer? Bien sûr.
Ils passent commande vite fait, avant de reprendre leur portable, parce que c'est bien beau de déjeuner ensemble, mais si en plus, faut causer ensemble, zyva, c'est la loose. Parfois, quand même, des circonstances exceptionnelles les obligent à sortir de leur mutisme.
"Vas-y, demande-lui à la dame!"
La dame, c'est moi, j'imagine.
En fait, c'était pour une boisson. Après, ils ont essayé de m'embrouiller sur le nombre de parts de gâteau au chocolat et de tarte au citron, et puis y'avait ceux qui voulaient leur café en même temps que leur dessert (non, non, toujours aucun embryon de bras, malgré mes suppliques auprès d'une quelconque force céleste qui aurait pu me sauver) (si elle se reconnaît, qu'elle n'hésite pas à m'envoyer un devis, j'étudierais le dossier en profondeur), zyva le truc de ouf.
Wesh, à la fin, je parlais quasi comme eux. L'éducateur - que j'avais un peu pris pour le chef de bande, au départ - m'a demandé un renseignement sans quitter l'écran de son téléphone portable d'un iota. Ensuite, il m'a fait une vieille blague sur "le noir de service", son voisin d'en face, un Martiniquais. Je crois que c'était pour me faire rire, mais je sais pas, j'avais pas bouffé de clown ce matin et c'est tombé un peu à plat. Néamoins, je crois avoir marqué des points, parce que l'éducateur m'a remerciée pour tout, au moment de l'addition, et s'est même fendu d'un étonnant "à bientôt."
Je crois que je les ai convertis au lieu. J'ai assisté à la naissance d'une nouvelle catégorie sociale, et je vous promets que je ne caricature pas. De la pure bobo-9-3, je ne vous dis que ça.
jeudi 23 septembre 2010
Rester dans les rails
Jour de grève aujourd'hui? Jour d'extra pour bibi. Enfin, rien n'était fixé, nous avions convenu avec la boss que ma présence dépendrait de la météo. Les premiers rayons du soleil perçant ces nuages a priori menaçants, j'ai donc pu endosser mon costume de Shiva en remerciant intérieurement les syndicalistes de se battre. Au moins, ça fait du boulot pour les sans-grades comme moi.
Histoire d'être productive, j'avais prévu un autre plan pour la journée, en cas de pluie: poser mes jalons. Candidater, si vous préférez, dans diverses institutions et boîtes nantaises. Mon premier challenge consistait donc à me concentrer sur mes lettres de motivation, avant de partir (ou pas) au front, pour préparer l'avenir (hum).
Je vous dis pas la tête de l'avenir, à ce rythme.
Mon deuxième challenge m'emmenait vers une sorte de mission-suicide : passer à travers le cortège, lequel avait squatté le bas de ma rue, puis me faufiler entre les drapeaux et les grévistes pour rejoindre le trottoir d'en face. L'opération s'est avérée d'autant plus délicate que les manifestants semblaient nettement plus enragés que lors du précédent mouvement. Du pur, du dur, de l'intégriste, nous avions affaire ce matin aux gros bras de la grève, ceux qui préfèrent se résoudre à la retenue d'une deuxième journée de salaire plutôt que de se taire.
Mon troisième challenge s'avérait particulier: il s'agissait seulement d'assurer le service au plus vite en éliminant au maximum les fioritures. Oui, les petits bavardages habituels avec les clients, tout ça. Halte à la convivialité, place à la rentabilité ! Pas simple pour moi mais j'ai vite compris l'intérêt d'être efficace avant tout. De toute façon, la majorité des clients semblait peu encline à la futilité, en témoignaient ces visages soucieux, marqués par ce mélange de colère et de résignation.
Bon, j'ai servi du café avec son marc - la cliente m'a bien chambrée pour ça - j'ai inversé un plat avec un autre, avant de rattraper la boulette in extremis... mais pour le reste, on va dire que les challenges ont été remplis. J'ai même cru ne pas y avoir laissé trop d'énergie.
C'est lorsque j'ai dérapé sur les rails du tram, alors que j'étais en vélo, quelques minutes plus tard, que j'ai senti une légère défaillance. Une chute et un petit moment de solitude plus tard, je me suis dit que ma maladresse ne s'arrêtait pas en cuisine. Un jour, il faudra que je regarde où je vais.
Histoire d'être productive, j'avais prévu un autre plan pour la journée, en cas de pluie: poser mes jalons. Candidater, si vous préférez, dans diverses institutions et boîtes nantaises. Mon premier challenge consistait donc à me concentrer sur mes lettres de motivation, avant de partir (ou pas) au front, pour préparer l'avenir (hum).
Je vous dis pas la tête de l'avenir, à ce rythme.
Mon deuxième challenge m'emmenait vers une sorte de mission-suicide : passer à travers le cortège, lequel avait squatté le bas de ma rue, puis me faufiler entre les drapeaux et les grévistes pour rejoindre le trottoir d'en face. L'opération s'est avérée d'autant plus délicate que les manifestants semblaient nettement plus enragés que lors du précédent mouvement. Du pur, du dur, de l'intégriste, nous avions affaire ce matin aux gros bras de la grève, ceux qui préfèrent se résoudre à la retenue d'une deuxième journée de salaire plutôt que de se taire.
Mon troisième challenge s'avérait particulier: il s'agissait seulement d'assurer le service au plus vite en éliminant au maximum les fioritures. Oui, les petits bavardages habituels avec les clients, tout ça. Halte à la convivialité, place à la rentabilité ! Pas simple pour moi mais j'ai vite compris l'intérêt d'être efficace avant tout. De toute façon, la majorité des clients semblait peu encline à la futilité, en témoignaient ces visages soucieux, marqués par ce mélange de colère et de résignation.
Bon, j'ai servi du café avec son marc - la cliente m'a bien chambrée pour ça - j'ai inversé un plat avec un autre, avant de rattraper la boulette in extremis... mais pour le reste, on va dire que les challenges ont été remplis. J'ai même cru ne pas y avoir laissé trop d'énergie.
C'est lorsque j'ai dérapé sur les rails du tram, alors que j'étais en vélo, quelques minutes plus tard, que j'ai senti une légère défaillance. Une chute et un petit moment de solitude plus tard, je me suis dit que ma maladresse ne s'arrêtait pas en cuisine. Un jour, il faudra que je regarde où je vais.
mercredi 22 septembre 2010
Le bruit des abeilles
"S'il vous plaît, je peux avoir un verre? Je sais bien que ce n'est pas commencé mais bon, vous comprenez..."
Eh bien non, je ne comprends pas. Ce soir, cent cinquante personnes étaient conviées à visiter un très beau musée manceau, attenant au restaurant de la boss. A l'issue de cette balade au coeur de l'archéologie sarthoise, entre autres, un buffet était servi.
A l'issue, j'ai dit.
Sauf que les gens, la visite, ils s'en cognaient. Ce qu'ils attendaient, c'était le "pot de l'amitié." Sans chercher à faire semblant, ils se sont donc installés un peu partout, mais surtout le plus près possible des deux buffets dressés. Assises sur les fauteuils en cuir, des femmes plutôt chic ont crié dans ma direction. Elles voulaient que je leur confirme la provenance des vins...
... En piaffant d'impatience devant ce spectacle alléchant: un verre, du grignotage, le tout à l'oeil, il n'en faut pas plus pour laisser des gens, a priori civilisés (bien propres sur eux, vous voyez bien le genre), exprimer leur plus vile nature. Et dès le signal de départ, inutile de vous préciser la ruée vers les tables.
Des abeilles sur une ruche.
Avec mes comparses, on s'est regardé, un peu sciées d'un tel manque de tenue. Et on s'est demandé s'il y avait eu une quelconque privation alimentaire chez ces personnes pour qu'elles se jettent à ce point sur les verrines et autres mini-tartines et brochettes offertes.
Touchés du syndrome du pique-assiette, les costardés et les fardées n'ont pas lésiné sur le lever de coude. Forcément, tout ça, ça donne soif. Et vas-y que je goûte le blanc, le rouge, ah attendez je vais reprendre du blanc, ah mais mettez m'en plus!", Ou bien : "Elles sont bonnes vos rillettes, mais y'a d'autre chose à bouffer, là?"
Je ne suis pas sûre d'avoir bien entendu.
"Et puis dites, vos assiettes, derrière vous, donnez-les nous, on a faim, nous!
Ah ah ah, quelle rigolade. On ne doit pas avoir le même humour.
Au moment où je me suis retournée, j'ai surpris une dame, à l'allure très respectable, en train de chaparder des brochettes sur un plateau mis en réserve. Je l'ai remise gentiment à sa place, avant de revenir à mes voraces qui réclamaient à corps et à cris des victuailles.
Une hallucination. J'ai eu l'impression d'être en pleine hallucination. Ils ont mis à sac tout le vin blanc. J'ai filé vite fait remplir les carafes et lorsque je suis revenue avec une seule bouteille - même pas remplie en plus - victime d'une panne provisoire des stocks, j'ai provoqué une réaction immédiate : ces dames étaient déçues. "T'as vu", a dit l'une d'entre elles à sa copine, "elle ramène que ça. "
Le "que ça" m'a néanmoins permis de parer au plus urgent. Soudain, une dizaine de mains s'est levée en même temps, les convives me présentant leur verre comme si leur vie en dépendait, sans aucune dignité. Sincèrement, j'ai eu honte pour eux, imaginant le sermon que j'infligerais à Loulou s'il avait le malheur de se comporter ainsi, une fois dans sa vie.
Non, non, nous ne sommes pas Shiva, nous ne pouvons pas servir dix assoiffés en même temps. Peu importe, ils ont continué à tendre leur verre en gardant leur main ouverte, prêts à réceptionner ce nectar qu'ils semblaient apprécier au plus haut point - à défaut de le déguster - pendant que nous les servions, tout en continuant à discuter, sans même jeter un regard dans notre direction.
J'ai eu envie de leur dire qu'on n'était pas chez mémé, ici, mais eux, ils n'éprouvaient aucune gêne, ils n'ont même pas cherché à réprimer le "oooooh" de déception lorsque la carafe s'est vidée une nouvelle fois. Avec ma collègue, on s'est retenu de rire, échangeant nos impressions, accroupies sous la table. Des fous, voilà.
Nous n'avions qu'une seule solution: attendre que le vin se tarisse. Plus de vin, plus d'intérêt, ils ont donc vidé les lieux et nous avons eu une pensée pour les pauvres serveurs qui allaient devoir s'occuper d'eux au restaurant, plus bas dans la rue, ensuite.
