mardi 25 février 2014

Où ça mijote dans ma caboche

 
Non, non, je ne me suis pas teint les cheveux. Si les plus observateurs d'entre vous reconnaîtront le tablier de mes années pleines d'espoir (otarillette, ça te rappelle quelque chose?), ce n'est pas moi, mais ma nièce, 11 ans, qui a mis la main à la pâte, ce matin, pour nous régaler d'une succulente tarte aux légumes.
 
Entre-temps, je lui avais demandé d'émincer le persil, de couper les champignons, de ratiboiser l'oignon et l'échalote... Comment ça, elle avait les yeux qui piquent à cause de moi ?
 
Que voulez-vous, y'a pas d'âge pour exploiter les enfants.
 
En plus, ma nièce, adorable (en toute objectivité, bien sûr), en avait redemandé. Hier, nous nous étions déjà lancées dans un atelier pâtisserie, avec petits sablés noisette-orange et rochers coco. Une façon de partager un moment toutes les deux, de réfléchir, de mon côté, à la façon dont on peut apprendre aux enfants les gestes de la cuisine, ou tout du moins les bases.
 
Avec ma toque -12, c'est une gageure, d'accord, mais en même temps, elle avait déjà quelques acquis.
 
"Première chose à faire quand on cuisine?
 
- On se lave les mains!"
 
Et un bon point pour elle.
 
Le soir, une fois les enfants couchés (Loulou était rentré dans l'intervalle, retrouvant sa cousine chérie), et parce qu'il était trop tard pour démarrer un film, j'ai joué la carte cocooning, profitant également de mon statut actuel de célibataire (monsieur est en voyage d'affaires, toussa). J'allume la télé, je zappe et je tombe sur Top Chef.
 
Croyez-le ou non, mais je n'avais jamais vu ce programme. J'en avais entendu parler, oh oui, et je crois bien, même, que ce genre d'émissions dessert la cause de gens comme moi, passionnés de cuisine et qui rêvent depuis très longtemps de passer derrière les fourneaux.
 
L'autre jour, par exemple, je suis tombée au téléphone sur madame pasaimablemaisalorspasdutout. Alors que je lui expliquais l'objet de mon appel (suivre une formation en cuisine pour valider mon projet de reconversion), elle a rétorqué:
 
"Non, mais j'en déjà une comme vous qui m'a appelée hier, laissez tomber."
 
Et en raccrochant, pleine de mansuétude, elle a conclu d'un très sec "Bon courage".
 
Depuis, j'ai revu mon discours et j'explique que non, ma passion de la cuisine n'est pas née en me curant le nez devant "un dîner presque parfait". Que ça fait un petit moment que, justement, ça mijote dans ma caboche.
 
Bref, tout ça pour dire que je n'avais jamais vu "Top chef" et que j'ai un peu halluciné. On m'avait déjà suggéré de participer à ce genre d'émission et j'ai toujours rejeté l'idée en bloc parce que telle n'est pas ma conception de la cuisine (et que, soyons honnête, je ne maîtrise absolument pas un tas de gestes techniques et même la douille continue de me regarder de son air narquois, genre "tu ne m'auras pas, ah ah).
 
Moi, j'étais restée sur l'idée qu'ils concoctaient des plats de ouf en deux temps trois mouvements. Bon, ça, je l'ai vu un peu hier soir, malgré quelques ratages (quand l'espuma explose sur les fraises et fait ressembler le dessert à une scène de crime de Jack L'Eventreur ou de Dexter, tu es pris entre la gêne pour le cuistot et le rire méchant).
 
Mais y'a un truc qui m'a... dégoûtée, en fait. J'étais restée sur l'idée que la cuisine, l'hygiène, toussa, c'était fondamental. J'ai des souvenirs de passer le jet d'eau dans toute la cuisine du grand toqué une fois le service fini, quitte à transformer la salle en véritable crue de la Loire. Même du temps de Ma P'tite Madeleine, j'enfilais ma charlotte sur les cheveux (ce qui, en outre, donne une bonne excuse, pour justifier la coiffure-j'en-ai-marre-de-vivre) pour travailler dans ma cuisine perso.
 
J'ai bloqué, disais-je, découvrant en outre que les candidats en question étaient de vrais pros, dans la vie. Des gars avec des gilets à poche, des chefs sachants ou même un chef étoilé. Et eux, ils goûtent avec leurs doigts gras leur plat, et vas-y que j'y retourne, et que je m'essuie les mains en me grattant les cheveux... Alors, ce matin, quand j'ai découvert le statut de mon ami Jésus sur sa page face de bouc, j'ai respiré. En substance, il était aussi choqué de voir de supposés chefs travailler comme "des petits cochons", comme il les a justement baptisés. Non, je ne suis pas une psychopathe de la propreté, lui aussi les a bien identifiés, ces drôles de toqués crados!
 
Moi, j'ai envie de dire: merci Jésus, pour cette bonne parole (ok, elle est facile, j'ai encore bouffé un clown aujourd'hui, faut dire). Et entre les cours de cuisine et la confirmation qu'il reste encore des chefs dignes de ce nom, je peux déjà vous annoncer que l'on va bientôt entendre parler de nouveau de Jésus, ici...

1 commentaire:

  1. Bêrk ! y font ça, les pros ? j'aime ma cuisine, tout à coup. Et quand je te lis, j'hésiterais pas à goûter la tienne, pour autant qu'elle croise mon potentiel gustatif (très restreint, je dois dire).

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