Dimanche, mon papa m'avait préparé mon plateau-repas, que j'ai pu savourer, mais pas en toute tranquillité: ma voisine bavait dessus et je n'avais pas envie que ça tombe pas dessus.
Ne rêvez pas, vous ne trouverez pas ça au wagon restaurant... |
Pensez donc, des sandwichs d'un chef, ça a de la gueule! Il me fallait prendre des forces, il est vrai, pour ce long voyage.
Au delà du retour à Nantes, il y a surtout ce nouveau trip dans lequel je m'engage. Pour ce faire, j'ai cumulé les bagages.
J'ai scruté les moindres gestes de papa et tenté de les reproduire, de façon gauche. Je me suis abreuvé de ses petits trucs, de l'astuce qui va bien, des contre-vérités qui sont nombreuses en cuisine.
J'ai beaucoup observé maman et à vrai dire, puis-je dire que j'ai appris à faire des croissants, de la brioche ou des chouquettes? Sans les maîtriser, j'ai vu ces gestes qui me seront indispensables pour la suite. Je me suis dit que ma polio et moi, il faudrait quand même qu'on la ramène pas trop. C'est que c'est minutieux et délicat, ces petites choses sucrées et ça ne supporte pas l'imprécision. Hum.
J'ai tâté de la poche à douille, encore et encore. Vendredi, après deux semaines de stage, alleluia, j'avais presque compris le geste et j'ai balancé la purée, euh pardon, j'ai dressé la crème de marron à une main, c'te classe.
J'ai lavé, vidé, épluché, tranché, enfourné, macaroné. J'ai utilisé une branlette, des culs de poule et fait des becs d'oiseau.
J'ai engrangé, engrangé, engrangé.
J'ai surtout mesuré le gouffre qu'il y avait entre mes habitudes à la one again et le tour de main professionnel. Normal, me direz-vous, ce n'est pas mon métier, à la base. Mais enfin, d'un coup, je me sens bien naïve d'avoir voulu monter un restaurant - et là, j'ai une pensée pour la fronceuse de sourcils et tous ces personnages perplexes que j'ai croisés. Ils jubileraient, s'ils me lisaient.
Je me sens comme une bleue qui découvre la vie. Avec toute l'énergie que cela sous-entend, parce que j'ai l'impression, après ces deux semaines exceptionnelles à Bordeaux, de pouvoir alimenter tout mon quartier en électricité, tellement je suis boostée.
Fini le pilou! Me voilà à m'agiter de partout, à prioriser la liste de mes tâches, à regretter de nouveau que les journées ne durent que 24 heures. En cuisine, j'ai l'impression de repartir de zéro. Je suis plus attentive à mes gestes, je m'amuse à décrypter toutes mes boulettes quotidiennes et je fais comme si j'étais observée (parano, sors de ce corps) pour ne pas me relâcher et appliquer à la lettre ce que j'ai appris.
La fantaisie reprendra le dessus à un moment ou à un autre, je le sais, mais si je peux me tenir à un minimum de rigueur, la tête et le goût de mes plats ne s'en porteront pas plus mal.
Y'en a un autre qui peut s'en satisfaire. Mon Loulou, qui n'a plus à supporter sa maman en jogging le matin, au moment de filer à l'école...
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