Et vous savez le plus drôle de l'histoire? Ces mal élevés étaient des CPE. Oui, oui, le E de "Éducation". Des conseillers chargés de l'éducation, disais-je, de nos têtes blondes.
Si, si.
Ça fait froid dans le dos.
Eh bien non, je ne comprends pas. Ce soir, cent cinquante personnes étaient conviées à visiter un très beau musée manceau, attenant au restaurant de la boss. A l'issue de cette balade au coeur de l'archéologie sarthoise, entre autres, un buffet était servi.
A l'issue, j'ai dit.
Sauf que les gens, la visite, ils s'en cognaient. Ce qu'ils attendaient, c'était le "pot de l'amitié." Sans chercher à faire semblant, ils se sont donc installés un peu partout, mais surtout le plus près possible des deux buffets dressés. Assises sur les fauteuils en cuir, des femmes plutôt chic ont crié dans ma direction. Elles voulaient que je leur confirme la provenance des vins...
... En piaffant d'impatience devant ce spectacle alléchant: un verre, du grignotage, le tout à l'oeil, il n'en faut pas plus pour laisser des gens, a priori civilisés (bien propres sur eux, vous voyez bien le genre), exprimer leur plus vile nature. Et dès le signal de départ, inutile de vous préciser la ruée vers les tables.
Des abeilles sur une ruche.
Avec mes comparses, on s'est regardé, un peu sciées d'un tel manque de tenue. Et on s'est demandé s'il y avait eu une quelconque privation alimentaire chez ces personnes pour qu'elles se jettent à ce point sur les verrines et autres mini-tartines et brochettes offertes.
Touchés du syndrome du pique-assiette, les costardés et les fardées n'ont pas lésiné sur le lever de coude. Forcément, tout ça, ça donne soif. Et vas-y que je goûte le blanc, le rouge, ah attendez je vais reprendre du blanc, ah mais mettez m'en plus!", Ou bien : "Elles sont bonnes vos rillettes, mais y'a d'autre chose à bouffer, là?"
Je ne suis pas sûre d'avoir bien entendu.
"Et puis dites, vos assiettes, derrière vous, donnez-les nous, on a faim, nous!
Ah ah ah, quelle rigolade. On ne doit pas avoir le même humour.
Au moment où je me suis retournée, j'ai surpris une dame, à l'allure très respectable, en train de chaparder des brochettes sur un plateau mis en réserve. Je l'ai remise gentiment à sa place, avant de revenir à mes voraces qui réclamaient à corps et à cris des victuailles.
Une hallucination. J'ai eu l'impression d'être en pleine hallucination. Ils ont mis à sac tout le vin blanc. J'ai filé vite fait remplir les carafes et lorsque je suis revenue avec une seule bouteille - même pas remplie en plus - victime d'une panne provisoire des stocks, j'ai provoqué une réaction immédiate : ces dames étaient déçues. "T'as vu", a dit l'une d'entre elles à sa copine, "elle ramène que ça. "
Le "que ça" m'a néanmoins permis de parer au plus urgent. Soudain, une dizaine de mains s'est levée en même temps, les convives me présentant leur verre comme si leur vie en dépendait, sans aucune dignité. Sincèrement, j'ai eu honte pour eux, imaginant le sermon que j'infligerais à Loulou s'il avait le malheur de se comporter ainsi, une fois dans sa vie.
Non, non, nous ne sommes pas Shiva, nous ne pouvons pas servir dix assoiffés en même temps. Peu importe, ils ont continué à tendre leur verre en gardant leur main ouverte, prêts à réceptionner ce nectar qu'ils semblaient apprécier au plus haut point - à défaut de le déguster - pendant que nous les servions, tout en continuant à discuter, sans même jeter un regard dans notre direction.
J'ai eu envie de leur dire qu'on n'était pas chez mémé, ici, mais eux, ils n'éprouvaient aucune gêne, ils n'ont même pas cherché à réprimer le "oooooh" de déception lorsque la carafe s'est vidée une nouvelle fois. Avec ma collègue, on s'est retenu de rire, échangeant nos impressions, accroupies sous la table. Des fous, voilà.
Nous n'avions qu'une seule solution: attendre que le vin se tarisse. Plus de vin, plus d'intérêt, ils ont donc vidé les lieux et nous avons eu une pensée pour les pauvres serveurs qui allaient devoir s'occuper d'eux au restaurant, plus bas dans la rue, ensuite.
Et vous savez le plus drôle de l'histoire? Ces mal élevés étaient des CPE. Oui, oui, le E de "Éducation". Des conseillers chargés de l'éducation, disais-je, de nos têtes blondes.
Si, si.
Ça fait froid dans le dos.
mardi 21 septembre 2010
Smile
Les extras se multiplient en ce moment et le constat s'impose: ce sont toujours les mêmes têtes que l'on y croise. La "haute" de la ville se retrouve lors de ces intermèdes, alcoolisés ou pas, alors qu'un trublion, avec son éternel pantalon bouffant et ses bretelles remontées sur sa chemise large, vient chaque fois alléger l'atmosphère, distiller une petite note "artistique" à cet ensemble souvent bon chic bon genre.
C'est ce drôle de monsieur que j'ai croisé ce soir et ses paroles à l'égard d'une tierce personne ont résonné à mes oreilles (qui traînaient, faut-il croire): "le sourire est une résistance", s'est-il exclamé, dans l'une de ses spectaculaires envolées.
Le sourire est une résistance.
C'est pas mal, ça, tiens. Je vais la garder au chaud.
Il a raison, monsieur le vieux rebelle au look de prof de théâtre des années 60 (minimum). User de cette force, c'est garder à l'esprit que puisque rien ne va, autant ne pas en rajouter et poser, ça et là, quelques notes de couleur dans l'espoir qu'un jour, peut-être, le printemps revienne. Oui, cela résonne d'autant plus en moi que je réalise combien, avec le recul, j'étais au fond du trou l'hiver dernier, combien j'avais oublié de sourire, combien j'avais cessé de me battre.
Aujourd'hui, alors que le compte à rebours est lancé, vers une nouvelle vie bien sûr, mais aussi avant le couperet et la fin de mes droits ASSEDIC, je me sens bien. Heureuse et zen. D'aucuns pourraient évoquer de l'inconscience tant ma situation revêt quelques notions d'urgence. Moi-même, je devrais être angoissée, n'être plus qu'une boule de nerfs à cran.
Au lieu de ça, je souris. Je n'avais pas assimilé cette attitude comme une forme de résistance mais en tout cas, mon sourire béat me permet d'appréhender les jours à venir comme s'ils étaient forcément favorables.
Je souris et je prends le temps de poser les jalons tranquillement, comme si le temps était devenu un allié. Je vis cette même attente, ce même enthousiasme qui m'animaient, voilà deux ans, lorsque j'avais décidé de quitter mon travail pour voler de mes propres ailes.
Oui, ça va, on sait où ça m'a menée.
Je souris sans renier la galère, les moments difficiles, l'entrain suivi d'une solitude extrême, les joies, les désillusions. Je souris alors que je n'en suis pas sortie, de cette drôle de vie entre deux.
Ce week-end, je n'ai vu que le bleu du ciel, senti uniquement les rayons du soleil brûler ma peau, entendu le seul clapotis de la mer, sans parasites autour, sans mauvaises ondes, sans idées noires.
Limite niaise.
En temps normal, je me serais collé des baffes. Mais là, j'étais juste bien, convaincue plus que jamais que l'air de l'Atlantique me sied décidément bien.
J'avais oublié mon petit nombril. Volontairement extrait de mon esprit ce que m'inspirent la campagne de désertification des camps de roms ou le micmac politique actuel. En songeant néanmoins que je n'étais pas la seule à faire n'importe quoi, parfois - avec des incidences autrement plus fâcheuses, pour le coup.
Je résiste à la morosité. Cela sera peut-être de courte durée. Qu'importe. Je respire de grandes bouffées, je me prépare au combat et je savoure.
Sourire est la meilleure des résistances, oui.
C'est ce drôle de monsieur que j'ai croisé ce soir et ses paroles à l'égard d'une tierce personne ont résonné à mes oreilles (qui traînaient, faut-il croire): "le sourire est une résistance", s'est-il exclamé, dans l'une de ses spectaculaires envolées.
Le sourire est une résistance.
C'est pas mal, ça, tiens. Je vais la garder au chaud.
Il a raison, monsieur le vieux rebelle au look de prof de théâtre des années 60 (minimum). User de cette force, c'est garder à l'esprit que puisque rien ne va, autant ne pas en rajouter et poser, ça et là, quelques notes de couleur dans l'espoir qu'un jour, peut-être, le printemps revienne. Oui, cela résonne d'autant plus en moi que je réalise combien, avec le recul, j'étais au fond du trou l'hiver dernier, combien j'avais oublié de sourire, combien j'avais cessé de me battre.
Aujourd'hui, alors que le compte à rebours est lancé, vers une nouvelle vie bien sûr, mais aussi avant le couperet et la fin de mes droits ASSEDIC, je me sens bien. Heureuse et zen. D'aucuns pourraient évoquer de l'inconscience tant ma situation revêt quelques notions d'urgence. Moi-même, je devrais être angoissée, n'être plus qu'une boule de nerfs à cran.
Au lieu de ça, je souris. Je n'avais pas assimilé cette attitude comme une forme de résistance mais en tout cas, mon sourire béat me permet d'appréhender les jours à venir comme s'ils étaient forcément favorables.
Je souris et je prends le temps de poser les jalons tranquillement, comme si le temps était devenu un allié. Je vis cette même attente, ce même enthousiasme qui m'animaient, voilà deux ans, lorsque j'avais décidé de quitter mon travail pour voler de mes propres ailes.
Oui, ça va, on sait où ça m'a menée.
Je souris sans renier la galère, les moments difficiles, l'entrain suivi d'une solitude extrême, les joies, les désillusions. Je souris alors que je n'en suis pas sortie, de cette drôle de vie entre deux.
Ce week-end, je n'ai vu que le bleu du ciel, senti uniquement les rayons du soleil brûler ma peau, entendu le seul clapotis de la mer, sans parasites autour, sans mauvaises ondes, sans idées noires.
Limite niaise.
En temps normal, je me serais collé des baffes. Mais là, j'étais juste bien, convaincue plus que jamais que l'air de l'Atlantique me sied décidément bien.
J'avais oublié mon petit nombril. Volontairement extrait de mon esprit ce que m'inspirent la campagne de désertification des camps de roms ou le micmac politique actuel. En songeant néanmoins que je n'étais pas la seule à faire n'importe quoi, parfois - avec des incidences autrement plus fâcheuses, pour le coup.
Je résiste à la morosité. Cela sera peut-être de courte durée. Qu'importe. Je respire de grandes bouffées, je me prépare au combat et je savoure.
Sourire est la meilleure des résistances, oui.
lundi 20 septembre 2010
Aaaaaaaaaah
Je ne boude pas, je ne déserte pas, je ne suis pas mourue, la douceur du week-end m'a donné envie de savourer à plein ce moment.
Et de réaliser qu'il en faut peu, parfois, pour retrouver un peu de sérénité.
Je vous raconte ça (ou pas, d'ailleurs, tiens) très vite !
PS: J'avais tort: ma boss était allée le soir même survoler ce blog. Même que je ne me suis pas fait taper, elle n'y a vu aucune méchanceté. Ah ah ah, alors ? Elle est pas belle, la vie ? ;)
Et de réaliser qu'il en faut peu, parfois, pour retrouver un peu de sérénité.
Je vous raconte ça (ou pas, d'ailleurs, tiens) très vite !
PS: J'avais tort: ma boss était allée le soir même survoler ce blog. Même que je ne me suis pas fait taper, elle n'y a vu aucune méchanceté. Ah ah ah, alors ? Elle est pas belle, la vie ? ;)
vendredi 17 septembre 2010
Dark Vador spirit
Allô, y'a quelqu'un? Je ne vous ai pas trop effrayés après cet aveu du vilain fond que j'avais en moi (la face sombre, les enfants, la face sombre) ? Maintenant que j'ai montré mon Dark Vador spirit, nous allons retourner un peu dans le monde des Bisounours.
Enfin là, je passe juste parce que je vais retrouver ma boss pour un p'tit extra, comme hier, où tout s'est bien passé dans le meilleur des mondes. Nan, sérieux, les Bisounours, ce n'est pas que pour la prose, parfois, c'est vrai. Dans la vraie vie, je veux dire. J'arrive à percevoir les sourires, la bonne humeur et l'humanité.
Et je ne dis pas pour flatter ma boss, laquelle m'a demandé... le nom de ce blog. Vous savez quoi? Je n'ai pas frémi : Elle fait partie des personnes droites que je ne crois pas avoir écornées...
Je ne suis pas certaine qu'elle y aille tout de suite, elle doit essayer de se préparer mentalement à encaisser les supposées méchancetés que j'aurais pu écrire sur elle.
De toute façon, j'assume mon Dark Vador spirit, je vous dis.
Bonne journée!
Enfin là, je passe juste parce que je vais retrouver ma boss pour un p'tit extra, comme hier, où tout s'est bien passé dans le meilleur des mondes. Nan, sérieux, les Bisounours, ce n'est pas que pour la prose, parfois, c'est vrai. Dans la vraie vie, je veux dire. J'arrive à percevoir les sourires, la bonne humeur et l'humanité.
Et je ne dis pas pour flatter ma boss, laquelle m'a demandé... le nom de ce blog. Vous savez quoi? Je n'ai pas frémi : Elle fait partie des personnes droites que je ne crois pas avoir écornées...
Je ne suis pas certaine qu'elle y aille tout de suite, elle doit essayer de se préparer mentalement à encaisser les supposées méchancetés que j'aurais pu écrire sur elle.
De toute façon, j'assume mon Dark Vador spirit, je vous dis.
Bonne journée!
mercredi 15 septembre 2010
Les pieds dans le plat
Quand j'étais petite, ma grand-mère ne me portait pas spécialement dans son coeur. Il paraît que je lui disais ses quatre vérités, et que cela ne lui plaisait guère. Ma soeur (salut, Isa!), plus gentille, plus serviable, avait davantage ses faveurs. Sans doute aurais-je dû mimer ses gestes attentionnés mais, rien à faire, je ne pouvais pas. C'était au-dessus de mes forces.
Je ne pouvais pas faire mine.
A cause de cela, mon père, ayant pris ma défense, est resté longtemps fâché avec sa propre mère, avant qu'un deuil frappe la famille, réveillant notre conscience. A quoi bon se ronger les sangs et se brouiller, la vie n'est-elle pas suffisamment courte? La rencontre inopinée avec cette même grand-mère dans les rues de Nantes et son regard baissé à notre passage nous avaient mis une claque, à ma soeur et moi. Mon père a fini par passer l'éponge et a reparlé à ma grand-mère (et je la vois désormais sans rancune mais avec tendresse, comme quoi...)
Les années ont passé et je constatais toujours ce phénomène: je me donnais sans retenue, dans les amitiés enfantines puis adolescentes. Et lorsque j'étais déçue, j'en faisais part aux copines concernées. Ça passait ou ça cassait, mais une fois encore, je ne faisais pas mine. Incapable, tout bonnement. Puisque je les aimais comme elles étaient, elles devaient également m'aimer, sans chercher à me transformer ou me rabaisser. La question de la confiance en soi s'avère au coeur du problème, évidemment, mais je n'avais besoin de personne pour me tendre le bâton. Je m'en chargeais très bien moi-même.
Puis sont venues les premières amours. Avec des histoires toujours compliquées, toujours lointaines, impossibles souvent, mais sans doute ne pouvais-je faire autrement. J'avais besoin de vibrer, de vivre l'histoire à fond, quitte à m'abîmer. Quelques cagades plus tard, j'ai bien compris le discours de la mère Phèdre sur les dégâts collatéraux de la passion mais enfin, que voulez-vous, quand c'est tiède, bah bof, tout simplement.
Je ne peux toujours pas faire mine.
Il m'est arrivé de me mettre toute une tablée à dos, n'ayant pas supporté les votes fascistes de certains convives, au lendemain du premier tour présidentiel en 2002. Je ne pouvais pas me taire et il me semblait tout simplement inconcevable de faire comme si, de continuer à manger du poulet tranquillement, alors qu'autour de moi, les gens, que je respectais et considérais comme des bons copains, avaient fait un choix qui me semblait totalement absurde. Chacun est libre de ses opinions, on ne parle pas de politique entre amis... Oui, je sais. Mais parfois, mettre les pieds dans le plat, ça a le mérite de faire surgir la vérité. Ou plutôt la réalité, tant la vérité est subjective.
Et la réalité, à cet instant, c'est que je ne pouvais concevoir de partager un dimanche avec des gens aux valeurs si différentes des miennes. La diversité est une richesse? Évidemment. j'aime rencontrer des personnes au profil varié et hétéroclite. Mais le respect de l'être humain prédomine, pour moi. Quand ce dernier est bafoué, je suis capable d'exploser, de sortir de mes gonds, quitte à laisser des traces.
Oh, je vous vois un rien effarés par ce que vous lisez. Quoi? La mouette a un foutu caractère, elle est cash, ouh la la, vade retro satanas! Paradoxalement, je serais plutôt du genre "trop bonne, trop conne." Toujours prête à m'effacer, jamais capable de dire non, comme si je n'avais pas le droit de penser juste à ma petite personne.
Enfin, ça, c'était avant. J'ai pris nombre de décisions ces dernières années qui ont bouleversé le cours de mon existence. Au confort de la vie de couple, j'ai privilégié la formule mono parentale (pas pu faire mine, vous connaissez le refrain). Aux concessions permanentes, j'ai choisi de quitter mon job (idem). J'ai eu à chaque fois l'impression de gagner ma liberté et, simultanément, de me tirer une balle dans le pied.
Car ensuite, il faut assumer. Tu joues, tu gagnes ou tu perds, peu importe, les jeux sont faits et tu ne peux plus reculer. Parfois, j'ai pensé aux subterfuges qu'emploient certains pour faire semblant de s'épanouir (dans un job, dans un couple, que sais-je) et je me demande si ce ne sont pas eux qui ont raison. Ils ménagent la chèvre et le chou et au final, ne se voient pas suspendus à un fil.
Le temps a passé depuis mon départ de ce travail - qui m'a tant fait vibrer, quinze années durant -depuis ma création d'entreprise avortée, depuis l'enfouissement de mes rêves. Je réalise que j'y ai laissé pas mal de plumes. Je suis aujourd'hui plus dure, avec moi-même mais aussi avec les autres, plus révoltée, plus à vif, comme si je m'étais réveillée après quinze ans dans une bulle. J'ai enfin compris ce qu'était la vie de la France d'en bas, quand on se demande de quoi demain sera fait, si on pourra continuer d'aller faire son marché et acheter un joli cadeau d'anniversaire à son loulou sans avoir à manger des pâtes pendant un mois. Une expérience enrichissante, au fond. Sauf que ma candeur en a pris un coup.
Je me suis abîmée. J'ai changé.
Il paraît que je suis "en guerre contre tout le monde." Que je suis "dure" avec les autres, que mes portraits sont parfois au vitriol. Malheureusement, je ne peux pas faire autrement. Mon regard sur la société a changé, il est plus acerbe et cruel parce que la vie l'est et que, une fois encore, je ne peux pas travestir mes propos. Je peux avaler des couleuvres dans la vraie vie, mais ce blog est clairement un exutoire, une façon de coucher ces pensées qui me traversent, parfois, lorsque j'observe comment le monde tourne à l'envers.
Comment changer les choses? Je n'ai pas la solution, évidemment. J'ai beau être souvent utopiste, je suis consciente de mon impuissance, à mon faible niveau. Dois-je pour autant taire mes sentiments? Dois-je garder pour moi ce que m'inspire le monde (Stephan Eicher, sors de ce corps)?
Ce blog est un espace insignifiant à l'échelle du web mais il est devenu important pour moi, car il me permet d'être vraie, tout simplement. Envolée la Stéphanie peu sûre d'elle dans la vie, la mouette prend le relais ici et, dans un élan de schizophrénie et de dérision extrême, exprime les joies et galères vécues, en toute franchise, sans forcément chercher l'auto-protection. Sans chercher, non plus, à épargner mes interlocuteurs, je le concède volontiers (ah bah si, finalement, je suis capable de concessions ;)). J'y pense, parfois, en décrivant certaines scènes. "Mais que penseraient ces gens s'ils savaient que j'écris sur eux?" Pour autant, je ne cite personne et n'ai pas l'impression de trahir qui que ce soit. Peut-être parce que j'assume mes propos, tout bêtement.
