samedi 15 mars 2014

La théorie des gens seuls*

J'étais plutôt guillerette, hier. La perspective d'un week-end en célibataire et sans gosse, avec tout ce qui vient avec :
 
- Ouais, pas besoin de faire des courses
- Ouais, pas besoin de manger à heures fixes
- Ouais, je peux me coucher à 52h du mat
- Ouais, je m'envoie la tablette de chocolat si je veux
- Ouais, je vais enfin faire le tri de mes recettes et des bouquins que j'ai empruntés, achetés, oubliés (il n'y a pas de mention inutile)
- Ouais, je peux - enfin - me plonger dans Breaking bad (je n'ai que quatre-vingt dix huit temps de retard, c'est rien)
- Ouais, je peux m'étaler dans le lit et même y faire l'étoile de mer
 
A chaque fois, tu cries le "ouais" comme une gosse à Disneyland. Ou devant le gros barbu rouge, vous voyez bien le genre.
 
Hystérique.
 
En réalité :
 
- Tu manges ce qui reste. Et quand tu n'as pas fait les courses, ça limite
- Manger des bol de céréales à chaque repas a un côté, comment dire, redondant
- 52h du mat, ça fait quand même tard, surtout quand faut nourrir les chats le matin, dès potron-minet (une expression que je transformerais bien en "pas trop, les minous", mais bon, on va dire que j'abuse)
- En plus des cernes, je me prends 20kg si je regarde la tablette. J'oublie cette riche idée (dans tous les sens du terme), je suis frustrée, je veux du cho-co-lat, surtout que je pourrais pas me réchauffer avec une couverture humaine, une fois au lit
- Tourner les pages des bouquins de recettes me donne faim.
- Série ou pas, je m'endors en trois secondes illico devant la télé
- Ensuite, quand j'ai traîné la masse qui me sert de corps jusqu'à la chambre (le canapé, ça va quand tu fais la gueule à monsieur, sinon, c'est torticolis assuré), je tourne et tourne dans mon lit où je ne peux pas faire l'étoile de mer, à cause des chats qui squattent la moitié des draps
 
Forte de ces constats, que j'ai expérimentés depuis - ouh la la, mon bon monsieur - très longtemps, j'ai détourné le problème. Pas de gosse, pas de mec? Ni une ni deux, plutôt que de virer Bridget Jones, j'ai filé au ciné (un très bon vaccin contre le BJS, Bridget Jones symptôme) voir une œuvre conseillée par un pote, qui m'avait prévenue:
 
"Tu verras, ensuite, on se dit qu'on est bien tout seul"
 
Ah oui, mais le problème, c'est que mon statut de femme hypra libre qui ne tombe pas dans le piège infernal chocolat-céréales-coucher à pas d'heure, eh ben... il est temporaire.
 
Et donc, à la fin de "Arrête ou je continue", je me suis penché sur l'intérêt de s'aliéner à deux, plutôt que tout seul.
 
Pendant ce temps, l'homme était bien tranquillement à l'autre bout de la France, sans se douter de ce qui se passe dans ma caboche (il y a renoncé, il a compris que c'était peine perdue).
 
La prochaine fois, j'irai voir un film avec des méchants qui détournent des avions, au moins, je serai sûre de ne pas m'identifier, rapport à la polio que j'ai développée dans les aéroports.

EDIT : Le fait que l'héroïne s'appelle Pomme a sans doute, aussi, peut-être quelque chose à voir avec l'identification, quand j'y pense...
 
* Le titre d'une excellente BD dans la non moins extra série "Monsieur Jean" de Dupuy et Berberian.
 

3 commentaires: