mercredi 4 mai 2011

De l'impact du concentré de Bisounours

Je suis fauchée.

Je n'ai pas décroché un boulot en or, seulement une mission de sept heures à rendre pour hier, avec des syndicalistes et des archéologues dedans (enfin, je crois), dont je ne comprends pas un traître mot.

Je n'ai toujours pas trouvé comment on éteignait les piles sur mon Loulou, en cas d'urgence (id lorsque je suis à deux doigts de craquer).

Je n'ai pas non plus dégoté la formule magique pour stopper net mon irrépressible (et fatale...) attraction pour le chocolat, si ce n'est d'aller me taillader les mollets avec des orties, à l'insu de mon plein gré en allant courir dans les bois pour atténuer les dégâts (entre autres).

J'ai essuyé un revers et demi amoureux ces trois derniers mois (nan, nan, pas deux, un et demi, on a sa fierté).

J'ai les marques de mon bikini, sur un bronzage agricole global, c'est très classe.

Ma frange repousse trop vite, et ma coiffure j'en-ai-marre-de-vivre reprend le dessus.

Je ne demanderai pas à Kate de me prêter sa traîne pour cet été.

Superman s'est déchu lui-même de sa nationalité américaine et même Oussama ne nous fera plus rire avec ses "espices de counasses". Paraîtrait qu'il est parti endosser l'habit de lumière d'Elvis.

On continue de bouffer du pesticide, on ne pourra bientôt plus utiliser sa voiture - fut-elle quasi-neuve comme ma nouvelle titine-qu'elle-est-trop-belle-les-amis - sans risquer de sacrifier un demi-salaire mensuel, les écolos s'aventurent sur le terrain miné de la zizanie, emprunté déjà fort maladroitement par la gauche, on risque de bouffer du Nicolas & Carlita junior à toutes les sauces si la rumeur se confirme, la menace Fukushima, à défaut de remplir les colonnes des journaux - qui ne savent plus donner de la tête entre Yemen, Lybie, Oussama, Obama, notre vieux fou ex-catho nantais et la révélation des quotas dans le foot français (nooooon???? Il y aurait des gens racistes dans le sport? Quelle révélation, dis donc. Je crois que je vous en reparlerai un de ces quatre) - la menace Fukushima, donc, continue de planer sur nos têtes tandis que Nico explique sans broncher les vertus du nucléaire, la crise n'en finit plus de rendre nos quotidiens chaque jour plus moroses, Xavier Bertrand ne dupera personne, même s'il croit avoir trouvé la combine pour faire baisser les chiffres du chômage...

J'ai cassé ma salière (involontairement, hein) mais je n'ai trouvé ni le courage, ni, surtout, l'envie d'aller demander du sel à mon voisin physiquement intelligent.

J'ai rêvé que j'écrasais trois sortes d'araignées, qui se trouvaient à mes pieds et dont on m'affirmait qu'elles étaient des cancers. Sauf que l'une d'entre elle s'accrochait à ma peau, la saleté, me laissant désarçonnée... et réveillée en sueur.

La semaine dernière encore, je me lamentais sur mon sort et cherchais à combler ce vide presque palpable, en cherchant à comprendre pourquoi, décidément, j'avais besoin d'être au pied du mur pour réagir...

Et pourtant.

Et pourtant, je me sens heureuse comme rarement je l'ai été dans ma vie. Paradoxe de cette frugalité, dont je vous avais déjà parlé, où, face au désarroi, on finit par trouver l'essentiel, toucher à ces petits riens qui transforment le quotidien en une aventure sans cesse renouvelée. On se creuse l'imagination, on cherche comment se sortir de l'impasse et ce sont finalement des micro-événements, un certain fatalisme - mais pas une résignation, symbole de la mort de nos chimères - qui nous mènent vers des chemins inattendus et fastes.

En venant à Nantes voilà maintenant six mois, j'ai pris, sinon la meilleure décision de ma vie, au moins celle de la libération, d'un nouveau souffle. J'en étais intimement convaincue mais je n'étais pas dupe. L'herbe est toujours plus verte ailleurs et le risque de désillusion existait. J'ai pris tranquillement mes repères, retrouvé cet océan si proche qui m'avait tant manqué; des amis avec qui je n'ai plus à programmer des retrouvailles pour 2016 mais que je peux simplement appeler la veille pour le lendemain, ou presque; ces rues si familières que je traverse comme on savoure une madeleine en fermant les yeux ; cet environnement qui ravive de jolis souvenirs d'enfance... mais qui n'aggrave pas ma mélancolie et me pousse au contraire vers des possibles soudain à portée de main.

Non, je n'ai pas pris de drogue ce matin. Aucune substance illicite, ni même un shoot de tagada. Je ne me suis pas endormie dans un bain de formol concentré à 3% de bisounours (vous avez aussi celui à base de oui-oui, mais le côté un peu Rain-Man du personnage m'agace un peu, du reste). Non, tout n'est pas résolu, loin de là. Oui, il se passe des choses. Je ne veux pas me projeter. Je continue de vivre au jour le jour.

Mais se sentir vivant à ce point, my god, ça me ferait presque oublier la décadence de mon existence et surtout celle, bien plus grave, de notre jolie planète...

5 commentaires:

  1. cool ! on va dire que le bilan d'ensemble est globalement positif, alors ?

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  2. "Mais se sentir vivant à ce point, my god, ça me ferait presque oublier la décadence de mon existence et surtout celle, bien plus grave, de notre jolie planète... "
    Encore une fois quel talent pour exprimer en peu de mots des idées aussi fortes. J'aime et je plussoie.

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  3. La Mouette, on t'aime !!!!!!

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  4. Je suis à 100% d'accord avec les trois commentaires précédents. Tellement d'accord que je n'ajouterai... à part peut être :
    Bises, la Mouette.
    Thierry

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  5. @ Oui, Anne, j'aime bien cette balance personnelle, malgré tout...
    @ Dom, l'écriteuse et l'oiseau, merci, c'est touchant (et avec mon petit coeur guimauve, je fonds!!)

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