Pourtant, parfois, le blog a des incidences sur la vraie vie. Quelqu'un vous reproche des propos tenus ici, s'estimant (à tort, pour le coup) visé. On a beau alors tenter d'atténuer le malentendu, de remettre les choses à plat, les mots sont là et leur interprétation subjective peut faire mal, très mal. Et c'est ainsi qu'une personne -que vous aviez quand même inscrite dans les personnes à joindre en cas d'urgence, à l'école de Loulou - décide de vous rayer de sa vie, après un petit règlement de comptes pas piqué des vers.
Ça fait mal. C'est injuste. Et pourtant, si je devais réécrire le post (celui-ci) qui a mis le feu aux poudres, je ne toucherais pas à un mot, tant il reflète le fond de ma pensée. Une fois encore, je ne peux pas faire mine. Je suis entière, oui, bel et bien. Avec tous les bémols que cela suppose.
Et vous savez quoi? Je crois qu'avec l'âge, ça ne va pas s'arranger.
Je ne pouvais pas faire mine.
A cause de cela, mon père, ayant pris ma défense, est resté longtemps fâché avec sa propre mère, avant qu'un deuil frappe la famille, réveillant notre conscience. A quoi bon se ronger les sangs et se brouiller, la vie n'est-elle pas suffisamment courte? La rencontre inopinée avec cette même grand-mère dans les rues de Nantes et son regard baissé à notre passage nous avaient mis une claque, à ma soeur et moi. Mon père a fini par passer l'éponge et a reparlé à ma grand-mère (et je la vois désormais sans rancune mais avec tendresse, comme quoi...)
Les années ont passé et je constatais toujours ce phénomène: je me donnais sans retenue, dans les amitiés enfantines puis adolescentes. Et lorsque j'étais déçue, j'en faisais part aux copines concernées. Ça passait ou ça cassait, mais une fois encore, je ne faisais pas mine. Incapable, tout bonnement. Puisque je les aimais comme elles étaient, elles devaient également m'aimer, sans chercher à me transformer ou me rabaisser. La question de la confiance en soi s'avère au coeur du problème, évidemment, mais je n'avais besoin de personne pour me tendre le bâton. Je m'en chargeais très bien moi-même.
Puis sont venues les premières amours. Avec des histoires toujours compliquées, toujours lointaines, impossibles souvent, mais sans doute ne pouvais-je faire autrement. J'avais besoin de vibrer, de vivre l'histoire à fond, quitte à m'abîmer. Quelques cagades plus tard, j'ai bien compris le discours de la mère Phèdre sur les dégâts collatéraux de la passion mais enfin, que voulez-vous, quand c'est tiède, bah bof, tout simplement.
Je ne peux toujours pas faire mine.
Il m'est arrivé de me mettre toute une tablée à dos, n'ayant pas supporté les votes fascistes de certains convives, au lendemain du premier tour présidentiel en 2002. Je ne pouvais pas me taire et il me semblait tout simplement inconcevable de faire comme si, de continuer à manger du poulet tranquillement, alors qu'autour de moi, les gens, que je respectais et considérais comme des bons copains, avaient fait un choix qui me semblait totalement absurde. Chacun est libre de ses opinions, on ne parle pas de politique entre amis... Oui, je sais. Mais parfois, mettre les pieds dans le plat, ça a le mérite de faire surgir la vérité. Ou plutôt la réalité, tant la vérité est subjective.
Et la réalité, à cet instant, c'est que je ne pouvais concevoir de partager un dimanche avec des gens aux valeurs si différentes des miennes. La diversité est une richesse? Évidemment. j'aime rencontrer des personnes au profil varié et hétéroclite. Mais le respect de l'être humain prédomine, pour moi. Quand ce dernier est bafoué, je suis capable d'exploser, de sortir de mes gonds, quitte à laisser des traces.
Oh, je vous vois un rien effarés par ce que vous lisez. Quoi? La mouette a un foutu caractère, elle est cash, ouh la la, vade retro satanas! Paradoxalement, je serais plutôt du genre "trop bonne, trop conne." Toujours prête à m'effacer, jamais capable de dire non, comme si je n'avais pas le droit de penser juste à ma petite personne.
Enfin, ça, c'était avant. J'ai pris nombre de décisions ces dernières années qui ont bouleversé le cours de mon existence. Au confort de la vie de couple, j'ai privilégié la formule mono parentale (pas pu faire mine, vous connaissez le refrain). Aux concessions permanentes, j'ai choisi de quitter mon job (idem). J'ai eu à chaque fois l'impression de gagner ma liberté et, simultanément, de me tirer une balle dans le pied.
Car ensuite, il faut assumer. Tu joues, tu gagnes ou tu perds, peu importe, les jeux sont faits et tu ne peux plus reculer. Parfois, j'ai pensé aux subterfuges qu'emploient certains pour faire semblant de s'épanouir (dans un job, dans un couple, que sais-je) et je me demande si ce ne sont pas eux qui ont raison. Ils ménagent la chèvre et le chou et au final, ne se voient pas suspendus à un fil.
Le temps a passé depuis mon départ de ce travail - qui m'a tant fait vibrer, quinze années durant -depuis ma création d'entreprise avortée, depuis l'enfouissement de mes rêves. Je réalise que j'y ai laissé pas mal de plumes. Je suis aujourd'hui plus dure, avec moi-même mais aussi avec les autres, plus révoltée, plus à vif, comme si je m'étais réveillée après quinze ans dans une bulle. J'ai enfin compris ce qu'était la vie de la France d'en bas, quand on se demande de quoi demain sera fait, si on pourra continuer d'aller faire son marché et acheter un joli cadeau d'anniversaire à son loulou sans avoir à manger des pâtes pendant un mois. Une expérience enrichissante, au fond. Sauf que ma candeur en a pris un coup.
Je me suis abîmée. J'ai changé.
Il paraît que je suis "en guerre contre tout le monde." Que je suis "dure" avec les autres, que mes portraits sont parfois au vitriol. Malheureusement, je ne peux pas faire autrement. Mon regard sur la société a changé, il est plus acerbe et cruel parce que la vie l'est et que, une fois encore, je ne peux pas travestir mes propos. Je peux avaler des couleuvres dans la vraie vie, mais ce blog est clairement un exutoire, une façon de coucher ces pensées qui me traversent, parfois, lorsque j'observe comment le monde tourne à l'envers.
Comment changer les choses? Je n'ai pas la solution, évidemment. J'ai beau être souvent utopiste, je suis consciente de mon impuissance, à mon faible niveau. Dois-je pour autant taire mes sentiments? Dois-je garder pour moi ce que m'inspire le monde (Stephan Eicher, sors de ce corps)?
Ce blog est un espace insignifiant à l'échelle du web mais il est devenu important pour moi, car il me permet d'être vraie, tout simplement. Envolée la Stéphanie peu sûre d'elle dans la vie, la mouette prend le relais ici et, dans un élan de schizophrénie et de dérision extrême, exprime les joies et galères vécues, en toute franchise, sans forcément chercher l'auto-protection. Sans chercher, non plus, à épargner mes interlocuteurs, je le concède volontiers (ah bah si, finalement, je suis capable de concessions ;)). J'y pense, parfois, en décrivant certaines scènes. "Mais que penseraient ces gens s'ils savaient que j'écris sur eux?" Pour autant, je ne cite personne et n'ai pas l'impression de trahir qui que ce soit. Peut-être parce que j'assume mes propos, tout bêtement.
Pourtant, parfois, le blog a des incidences sur la vraie vie. Quelqu'un vous reproche des propos tenus ici, s'estimant (à tort, pour le coup) visé. On a beau alors tenter d'atténuer le malentendu, de remettre les choses à plat, les mots sont là et leur interprétation subjective peut faire mal, très mal. Et c'est ainsi qu'une personne -que vous aviez quand même inscrite dans les personnes à joindre en cas d'urgence, à l'école de Loulou - décide de vous rayer de sa vie, après un petit règlement de comptes pas piqué des vers.
Ça fait mal. C'est injuste. Et pourtant, si je devais réécrire le post (celui-ci) qui a mis le feu aux poudres, je ne toucherais pas à un mot, tant il reflète le fond de ma pensée. Une fois encore, je ne peux pas faire mine. Je suis entière, oui, bel et bien. Avec tous les bémols que cela suppose.
Et vous savez quoi? Je crois qu'avec l'âge, ça ne va pas s'arranger.
lundi 13 septembre 2010
Casa chef!
La semaine passée, j'ai reçu un coup de fil un rien embarrassé d'une cliente du restau que je "livre" (je me la pète, les enfants, je me la pète!). Elle se demandait si, par hasard, enfin vous voyez quoi (ben non, je vois pas), enfin si, dans l'éventualité d'un repas, un jour, je ne pourrais pas... lui concocter une tarte au citron.
En fait, c'était pour le lendemain.
Y'a pas à dire, je crois que je l'intimide (ah ah).
Aussitôt dit, aussitôt fait, je lui prépare l'affaire, elle vient la chercher, toute contente, et puis moi aussi, parce que malgré la mort de mon robot-pétrin, le lâche, elle a une bonne petite tête, cette tarte. Et que c'est toujours très agréable de livrer un dessert. Comme si j'étais un chef, genre (hum).
Pourquoi je vous raconte un truc aussi banal? Parce que la dame en question s'avère bien particulière et a ravivé quelques envies.
Aujourd'hui, elle est en effet venue chez moi me ramener le moule et le matériel d'emballage.
"Tenez, et merci encore, c'était vraiment un régal (je me la pète, j'vous dis, aujourd'hui). Vous ne voudriez pas faire des cours de cuisine?"
Hum. Dans le mille. Voilà qu'elle s'y met, elle aussi. Bon, je l'invite à prendre un café, au milieu des cartons. Et là, je la vois changer de tête, soudain:
"Vous déménagez?"
Je lui réponds par l'affirmative. Et je précise : "à Nantes. "
"A Nantes? Oh non! Mince!" Et aussitôt, elle se mord les lèvres, comme pour ravaler ses paroles en me priant de bien vouloir l'excuser, car elle ne voulait pas se montrer intrusive. Je trouve cela plutôt touchant. A vrai dire, elle balance entre une discrétion aiguë et une curiosité et une ouverture indéniables. S'ensuit une discussion absolument surréaliste, nous deux au milieu d'un salon plus bordélique que jamais, évoquant Eliette Abécassis, la relation mère-fille, la précarité et son acceptation (!), la psychanalyse et la cuisine, dans l'un de ces moments suspendus où vous buvez la parole de l'autre et n'avez plus envie d'interrompre le fil de la conversation.
