lundi 10 février 2014

La popotte du playmobil

Mon balai tout puissant dans le dos, ma coupe de footeux des années 80 et moi (un jour, faudra que je vous raconte combien c'est pesant, de se trimbaler avec tout ça), on s'est habillé en fille, aujourd'hui, pour le deuxième rendez-vous de reclassement.
 
Pourquoi en fille, je n'en sais rien. Je n'avais personne à séduire, aucun cobaye physiquement intelligent, aucun conseiller sceptique. Disons qu'à l'approche de la quarantaine, j'ai envie de la jouer un peu girly (Barbie, sors de ce corps). Le fait que mes chats aient saccagé tous mes jeans de leurs coups de griffe enjoués y est peut-être, aussi, pour quelque chose. Bref.
 
Personne à séduire, mais une personne à convaincre.
 
Figurez-vous que je suis inscrite dans un parcours de sécurisation professionnelle, c'est comme ça qu'ils appellent ça, chez Po-Pôle. Sécurisation professionnelle, un concept un peu, comment dire, surréaliste de nos jours, que les têtes bien allumées de certains technocrates ont imaginé, sans doute, après s'être enfilé dix shoots de vodka, pour oublier toutes ces immolations et autres TS qui encombrent leur quotidien.
 
Evidemment, le concept est séduisant (pépettes et suivi) mais on vous prévient: on ne va pas vous lâcher d'une semelle. Au bout d'un an, hop hop hop, vous avez un nouveau boulot SE-CU-RI-SE. Ca tombe sous le sens. Au début, comme je traînais, en plus de mon balai dans le dos (mais avant la coupe de cheveux playmobil, j'ai pas tout cumulé non plus), une bonne petite dépression, je me suis dit "Ouhlala, fautpaspoussermamiedanslesorties!" Comprenez: foutez-moi la paix, je suis bonne à rien, même pas à glander (à cause du balai dans le dos, qui oblige des mouvements du corps réguliers, au risque, sinon, de mourir de faim et de soif - ben oui, allez bouger, vous, quand votre corps est tout ankylosé) (mais je m'éloigne, je m'éloigne).
 
Je pensais donc jouer ma bluffeuse de base, genre le parasite qui prend les allocs et le temps d'humer l'air et de brasser du vent, quand j'ai été prise à mon propre piège: en fait, j'avais envie de bouger mes petits doigts ankylosés, qui me criaient "allez, pétrie, malaxe, bouge-nous, fais-nous en voir de toutes les couleurs".
 
Si, si, je vous assure, avec des petits cris perçants.
 
Il est à peine 19 heures, je vous assure que je n'ai pris aucun shoot de vodka.
 
Un doute m'assaille: peut-être devrais-je?
 
...
 
Je m'éloigne, je m'éloigne.
 
Donc, c'est comme ça que nous trépignions cet après-midi, mon balai dans le dos et moi, dans le couloir, non plus de la mort (en tout cas, celui qui m'a précédée en semblait proche, tête baissée et mine désabusée), mais celui de l'espoir. Car j'attendais de ma "conseillère" qu'elle valide mes projets, qu'ils ne soient plus juste une lubie mais bien une réalité.
 
Bon, si tout va bien, je vais aller observer un chef dont je vous ai déjà parlé (mais ne vendons pas la peau de l'ours avant...) et, tadatada, roulement de tambour, suivre cette formation qui me manque pour aller la ramener en popotte.
 
"Enfin, vous savez qu'avant de monter votre entreprise, vous devrez peut-être en passer par un poste en cuisine", m'a prévenue la conseillère.
 
Oh oui, je le sais. Mais j'ai appris à être patiente. Je reste stoïque. D'ailleurs, petite parenthèse, j'ai fait un stage accéléré ces derniers jours dans le stoïcisme. Car, oui, je ne vous ai pas dit : pour récupérer une coupe plus, comment dire, supportable, je suis retournée chez le coiffeur. J'en suis ressortie avec... la fameuse coupe playmobil.
 
En gros, je voulais ressembler (ah ah) à Jennifer Aniston, j'ai eu Mireille Mathieu.
 
Le rapport avec le stoïcisme? Imaginez la tête de mon loulou, hilare, lorsqu'il m'a vue le soir. Limite s'il n'a pas ressorti ses Playmobil pour comparer... et se prendre une bonne tranche de rigolade.
 
Mon loulou est joueur. Même la menace d'une soupe au potiron, qu'il déteste, ne l'a pas intimidé. Il a continué à rire. Pfff.
 
Bref, s'il faut attendre que mes cheveux aient repoussé jusqu'à me redonner une allure normale, eh bien, qu'importe! Je ne suis plus à ça près. Tant que je ne sens pas l'ankylose m'envahir...

1 commentaire:

  1. Morte de rire ! me demande ce que ça va donner, cette session " sécurisation" ! :))))))

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