Le confinement peut-il créer des dégâts irréparables?
Vous avez deux heures.
Ou un peu plus, cela dit, on n'est pas aux pièces.
Alors, je joue le jeu et me pose la question. Le confinement peut-il créer des dégâts irréparables? Nan, pensez-vous. Prenez mon cerveau, par exemple. Je sens bien qu'il n'est en aucun cas perturbé. Pour vous situer, depuis un peu plus d'un mois, j'ai rêvé que mon fils - redevenu petit, innocent et chevelu - était brûlé par les caténaires du tram, que j'accourais alors qu'il était entouré des pompiers, recouvert d'une couverture de survie, sans que je sache s'il respirait encore ; que des tas de gens étaient tombés comme des mouches le long de cette ligne de tram ; que ma mère était morte ; que je nageais avec des dauphins (mignon) et que mon chat m'arrachait la tête d'un coup sec (moins mignon); que je devais aller à New York avant de réaliser; sur la route de l'aéroport, que mon passeport n'était plus valide ; que je plaquais mon mec (dans trois rêves différents, quand même).
Pas de doute, je suis zen.
Le confinement peut-il créer des dégâts irréparables? Sur la ligne, peut-être pas irréparable, mais enfin, on est d'accord que tout se ramollit vite fait. J'avoue avoir délaissé Germain depuis une bonne semaine, tellement occupée par ailleurs que la nécessité de se défouler m'est apparue moindre. Pourtant, la nécessité demeure, d'un point de vue bassement corporel. Le pire, c'est que j'ai des alliés pour tromper la donne. C'est même ma grande surprise, dans ce confinement ; j'ai en ma possession un nombre de joggings et leggings tel que je peux chiller pour un moment.
Des dégâts irréparables? Sur les cheveux, bah, je suis fataliste. On est d'accord qu'à la réouverture des salons de coiffure, le délai d'attente pour une coupe sera plus long que pour consulter un ophtalmo, période antérieure. Donc, je prendrai mon mal en patience et ferais mine d'ignorer ces nouveaux indélicats qui ont débarqué soudainement et sournoisement: les cheveux blancs. Si. Je vous jure. Mais soyons honnête, si le confinement a probablement accéléré l'apparition de ces intrus, un jour, de toute façon, j'y aurais eu droit.
Des dégâts irréparables? Disons plutôt l'apparition de réactions surprenantes et l'impression de cohabiter avec une étrange hystérique (on est plusieurs, là-haut, ça commence à me paraître évident). L'autre soir, par exemple, j'ai dû me pincer pour y croire. A minuit passé, j'ai été réveillée par de la musique. Des voisins se faisaient une petite party. Sérieux? Vous m'auriez vu, sauter dans mon legging et filer à ma fenêtre comme une bonne vieille commère, scrutant le moindre indice pour deviner d'où venait l'indécent bruit de la fête. J'ai un peu maudit l'arbre de mon jardin, qui m'a empêché de discerner le lieu de la débauche ultime.
J'aurais fait quoi, en même temps? J'aurais crié au scandale? Oui, vous vous rendez compte? Des gens s'adonnent à la joie la plus primaire, ils écoutent de la musique forte, peut-être se déhanchent-ils, peut-être rient-ils, ces odieux personnages?
Alors que, ça se trouve, le type, tout seul, a branché sa sono à fond avant de s'envoyer le tube de Xanax pour en finir.
Demain, je vous expliquerai pourquoi ma nullité légendaire en maths m'empêche de comprendre la suite des opérations. Là, je vais voir ce que racontent mes rêves et espérer m'en sortir sans dommage irrémédiable. Je vous assure qu'au vu du contexte, ça devient une gageure :)
mardi 21 avril 2020
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