OK, soyons concentrés.
Combien j'ai de doigts?
Combien de cheveux blancs?
Combien d'enfants?
Même la bougie a déjà pris cher. |
Combien de mari?
Combien de raisons de pleurer ?
Combien de prétextes pour sourire ?
Combien de rêves ?
Alors, 10, 3, 1, 0, 36, 48, numéro complémentaire 10 000.
Mon loto a un drôle de tête mais il est l'histoire de ma vie.
Ma vie, elle, n'est pas vraiment linéaire et mon balai, qui a décidé de s'incruster parce que, visiblement, il est bien au chaud chez moi, ne va pas me démentir, lui qui me rappelle constamment cet état d'instabilité.
Je suis une pub vivante pour les appels à témoins. Ancienne anorexique devenue boulimique, journaliste femme dans un milieu d'hommes, mère célibataire, apprentie cuistot à l'âge où les vrais, ceux qui ont passé leur CAP à l'adolescence, ont déjà 25 ans de métier derrière eux, je cumule et si je n'ai guère d'appétence pour le racolage télévisuel, je reconnais que j'aurais pu être une bonne cliente pour Confessions intimes ou autre déballage sur des chaînes d'un haut niveau intellectuel.
Je suis pourtant tellement normale. Comme nombre d'entre nous, j'ai peur du temps qui passe, et si je devais réécrire ce petit laïus, je n'en changerais pas une ligne.
C'est juste qu'au lieu de chercher une voie rassurante (relativisons, nous sommes quand même entourés de grands méchants qui coupent des têtes et gouvernés par des têtes qui devaient l'être) (sans doute plus méchantes mais aussi coupées, je veux dire) (non, parce que là, quand même, faut pas pousser, quand on commence à ressentir des bouffées de chaleur de honte dès que Prési & cie sortent de leur boîte, c'est moyennement bon, non?) (et non, mes bouffées n'ont rien à voir avec la ménopause, je vois les mauvaises langues réagir un peu vite), BREF, au lieu de me rassurer en retournant sur le droit chemin, j'explore, je divague, je m'égare, je teste, j'imagine, je rêve, j'envisage (et j'abuse des parenthèses, faut-il le souligner).
Je me prends pas mal les pieds dans le tapis, aussi, mais ça fait partie du kit "je-veux-bien-grandir-mais-garder-un-petit-bout-de-mes-4-ans".
C'est drôle, en ce jour un peu spécial pour moi, je pensais être capable de dresser un bilan. J'imaginais déjà évoquer une phobie administrative pour ne plus avoir à confesser mon grand âge. Je me voyais, telle Greta Garbo, me retirer avec dignité avant que les sévices du temps ne fassent vraiment leur œuvre.
Mais, rien à faire, je continue de courir (bon, ok, le balai aime bien me jouer quelques tours), de pédaler le nez au vent, d'avoir 8 ans devant une glace en revenant de la plage, de me rouler dans le sable chaud sous le regard effaré de ceux qui, pourtant, me connaissent un peu. Je ne renie toujours pas mon rire, même si ma crédibilité ne lui dit pas merci, parce que c'est comme un reste d'enfance et d'insouciance.
Oui, je continue de regarder les quadras à cravate comme des gens pas tout à fait comme moi, les mamans d'élèves comme des femmes tellement plus investies dans la vie locale, et quand je me vois dans la glace, je sens toujours ce décalage avec l'idée très conformiste que je me fais des adultes.
Ce matin, au lieu du bilan mi-figue mi-raisin que je pensais établir, je mesure surtout tout le chemin qui reste à parcourir, et ça me donne un étonnant sentiment de... jeunesse.
Non, je ne cherche pas à me rassurer (quoique), je saisis pleinement les chances qui me sont données de vivre à plein cette décennie qui démarre.
Bref, j'ai 40 ans.
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