Je la vois, hésitant à me tutoyer. Elle semble prête à le faire avant de se raviser, s'excusant pour sa familiarité avec toujours ce même mordillement. "Bon, je voulais vous demander..."
Elle se tait, comme pour se donner du courage.
"Vous pourriez m'apprendre à faire la tarte au citron? Et puis d'autres plats, enfin, un cours de cuisine, quoi! Vous viendriez chez moi et on ferait ça ensemble!"
Vous savez quoi? Je vais repartir du Mans sans avoir réalisé concrètement mon rêve. Mais c'est là que j'aurais touché à toutes ces petites expériences culinaires auxquelles je songe pour plus tard, quand je serai grande.
Rien que pour ça, je me dis que ça valait le coup de rester deux ans au chômage.
En fait, c'était pour le lendemain.
Y'a pas à dire, je crois que je l'intimide (ah ah).
Aussitôt dit, aussitôt fait, je lui prépare l'affaire, elle vient la chercher, toute contente, et puis moi aussi, parce que malgré la mort de mon robot-pétrin, le lâche, elle a une bonne petite tête, cette tarte. Et que c'est toujours très agréable de livrer un dessert. Comme si j'étais un chef, genre (hum).
Pourquoi je vous raconte un truc aussi banal? Parce que la dame en question s'avère bien particulière et a ravivé quelques envies.
Aujourd'hui, elle est en effet venue chez moi me ramener le moule et le matériel d'emballage.
"Tenez, et merci encore, c'était vraiment un régal (je me la pète, j'vous dis, aujourd'hui). Vous ne voudriez pas faire des cours de cuisine?"
Hum. Dans le mille. Voilà qu'elle s'y met, elle aussi. Bon, je l'invite à prendre un café, au milieu des cartons. Et là, je la vois changer de tête, soudain:
"Vous déménagez?"
Je lui réponds par l'affirmative. Et je précise : "à Nantes. "
"A Nantes? Oh non! Mince!" Et aussitôt, elle se mord les lèvres, comme pour ravaler ses paroles en me priant de bien vouloir l'excuser, car elle ne voulait pas se montrer intrusive. Je trouve cela plutôt touchant. A vrai dire, elle balance entre une discrétion aiguë et une curiosité et une ouverture indéniables. S'ensuit une discussion absolument surréaliste, nous deux au milieu d'un salon plus bordélique que jamais, évoquant Eliette Abécassis, la relation mère-fille, la précarité et son acceptation (!), la psychanalyse et la cuisine, dans l'un de ces moments suspendus où vous buvez la parole de l'autre et n'avez plus envie d'interrompre le fil de la conversation.
Je la vois, hésitant à me tutoyer. Elle semble prête à le faire avant de se raviser, s'excusant pour sa familiarité avec toujours ce même mordillement. "Bon, je voulais vous demander..."
Elle se tait, comme pour se donner du courage.
"Vous pourriez m'apprendre à faire la tarte au citron? Et puis d'autres plats, enfin, un cours de cuisine, quoi! Vous viendriez chez moi et on ferait ça ensemble!"
Vous savez quoi? Je vais repartir du Mans sans avoir réalisé concrètement mon rêve. Mais c'est là que j'aurais touché à toutes ces petites expériences culinaires auxquelles je songe pour plus tard, quand je serai grande.
Rien que pour ça, je me dis que ça valait le coup de rester deux ans au chômage.
dimanche 12 septembre 2010
Le challenge de l'objet mystère
"Allez, Steph, dis oui!"
Je la regarde, on éclate de rire toutes les deux. Voluptueuse, la demoiselle tente le charme pour faire baisser le prix de deux articles. On ne se connaît pas, non, elle a simplement entendu mon prénom et joue sur cette proximité pour tenter de m'amadouer.
On finit par couper la poire en deux et elle repart avec un grand sourire. Moi aussi.
Après une semaine de règlements de compte et autres mise au point par mail interposé, ça fait du bien, toute cette dose d'humanité. Je me réconcilie avec l'espèce humaine, je me souviens qu'elle n'est pas faite uniquement de puérilité, de bassesse et de manque de respect.
Évidemment, ceci doit vous semble un rien obscur mais avant d'éclairer votre lanterne, j'ai besoin d'un peu de temps, je crois, comme je vous l'expliquais dernièrement. Aujourd'hui, je veux juste retenir la bonne humeur qui a illuminé ce samedi de braderie puisque, partie dans mon élan de tri massif, je suis passée de l'autre côté de la barrière.
Une journée de folie ponctuant une semaine de folie, il n'en fallait pas plus pour me laisser sur les rotules. Mais réconciliée avec la vie, vous disais-je.
Nous étions quatre à "tenir" le stand et autant vous dire qu'on n'a rien inventé de mieux pour faire connaissance, refaire le monde, jouer aux langues de vipère et se trouver des challenges. Nous avions chacune au moins un "objet mystère", l'un de ces articles assez hideux retrouvés au fond d'un placard, et le défi pour chacune était de parvenir à le refourguer. Le lot promis: un café.
Contre toute attente, nous avons relevé l'exploit, aux trois quarts tout du moins, parce que le goût des autres, forcément mauvais (!) n'a pas été sensible à cette chemise moutarde à motifs que l'une d'entre nous avait osé présenter. Pour le reste, mes tasses avec des moulures, façon résidu de crotte de chien, iront "embellir" la cuisine d'un monsieur que je remercie encore ; la lampe toute moche et l'affreux cadre de ma boss me "coûtent" un café gourmand. Entre guillemets tant ceci est le prétexte à un moment volé, entre nos courses folles pour nous réaliser et "réussir" notre vie.
Un peu de futilité, beaucoup de rires, la joie simple de découvrir de nouvelles personnes... Il n'en faut pas plus, parfois, pour penser que l'on est sur le bon chemin.
Je la regarde, on éclate de rire toutes les deux. Voluptueuse, la demoiselle tente le charme pour faire baisser le prix de deux articles. On ne se connaît pas, non, elle a simplement entendu mon prénom et joue sur cette proximité pour tenter de m'amadouer.
On finit par couper la poire en deux et elle repart avec un grand sourire. Moi aussi.
Après une semaine de règlements de compte et autres mise au point par mail interposé, ça fait du bien, toute cette dose d'humanité. Je me réconcilie avec l'espèce humaine, je me souviens qu'elle n'est pas faite uniquement de puérilité, de bassesse et de manque de respect.
Évidemment, ceci doit vous semble un rien obscur mais avant d'éclairer votre lanterne, j'ai besoin d'un peu de temps, je crois, comme je vous l'expliquais dernièrement. Aujourd'hui, je veux juste retenir la bonne humeur qui a illuminé ce samedi de braderie puisque, partie dans mon élan de tri massif, je suis passée de l'autre côté de la barrière.
Une journée de folie ponctuant une semaine de folie, il n'en fallait pas plus pour me laisser sur les rotules. Mais réconciliée avec la vie, vous disais-je.
Nous étions quatre à "tenir" le stand et autant vous dire qu'on n'a rien inventé de mieux pour faire connaissance, refaire le monde, jouer aux langues de vipère et se trouver des challenges. Nous avions chacune au moins un "objet mystère", l'un de ces articles assez hideux retrouvés au fond d'un placard, et le défi pour chacune était de parvenir à le refourguer. Le lot promis: un café.
Contre toute attente, nous avons relevé l'exploit, aux trois quarts tout du moins, parce que le goût des autres, forcément mauvais (!) n'a pas été sensible à cette chemise moutarde à motifs que l'une d'entre nous avait osé présenter. Pour le reste, mes tasses avec des moulures, façon résidu de crotte de chien, iront "embellir" la cuisine d'un monsieur que je remercie encore ; la lampe toute moche et l'affreux cadre de ma boss me "coûtent" un café gourmand. Entre guillemets tant ceci est le prétexte à un moment volé, entre nos courses folles pour nous réaliser et "réussir" notre vie.
Un peu de futilité, beaucoup de rires, la joie simple de découvrir de nouvelles personnes... Il n'en faut pas plus, parfois, pour penser que l'on est sur le bon chemin.
vendredi 10 septembre 2010
Je reviens...
Oui, oui, je vais revenir. J'ai comme un truc qui me reste en travers de la gorge, là, et j'attends qu'il descende un peu. Une chose est sûre, ça concerne à la fois la vraie vie et ce blog, où quand la conjugaison des deux s'avère parfois un rien délicate...
Laissez-moi ce temps de digestion. Et n'oubliez pas de rire et de saupoudrer votre vie de quinzième degré, histoire de mieux faire passer les couacs. Personnellement, je m'en vais appliquer cette méthode et, c'est sûr, ça ira mieux demain. C'est tellement facile de faire son propre malheur, autant éviter cette tendance bien humaine... ;)
A très, très vite!
Laissez-moi ce temps de digestion. Et n'oubliez pas de rire et de saupoudrer votre vie de quinzième degré, histoire de mieux faire passer les couacs. Personnellement, je m'en vais appliquer cette méthode et, c'est sûr, ça ira mieux demain. C'est tellement facile de faire son propre malheur, autant éviter cette tendance bien humaine... ;)
A très, très vite!
mercredi 8 septembre 2010
Le labyrinthe de ma vie
A l'heure où je vous écris, j'ai le dos en compote, les yeux qui piquent et la sensation d'avoir organisé un véritable labyrinthe dans mes murs, posant ça et là des cartons dans une anarchie la plus totale.
Oui, je sais, je ne déménage pas dans l'immédiat mais, que voulez-vous, l'idée de faire du tri me plaisait bien et puis, entre deux extras, j'anticipe l'éventuel appel pour une mission rédactionnelle de la mort-qui-tue, qui me permettrait de ramener quelques sous sur le compte, mais qui risquerait un rien de monopoliser mon attention.
Alors là, je me suis lancée dans un sacré ménage de printemps, comme jamais. D'ailleurs, j'ai l'impression qu'à ce rythme, mon prochain appart sera feng-shui. Si, si, zen et clair. Rien à voir avec le bordel (organisé) que je mets inlassablement dans tous les apparts que j'ai habités.
Est-ce la peur du vide? En tout cas, j'ai toujours collé des tonnes de bibelots (je déteste ce mot), d'objets de déco, de bouquins, de magazines chez moi. Et puis de la tasse, ah, ça, j'aurais pu ouvrir un salon de thé avec tous ces mugs (comment ça, c'était mon idée? Ah, ça doit venir de là, alors). Et de la vaisselle à ne plus savoir qu'en faire, des cadres - même pas accrochés - une collection de théières, des bouquins de cuisine qui s'entassent, des BD et des CD qui prennent la poussière, des bougeoirs, des milliers de crayons et une centaine de petits carnets de notes.
Je vais éviter l'auto-flagellation et passer sous silence le dressing monstrueux que j'ai cessé d'alimenter, peu ou prou, depuis quelques mois, celui de Loulou - dont je salue avec gratitude la croissance, me permettant de renouveler en permanence le stock de fringues. Ah, il y a ses jouets, aussi, et ses multiples cartes, môssieur étant un indécrottable collectionneur (je crains le pire pour son futur home sweet home. Va finir comme moi, lui, asphyxié par ses propres objets). Sans oublier les meubles.
Mon inconscient a dû me guider dans cette voie: boucher le moindre trou, le plus infime espace. Et après, je me plains de ne pas respirer... Éternelle contradiction. Pleine de résolutions, j'ai enfin fait le vide. Entre dons, ventes et impitoyable tri directement vers la poubelle, je me suis sentie soulagée.
Bon, après, il subsiste des choses dont vous ne savez que faire: ces photos de vos 25 ans, là, ça vaut vraiment le coup de les garder? On voit bien que j'allais avoir mal aux cheveux le lendemain. Et puis, ces quelques clichés monstrueux où je ris à gorge déployée, avec tous ces kilos en trop... Là, direct poubelle. A l'inverse, je conserve ces photos illustrant ma période d'anorexie. Je devrais être dégoûtée, mais même pas. J'ai plutôt de jolies jambes là-dessus, pour une fois. OK, ce n'était pas vraiment moi mais une jeune fille malade. Pourtant, j'en conserve un souvenir assez palpable. Et puis, quoi, je m'en suis sortie, alors... Question de narcissisme, je crois.
Et voilà comment vous vous retrouvez jusque tard la nuit à revivre quelques flashes de votre vie, dans un capharnaüm indescriptible, en prenant le temps de songer à ces multiples vies que vous avez connues. La différence, c'est que je vais cette fois me contenter de garder ces épisodes dans un coin de ma tête et laisser les souvenirs concrets à la place qui leur revient.
Inutile de s'encombrer davantage, les casseroles, c'est suffisamment lourd à traîner comme ça, pas vrai?
Oui, je sais, je ne déménage pas dans l'immédiat mais, que voulez-vous, l'idée de faire du tri me plaisait bien et puis, entre deux extras, j'anticipe l'éventuel appel pour une mission rédactionnelle de la mort-qui-tue, qui me permettrait de ramener quelques sous sur le compte, mais qui risquerait un rien de monopoliser mon attention.
Alors là, je me suis lancée dans un sacré ménage de printemps, comme jamais. D'ailleurs, j'ai l'impression qu'à ce rythme, mon prochain appart sera feng-shui. Si, si, zen et clair. Rien à voir avec le bordel (organisé) que je mets inlassablement dans tous les apparts que j'ai habités.
Est-ce la peur du vide? En tout cas, j'ai toujours collé des tonnes de bibelots (je déteste ce mot), d'objets de déco, de bouquins, de magazines chez moi. Et puis de la tasse, ah, ça, j'aurais pu ouvrir un salon de thé avec tous ces mugs (comment ça, c'était mon idée? Ah, ça doit venir de là, alors). Et de la vaisselle à ne plus savoir qu'en faire, des cadres - même pas accrochés - une collection de théières, des bouquins de cuisine qui s'entassent, des BD et des CD qui prennent la poussière, des bougeoirs, des milliers de crayons et une centaine de petits carnets de notes.
Je vais éviter l'auto-flagellation et passer sous silence le dressing monstrueux que j'ai cessé d'alimenter, peu ou prou, depuis quelques mois, celui de Loulou - dont je salue avec gratitude la croissance, me permettant de renouveler en permanence le stock de fringues. Ah, il y a ses jouets, aussi, et ses multiples cartes, môssieur étant un indécrottable collectionneur (je crains le pire pour son futur home sweet home. Va finir comme moi, lui, asphyxié par ses propres objets). Sans oublier les meubles.
Mon inconscient a dû me guider dans cette voie: boucher le moindre trou, le plus infime espace. Et après, je me plains de ne pas respirer... Éternelle contradiction. Pleine de résolutions, j'ai enfin fait le vide. Entre dons, ventes et impitoyable tri directement vers la poubelle, je me suis sentie soulagée.
Bon, après, il subsiste des choses dont vous ne savez que faire: ces photos de vos 25 ans, là, ça vaut vraiment le coup de les garder? On voit bien que j'allais avoir mal aux cheveux le lendemain. Et puis, ces quelques clichés monstrueux où je ris à gorge déployée, avec tous ces kilos en trop... Là, direct poubelle. A l'inverse, je conserve ces photos illustrant ma période d'anorexie. Je devrais être dégoûtée, mais même pas. J'ai plutôt de jolies jambes là-dessus, pour une fois. OK, ce n'était pas vraiment moi mais une jeune fille malade. Pourtant, j'en conserve un souvenir assez palpable. Et puis, quoi, je m'en suis sortie, alors... Question de narcissisme, je crois.
Et voilà comment vous vous retrouvez jusque tard la nuit à revivre quelques flashes de votre vie, dans un capharnaüm indescriptible, en prenant le temps de songer à ces multiples vies que vous avez connues. La différence, c'est que je vais cette fois me contenter de garder ces épisodes dans un coin de ma tête et laisser les souvenirs concrets à la place qui leur revient.
Inutile de s'encombrer davantage, les casseroles, c'est suffisamment lourd à traîner comme ça, pas vrai?
mardi 7 septembre 2010
Shiva, les grévistes et le gigolo
Jour de manif = jour festif.
Pour les restaurateurs, j'entends. La boss ayant eu le nez fin, elle s'était doutée que son lieu serait envahi par les grévistes, parce que c'est pas le tout de râler dans les rues, mais ça donne faim.
Avec Loulou (ben oui, pas d'école pour lui, et une possibilité de garde uniquement pour les enfants de parents qui... travaillent, j'adore), nous avons donc rejoint le cortège, et pour cause: leur itinéraire coïncidait exactement avec le nôtre. J'ai un peu regretté d'avoir oublié mon appareil photo parce que y'avait petits sketches de tous les côtés, slogans rigolos et bien trouvés et têtes de vainqueurs à tire-larigot. En revanche, pour l'éventuelle reconversion dans la chanson, c'est mort. Dans le genre casseroles, on a eu droit à quelques jolis spécimens.
A vrai dire, l'ambiance m'a semblé bon enfant, les sourires et les embrassades se multipliant, alors que machin retrouvait truc sur l'avenue et qu'ils trouvaient ça drôlement marrant, les uns et les autres, de se croiser dans un tel contexte, pendant que les mômes jouaient à la marelle improvisée. Je sais pas, moi, j'étais restée sur l'idée qu'une manifestation, c'était un rien violent, et que la grogne est telle, actuellement, qu'un lancer de pavés ne serait pas surprenant.
Non, tous ces grévistes voulaient avant tout montrer leur mécontentement, avec cette pointe de résignation qui fait craindre le pire pour le mouvement social. Mais je m'égare, je m'égare, je vous parlais donc de bouches à nourrir. Et là, autant vous dire que nous avons été gavées de clients. Un rien Shiva, nous en avons servi une quarantaine - à deux, je vous assure que c'est chaud - et refusé une bonne dizaine. Des gens plutôt de bonne humeur, qui avaient soif et qui m'ont rappelé la soirée coco dans ces mêmes lieux.
Cette sensation de miracle permanent ne me quitte décidément pas, à chacun de ces services de fous où on a l'impression qu'on n'arrivera jamais à aller prendre la commande de la table au bout, proposer les menus et le plat du jour de l'autre côté de la terrasse, ne pas oublier la carafe pour les trois arrivés en douce sans se présenter, servir les deux tablées de neuf simultanément, le tout en gardant le sourire et en restant présentable (hum). Et puis, voilà, ça arrive. On y parvient, grâce à ce mode automatique qui s'enclenche et qui nous libère l'esprit de toute pensée parasite.
Le petit shoot d'adrénaline passé, il ne reste plus qu'à ranger. Ah mais non, un couple s'est installé. Un type physiquement très intelligent et sa "moitié" qui ne semble d'ailleurs pas bien finie. Une idée traverse mon esprit, que je balaie dans la foulée, en me disant que je vois le mal partout. Une fois leur commande passée, ils s'échangent un regard, je le vois la fixer avec une lueur: "Tu paies, chérie, n'est-ce pas?"
Bingo, c'était bien ça. Un gigolo.
Je les sers et je reprends le grand nettoyage. Les tables sont recouvertes de tracts et un client s'est même amusé à coller des autocollants sur les sets en papier. Pas sûre que je vais me convertir aujourd'hui à la cause syndicale mais enfin, je leur suis reconnaissante de défendre notre cause. Parce que j'avoue n'avoir plus manifesté depuis mes années lycée (et encore). Et que relever le challenge du gréviste affamé me met de bonne humeur, moi aussi.
Comme une parenthèse avant le retour à la vie normale.
Pour les restaurateurs, j'entends. La boss ayant eu le nez fin, elle s'était doutée que son lieu serait envahi par les grévistes, parce que c'est pas le tout de râler dans les rues, mais ça donne faim.
Avec Loulou (ben oui, pas d'école pour lui, et une possibilité de garde uniquement pour les enfants de parents qui... travaillent, j'adore), nous avons donc rejoint le cortège, et pour cause: leur itinéraire coïncidait exactement avec le nôtre. J'ai un peu regretté d'avoir oublié mon appareil photo parce que y'avait petits sketches de tous les côtés, slogans rigolos et bien trouvés et têtes de vainqueurs à tire-larigot. En revanche, pour l'éventuelle reconversion dans la chanson, c'est mort. Dans le genre casseroles, on a eu droit à quelques jolis spécimens.
A vrai dire, l'ambiance m'a semblé bon enfant, les sourires et les embrassades se multipliant, alors que machin retrouvait truc sur l'avenue et qu'ils trouvaient ça drôlement marrant, les uns et les autres, de se croiser dans un tel contexte, pendant que les mômes jouaient à la marelle improvisée. Je sais pas, moi, j'étais restée sur l'idée qu'une manifestation, c'était un rien violent, et que la grogne est telle, actuellement, qu'un lancer de pavés ne serait pas surprenant.
Non, tous ces grévistes voulaient avant tout montrer leur mécontentement, avec cette pointe de résignation qui fait craindre le pire pour le mouvement social. Mais je m'égare, je m'égare, je vous parlais donc de bouches à nourrir. Et là, autant vous dire que nous avons été gavées de clients. Un rien Shiva, nous en avons servi une quarantaine - à deux, je vous assure que c'est chaud - et refusé une bonne dizaine. Des gens plutôt de bonne humeur, qui avaient soif et qui m'ont rappelé la soirée coco dans ces mêmes lieux.
Cette sensation de miracle permanent ne me quitte décidément pas, à chacun de ces services de fous où on a l'impression qu'on n'arrivera jamais à aller prendre la commande de la table au bout, proposer les menus et le plat du jour de l'autre côté de la terrasse, ne pas oublier la carafe pour les trois arrivés en douce sans se présenter, servir les deux tablées de neuf simultanément, le tout en gardant le sourire et en restant présentable (hum). Et puis, voilà, ça arrive. On y parvient, grâce à ce mode automatique qui s'enclenche et qui nous libère l'esprit de toute pensée parasite.
Le petit shoot d'adrénaline passé, il ne reste plus qu'à ranger. Ah mais non, un couple s'est installé. Un type physiquement très intelligent et sa "moitié" qui ne semble d'ailleurs pas bien finie. Une idée traverse mon esprit, que je balaie dans la foulée, en me disant que je vois le mal partout. Une fois leur commande passée, ils s'échangent un regard, je le vois la fixer avec une lueur: "Tu paies, chérie, n'est-ce pas?"
Bingo, c'était bien ça. Un gigolo.
Je les sers et je reprends le grand nettoyage. Les tables sont recouvertes de tracts et un client s'est même amusé à coller des autocollants sur les sets en papier. Pas sûre que je vais me convertir aujourd'hui à la cause syndicale mais enfin, je leur suis reconnaissante de défendre notre cause. Parce que j'avoue n'avoir plus manifesté depuis mes années lycée (et encore). Et que relever le challenge du gréviste affamé me met de bonne humeur, moi aussi.
Comme une parenthèse avant le retour à la vie normale.
lundi 6 septembre 2010
Pas assez précaire, ma fille... Ou bien trop?
Dans la liste monstrueuse des tâches que j'ai dressée, histoire d'y voir clair dans le déménagement à venir, j'avais noté: Pôle Emploi.
J'étais un point d'interrogation ambulant, pour tout vous dire. Plein de questions à leur poser. Et puis, je me disais que les lundis à pôle Emploi, ça me manquait, ça faisait longtemps et y'avait peut-être moyen de rigoler.
Ben même pas, figurez-vous. La demoiselle qui m'a reçue à l'accueil n'était certes pas une foudre de guerre (mais gentille, rien à dire), mais son collègue, qui a pris le relais, a parfaitement répondu à mes interrogations.
Je répète: le conseiller Pôle Emploi qui m'a reçue a parfaitement répondu à mes interrogations.
Comme quoi, tout arrive.
Il a même admis la confusion qui régnait actuellement dès lors que l'on évoque les auto-entrepreneurs indemnisés et en l'écoutant, j'ai eu l'impression d'être sortie d'un sacré fourbi en me radiant voilà quelques mois.
Je n'irai pas jusqu'à dire que le moment était agréable, mais enfin, ce passage chez mes employeurs principaux s'avérait plutôt informatif. Et puis, à un moment donné, j'ai pensé qu'il était temps de me faire un peu mal : j'ai demandé la date exacte de ma fin de droit, le gros mot qui fait peur aux chômeurs longue durée. Le verdict est tombé : 22 décembre.
Joyeux Noël.
Je pensais naïvement qu'avec mes petits boulots, à droite à gauche, j'avais créé de nouveaux droits. Sauf qu'il faut avoir bossé quatre mois pour ce faire. Il me manque... 72 jours. Aïe.
Le conseiller a donc évoqué la suite, l'ASS, l'allocation de solidarité spécifique et là, ouh, j'ai senti la chute. Comme un uppercut. Je suis restée un peu sonnée, il a perçu le malaise, je crois, et j'ai réalisé à quel point on tombe vite dans la précarité. La grande précarité, même. 15 euros par jour, ça fait peur.
Vous me direz: t'as qu'à bosser, fainéasse! Ah ben oui, c'est une bonne idée, ça, et justement, toutes ces annonces qui exigent, je dis bien exigent, une éligibilité aux contrats d'aide à l'embauche, puis-je désormais y accéder? Le monsieur m'a guidée de nouveau vers la demoiselle à deux de tension, laquelle a vérifié. Eh bien non, je ne suis pas assez précaire, mes passages successifs dans diverses catégories de demandeurs d'emploi - en formation, en auto-entrepreneur- me privent de cette sorte de sésame.
Je n'ai même pas le droit de me faire exploiter tout à fait légalement par des employeurs qui ont trouvé le filon et jouent sur la misère et le désespoir grandissants. Dingue.
Trop précaire pour générer de nouveaux droits, pas assez pour accéder à certains postes... J'aime bien l'idée de ne pas rentrer dans les cases.
Mais enfin, le côté marginal, comment dire, ça va bien cinq minutes.
J'étais un point d'interrogation ambulant, pour tout vous dire. Plein de questions à leur poser. Et puis, je me disais que les lundis à pôle Emploi, ça me manquait, ça faisait longtemps et y'avait peut-être moyen de rigoler.
Ben même pas, figurez-vous. La demoiselle qui m'a reçue à l'accueil n'était certes pas une foudre de guerre (mais gentille, rien à dire), mais son collègue, qui a pris le relais, a parfaitement répondu à mes interrogations.
Je répète: le conseiller Pôle Emploi qui m'a reçue a parfaitement répondu à mes interrogations.
Comme quoi, tout arrive.
Il a même admis la confusion qui régnait actuellement dès lors que l'on évoque les auto-entrepreneurs indemnisés et en l'écoutant, j'ai eu l'impression d'être sortie d'un sacré fourbi en me radiant voilà quelques mois.
Je n'irai pas jusqu'à dire que le moment était agréable, mais enfin, ce passage chez mes employeurs principaux s'avérait plutôt informatif. Et puis, à un moment donné, j'ai pensé qu'il était temps de me faire un peu mal : j'ai demandé la date exacte de ma fin de droit, le gros mot qui fait peur aux chômeurs longue durée. Le verdict est tombé : 22 décembre.
Joyeux Noël.
Je pensais naïvement qu'avec mes petits boulots, à droite à gauche, j'avais créé de nouveaux droits. Sauf qu'il faut avoir bossé quatre mois pour ce faire. Il me manque... 72 jours. Aïe.
Le conseiller a donc évoqué la suite, l'ASS, l'allocation de solidarité spécifique et là, ouh, j'ai senti la chute. Comme un uppercut. Je suis restée un peu sonnée, il a perçu le malaise, je crois, et j'ai réalisé à quel point on tombe vite dans la précarité. La grande précarité, même. 15 euros par jour, ça fait peur.
Vous me direz: t'as qu'à bosser, fainéasse! Ah ben oui, c'est une bonne idée, ça, et justement, toutes ces annonces qui exigent, je dis bien exigent, une éligibilité aux contrats d'aide à l'embauche, puis-je désormais y accéder? Le monsieur m'a guidée de nouveau vers la demoiselle à deux de tension, laquelle a vérifié. Eh bien non, je ne suis pas assez précaire, mes passages successifs dans diverses catégories de demandeurs d'emploi - en formation, en auto-entrepreneur- me privent de cette sorte de sésame.
Je n'ai même pas le droit de me faire exploiter tout à fait légalement par des employeurs qui ont trouvé le filon et jouent sur la misère et le désespoir grandissants. Dingue.
Trop précaire pour générer de nouveaux droits, pas assez pour accéder à certains postes... J'aime bien l'idée de ne pas rentrer dans les cases.
Mais enfin, le côté marginal, comment dire, ça va bien cinq minutes.
dimanche 5 septembre 2010
Songes orange
Lu dans le cahier de Loulou:
"Présentation:
Je m'appelle Cassandre B... , j'ai 6 ans. Je suis en CE1.
J'aime le football.
Je n'aime pas la violence.
Je rêve d'être un footballeur."
Lu dans ma tête:
"Je m'appelle la mouette, j'ai bientôt 36 ans, j'ai arrêté l'école voilà, hum, quelques années.
J'aime pas le football.
Je n'aime pas la violence.
Et pourtant, je rêverais d'un punching-ball, là, pour me défouler. Histoire d'évacuer ma frustration, après l'élimination des Bleus."
Voilà qu'elle nous recolle du basket, celle-là. Ça faisait longtemps. L'est pas folle, un peu ?
Non, suis pas folle (enfin, ceci est un autre débat), j'ai beau avoir pris de la distance avec ce monde, on n'efface pas de sa vie près de... 30 ans (!) d'amour pour la balle orange. Et je suis toujours enragée lorsque j'assiste à une telle déroute. Même s'il aurait fallu un exploit, même si le plus fort a triomphé, même si...
J'aimerais tellement que, dans leurs rêves les plus fous, les écoliers s'imaginent basketteurs. Et qu'ils l'écrivent, en s'appliquant, dans leur cahier, la langue relevée et la foi chevillée au corps.
"Présentation:
Je m'appelle Cassandre B... , j'ai 6 ans. Je suis en CE1.
J'aime le football.
Je n'aime pas la violence.
Je rêve d'être un footballeur."
Lu dans ma tête:
"Je m'appelle la mouette, j'ai bientôt 36 ans, j'ai arrêté l'école voilà, hum, quelques années.
J'aime pas le football.
Je n'aime pas la violence.
Et pourtant, je rêverais d'un punching-ball, là, pour me défouler. Histoire d'évacuer ma frustration, après l'élimination des Bleus."
Voilà qu'elle nous recolle du basket, celle-là. Ça faisait longtemps. L'est pas folle, un peu ?
Non, suis pas folle (enfin, ceci est un autre débat), j'ai beau avoir pris de la distance avec ce monde, on n'efface pas de sa vie près de... 30 ans (!) d'amour pour la balle orange. Et je suis toujours enragée lorsque j'assiste à une telle déroute. Même s'il aurait fallu un exploit, même si le plus fort a triomphé, même si...
J'aimerais tellement que, dans leurs rêves les plus fous, les écoliers s'imaginent basketteurs. Et qu'ils l'écrivent, en s'appliquant, dans leur cahier, la langue relevée et la foi chevillée au corps.
jeudi 2 septembre 2010
Coup de vieux
Certains saluts sont discrets et timides, d'autres plus francs, plus cordiaux. Dans la cour d'école surpeuplée, chacun demande comment se sont passées les vacances, si le rejeton est content de retourner au charbon et si, quand même, c'est pas trop dur la reprise.
La routine.
Je tourne la tête à droite, à gauche, je reconnais la maman de machin et le papa de truc, celui qui s'obstine à ne pas dire bonjour et l'autre qui vous fixe carrément sans daigner baisser les yeux. Je me dis que rien n'a changé.
Enfin, presque. Intérieurement, je songe surtout que tout ça n'est que provisoire, temporaire, que dans deux mois, paf, changement de décor et roulez tambours! Loulou me regarde, interrogateur:
"Est-ce je pourrais dire à mes copains que je déménage?"
Oui, mon loulou, tu peux le dire, ce n'est plus un secret.
Libéré, il court en traînant son cartable vers ses complices. Et en oublie même de me dire au revoir.
Pff, la rentrée n'est plus ce qu'elle était. Même pas une larme.
La routine.
Je tourne la tête à droite, à gauche, je reconnais la maman de machin et le papa de truc, celui qui s'obstine à ne pas dire bonjour et l'autre qui vous fixe carrément sans daigner baisser les yeux. Je me dis que rien n'a changé.
Enfin, presque. Intérieurement, je songe surtout que tout ça n'est que provisoire, temporaire, que dans deux mois, paf, changement de décor et roulez tambours! Loulou me regarde, interrogateur:
"Est-ce je pourrais dire à mes copains que je déménage?"
Oui, mon loulou, tu peux le dire, ce n'est plus un secret.
Libéré, il court en traînant son cartable vers ses complices. Et en oublie même de me dire au revoir.
Pff, la rentrée n'est plus ce qu'elle était. Même pas une larme.
mercredi 1 septembre 2010
La mouette nouvelle est arrivée
J'ai l'impression d'être sortie du brouillard.
A quoi ça tient? Je pensais qu'un job pourrait m'y aider. En fait, rien n'a changé, je reste toujours dans l'incertitude. Aucun grand journal, va savoir pourquoi, ne s'est prosterné devant moi pour que je daigne rejoindre sa rédaction. J'ai bien reçu une lettre du magazine ELLE... entendez de son service abonnement. Comment cela pourrait-il en être autrement?
Je n'ai dégoté aucune mission payée au lance-pierre ni de contrat d'aide à l'embauche à 6 euros de l'heure. Mince alors.
Et pourtant, le jour s'est levé.
Lundi, j'ai visité l'appartement que j'espérais tellement avenant, lumineux, grand. Il l'était. Banco, j'ai dit, balayant d'un mot toutes les interrogations passées.
A cet instant, j'ai pensé à ma copine Jol qui, l'une des premières, m'avait encouragée à retourner aux sources, là où je me sens bien, libre et apaisée. Je me suis dit qu'elle avait eu bien raison de me bousculer un peu, moi qui tournais en rond ici. Que, finalement, ce n'était pas si compliqué, si l'on passe les quelques accrochages téléphoniques, les découragements perpétuels, les remontrances familiales ou amicales, parfois... Une somme de petits obstacles qui m'auront permis de mûrir le projet et de comprendre que l'erreur aurait simplement été de rester sans bouger.
Lorsque je suis allée chez la propriétaire des lieux, le lendemain, elle m'a demandé si j'étais toujours d'accord pour signer le bail. Et comment! Déjà, je me projetais dans cette nouvelle vie, j'avais listé tous les impondérables d'un déménagement, envoyé mon préavis... Je n'ai pas eu à mentir, je suis tombée sur une personne rare, confiante, qui n'a exigé aucune feuille de salaire, mais une "simple" garantie. A bientôt 36 ans, j'aurais pu rager, intérieurement, d'avoir encore à demander à pôpa-môman de me cautionner mais enfin, soyons réaliste, j'ai juste à me souvenir des appels désespérants avec des bailleurs sociaux, des agences méprisantes ou des proprios mal léchés pour mesurer ma chance, aujourd'hui.
Je peux démarrer une nouvelle vie. Avec, forcément, le risque que cela engendre, quitter les repères que j'ai ici, la micro-opportunité de me déguiser avec une charlotte, de temps à autre, voir moins souvent des amis etc etc. Comme dirait une mamie bien intentionnée, on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs.
Oui, vous voyez, finalement, ma joie ne tient qu'à un banal déménagement. Rien de transcendant, j'imagine. Pourtant, j'ai l'impression d'avoir enfin franchi un cap, d'avoir atteint, aussi, l'un de mes objectifs.
Je me sentais blasée, depuis quelques temps, depuis cet enchaînement de déboires, de refus et de galères, comme si la chance m'avait quittée, comme si je n'étais là que pour en baver. Soudain, l'espoir renaît, la sensation, aussi, qu'en actionnant les bons boutons, ce que l'on projetait survient.
Loin d'être une finalité, ces retrouvailles nantaises constituent pour moi un nouveau départ, pour ouvrir ces horizons que je sentais tellement bouchés ici. Il sera toujours temps de décider ce que je fais de ma peau, une fois sur place. Oui, je sais, le temps, justement, est compté. Mais parfois, l'énergie peut décupler les forces.
C'est ce qui m'est venu à l'esprit, au lendemain de ma décision, sur une place de marché, dans la périphérie nantaise. Par hasard (?), à la faveur d'une dégustation de caramel, j'ai fait la connaissance d'une personne, qui m'a raconté ses débuts dans la vente ambulante, depuis un an, après près de vingt ans de salariat et un licenciement. On a discuté de tout et de rien, sans arrière-pensée.
Pourtant, en la quittant, j'avais le sourire aux lèvres. Elle venait d'ouvrir une brèche, sans le savoir: elle cherchait une personne pour lui fabriquer des macarons "à l'ancienne" (entendez pas fourrés comme les miamiam Ladurée) et trouvait intéressante l'idée de, pourquoi pas, travailler ensemble. Comme si tout ça était très naturel.
Oui, pourquoi pas.
A quoi ça tient? Je pensais qu'un job pourrait m'y aider. En fait, rien n'a changé, je reste toujours dans l'incertitude. Aucun grand journal, va savoir pourquoi, ne s'est prosterné devant moi pour que je daigne rejoindre sa rédaction. J'ai bien reçu une lettre du magazine ELLE... entendez de son service abonnement. Comment cela pourrait-il en être autrement?
Je n'ai dégoté aucune mission payée au lance-pierre ni de contrat d'aide à l'embauche à 6 euros de l'heure. Mince alors.
Et pourtant, le jour s'est levé.
Lundi, j'ai visité l'appartement que j'espérais tellement avenant, lumineux, grand. Il l'était. Banco, j'ai dit, balayant d'un mot toutes les interrogations passées.
A cet instant, j'ai pensé à ma copine Jol qui, l'une des premières, m'avait encouragée à retourner aux sources, là où je me sens bien, libre et apaisée. Je me suis dit qu'elle avait eu bien raison de me bousculer un peu, moi qui tournais en rond ici. Que, finalement, ce n'était pas si compliqué, si l'on passe les quelques accrochages téléphoniques, les découragements perpétuels, les remontrances familiales ou amicales, parfois... Une somme de petits obstacles qui m'auront permis de mûrir le projet et de comprendre que l'erreur aurait simplement été de rester sans bouger.
Lorsque je suis allée chez la propriétaire des lieux, le lendemain, elle m'a demandé si j'étais toujours d'accord pour signer le bail. Et comment! Déjà, je me projetais dans cette nouvelle vie, j'avais listé tous les impondérables d'un déménagement, envoyé mon préavis... Je n'ai pas eu à mentir, je suis tombée sur une personne rare, confiante, qui n'a exigé aucune feuille de salaire, mais une "simple" garantie. A bientôt 36 ans, j'aurais pu rager, intérieurement, d'avoir encore à demander à pôpa-môman de me cautionner mais enfin, soyons réaliste, j'ai juste à me souvenir des appels désespérants avec des bailleurs sociaux, des agences méprisantes ou des proprios mal léchés pour mesurer ma chance, aujourd'hui.
Je peux démarrer une nouvelle vie. Avec, forcément, le risque que cela engendre, quitter les repères que j'ai ici, la micro-opportunité de me déguiser avec une charlotte, de temps à autre, voir moins souvent des amis etc etc. Comme dirait une mamie bien intentionnée, on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs.
Oui, vous voyez, finalement, ma joie ne tient qu'à un banal déménagement. Rien de transcendant, j'imagine. Pourtant, j'ai l'impression d'avoir enfin franchi un cap, d'avoir atteint, aussi, l'un de mes objectifs.
Je me sentais blasée, depuis quelques temps, depuis cet enchaînement de déboires, de refus et de galères, comme si la chance m'avait quittée, comme si je n'étais là que pour en baver. Soudain, l'espoir renaît, la sensation, aussi, qu'en actionnant les bons boutons, ce que l'on projetait survient.
Loin d'être une finalité, ces retrouvailles nantaises constituent pour moi un nouveau départ, pour ouvrir ces horizons que je sentais tellement bouchés ici. Il sera toujours temps de décider ce que je fais de ma peau, une fois sur place. Oui, je sais, le temps, justement, est compté. Mais parfois, l'énergie peut décupler les forces.
C'est ce qui m'est venu à l'esprit, au lendemain de ma décision, sur une place de marché, dans la périphérie nantaise. Par hasard (?), à la faveur d'une dégustation de caramel, j'ai fait la connaissance d'une personne, qui m'a raconté ses débuts dans la vente ambulante, depuis un an, après près de vingt ans de salariat et un licenciement. On a discuté de tout et de rien, sans arrière-pensée.
Pourtant, en la quittant, j'avais le sourire aux lèvres. Elle venait d'ouvrir une brèche, sans le savoir: elle cherchait une personne pour lui fabriquer des macarons "à l'ancienne" (entendez pas fourrés comme les miamiam Ladurée) et trouvait intéressante l'idée de, pourquoi pas, travailler ensemble. Comme si tout ça était très naturel.
Oui, pourquoi pas.
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